Donald Trump passe par la case prison et en fait une photo déjà historique

  • l’année dernière

Dans Europe midi, Yohann Tritz et ses invités débattent de Donald Trump qui passe par la case prison.
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00:00 Europe 1 Midi, Johan Trist.
00:03 - Midi 43 sur Europe 1, c'est une photo qui va sans doute rester dans l'histoire.
00:08 Regarde noir sur style français, la tête de Donald Trump sur son mugshot portait
00:13 photographique tiré lorsqu'une personne est incarcérée aux Etats-Unis.
00:17 C'est la première fois qu'un ancien président est placé en état d'arrestation.
00:21 Cela fait suite à son inculpation pour tentative de manipulation des élections
00:26 dans l'état de Géorgie en 2020.
00:28 Son passage en prison a été bref, le temps de payer sa caution de 200 000 dollars.
00:32 Mais cela reste un événement majeur.
00:35 Bonjour Elisa Schell. - Bonjour.
00:37 - Vous êtes professeure de sciences politiques à l'université Paris-Nanterre
00:40 et rédactrice en chef de la revue Politique américaine.
00:43 Un ancien président des Etats-Unis placé en garde à vue, c'est une première historique.
00:47 Je suppose que cet événement doit faire beaucoup parler de l'autre côté de l'Atlantique.
00:51 - Oui, c'est la quatrième mise en examen cette année.
00:55 Il comparaît pour la seconde fois.
00:58 On se souvient qu'en avril, il a été convoqué à New York
01:02 pour comparaitre sur la falsification des comptes de son entreprise
01:05 pour payer Stormy Daniels et d'autres.
01:07 Et ici, la grosse différence, c'est que ses avocats n'ont pas réussi à lui faire échapper
01:13 à la fameuse photo d'identification judiciaire qui l'a secouée, il faut le dire.
01:21 On l'a vu apparaître après dans les médias quand même un peu perturbée.
01:25 Donc la dynamique qu'il avait au début de ces mises en examen très conquérants,
01:31 "on va gagner quand même", etc., connaît quand même un petit essoufflement.
01:36 Aujourd'hui, il utilise toujours la même rhétorique,
01:40 mais a quand même moins d'énergie et est fatigué par ces différentes inculpations
01:45 et essaye de faire de nécessité vertu.
01:50 - Il a essayé d'en profiter en tout cas de ce moment, on va dire.
01:54 Ses conseils lui ont demandé de venir la nuit, il est venu le jour, évidemment.
01:57 Il ne fait jamais comme tout le monde.
01:58 Ce mugshot, la photo judiciaire où on voit Donald Trump, le visage fermé, presque accusateur.
02:03 C'est une photo qu'on a retrouvée à la une de tous les journaux.
02:06 Donald Trump l'a lui-même tweeté sur le réseau social X avec ces mots "Never surrender".
02:12 "Ne vous rendez jamais", il n'avait plus posté sur son compte depuis janvier 2021.
02:17 C'est maintenant devenu un véritable outil de communication pour lui.
02:20 Il en a profité, on va dire, de ce moment.
02:22 - Oui, tout à fait. En avril, il avait déjà fait des produits dérivés.
02:26 Alors non pas du mugshot qu'il devait prendre, mais d'un pseudo-mugshot.
02:31 Donc il y avait déjà eu des mugs, des t-shirts, des casquettes, etc.
02:35 - Là, on peut déjà acheter sur son site officiel de son équipe de campagne
02:40 des t-shirts à manches courtes ou manches longues pour 34 dollars,
02:43 autocollants pour voitures ou encore l'étonnant beverage couleur en deux couleurs
02:46 pour rafraîchir une canette.
02:48 Alors, il y a aussi des mugs à 14,99 dollars.
02:52 Si vous voulez vous en acheter.
02:53 Enfin, c'est impressionnant ce qu'il en fait derrière.
02:55 - Oui, il doit financer ses frais de justice qui sont quand même assez élevés.
03:00 Alors, il y a plusieurs estimations.
03:02 On parle de 60 millions de dollars depuis janvier 2021.
03:06 Donc, il faut couvrir ses frais et il ne paye pas ses frais de justice sur ses fonds personnels.
03:11 Il faut donc lever de l'argent.
03:13 C'est donc pas seulement un coup de communication, mais aussi une nécessité pour Donald Trump
03:17 pour payer l'armée d'avocats qui essayent de le défendre.
03:20 - Il a donné un message après être sorti de prison.
03:24 "Ce qui s'est passé est une parodie de justice et une ingérence dans les élections.
03:28 La gauche veut vous intimider.
03:29 Si vous le pouvez, faites un don pour évincer Joe Biden de la Maison Blanche
03:33 et sauver l'Amérique dans ce chapitre sombre de l'histoire de notre pays."
03:36 Il a clairement besoin d'argent.
03:38 On le disait depuis 2016, 130 millions de dollars utilisés pour ses frais de justice.
03:44 Il appelle déjà aux dons et d'ailleurs ça fonctionne
03:48 puisque des Américains et même autres commencent à lui donner pas mal d'argent.
03:53 - Oui, ça fonctionne et il a besoin de financer ses frais de justice,
03:56 mais aussi sa campagne électorale puisqu'il est candidat aux primaires républicaines.
04:00 Et selon la loi électorale américaine, il ne peut dépenser à ce stade
04:04 que l'argent versé par les petits donateurs.
04:07 Donc il a besoin de sa base électorale, sa base blanche, peu éduquée,
04:12 qui le soutient inconditionnellement.
04:15 Il a besoin qu'il lui donne 50 dollars ou 20 dollars tous les mois.
04:19 C'est vraiment une nécessité pour qu'il puisse continuer à faire campagne.
04:23 - On a vous parlé de sa campagne.
04:25 Il a déjà commencé à snoober les débats des Républicains mercredi,
04:30 où il était normalement attendu, mais il avait dit qu'il ne le ferait pas.
04:33 Du coup, il n'était pas présent pour le premier débat du camp républicain.
04:37 Mais pourtant, ça marche, le fait de ne pas se montrer à ces débats,
04:40 mais de se montrer plutôt à la une de journo avec le mugshot.
04:44 62% d'attention de vote, donc d'après un sondage CBS
04:48 pour la course à la candidature des Républicains, c'est incroyable en fait.
04:52 Ça marche ?
04:53 - Oui, mais ça montre qu'il est aussi sur une ligne défensive,
04:56 puisqu'il ne va pas au-devant de ses adversaires des primaires.
05:00 Il se méfie des coups qu'il pourrait prendre,
05:03 et il préfère diffuser en parallèle une interview préenregistrée avec Tucker Carlson,
05:08 l'ancien présentateur vedette de Fox News.
05:11 Donc, il joue vraiment sur son terrain,
05:14 et il ne veut pas s'aventurer sur des terrains qu'il ne contrôle pas.
05:17 Donc, c'est bien une ligne défensive que déploie Trump,
05:20 et donc, il ne faut pas s'y tromper.
05:22 Il vraiment commence à souffrir de ces différentes procédures,
05:27 et il essaie de compenser par des stratégies de communication.
05:31 Mais si sa base continue de le soutenir,
05:34 les électeurs plus modérés et indépendants l'ont complètement lâché.
05:37 - Alors, il faut savoir aussi que Donald Trump,
05:40 pendant sa campagne, il va avoir des difficultés,
05:42 notamment dans les dates.
05:43 Au mois de mars, il compare pour l'affaire des voix en Géorgie,
05:47 donc il y a l'affaire Jean-Gene Carole aussi au mois de janvier,
05:51 l'affaire Stormy Daniels un peu plus tard dans l'année,
05:54 c'est au mois de mars encore une fois.
05:56 Au mois de mai, l'affaire des documents classifiés.
05:58 Enfin, pas mal de choses.
05:59 Il va devoir jongler entre la justice et la politique.
06:02 - Oui, et il y a l'affaire très importante de l'invasion du Capitole,
06:06 pour laquelle on n'a pas encore de date.
06:08 Donc, cette saga judiciaire va se dérouler au-delà, sans doute, des élections,
06:16 puisque toutes les décisions ne sont pas rendues
06:18 avant les élections de novembre 2024.
06:21 Et si celle-ci devenait défavorable, il fera appel.
06:25 Donc, on est vraiment face à un marathon judiciaire
06:29 qui met en difficulté le parti républicain,
06:32 qui n'a pas d'autres alternatives prêtes.
06:36 On a vu mercredi que Ron DeSantis
06:38 faire une contre-performance à ce débat des primaires républicaines.
06:42 Donc, les alternatives sont trop faibles,
06:46 et le seul candidat en position de l'emporter,
06:48 c'est Donald Trump avec quatre inculpations pénales.
06:50 La situation est compliquée.
06:51 - Donc, on ne peut pas envisager Donald Trump mis de côté par les républicains ?
06:56 Ce n'est pas possible ?
06:57 Pourtant, il y a des risques qu'il aille en prison, quand même, à un moment donné.
07:01 Ça, ce n'est pas possible ?
07:02 On préfère gagner avec quelqu'un qui a des problèmes avec la justice
07:06 que gagner avec, on va dire, un candidat moins populaire ?
07:11 - Gagner avec un candidat moins populaire, encore faut-il le pouvoir.
07:15 C'est toute la difficulté.
07:16 Et puis, la campagne n'est pas terminée.
07:18 Elle ne fait que commencer.
07:19 Pour l'instant, le parti républicain réfléchit à des scénarios alternatifs,
07:24 mais a du mal à faire émerger une candidature.
07:26 Mais il y a encore des choses qui vont se définir.
07:28 Comment vont se positionner les grands médias républicains pendant cette campagne ?
07:32 Qui vont-ils soutenir ?
07:33 Donc, les opinions, aujourd'hui, sont plutôt favorables à Trump,
07:37 même si ce n'est pas la majorité des électeurs républicains.
07:40 Mais la campagne n'est pas faite.
07:42 Elle ne fait que commencer.
07:43 - Elle ne fait que commencer.
07:44 À suivre, encore, cette campagne qui s'annonce altente aux États-Unis,
07:49 notamment dans le camp républicain.
07:50 Merci beaucoup, Elisa Schell, professeure de sciences politiques
07:53 à l'Université de Paris-Lanterne,
07:54 et rédactrice en chef de la revue Politique américaine,
07:57 d'avoir été avec nous sur Au Pain pour parler de Donald Trump.

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