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Dans Europe midi, Yohann Tritz et ses invités débattent de la quatrième inculpation de l'ex président américain Donald Trump.
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Transcription
00:00 match très important mais avant ça, nous sommes aux Etats-Unis avec cette nouvelle affaire qui concerne
00:05 Donald Trump inculpé pour la quatrième fois en cinq mois.
00:09 L'ancien président des Etats-Unis est cette fois-ci accusé d'avoir voulu manipuler la présidentielle de 2020 en Géorgie
00:15 et tacler des dernières élections. Les résultats étaient très serrés. Donald Trump avait alors appelé à la fraude mais pas seulement.
00:21 Aussi le responsable des élections en Géorgie, Brad Raffensperger,
00:25 pour lui demander de recalculer et de trouver les 11 000 voix manquantes, demande refusée évidemment. L'appel a été
00:32 enregistré et fait office donc de preuve aujourd'hui. Voilà pourquoi il est de nouveau inculpé.
00:37 On va essayer de comprendre un petit peu tout ça et pour ça on va
00:40 accueillir Jean-Éric Branat, docteur en civilisation américaine et spécialiste des Etats-Unis. Bonjour.
00:46 Bonjour. Bonjour Jean-Éric Branat. Alors cette nouvelle inculpation, ce n'est pas la première, mais pour Donald Trump c'est une inculpation
00:54 très embêtante parce qu'il peut aller en prison cette fois-ci.
00:57 Il peut aller en prison pour toutes les autres aussi. Ce qui est
01:01 peut-être en cause c'est que cette fois-ci
01:04 le pouvoir de pardon ne peut pas être exécuté ni par
01:10 Joe Biden qui est,
01:12 j'allais dire, le patron de l'État fédéral et donc ne peut pas intervenir dans un État, ni même par le gouverneur de cet État puisque
01:20 en Géorgie c'est une commission de sept membres nommés par le gouverneur, mais en tout cas
01:24 indépendants, qui ne peuvent donner le pardon qu'à condition qu'il y ait déjà cinq ans de passé après
01:29 la sentence. Donc vous voyez c'est ça l'embêtant, il devrait passer par la cas de prison si jamais il était déclaré coupable.
01:36 Ce dossier en Géorgie c'est peut-être donc le dossier le plus préoccupant pour lui après toutes ces différentes inculpations.
01:44 Eh bien c'est ce qu'on peut croire sur le papier.
01:47 En réalité en lisant l'acte d'accusation on se rend compte que c'est beaucoup plus subtil et que Donald Trump va se
01:54 battre comme un beau diable pour montrer que c'est pas lui mais c'est les autres. Si on prend les différentes
02:00 plaintes qu'il y a contre lui, il y a cette première plainte contre
02:06 comme vous le disiez l'affaire Raffensperger, c'est-à-dire le fait qu'il ait demandé 11 700 voix,
02:13 il va dire qu'il les a demandées mais que l'autre lui a pas donné, il a pas insisté.
02:17 C'est son droit le plus strict de demander ce qu'il veut et ça c'est le premier abondement.
02:22 Ensuite il y a des pressions contre
02:25 des gens qui travaillaient pour les élections,
02:29 un homme et sa fille.
02:32 Mais là il va dire que c'est pas lui qui a fait les pressions, c'est Giuliani qui lui a dit que c'était ainsi, même si
02:37 il a retweeté à 18 reprises, c'est parce que Giuliani
02:41 le lui disait. Puis il y a l'organisation ensuite
02:45 de faux électeurs mais là c'est pas lui, c'est John Eastman. Puis ensuite on va continuer comme ça, c'est Madame Powell, puis c'est Madame Elis.
02:52 Et ses avocats vont essayer de charger la bête en face et de montrer que Donald Trump après tout n'y était pour rien.
03:00 Ça c'est ce qu'on pense d'une défense habituelle mais comme c'est une
03:05 attaque un peu particulière qu'emmène la procureur cette fois-ci, à savoir
03:09 une raquette en bande organisée, elle va essayer de démontrer qu'il y a eu fraude et si elle arrive à le démontrer
03:16 et bien ils partiront tous dans la case culpabilité, qu'ils en aient été conscients ou pas.
03:22 C'est ça que risque en réalité Donald Trump.
03:24 18 inculpés au total parmi eux des proches bien sûr de
03:27 de Donald Trump, Rudolph Giuliani, l'ancien maire de New York, Cindy Powell aussi une avocate à l'origine de théorie,
03:33 Jeffrey Clark aux fonctionnaires pressentis pour devenir ministre de la justice, au total aussi c'est 41 chefs d'accusation.
03:39 C'est un gros dossier et si jamais, on le disait, il ne peut pas être
03:43 immunisé cette fois-ci, si jamais il est élu président il pourra aller en prison, c'est incroyable, c'est du jamais vu presque.
03:49 - Oui c'est du jamais vu,
03:52 il risque désormais à quatre reprises effectivement d'être condamné et de pouvoir aller en prison, c'est ça que tout le monde
04:02 regarde avec
04:04 en étant interloqué parce que qu'un président des Etats-Unis ait pu commettre autant de malversations et soit toujours dehors
04:11 laisse sans voix.
04:14 Maintenant si vous vous mettez du côté de ceux qui le défendent, et ils sont nombreux,
04:18 ils se disent mais pourquoi est-ce qu'on s'acharne ainsi sur Donald Trump ?
04:22 En l'écoutant il n'a rien fait et donc c'est l'utilisation des moyens de la justice pour essayer de faire tomber un opposant,
04:30 opposant qui, rappelons-le, est en tête dans la primaire républicaine
04:34 qui commence officiellement le 2 janvier, mais il n'est pas simplement en tête, il est largement en tête, il est au-dessus de 50% des
04:41 intentions de vote de la part des républicains, qui sont 89%
04:45 d'après un sondage de Cenia Times la semaine dernière, à estimer qu'il n'a pas fait grand chose de répréhensible.
04:51 - Ce qui est fou c'est que toutes ces accusations,
04:54 d'ailleurs il les rejette tous, il parle des accusations truquées pour ce qui se passe en Géorgie, pour lui c'est une nouvelle chasse aux
05:01 sorcières du camp démocrate, à chaque fois qu'il est accusé il se renforce, c'est un petit peu ce qu'on remarque aux Etats-Unis, c'est incroyable.
05:08 - Oui parce que les attaques, je crois la toute première attaque, celle du 30 mars, c'était une erreur
05:14 terrible de la part du procureur Bragg, puisqu'on était à New York avec un procureur
05:21 connu comme étant un démocrate, donc dans un état démocrate, et que ça ressemblait à une attaque politique.
05:27 Lors de Donald Trump, il s'est jeté là-dessus à pieds joints bien entendu, et il l'a monté en épingle,
05:31 et ça a suffi pour braquer tout le camp républicain qui s'est dit "mais enfin on peut pas faire ça une année d'élection".
05:37 Et ensuite les mises en examen suivantes ont eu l'air d'aller dans le même sens, et celle-ci qui est encore une fois
05:46 avec une procureure démocrate, cette fois-ci c'est un état républicain, mais c'est comme une procureure démocrate
05:51 et la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Qu'est-ce qu'on va avoir ? Eh bien, tous les leaders républicains qui vont
05:59 critiquer le système judiciaire américain et la police américaine, à savoir le FBI.
06:05 Et c'est assez dramatique de penser que ce parti, qui était le parti de la loi et l'ordre pendant des dizaines et des dizaines d'années,
06:12 comme le disait Reagan si fortement,
06:15 aujourd'hui
06:17 tape sur la police et la justice en expliquant que tout ça est tout pourri.
06:20 - Il croit dur comme fer à un complot Donald Trump. Est-ce que c'est possible que le camp démocrate
06:25 ait envie de l'embêter à ce moment-là ?
06:27 - Alors je sais pas du tout ce que croit Donald Trump, en tout cas c'est ce qu'il dit, et il le répète bien,
06:32 que le camp démocrate veuille l'embêter, oui c'est une certitude, et ça fait déjà assez longtemps. Il y a même beaucoup
06:39 de gens dans le camp démocrate qui réagissent
06:43 de façon épidermique avec Donald Trump, c'est-à-dire que qu'il soit innocent ou pas, peu d'importance.
06:48 Tout ce qui compte c'est de le mettre en prison, ça aussi c'est une réalité, il faut pas non plus la cacher.
06:53 Maintenant,
06:55 rappelons, puisque c'est important aussi, Donald Trump est pour l'instant considéré comme innocent de tous les crimes dont il est accusé,
07:03 mais on va avoir des procès pendant une campagne électorale et ça c'est assez inédit.
07:08 Donc on ne va parler que de ça, et ça c'est vraiment dommage parce que tous les problèmes des Américains, et Dieu sait s'ils en ont
07:15 aujourd'hui et s'ils ont des attentes de changement et de progrès pour leur vie de tous les jours,
07:19 eh bien personne n'en parlera parce qu'on n'aura pas le temps, on va être trop occupé par les affaires judiciaires.
07:24 - Il va entamer une longue bataille, d'ailleurs, en fin mars déjà, il compare à New York accusé d'avoir acheté le silence d'une actrice porno
07:30 pendant la campagne de 2016, il devra se rendre aussi plus tard au tribunal pour le recel de documents classifiés après son départ de la
07:36 Maison-Blanche, mais aussi pour tentative d'interférence dans les dernières élections.
07:40 Il plaide non coupable à chaque fois, il tente même de récuser les juges contre lui,
07:44 par contre, par rapport à sa campagne, est-ce que ça ne va pas mettre un coup de frein si à un moment donné il est rattrapé
07:50 par tous ces problèmes au niveau judiciaire ?
07:53 - Eh non mon capitaine, c'est le contraire. En réalité, aux Etats-Unis, c'est les Etats-Unis pour faire campagne.
07:59 Il faut, ben oui c'est ça,
08:01 il faut faire parler de soi. Vous savez, dans son livre "L'art du deal", il l'a écrit "peu importe comment on parle de vous,
08:06 en bien ou en mal, l'important c'est qu'on parle de vous". Il savait déjà à le bougre que ce qui est important c'est d'occuper la première page des journaux,
08:12 des radios ou des télés, la preuve, on parle de lui, et vous n'avez pas prononcé une seule fois le mot de Ron DeSantis,
08:20 Nicky Ellie, etc.
08:22 Parce que ça n'intéresse personne, d'ailleurs personne ne sait qui ils sont,
08:27 personne ne les connaît, et on ne parle que de Trump. Donc il gagne la première manche qui est la prime républicaine, mais vous n'avez pas
08:33 non plus prononcé le nom de Biden, c'est moi qui l'ai fait à trois reprises,
08:35 et là aussi il est en train de gagner la deuxième manche qui est qu'on va parler de Trump tout le temps.
08:41 Et ça c'est la technique Trump qu'il nous a fait en 2015-2016, du temps où il occupait toutes les pages,
08:48 les premières pages des journaux, matin, midi et soir, pas simplement aux Etats-Unis, c'était dans le monde entier,
08:53 et bien il refait la même cette fois-ci, celle qu'il avait un petit peu ratée, il faut le dire, en 2020.
08:58 - Et cet adversaire côté républicain, vous venez de les nommer, est-ce qu'ils s'en servent un petit peu ?
09:02 - Ils sont perdus, ils sont perdus parce que comme la plupart des électeurs
09:08 qui ont voté pour Donald Trump soutiennent toujours
09:11 leur champion, celui pour qui ils ont voté, c'est bien normal puisque c'est leur champion, c'est donc leur vote,
09:16 et bien ils ne peuvent pas attaquer
09:19 Donald Trump de franc, d'ailleurs ceux qui s'y risquent ne vont nulle part, Chris Christie par exemple, ancien gouverneur du New Jersey,
09:25 il ne fait que ça depuis qu'il est en campagne, il est à 3%, il ne va pas monter beaucoup plus haut.
09:30 Ron DeSantis a essayé de ne pas en parler, puis il s'est mis à l'attaquer un petit peu, il a dégringolé, il est passé de 35%
09:39 à 14% aujourd'hui, donc c'est très compliqué dans le camp républicain d'attaquer Donald Trump.
09:46 - Écoutez, puisqu'on est aujourd'hui dans la mise en examen en Géorgie, on peut citer le gouverneur de la Géorgie,
09:52 Kemp, qui a dit "je pense que ce qu'a fait Trump en Géorgie c'est pas bien, mais je revoterai pour lui".
09:59 - Ah oui, encore une fois, beaucoup de personnes espèrent voter pour lui aux prochaines élections en 2024,
10:05 mais normalement il devrait y avoir un duel, pour l'instant on part sur un Trump face à Biden,
10:09 mais du coup, dans les sondages, est-ce que ça change quelque chose d'un point de vue global pour lui ?
10:15 - Pour Trump vous voulez dire ou pour Biden ?
10:17 - Face à Biden, tout à fait, dans les deux sens normalement, ça va dans les deux sens.
10:19 - Eh bien écoutez, on est quasiment sur du 50/50 actuellement, mais si vous me permettez, les sondages
10:26 ne nous donnent aucune photographie aux Etats-Unis, c'est pas la France, c'est une fédération.
10:30 Et comme le vote se fait état par état, ce qui est important c'est de regarder les premiers états pour voir qui passe
10:37 et qui gagne, puis de regarder ensuite tous les états globalement pour voir qui remporte les grands électeurs.
10:42 Vous savez que tous les états ne se valent pas à cet effet dans l'élection générale.
10:46 Et quand on regarde tout ça, on se rend compte que là aussi c'est très serré, c'est quasiment du 50/50,
10:52 et il y a en fait cinq états sur les 50 qui vont faire la différence, suivant qui les gagne,
10:57 et pour les gagner il suffira de 10 à 15 000 voix à chaque fois.
11:02 Vous voyez c'est tellement serré qu'on est dans du pas de fourmi là,
11:07 et c'est très compliqué aujourd'hui de dire qui va l'emporter d'un côté ou de l'autre.
11:11 Mais en revanche ce qu'on peut dire, c'est que quand on entend que Biden va gagner tranquillement,
11:16 les doigts dans le nez, là on se trompe.
11:17 Parce qu'il va falloir une campagne, il va falloir surtout qu'il arrive à dépasser cette image d'homme mou,
11:23 saini, le vieux, et cette image s'installe de plus en plus, et ça c'est absolument terrible pour lui.
11:29 - Pour ce qui se passe en Georgia, donc l'accusation pour manipulation des électeurs,
11:35 du coup Donald Trump doit aller au tribunal d'Atlanta sous les 10 jours,
11:40 on en saura un petit peu plus dans les prochains jours, si j'ai bien calculé.
11:43 Merci beaucoup Jean-Éric Brana, docteur en civilisation américaine et spécialiste.

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