Vers une nouvelle utilisation du 49.3 ? «Ça devient un État autoritaire», déplore Patrick Kanner

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00:00 - Bienvenue sur Europe 1, vous avez lu j'imagine les grandes lignes de l'interview qu'Emmanuel Macron accorde à nos confrères du Point cette semaine.
00:05 Que vous inspire cette invitation à un rassemblement des différentes forces politiques du pays pour essayer d'agir ensemble ?
00:14 - D'abord peut-être quelques mots sur la forme. 16 pages, c'est long.
00:17 - Oui. - C'est très long, je ne vous cacherai pas que je n'ai pas réussi à lire tout. - Pas tout dans le détail.
00:22 - Voilà, ce n'était pas possible.
00:24 - C'est une démarche très personnelle, très centralisée, très descendante finalement. On retrouve le modèle jupitérien du président de la République.
00:33 Et j'entends cette invitation à faire venir les chefs de parti, d'ailleurs les chefs de parti, pas les présidents de groupes parlementaires.
00:40 C'est dommage d'ailleurs.
00:41 Et moi je n'ai rencontré M. Macron depuis 6 ans qu'une seule fois en tête à tête, en tant que président du deuxième groupe parlementaire du Sénat.
00:50 Bon, donc, donc tact. Olivier Faure sera sûrement présent à cette occasion.
00:56 Mais pourquoi faire ? Agir ensemble ! Agir ensemble sur les grands sujets qui intéressent les Français.
01:01 - M. Gougelot, il y a eu le grand débat. Vous avez encore quelques idées de ce qui est sorti du grand débat ?
01:06 Bon, le Conseil national de la refondation, un grand gadget, un objet politique non identifié.
01:12 Il y a eu les conventions citoyennes qui n'ont abouti à quasiment rien, notamment sur le plan du climat.
01:17 Donc, bon, on va y aller, on est des républicains, on va y aller, on va concerter.
01:21 Mais quand je vois, par exemple, sur l'éducation nationale, les décisions du président de la République sans aucune concertation, je m'appellerais Gabriel Attal, je ne serais pas très heureux.
01:31 - Alors justement, parlons-en. L'école, la famille, le service national universel, la culture, l'organisation des institutions dans le territoire.
01:39 Il ne pourrait pas y avoir une espèce de consensus justement pour redonner une certaine dynamique finalement à la politique dans ce pays ?
01:45 - Pour qu'il y ait du consensus, il faut qu'il y ait de la confiance.
01:48 Et aujourd'hui, cela fait 75 mois, 75 mois que le président de la République est à la tête de ce pays. 75 mois.
01:56 Et on a l'impression, en lisant l'interview, que c'est l'interview d'un président de la République qui vient d'être élu et qui annonce finalement ses grandes priorités.
02:04 Donc on a un décalage. Je pense que le pays va mal, que le pays n'a pas confiance, je reprends ce mot,
02:10 et que même si les vacances sont passées par là, même s'il y a les conditions climatiques qui peut-être endorment un peu tout le monde,
02:17 eh bien l'automne sera chaud, mais d'une autre manière je le pense.
02:20 - Mais alors attention Patrick Cannaire, enfin attention, ce n'est pas une mise en garde que je vous fais,
02:23 mais s'il n'y a pas ce rassemblement, s'il n'y a pas ce rassemblement, disons des bonnes volontés de tous les partis,
02:28 le gouvernement avancera sans vous à coup de 49-3 pour l'immigration, pour le budget, ou à coup de référendum d'ailleurs,
02:35 il ne l'exclut pas Emmanuel Macron, sur d'autres sujets ?
02:38 - Référendum ? Chiche, on verra bien que ce sera la réaction des Français.
02:41 Mais le 49-3, 10 fois pour le budget 2023, peut-être la même chose pour le budget 2024,
02:47 on annonce aussi un 49-3 pour la loi de programmation des finances publiques,
02:51 pour aboutir au financement par l'Europe de la crise française, un 49-3 sur l'immigration,
02:58 bon, finalement ça devient un état autoritaire devant nous.
03:03 Utiliser à tout bout de champ le 49-3, c'est nier finalement le Parlement,
03:08 et à un moment donné ça ne pourra pas tenir, après ce sera à Ehler, puisque c'est bien ça l'enjeu,
03:14 M. Macron veut un accord avec Ehler, je dirais pas à tout prix, mais il veut un accord avec Ehler,
03:19 eh bien nous verrons si Ehler cède ou pas aux sirènes de la Macronie, vous savez la Macronie c'est ni le gauche, ni le gauche.
03:25 - Vous sentez venir par exemple une motion de censure qui là pour le coup pourrait vraiment censurer le gouvernement et provoquer de nouvelles élections ?
03:31 - Il y en a une sur la question des retraites, elle a failli passer à 9 voix près, vous vous rappelez,
03:36 parce que l'Ehler avait voté avec la gauche et le centre, une partie du centre,
03:41 donc peut-être, mais je pense qu'Ehler a peut-être plus à perdre puisqu'il y a la menace de la dissolution.
03:47 Vous vous rendez compte quand même que le président de la République dispose du 49-3 au travers de la Constitution,
03:51 de la menace de dissolution toujours au travers de la Constitution,
03:54 et le Parlement français est sûrement un des parlements les plus importants au monde en termes de démocratie,
04:00 et pourtant qui est le plus menacé dans son fonctionnement.

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