Journées d'été d'EELV : «Il ne fallait pas inviter Monsieur Médine», estime Patrick Kanner

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Chaque matin de l'été, à 8h15, Alexandre Le Mer en juillet et Lionel Gougelot en août reçoivent une personnalité au centre de l'actualité. Ce lundi, Patrick Kanner, sénateur PS du Nord et président du groupe socialiste au Sénat.

Retrouvez "L'invité du 8h13" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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00:00 - Heure à 5. - Bon réveil et bonne journée avec nous, que vous soyez au travail, dans les bouchons ou à pied grâce à l'application
00:05 Europe 1. Lionel Gougelot à 8h15, vous recevez à présent Patrick Cannaire, président du groupe socialiste au Sénat. - Bonjour Patrick Cannaire. - Bonjour M. Gougelot.
00:13 - Bienvenue sur Europe 1, vous avez lu j'imagine les grandes lignes de l'interview qu'Emmanuel Macron accorde à nos confrères du Point cette semaine. Que vous inspire cette invitation
00:20 à un rassemblement des différentes forces politiques du pays pour essayer d'agir ensemble ?
00:27 - D'abord peut-être quelques mots sur la forme, 16 pages c'est long.
00:30 Je ne vous cacherai pas que j'ai pas réussi à lire tout. - Pas tout dans le détail. - Voilà, c'était pas possible.
00:36 Démarche très personnelle, très centralisée,
00:40 très descendante finalement, on retrouve le modèle jupitérien du président de la République
00:45 et j'entends cette invitation à faire venir les chefs de parti, d'ailleurs les chefs de parti pas les présidents de groupes parlementaires,
00:52 c'est dommage d'ailleurs, et moi je n'ai rencontré M. Macron
00:56 depuis six ans qu'une seule fois en tête à tête, en tant que président du deuxième groupe parlementaire du Sénat.
01:02 Donc, donc tact !
01:05 Olivier Faure sera sûrement présent à cette occasion, mais pourquoi faire ? - Agir ensemble !
01:10 Agir ensemble sur les grands sujets qui intéressent les français. - M. Gougelot, il y a eu le grand débat,
01:15 vous avez encore quelques idées de ce qui est sorti du grand débat ?
01:19 Le conseil national de la refondation, un grand gadget, un objet politique non identifié,
01:25 il y a eu les conventions citoyennes qui n'ont abouti à quasiment rien, notamment sur le plan du climat,
01:29 donc bon, on va y aller, on est des républicains, on va y aller, on va concerter, mais quand je vois par exemple sur l'éducation nationale
01:36 les décisions du président de la République sans aucune concertation, je m'appellerais Gabriel Attal, je ne serais pas très heureux.
01:43 - Alors justement, parlons-en, l'école, la famille, le service national universel, la culture, l'organisation des
01:50 institutions dans le territoire, il ne pourrait pas y avoir une espèce de consensus justement pour
01:55 redonner une certaine dynamique finalement à la politique dans ce pays ? - Pour qu'il y ait du consensus, il faut qu'il y ait de la confiance.
02:00 Et aujourd'hui, cela fait 75 mois,
02:04 75 mois que le président de la République est à la tête de ce pays, 75 mois, et on a l'impression, en lisant l'interview,
02:11 que c'est l'interview d'un président de la République qui vient d'être élu et qui annonce finalement ses grandes priorités.
02:16 Donc on a un décalage, je pense que le pays va mal, que le pays n'a pas confiance, je reprends ce mot,
02:23 et que même si les vacances sont passées par là, même s'il y a
02:26 les conditions climatiques qui peut-être endorment un peu tout le monde,
02:30 eh bien l'automne sera chaud, mais d'une autre manière je le pense. - Mais alors attention Patrick Cannaire, enfin attention, c'est pas une mise en garde
02:35 que je vous fais, mais s'il n'y a pas ce rassemblement, s'il n'y a pas ce rassemblement, disons des bonnes volontés de tous les partis,
02:41 le gouvernement avancera sans vous à coup de 49-3
02:45 pour l'immigration, pour le budget, ou à coup de référendum d'ailleurs, il ne l'exclut pas Emmanuel Macron, sur d'autres sujets.
02:51 Référendum, chiche, on verra bien que ce sera la réaction des français, mais le 49-3, dix fois pour le budget 2023,
02:57 peut-être la même chose pour le budget 2024,
03:00 on annonce aussi un 49-3 pour la loi de programmation des finances publiques pour aboutir au financement par l'Europe
03:07 de la crise française, un 49-3 sur l'immigration, bon finalement ça devient
03:12 un état autoritaire devant nous. Utiliser à tout bout de champ le 49-3, c'est nier
03:19 finalement le Parlement, et à un moment donné ça ne pourra pas tenir, après ce sera à Ehler, puisque c'est bien ça l'enjeu,
03:27 M. Macron veut un accord avec Ehler, je dirais pas à tout prix, mais il veut un accord avec Ehler,
03:32 eh bien nous verrons si Ehler cède ou pas aux sirènes de la Macronie, vous savez la Macronie c'est ni le gauche ni le gauche, donc why not ?
03:38 - Vous sentez venir par exemple une motion de censure qui là pour le coup pourrait vraiment censurer le gouvernement et
03:43 provoquer de nouvelles élections ?
03:44 - Il y en a eu une sur la question des retraites, elle a failli passer à Neuvoie-Près, vous vous rappelez ?
03:49 Parce que Ehler avait voté avec la gauche et le centre, une partie du centre, donc peut-être, mais
03:55 je pense qu'Ehler a peut-être plus à perdre, puisqu'il y a la menace de la dissolution. Vous vous rendez compte quand même que le président
04:01 de la République dispose du 49-3 au travers de la Constitution, de la menace de dissolution, toujours au travers de la Constitution,
04:07 et le Parlement français est sûrement un des parlements les plus importants au monde en termes de démocratie,
04:12 et pourtant qui est le plus menacé dans son fonctionnement, il y a un problème.
04:16 - Un terme dans cette interview a retenu mon attention, la nécessité de
04:21 reciviliser le pays après la période des émeutes
04:25 que l'on a vécu le mois dernier. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ? Est-ce que vous êtes sensible à ce terme ?
04:30 - C'est pas la première fois que le mot est utilisé par monsieur Macron,
04:35 mais on est un peu dans le déni, on est un peu dans le déni. Quand je lisais dans un journal
04:41 maintenant bien connu chez Europ1, le JDD,
04:45 madame Sabrina Agristi-Roubach, la nouvelle secrétaire d'Etat
04:49 en charge de la politique de la ville, qui disait "mais la politique du chéquier c'est fini",
04:54 sans préciser qu'elle sera la nouvelle politique de la ville,
04:57 d'ailleurs elle-même étant sous la tutelle de deux ministres, ça ne s'est jamais vu.
05:01 Une secrétaire d'Etat sous la tutelle de deux ministres en charge de la ville, ça montre que plus personne s'intéresse à cette politique.
05:07 Eh bien je me dis que monsieur Macron finalement est dans le déni avec son gouvernement.
05:12 Certes il n'y a plus d'émeute, mais est-ce que pour autant les causes de ces émeutes ont disparu ? La réponse est non.
05:16 La moindre allumette peut relancer malheureusement les opérations et je condamne, je condamne naturellement toutes les violences urbaines qui ont pu se passer.
05:24 Aujourd'hui ces quartiers vont mal,
05:26 ils sont gangrénés, gangrénés par le deal, gangrénés par la violence, et on l'a vu à Nîmes.
05:32 - Il y a eu un nouveau mort cette nuit à Nîmes, un jeune homme de 18 ans.
05:34 - Bien sûr, et il y a Pisse 20, ce quartier de Nîmes que je connais bien, c'est un quartier prioritaire de la ville, j'étais ministre de la ville,
05:40 13 000 habitants, il n'y a pas un poste de police. Et quand j'entends les
05:44 20 ans guerre comme monsieur Sarkozy hier sur une grande chaîne de télévision
05:49 dire "c'est pas le nombre de policiers qu'il faut, c'est de l'autorité",
05:54 Sarkozy a supprimé près de 12 000 postes de fonctionnaires de police quand il était président. Donc
06:01 tous ces donneurs de leçons, je vous assure, ça commence à devenir insupportable.
06:06 - Président du groupe socialiste au Sénat, je le disais, Patrick Cannaire, que vous inspire le spectacle de cette gauche qui se déchire en cette
06:13 rentrée ? On voit Olivier Faure, votre patron, Jean-Luc Mélenchon s'invectiver sur Twitter, les Verts en rajoutent d'ailleurs une couche, assez allègrement.
06:21 La gauche façon Nupes, elle est en train de voler en éclats ?
06:24 - La Nupes, c'est un accord électoral
06:26 qui est devenu un accord programmatique
06:30 dans des conditions
06:32 de rapport de force qui était très favorable à M. Mélenchon, il faut le dire. - Vous n'avez jamais été un fan, je crois vous. - Non, jamais.
06:37 Mais il a fait 22%, voilà, il était le patron à l'époque.
06:44 Simplement,
06:46 pour qu'un rapport de force devienne un vrai contrat de gouvernement
06:50 entre des forces politiques différentes, il faut qu'il y ait là aussi la confiance. Et manifestement, aujourd'hui, la confiance est en train de
06:56 s'effriter entre les partis de gauche proposant la Nupes.
07:01 On est peut-être dans une phase de clarification.
07:03 Certains avaient demandé un acte 2 de la Nupes, il n'est jamais venu. Et M. Mélenchon est en train, aujourd'hui,
07:09 de mettre une pression. Lui qui devait finalement être en retrait, n'a jamais été aussi présent
07:16 dans ce leadership. Le seul problème,
07:18 et l'élection sénatoriale, vous rappelez mes fonctions au Sénat, sera un élément important, l'élection sénatoriale va montrer que
07:24 il n'y a pas qu'une seule élection en France, même si c'est la plus importante, l'élection présidentielle.
07:29 Il y a d'autres élections. Et les élections municipales,
07:32 départementales, régionales, qui permettent de dégager les grands électeurs qui vont désigner les sénateurs, eh bien vous allez voir, M. Gougelot,
07:38 qu'il est fort probable qu'il n'y aura aucun sénateur élifié en septembre prochain
07:43 au Sénat, parce que le rapport de force n'est pas le même. Eh bien, il faut que M. Mélenchon et ses amis
07:48 acceptent de considérer qu'il y a d'autres légitimités que celles de l'élection présidentielle.
07:54 - Ce que dit Bernard Cazeneuve ce matin dans une interview au Figaro, qui s'exprime justement, et qui, comment dirais-je,
08:01 qui critique
08:03 ceux qui invitent le rappeur Medin à leurs universités, tt je veux parler de la France insoumise,
08:08 des Verts, et même du Parti communiste, puisqu'il y aura à la fête de l'humanité... - Comme chanteur, comme rappeur, pas comme, je dirais, débatteur.
08:16 - Est-ce que vous considérez que ces formations s'éloignent de l'idéal républicain et ne voient, comme le dit Bernard Cazeneuve, qu'une façon cynique
08:23 de conquérir une clientèle ? - En tout cas, la République ne se divise pas.
08:27 M. Medin joue sur tout le tableau.
08:30 J'ai regardé son interview dans l'Humanité d'aujourd'hui,
08:34 où il dit "mais je combats l'antisémitisme".
08:37 S'il combat l'antisémitisme avec les tweets incendiaires qu'il a fait, particulièrement sulfureux,
08:43 c'est "faites ce que je dis et pas ce que je fais". Donc,
08:47 il ne fallait pas inviter M. Medin. Et
08:51 vraiment, avec cette polémique,
08:53 les verts vont gâcher leur entrée
08:56 politique. - On ne va plus parler de l'écologie. - Mais bien sûr. C'est dommage, c'est dommage.
09:01 Les rappeurs ont un droit d'expression, qui doit bien sûr être respectueux du droit en tant que tel.
09:08 L'antisémitisme n'est pas une opinion, c'est un délit. Il faut toujours le rappeler. Mais M. Medin
09:14 a eu, il y a quelques années aussi, un clip sur la laïcité, que j'ai regardé de près. Honnêtement, je ne connaissais pas M. Medin.
09:21 Moi, je suis d'un âge où les rappeurs ne sont pas ma tasse de thé potentielle.
09:24 Mais j'ai regardé et j'ai eu peur. Quand il dit "il faut amener les laïcars au Golgotha",
09:29 écoutez, excusez-moi, c'est les mots. Il faut penser que les mots peuvent tuer.
09:34 Et c'est une incitation à la haine. Et
09:38 Medin ne devait pas être
09:40 invité. - Ce matin, dans l'Humanité, il proteste. Il dit qu'il n'a jamais été antisémite, que finalement toutes ses paroles ont été mal comprises,
09:46 qu'il a un droit... - Trop simple. - Trop simple. Et
09:50 encore une fois, une université d'été, même celle d'Everne, ne doit pas être un lieu de psychothérapie pour des gens qui se posent des questions.
09:56 - Donc vous ne sauriez pas aller à la rencontre de Medin, comme l'ont décidé les ministres du gouvernement.
10:03 - Je me félicite que mon parti, qui se réunira à Blois
10:07 ce week-end, et bien, à la différence des autres, n'ait pas fait "un tapis rouge" pour M. Medin.
10:14 Voilà, chacun à sa place. Chacun à sa place. Et la gauche républicaine, la gauche du gouvernement,
10:19 doit retrouver tout son sens. Et j'ai apprécié les propos de Bernard Cazeneuve. - Vous serez derrière lui dans les mois qui viennent,
10:25 s'il engage une initiative en vue des présidentielles ? - Moi, je suis socialiste, je suis resté au Parti Socialiste, je me bats à l'intérieur du PS.
10:31 Il a fait un autre choix, que je respecte,
10:33 naturellement.
10:36 Bernard Cazeneuve fait partie, naturellement, de la solution. Il faut que la gauche revienne au pouvoir.
10:40 Seul le Parti Socialiste a amené la gauche au pouvoir,
10:43 au sein de la Ve République, historiquement. Et bien, il faut retrouver ce sens-là.
10:48 Chaque élection sera une rencontre avec les Français. - Merci Patrick Kenner. Merci d'avoir accepté l'invitation d'Europe 1 ce matin,
10:55 président du groupe socialiste au Sénat. Excellente journée à vous, à bientôt.

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