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Transcription
00:00 artiste peintre, militante pour les droits des femmes et écoféministe.
00:03 Elle n'a pas connu la même postérité que sa sœur aînée,
00:06 l'écrivaine Simone de Beauvoir.
00:07 Voici Hélène de Beauvoir.
00:09 Hélène grandit à Paris dans une famille bourgeoise dans les années 1910.
00:15 Avec sa sœur Simone, elle suive une scolarité au cours d'Eusyr,
00:17 un établissement catholique privé où se retrouvent les jeunes filles
00:20 de la haute société.
00:21 Très tôt, elle se rend compte qu'elle a un talent,
00:23 qui est celui du dessin.
00:24 Sa mère les a amenées régulièrement au Louvre, enfant.
00:28 Hélène dira d'ailleurs qu'en fait, le Louvre était ma messe.
00:30 Elle passe des heures devant les tableaux de Nicolas Poussin
00:33 et d'Élisabeth Vigée-Lebrun.
00:34 Les deux filles se détachent très tôt de l'éducation pieuse de leur mère,
00:37 tempérée par un père plus ouvert, passionné par le théâtre et l'art dramatique.
00:42 Simone veut devenir une grande écrivaine,
00:44 Hélène, elle, se rêve artiste.
00:46 J'ai écrit à 15 ans une phrase assez amusante.
00:49 Si jamais je devais être un grand peintre,
00:51 j'aimerais qu'il y ait dans mes tableaux une petite note comique
00:55 qui ne serait perceptible que pour moi seule.
00:57 C'est à quoi j'étais fidèle, ça m'amuse,
00:59 parce que je mets souvent une petite note...
01:02 J'essaie de mettre une petite note drôle dans mes tableaux.
01:04 Soutenue par Simone,
01:05 Hélène passe son bac de philosophie contre la vie de sa mère.
01:08 Elle se consacre à sa passion, la peinture et le dessin,
01:11 et intègre l'école Arts et Publicité en 1928.
01:15 Et là, c'est un enseignement très intéressant,
01:17 parce que c'est un enseignement qui est fait aussi à partir du cinéma.
01:21 Les élèves regardent des séquences de petits films
01:24 et doivent faire des croquis rapides d'arrêt sur image.
01:26 Elle dit qu'à l'époque, elle se passionne beaucoup pour le croquis,
01:29 le dessin, le corps en mouvement.
01:31 La notion de mouvement va rester dans toute son œuvre ensuite.
01:35 Bien avant la publication du Deuxième Sexe,
01:37 écrit par Simone en 1949,
01:39 Hélène expose pour la première fois à Paris en 1936.
01:43 Pablo Picasso est présent, il trouve ses œuvres originales.
01:46 Hélène commence à se faire un nom dans le milieu.
01:48 Elle se marie avec Lionel de Roulet,
01:50 élève de Jean-Paul Sartre, qui partage la vie de Simone.
01:53 Leurs déplacements dans différents pays
01:54 nourrissent la réflexion artistique d'Hélène,
01:56 notamment au Maroc, dans les années 1950.
01:59 Là, c'est la découverte de la couleur pure,
02:01 de la lumière, des aplats.
02:03 Elle a fait beaucoup de peintures qui représentent
02:06 les femmes au travail, son environnement.
02:09 Ce sont des années de rupture au niveau du traitement de la couleur, des aplats.
02:12 En Italie aussi, où il s'installe après,
02:14 Hélène pose son regard sur la condition des femmes.
02:17 Elle peint les mondines,
02:18 ses ouvrières saisonnières dans les rizières,
02:20 un métier en train de disparaître.
02:22 Mai 68 est l'autre tournant de sa vie d'artiste.
02:25 Hélène n'est pas à Paris, mais soutient le mouvement à travers son art.
02:28 En quelques mois, elle réalise 80 tableaux
02:30 des manifestations qui ont lieu dans les rues de Paris,
02:33 à partir de ce que lui raconte sa sœur,
02:35 de photos et de ce qu'elle entend à la radio.
02:37 Stylistiquement, elle a une forme d'originalité.
02:39 On a l'impression qu'elle s'est trouvée,
02:40 parce que très souvent, elle absorbe beaucoup de choses
02:43 des autres artistes.
02:44 Là, on a vraiment l'impression qu'il y a une forme d'épanouissement,
02:48 qu'elle trouve quelque chose.
02:50 Dans les années 1970,
02:51 Hélène s'engage dans le mouvement féministe.
02:53 En Alsace, où elle habite,
02:54 elle cofonde une association
02:55 qui vient en aide aux femmes victimes de violences conjugales.
02:58 Dans ses souvenirs, elle raconte avoir été marquée
03:00 par une série de féminicides dans la région en 1975.
03:03 Meurtrie par leur destin tragique,
03:05 elle peint un triptyque où l'on voit des femmes victimes d'injustice
03:08 de la part d'hommes accusateurs.
03:10 Mais ce n'est pas le seul engagement d'Hélène.
03:14 L'environnement est une cause importante pour elle,
03:17 et on peut vraiment la classer
03:19 des coféministes déjà dans les années 1970.
03:22 C'est quelqu'un qui était très engagée contre le nucléaire,
03:25 qui a soutenu le mouvement aussi dans le Larzac.
03:28 Les deux sœurs ont collaboré une seule fois ensemble en 1968.
03:31 Hélène illustre La femme rompue, un roman de Simone.
03:34 Mais la critique est mitigée, elle le vive comme un échec.
03:37 Elle le dit elle-même,
03:39 elle aurait aimé plus pouvoir s'épanouir
03:42 dans le monde de l'illustration.
03:43 Donc là, on avait vraiment potentiellement
03:47 un grand succès.
03:47 Les deux sœurs se retrouvaient là vraiment
03:49 dans leurs deux domaines de prédilection.
03:51 Dans leur vie, elles sont proches,
03:52 mais l'aînée entretient une relation ambigüe
03:54 entre protection et domination envers Hélène.
03:57 Simone meurt en 1986,
03:59 laissant derrière elle des lettres publiées par sa fille adoptive,
04:02 où elle décrit sa sœur comme une artiste sans talent.
04:05 Hélène avait peint un tableau de deuil,
04:06 un portrait de Simone qu'elle gardera en évidence dans sa maison
04:09 jusqu'à la fin de sa vie, en 2001.
04:12 Sous-titrage Société Radio-Canada
04:14 ♪ ♪ ♪

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