Football : "Les entraîneurs n’ont plus complètement le pouvoir", déplore Riolo

  • l’année dernière
L'avis de Daniel Riolo : "Les entraîneurs n'ont plus complètement le pouvoir, qui est auprès de certains joueurs qui deviennent les patrons des clubs. Ils sont là pour faire au mieux dans un avenir incertain pour eux."

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Transcript
00:00 Ce n'est pas une affirmation, c'est une observation plutôt, une question que je me posais et que je voulais partager avec vous.
00:06 Parce que, pardon, effectivement, je trouvais, bon, il reste encore, ce n'est pas la fin des coaches tout puissant, puisque celui qui vient de gagner la Ligue des Champions
00:15 apparaît dans son club et s'est construit et garde encore l'image du tout puissant.
00:20 Je constate, en revanche, à côté, que les coaches sont souvent de plus en plus isolés,
00:28 non plus cette force.
00:30 On a eu, dans les années 2000-2010, c'est là qu'on a fait connaissance, justement, d'abord avec Mourinho, puis avec Guardiola.
00:39 Simeone s'est installé comme un coach énormissime dans sa puissance et dans son contrôle à l'Atletico.
00:47 Jurgen Klopp, après avoir été au début en difficulté à Liverpool, lui aussi a fini par avoir cette stature-là.
00:55 Mais peu à peu, si tu regardes un petit peu la façon dont Luis Enrique arrive au PSG, avec beaucoup d'incertitudes autour de lui,
01:03 un effectif qu'il a choisi sans réellement complètement choisir, alors peut-être qu'il pense s'installer dans le temps, mais on sait que le temps est très limité dans ce club.
01:12 Tu prends un pot Chettino qui pensait, peut-être il y a quelques années, s'inscrire dans les coaches un petit peu puissants.
01:19 Il arrive à Chelsea, il est obligé de s'accommoder. Les coachs, de plus en plus, doivent s'arranger un peu avec une situation compliquée.
01:26 Pot Chettino à Chelsea, on a l'habitude de dire 50 joueurs, c'est un petit peu moins, mais finalement, il ne rouspète même pas trop face à cette situation.
01:34 Blanc, qui a connu quand même un petit peu, lui, une forme d'or de gloire de par son passé.
01:40 Il arrive à Lyon, le président change, il ne sait plus trop quoi faire, il se débat un peu, il chouine, il n'a pas les joueurs qu'il veut.
01:49 Ces entraîneurs se retrouvent en plus face à des présidents qui, soit ne sont plus tellement liés au football, soit sont des présidents distants qui ne sont plus là au quotidien, sur lesquels ils ne peuvent plus s'appuyer.
02:00 On a pourtant, même dans un club aussi fort que le Bayern, où l'entraîneur a dû toujours composer avec une direction forte et avec une direction sportive forte.
02:11 Là, on atteint avec Tuchel, je trouve, une espèce de funambulisme.
02:17 Je ne sais pas si ça se dit, mais à peine arrivé, Tuchel, qui faisait pourtant lui aussi partie des héritiers, on a l'impression que ça allait devenir un coach un peu puissant.
02:25 Il est déjà sur un fil, très observé par la direction.
02:30 On a l'impression qu'il, parfois, quand il fait ses déclarations, il veut s'embrouiller avec tout le monde.
02:35 Donc, je le trouve également assez fragile.
02:37 Simeone est toujours à l'Atletico, mais j'ai l'impression qu'à un moment ou un autre, cette page va se tourner.
02:43 Pareil pour Ancelotti et Aureal.
02:45 Cette caste d'entraîneurs, Mourinho continue de se débattre à la Roma en faisant son cirque habituel à chaque mercato, de dire "les présidents n'ont pas voulu me donner les joueurs que j'ai voulu".
02:56 Donc, en fait, il rouspète pour se protéger des futures critiques des supporters.
03:00 Et à la Roma, c'est pareil.
03:02 La direction, où elle est, qu'est-ce qu'elle fait, qu'est-ce qu'elle veut ?
03:04 Et je trouve que ces entraîneurs, maintenant, sont dans le "je m'accommode".
03:09 Et surtout, et c'est ma conclusion, ils n'ont plus complètement le pouvoir, parce que le pouvoir, il n'est peut-être même pas non plus complètement dans ces directions un petit peu difficiles à cerner.
03:19 Mais auprès de certains joueurs qui deviennent réellement un peu les patrons des clubs, les tactiques deviennent de plus en plus minimalistes.
03:27 Donc, les coachs sont là pour assembler des joueurs et un petit peu faire au mieux dans ce qui ressemble un peu à un avenir incertain pour eux, la plupart du temps.
03:36 - Léo, est-ce que tu es d'accord ?
03:37 - Oui, je suis plutôt d'accord, effectivement.
03:39 Et pourtant, ce qui me paraît bizarre dans le choix des dirigeants qui font ce choix-là, enfin dans l'histoire du foot, parce que ça entraîne tout le monde, c'est plutôt l'inverse qui a marché récemment.
03:51 C'est-à-dire que quand tu as su donner du temps, du pouvoir à certains coachs, ça a payé.
03:58 Je prends l'exemple de Guardiola, évidemment.
03:59 - La recette, on a l'impression qu'on la connaît.
04:01 Je n'ai pas parlé de l'OM, pardon, je n'ai pas fait l'OM, mais j'aurais pu parler de l'OM et les mettre dans la liste.
04:06 - Tu parles de Klopp, c'est plutôt quand, effectivement, il a passé les premiers orages, qu'il le maintient, il reste dans le club, il devient une icône même pour les salariés, pour les supporters et autres.
04:17 Et donc, c'est de dire aux dirigeants "Voyez si vous l'aviez viré au bout de six mois, ce qui serait passé".
04:22 Le PSG, quelque part de cet été, comme à chaque fois dans plusieurs étés, on a essayé d'y croire en se disant "Louis-Henriquet, il est arrivé assez tôt".
04:31 Mais quand même, effectivement, il y a un truc qui se passe, et là, tu as raison, et ce qui ne se passe pas avec Guardiola,
04:36 c'est ce que dit Louis Fernandez dans la revue de Laffleur aussi, dans l'interview, il dit "C'est dingue, on fait signer les joueurs avant que le coach arrive".
04:44 C'est vrai que c'est un truc de dingo ! - Bien sûr !
04:46 - Alors que Guardiola, évidemment, quand il dit "Attendez, moi je veux faire ça, ça et ça, et après je veux tel et tel joueur dans ce système".
04:53 Je dirais que Louis-Henriquet, il est quand même en train de retourner le truc un peu en sa faveur, dans le sens où les joueurs qui voulaient voir partir, ils partent.
05:01 Le joueur, Ben Mbappé, qui voulait voir rester, il reste.
05:04 Bon, voilà, on va dire qu'il essaie de se débrouiller, mais effectivement, tu as raison, et pourtant,
05:10 les dirigeants de tous ces clubs ont la preuve que s'ils sont un minimum patient, s'ils prennent le risque de l'être,
05:18 ils ont plus de chances de gagner et de faire gros que l'inverse.
05:21 Donc c'est assez paradoxal.
05:22 - C'est un peu comme si on connaissait la recette, mais qu'elle est difficile à appliquer parce que les mecs...
05:28 - Non, parce que le business fait qu'ils se disent qu'ils veulent aller plus vite.
05:31 Les Qataris, on fait ça.
05:34 Ils se sont dit "Hans Cheloti, c'est le premier à leur avoir dit "vous êtes fou, vous me mettez sous pression après un match à Reims".
05:39 Non, mais attendez les gars, moi je pars".
05:40 Et il est allé gagner les Ligues des champions à Madrid, alors que les Qataris, sans le savoir, avaient pris sans doute le coach dès le départ qui aurait pu leur faire gagner.
05:46 Hans Cheloti, par exemple, si tu le maintiens contre vents et marées pendant les deux, trois premières années, ça se trouve le PSG aurait déjà progressé.
05:53 - Tu gagnes du temps.
05:53 - Et peut-être le "graal", entre guillemets.
05:57 Mais c'est vrai qu'il y a, par exemple en France, des exemples inverses de ce que tu dis, même si le coach est toujours un peu fragilisé et se fragilise parfois lui-même, c'est aise.
06:05 C'est vrai que le système à l'Anse, c'est aussi autour du coach.
06:08 C'est aussi autour d'un coach qui dure, qui reste, mais qui lui-même, à la cérémonie des...
06:14 J'allais dire des 7 d'or, à la cérémonie de l'UNFP, dit "laisse entendre, joue un peu sa carte aussi un peu perso, on dirait peut-être me barrer".
06:22 Donc ils sont eux-mêmes dans cette idée du turnover.
06:25 Mais oui, c'est vrai, il n'y a peut-être plus le coach tout puissant, et pourtant le coach tout puissant qui décide et qui recrute lui-même, qui décide, enfin...
06:34 - Ou en tout cas qui s'entend avec le directeur sportif et qui travaille en osmose.
06:37 - C'est quand même la solution normalement qui doit marcher.
06:40 - Ça fragilise quand même.
06:41 L'exemple de l'OM, pour moi, est le plus criant.
06:44 - Ah oui.
06:44 - C'est-à-dire que là, tu enchaînes les coachs qui font un an, un an, un an.
06:47 - Alors que dans le même temps, tu développes tout un discours où tu mets en avant que c'est par la stabilité que tu vas s'installer.
06:55 - C'est intéressant, et l'OM, tu as raison, il faut en parler.
06:59 Parce que j'adore Longoria et je le critique pour ce point précis.
07:04 Il parle, dans l'interview que tu as faite, il parle de structure, de structure à un club.
07:09 Il parle de l'Italie, de ce qu'il a appris là-bas pour montrer qu'un club, c'est d'abord la solidité, la structure, la longévité.
07:15 OK. Et derrière, il te dit "oui, mais ça marche pas, on change, ça marche pas, on change, ça marche pas, on change".
07:19 OK. Moi, je pense quand même que c'est très compliqué de faire comme ça.
07:22 C'est très dur. Il se met une pression énorme.
07:24 Et je l'ai dit hier, je pense que même Marseillais s'en sortent pas si mal parce qu'il faut tout reconstruire.
07:29 Mais oui, à l'OM, comme d'ailleurs au PSG et ou comme justement à Lens, c'est lui qui parle de Lens d'ailleurs, je crois, en disant
07:38 c'est un club qui fait une très bonne politique.
07:40 Je crois que c'est Longoria qui dit ça dans cette interview.
07:42 Voilà l'exemple en France aujourd'hui.
07:44 C'est un peu Lens, par exemple, qui fait un peu de la stabilité, de la longue durée, qui donne le pouvoir quand même plutôt aux sportifs et aux coachs, on va dire, et aux directeurs sportifs.
07:54 Donc, c'est vrai qu'on a la recette et elle peut marcher.
07:57 Pour ça, il faut avoir un, du courage et puis passer parfois outre quelques recettes.
08:02 C'est aussi ça un petit peu l'idée.
08:04 Il faut trouver aussi un coach qui soit pas forcément un carriériste.
08:07 Je prends l'exemple de Heize qui était avec nous dimanche dernier.
08:11 Je pense qu'il est en phase avec ce qui se passe et qu'il est prêt à avaler quelques coups l'œuvre parce que bon, il a un passé, il a un marge.
08:18 Il a bien fait de rappeler quand même qu'à la cérémonie...
08:19 Par exemple, Tudor, lui...
08:20 Si les choses n'avaient pas été dans son sens, peut-être qu'il se serait dit "il faut que j'aille voir ailleurs".
08:24 Moi, je pense que les entraîneurs aujourd'hui, et après tout, est-ce qu'on doit leur reprocher, gèrent aussi leur carrière.
08:30 Eux aussi ont envie de progresser comme les joueurs, d'aller dans un club plus grand, d'être plus en vue, d'être des vedettes.
08:36 Après tout, il n'y a pas de raison.
08:37 - Je pense à certains qui ont fait ce pari de l'instabilité.
08:41 J'avais une petite discussion très privée, entre guillemets, avec Tourel, parce qu'il se trouve que ses enfants allaient à l'école allemande et j'habitais juste à côté.
08:49 Et j'avais parlé avec lui...
08:51 - Dis donc, tu nous as jamais raconté.
08:52 - Ouais, mais c'est un truc...
08:54 - Côté allemand.
08:56 - Il y a ses petits secrets.
08:57 - Il était déjà parti du Paris Saint-Germain, il avait été viré déjà, mais ils avaient fini leur scolarité.
09:02 Donc il revenait, évidemment, il était régulièrement là-bas.
09:05 Et en fait, lui, je lui parlais de déménagement, justement d'école, de trucs, etc.
09:11 Et lui, si tu veux, tu sentais, il m'avait expliqué que cette instabilité, il l'aimait bien.
09:15 C'est-à-dire qu'il préférait aller dans les plus grands clubs et essayer, évidemment, de gagner, être au feu.
09:21 - C'est ce qui se passe au Bayern.
09:23 - Et Bayer, lui, si tu veux, il est prêt à ce que ça dure.
09:26 - Il veut aller au feu.
09:27 - 3, 6 mois, 1 an et si possible 5 ans.
09:29 Mais il semble ne pas y croire, tu vois, en se disant "il faut y aller, il faut prendre tout, il faut tout faire".
09:35 - C'est-à-dire que tu en as compté que c'était comme ça que ça se passait.
09:37 - Et lui, il m'a juste parlé, pour lui perso, d'une progression aussi personnelle, en se disant
09:42 "je vais apprendre, apprendre, apprendre et à un moment donné, peut-être comme Guardiola,
09:45 arriver à faire comprendre à quelqu'un qu'il faut me faire confiance pendant 5 ans, même si ça ne marche pas".
09:50 Mais il dit effectivement "si quelqu'un me dit au bout d'un an, alors que moi, je vais à tout prix jouer comme ça,
09:54 qu'il faut jouer différemment, on se sépare". Il dit "ben c'est comme ça".
09:57 - Bon, voilà pour cette situation qui va être un constat, mais qui n'est pas non plus une constante dans tous les clubs.
10:03 Comme on l'a dit, par exemple, City est aujourd'hui un contre-exemple.
10:07 - Les grands clubs, c'est...
10:08 - Non mais c'est absolument génial, d'ailleurs, que le club, référence là, qui vient de gagner la Ligue des Champions, qui...
10:15 - Ça fait longtemps qu'il est à City, non ?
10:18 - Oui, ça fait 8 ans.
10:20 - On va parler de lui, d'ailleurs.
10:21 - 8 ans de transition.
10:22 Et c'est vrai que c'est génial que sur le gros club, parce qu'on pourrait dire "ben oui, ça marche, mais c'est un club qui ne gagne pas, ils n'ont pas la pression".
10:28 Si, il a une certaine pression, une grosse pression.
10:31 C'est effectivement un bel exemple de longévité.
10:34 [SILENCE]

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