L’interview d’actualité - Ambre Dupont

  • l’année dernière

Ambre Dupont est coiffeuse et voyage seule dans un documentaire diffusé sur France 5 les 15 et 22 août pour parler des cheveux à travers le monde avec son salon ambulant. Une histoire pas banale qu’elle nous raconte ce matin. 

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Transcript
00:00 -Ambre Dupont, bonjour. -Bonjour.
00:02 -Vous voyagez seule dans ce documentaire
00:04 pour parler des cheveux à travers le monde.
00:06 Enfin, seule, pas tout à fait. Bobby vous accompagne.
00:08 -Tout à fait. -C'est qui, Bobby ?
00:10 -Bobby, c'est ma partenaire,
00:12 et c'est surtout mon petit salon de coiffure ambulant.
00:15 Voilà. Elle est là. -C'est cette valise jaune.
00:17 C'est l'autre star du programme. -Complètement.
00:19 C'est elle, la vraie star du programme, d'ailleurs.
00:20 C'est pas moi du tout.
00:22 -Vous avez voyagé un peu partout, en Inde, au Brésil, au Kenya,
00:25 en Corée du Sud, pour incarner ce projet.
00:27 Et déjà, vous, votre histoire, elle n'est pas banale,
00:29 parce que la coiffure, c'est assez récent.
00:31 -Tout à fait.
00:32 Moi, j'ai eu la chance d'être journaliste télé
00:35 pendant presque 12 ans, de travailler dans ce milieu-là,
00:38 et après, j'en ai eu un petit peu marre.
00:40 On va dire que j'avais fait le tour.
00:42 Et fait post-confinement, on va dire comme ça,
00:45 j'ai décidé de faire quelque chose
00:47 inspiré par ça et cette longue quête que j'avais vécue, et puis...
00:51 -Et pourquoi la coiffure ?
00:53 -Parce que la coiffure, les cheveux, ça raconte les gens.
00:56 C'est comme un prolongement, finalement, de ce métier de journaliste.
00:59 Quand on pose des questions, on demande à l'autre comment il va,
01:02 qu'est-ce qu'il ressent,
01:03 et un coiffeur, il fait exactement la même chose,
01:06 sauf qu'on dit "comment tu te sens avec tes cheveux ?"
01:07 Mais c'est le même départ.
01:10 -Et c'est tout le sens de ce documentaire, d'ailleurs.
01:12 On va en parler dans un instant.
01:14 Juste avant, est-ce que vous avez lu "Le Parisien" aujourd'hui ?
01:16 -Non. -Alors, je vais le lire pour vous.
01:17 On dit du journalisme que c'est un métier précaire,
01:20 mais regardez cet article.
01:21 On apprend dans "Le Parisien" ce matin
01:23 que 602 salons de coiffure ont fermé depuis le début de l'année.
01:27 C'est pas démotivant, quand on se lance dans la coiffure ?
01:30 -Non, pas du tout.
01:31 Moi, j'espère qu'au contraire...
01:34 Non.
01:36 J'ai envie d'aller contre ces chiffres
01:41 et de me dire que les gens vont avoir encore plus envie
01:43 de venir se faire coiffer,
01:45 en découvrant, en regardant ce documentaire
01:48 et en se disant que la coiffure, ça peut être différent.
01:51 C'est pas juste un coup de tondeuse dans un salon, justement.
01:53 -Alors, justement, on y vient.
01:54 Avant de voir votre documentaire, je me suis dit,
01:56 un doc sur les cheveux, c'est quand même un peu superficiel.
01:59 C'est tout le contraire, ce qui se passe.
02:01 On ne confie pas ses cheveux à n'importe qui,
02:03 ils sont notre identité, c'est ce que vous dites.
02:05 Et c'est ce qu'on ressent en regardant ce documentaire.
02:07 -Merci, c'est gentil.
02:09 C'est vrai que moi, j'ai à coeur de révéler la personne
02:14 quand on me confie ses cheveux,
02:16 d'essayer de révéler la plus belle version de ce client,
02:22 de la personne qui est face à moi.
02:25 Donc bien plus que de la coiffure, bien sûr,
02:27 parce que ça veut dire que tu peux revendiquer des choses,
02:30 ta personnalité, tes origines, enfin...
02:33 -Ton histoire, ta religion, parfois.
02:35 D'ailleurs, votre objectif dans ces voyages,
02:37 c'est d'apprendre, de partager, de couper les cheveux.
02:40 C'est pas si facile de rencontrer des gens
02:42 qui se laissent couper les cheveux.
02:44 Je pense notamment à un client en Inde.
02:46 Regardez cet extrait.
02:47 -Je vois pas du tout de quoi vous parlez.
02:49 -Dans nos traditions, une femme coiffeuse de rue, c'est mal vu.
02:52 Ca porte même malheur.
02:54 -Ca porte malheur, carrément, quoi.
02:56 -Tu veux essayer de le raser ?
03:01 -Pourquoi veux-tu que cette femme est sur moi ?
03:09 -Ah d'accord, OK, OK.
03:10 -C'est pas grave, c'est pas grave.
03:12 -Mais ça va bien se passer.
03:14 -Oh, deux questions !
03:15 -C'est pas grave.
03:16 -Qu'est-ce qui se passe-t-il ce jour-là ?
03:19 -On tombe sur un coiffeur très gentil qui nous dit...
03:25 Qui accepte de nous laisser rentrer dans son salon, et voilà.
03:29 Un client qui, au début, accepte qu'on soit là aussi.
03:32 Et puis, je pense que j'ai un petit peu trop pris la confiance.
03:36 On s'est un peu emballés, lui et moi, et on s'est dit
03:38 "OK, il va carrément donner une leçon de barbeur."
03:40 Pas du tout, non.
03:41 Le monsieur n'était pas d'accord.
03:44 Moi, je suis là pour apprendre et pour observer.
03:47 Donc l'idée, c'est que les gens soient à l'aise, bien sûr.
03:49 Donc on s'adapte à tout, mais ça s'est vraiment passé comme ça.
03:54 Pour une fois, on ment pas, on dit la vérité.
03:57 -Et en Inde, c'est très rare de trouver une femme
04:00 qui a son salon de coiffure.
04:01 C'est l'expérience que vous avez faite aussi.
04:03 -Il y en avait quelques-unes, mais c'est vrai qu'elles, déjà,
04:06 elles sont beaucoup plus cachées.
04:07 C'est pas du tout ce qu'on voit de prime abord.
04:09 -Pourquoi ?
04:10 -Forcé de constater que l'Inde est un pays
04:14 dans lequel les hommes ont plus de droits capillairement parlants,
04:18 entre autres, que les femmes.
04:20 Et puis c'est vrai que les femmes sont très attachées à leurs cheveux longs.
04:24 Je pense que j'ai pris...
04:25 Je sais pas, j'ai dû prendre une vingtaine de refus.
04:28 Oui, oui, oui, vraiment, ça a été la fiesta,
04:31 mais je me suis pas démontée, et puis ça a marché.
04:33 J'ai eu la chance de tomber sur Shona à la toute fin,
04:35 et c'était une petite pépite de la vie, pour le coup.
04:40 -Les plus beaux cheveux du monde sont en Inde, dit-on.
04:42 Est-ce que vous confirmez ?
04:43 -Pour l'instant, oui, mais peut-être qu'il y a d'autres pays à visiter
04:45 pour vérifier que c'est vrai ou pas.
04:49 -Quelle est la coutume ou la croyance liée aux cheveux
04:52 qui vous a semblé le plus en décalage avec notre vision à nous des cheveux,
04:55 notre vision occidentale ?
04:57 -Je pense que cette femme Maasai que j'ai rencontrée au Kenya,
05:04 Norme Chouki, sortie de ce prénom absolument incroyable,
05:09 elle doit faire deux jours de marche pour aller se raser la tête de temps en temps,
05:13 et pour elle, la coiffure, c'est un luxe,
05:16 c'est un rapport qui est tellement différent,
05:20 sa vie est centrée sur tellement d'autres choses plus essentielles.
05:24 -Elle n'a pas le temps pour ça. -Elle n'a pas le time, Norme Chouki.
05:27 Elle doit aller à la forêt, à la rivière et tout.
05:28 Elle n'a pas le temps de se couper les cheveux.
05:30 -Et c'est la raison pour laquelle elle se rase la tête ?
05:32 -De temps en temps, elle va faire des courses,
05:34 deux jours de marche dans un barbier qui est plutôt un coiffeur pour hommes,
05:38 et là, on s'est rencontrés,
05:39 j'aime à croire qu'on a un peu devenu copine,
05:41 du coup, je lui ai proposé mes services,
05:43 et c'était un moment assez magique, je dois dire.
05:46 -Vous avez gardé contact avec certaines des personnes rencontrées sur place ?
05:49 -Alors, plein. Norme et Chouki, non,
05:52 parce qu'ils n'ont pas le téléphone, ils n'ont pas le réseau là-bas,
05:55 mais bien sûr, je pense que ça fait un an...
05:59 Il y a un an, on tournait l'épisode au Brésil presque jour pour jour.
06:02 Je pense qu'il n'y a pas une semaine qui se passe
06:03 sans que j'ai la chance d'avoir des nouvelles d'Amanda ou de Ziel
06:08 ou de Jane que j'ai rencontrées en Kenya,
06:12 qui va venir à Paris en septembre.
06:14 Maintenant, j'ai des copains et des copines partout dans le monde.
06:16 -Y compris au Brésil,
06:17 où la coupe de cheveux est parfois un acte de résistance.
06:20 Est-ce que vous racontez notamment les femmes qui ont les cheveux crépus
06:23 et qui s'assument comme telles, mais depuis peu, finalement ?
06:26 -Il y a tout ce phénomène de transition capillaire
06:29 qui, bien sûr, arrive en France, ça, c'est sûr.
06:33 À partir du moment où on voit des grandes marques, de toute façon,
06:34 développer des gammes,
06:35 c'est qu'on se dit qu'il y a un petit marché à prendre.
06:37 Mais au-delà de ça, il y a ce phénomène de revendiquer ses racines,
06:43 de retourner à ses origines.
06:45 Et c'est vrai que...
06:46 Je ne sais pas si on a le droit de raconter ce qu'on va voir ce soir ou pas.
06:49 -On peut donner envie.
06:51 En tout cas, tout ce qu'on voit est particulièrement passionnant
06:54 parce qu'il y a de tout, y compris des moments intenses d'émotion.
06:58 Je pense à cette mère de famille en Inde qui se rase la tête
07:01 pour faire un don à Dieu
07:04 parce que son fils est en mauvaise santé, il est autiste,
07:07 ou alors parce que vous rencontrez une famille
07:10 qui vous invite chez elle dans la forêt amazonienne.
07:12 Les larmes ont coulé plus d'une fois.
07:14 Vous avez eu beaucoup d'émotions.
07:15 -Oui, je suis une grande pleureuse.
07:17 -Qu'est-ce qui vous a le plus émue ?
07:18 -Bah, déjà...
07:22 Il y a trop de souvenirs et trop de moments forts,
07:24 mais celui-là, bien sûr, arriver en Amazonie,
07:26 c'était la première fois que je découvrais tout ça.
07:29 C'était très intense comme atmosphère.
07:31 Et puis, cette femme, elle m'avait abordée dans un marché
07:35 parce qu'elle m'avait vu couper les cheveux.
07:36 Elle m'a dit "je fabrique du shampoing, c'est à côté en bateau".
07:39 Puis finalement, une heure après, on était toujours sur un bateau.
07:42 C'était improbable et c'était fou.
07:46 Mais oui, je suis cancer à sang non-scorpion,
07:50 j'aime les sirènes, je suis obsédée par l'eau
07:52 et je dis beaucoup de choses avec mes larmes.
07:54 J'ai besoin d'en passer par là.
07:56 -Et on en voit des sirènes, d'ailleurs, dans ce documentaire.
07:58 -Au Brésil, je crois, d'ailleurs.
08:00 -C'est comme ça, c'est l'univers qui décide de nous mettre sur le chemin.
08:03 -Est-ce qu'il y aura une deuxième saison de "Ambre coiffure",
08:06 le salon Voyageurs ?
08:08 -On va déjà diffuser cette première saison.
08:10 -Quel pays vous fait rêver ?
08:13 -Moi, je rêverais de l'Australie.
08:16 J'ai envie de retourner en Amérique du Sud,
08:18 que ce soit le Pérou ou le Mexique,
08:21 qui a un rapport avec les cheveux, même avec les poils,
08:23 qui est très intéressant là-bas aussi.
08:25 Retourner en Asie, peut-être cette fois-ci dans un pays
08:27 un peu moins développé que la Corée,
08:31 pour voir le rapport qu'ils ont aussi là-bas.
08:32 J'ai une wish list, mais grande comme ça.
08:34 -C'est tout ce qu'on vous souhaite, en tout cas.
08:35 Et avec Bobby, cette valise jaune qui vous suit partout.
08:37 Merci, "Ambre Dupont", "Ambre coiffure", le salon Voyageurs.
08:40 Quatre épisodes, dès demain, 21h sur France 5,
08:43 et le mardi, 22 août. Merci.
08:45 -Ca fait. Merci à vous.

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