• l’année dernière
Secrétaire national unité SGP Sud, Bruno Bartocetti s'est exprimé sur le manque de sécurité juridique pour les policiers. Selon l'invité de l'émission Punchline, les policiers sont systématiquement présumés coupables au moindre incident.

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Transcription
00:00 sur beaucoup de collègues, bien sûr, c'est très pesant,
00:02 et j'ai envie de dire, le sujet est très large,
00:05 ça va sur le nombre de fonctionnaires de police blessés,
00:09 je l'ai déjà dit sur votre antenne,
00:10 nous en avons 10 000 policiers par an qui sont blessés,
00:13 c'est-à-dire 28 policiers blessés en service par jour,
00:15 je crois qu'il y en a autant chez les gendarmes.
00:17 Alors ça, c'est un premier constat,
00:18 donc c'est quand même quelque chose qui est difficile pour nous.
00:21 Vous avez aussi ce qu'on appelle cette insécurité juridique.
00:25 Quand on parle d'insécurité juridique,
00:27 c'est que systématiquement, on est présumé,
00:31 on va dire dans les propos, coupable.
00:33 Alors c'est bien, je viens d'entendre,
00:35 de lire les propos de Manuel Valls,
00:38 sauf que quand il était ministre de l'Intérieur,
00:41 il a condamné mes collègues de la BAC Nord
00:43 avant même qu'il y ait des procédures qui soient entamées,
00:46 et à la sortie, on a eu des non-lieux et quelques sursis.
00:49 Donc vous voyez, ce sont des climats qui sont très difficiles
00:52 parce qu'on est pris aussi dans un étau politique,
00:54 et dans cet étau, je reviens sur l'insécurité juridique,
00:58 vous avez des policiers qui ont perdu la vie
01:00 parce qu'ils ont eu peur, dans les cas de légitime défense,
01:03 d'utiliser leur arme, par exemple.
01:05 Vous voyez, donc c'est assez compliqué,
01:06 et à la sortie, lorsqu'il y a des soi-disant violences policières,
01:10 encore faut-il qu'elles soient démontrées,
01:13 maintenant, on n'est pas là pour cautionner des policiers violents,
01:16 mais quand on parle de violences policières,
01:18 ça veut dire qu'on met, et qu'on pointe du doigt, l'institution.
01:21 Imaginez un seul instant qu'on parle de 5, 6 cas de pédophilie
01:25 dans l'enseignement, et on remet en cause l'Éducation nationale,
01:30 et tous les enseignants qui souffrent d'ailleurs au quotidien.
01:32 Vous voyez, c'est ce qui est très difficile,
01:34 c'est-à-dire que si tous les jours on disait
01:35 "Attention, les policiers tuent",
01:37 mais attention, les enseignants violent,
01:40 vous imaginez un petit peu la pression
01:42 que ça peut mettre sur l'épaule des professionnels,
01:45 j'ai pris l'exemple des enseignants,
01:47 mais ça peut être d'autres professions,
01:49 et puis l'exemple qu'on donne à des enfants de 8, 10 ans,
01:53 "Attention, mon garçon, tu as 8 ans,
01:54 "mais sache que la police tue."
01:55 Est-ce que vous imaginez un petit peu
01:57 comme c'est dur à entendre dans nos rangs,
02:00 alors que nous sommes pères, mères de famille,
02:02 et que nous exerçons notre métier au sein du service public,
02:05 justement pour défendre les victimes ?
02:06 C'est ce qui est quand même très compliqué,
02:08 et alors je ne vous dis pas, bien sûr,
02:11 toutes les procédures qui sont lourdes à gérer,
02:13 parce qu'on condamne, on commente, on explique,
02:16 avant même qu'on ait lu une procédure,
02:18 avant même qu'on connaisse exactement
02:20 la situation que nous vivons sur le terrain.
02:22 Et la situation que nous avons vécue ces derniers temps
02:24 sur le terrain, c'était une situation
02:26 au-delà de l'insécurité juridique,
02:27 il y a eu une insécurité physique.
02:30 On s'est pris des pères réels,
02:33 on a des policiers qui ont manqué de pères dans la vie,
02:35 on a eu des centaines de policiers blessés dans nos rangs
02:37 lors des dernières émeutes, et on condamne.
02:40 Alors quand je dis "on", je fais la part des choses.
02:43 Je sais bien que vous avez un électorat aujourd'hui
02:45 qui se sert justement de ce malaise sociétal
02:48 pour pointer du doigt la police
02:49 et pour se faire un petit peu le gras sur notre dos.
02:52 C'est un petit peu regrettable, mais ça ne passe pas,
02:53 parce que la population sait qu'on souffre.
02:56 Elle le sait, puisqu'elle nous soutient à 75-78 % des cas.
03:00 Donc voilà ce qu'est... J'ai essayé de vous résumer un petit peu
03:03 ce qui peut être vécu dans nos rangs, moralement.
03:06 C'est très compliqué, parce que vraiment,
03:07 on se lève le matin pour donner un sens à notre métier,
03:10 certainement pas pour blesser ou tuer,
03:12 et c'est ce qui est dur à entendre.
03:14 (Générique)
03:17 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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