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Transcription
00:00 Le recul des droits des personnes trans, c'est le recul du féminisme.
00:03 Et ça commence par les droits des personnes trans, mais ensuite on va grappiller sur les droits des meufs cis.
00:08 Salut, c'est Arthid des Psychotic Monks.
00:10 Je suis là pour parler de transphobie et de violence sexiste et sexuelle au sein de l'industrie de la musique.
00:15 Mon coming out trans, je l'ai fait à la fois publiquement,
00:17 mais ça est arrivé plus ou moins au même moment de mon coming out social auprès de mes proches.
00:22 Moi, au début, je ne voulais pas l'annoncer, en fait, parce que le processus du coming out,
00:26 je trouve qu'il est assez violent et pas forcément souhaitable.
00:29 Mais en fait, au bout d'un moment, je me suis rendu compte que si je ne faisais pas mon coming out,
00:34 en fait, on allait continuer à me percevoir et m'assigner à la masculinité.
00:40 Et ce n'était pas possible pour moi.
00:42 Des fois, il y en a, je sens, qui comprennent.
00:43 Des fois, il y en a, je sens dans leur regard que ce n'est pas qu'ils ne comprennent pas,
00:46 c'est que mon existence n'est pas possible en fait, en tant que meuf trans.
00:50 Si je n'avais pas pratiqué sur scène avec des personnes aussi safe,
00:55 j'aurais peut-être mis beaucoup plus de temps à me lancer dans ce processus de transition.
00:59 Et puis, en plus, nous, on vient d'une esthétique musicale qui est quand même assez patriarcale et assez masculine.
01:04 Et donc, je pense qu'il y a plein de personnes qui se sont barrées quand elles ont vu ça.
01:10 Et c'est un peu triste.
01:11 Après, je ne m'attendais pas à autant de bienveillance de la part du public.
01:15 Je peux dire que j'ai été pas mal soutenu et je n'ai pas du tout envie d'avoir un discours responsabilisant
01:20 ou culpabilisant vis-à-vis de ces personnes.
01:22 Au contraire, moi, aujourd'hui, je suis grave contente quand je vois qu'à nos concerts,
01:25 il y a des jeunes meufs trans, des vieux mecs blancs, 6-7, de 55 ans,
01:32 et que les gens se regardent et comprennent qu'ils peuvent se rejoindre autour de quelque chose qui les touche.
01:38 Et du coup, de côtoyer des personnes que peut-être ils n'ont pas forcément l'habitude de côtoyer.
01:43 Depuis ma transition, j'ai expérimenté ce que vivent pas mal de meufs cis sur scène.
01:48 Ça arrive quasiment à chaque concert que j'entende des propos qui m'assignent
01:53 à une certaine forme de position d'objet sexuel dans la société.
01:57 Je ne suis pas là pour qu'on parle de mon physique ou qu'on parle de mon cul.
02:00 Quand j'étais assigné à Masquunité, on ne me parlait jamais de mon corps.
02:04 Quand j'étais sur scène, ça n'arrivait jamais.
02:07 Je pense qu'il y a des avancées dans les milieux électroniques,
02:14 mais le milieu de la musique à esthétique rock, surtout en France,
02:18 est vraiment dans un déni de ces violences, selon moi.
02:22 En tant que personne assignée meuf, j'ai potentiellement des chances de subir des attouchements ou autres.
02:28 Et en tant que personne trans, il y a aussi une sorte de fétichisation autour de la transidentité,
02:35 qui fait que certaines personnes peuvent se sentir encore plus légitimes de venir me toucher,
02:39 parce que je suis perçue comme une performeuse qui se déguise.
02:44 Et du coup, c'est cool ton déguisement.
02:48 Il y a aussi des gens qui veulent vérifier ce que je suis et qui ont besoin de leur main pour ça.
02:52 Ça me semble assez basique de rappeler qu'on n'a pas envie qu'il y ait des personnes qui agressent d'autres personnes à nos concerts,
02:57 mais effectivement, je pense que ces prises de position ont eu un impact sur notre carrière.
03:02 Je sais qu'il y a des gens qui ne viennent plus nous voir en concert, et il y a des gens que ça dérange.
03:06 On a reçu tellement de messages de gens que ça dérange.
03:10 Même au sein de l'industrie de la musique, on a entendu des remarques du genre "ce n'est pas votre rôle de faire ça".
03:16 Je pense effectivement qu'il y a une déconnexion du politique et de l'artistique,
03:22 qui selon moi est extrêmement dangereuse, parce que je pense que justement,
03:27 les artistes sont des personnes qui sont les premières à produire des images, des représentations, des discours.
03:33 Et si on ne se rend pas compte de la responsabilité qu'on a, en fait, je trouve ça super dangereux.
03:39 Et je sais que ça fait peur, parce que je pense qu'il y en a plein qui aimeraient le faire,
03:44 mais je pense que ça génère de l'angoisse.
03:47 Là, clairement, vis-à-vis de ce qui se passe actuellement sur les violences policières et racistes au sein de la société,
03:54 moi je suis un peu tombé sur le cul, parce que c'est celle qui a généré le plus de rejets de la part de notre public.
04:02 C'est celle qui a généré le plus de messages de haine.
04:04 Selon moi, ce sont des violences fascistes, des violences d'extrême droite,
04:08 c'est lié à ces enjeux, et je pense que ça retombera sur tout le monde au bout d'un moment.
04:12 C'est juste que, historiquement, c'est toujours les personnes queer ou les personnes racisées qui mangent en premier.
04:17 — Sous-titrage Société Radio-Canada

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