«Les victimes de l'ensauvagement de la société n'intéressent pas les bien-pensants», juge Laurent Jacobelli
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00:00 - Votre invité ce matin, Lionel Laurent Jacobelli, député de Moselle et porte-parole du Rassemblement National.
00:05 - Bonjour Laurent Jacobelli. - Bonjour.
00:06 - Bienvenue dans les studios d'Europe 1.
00:08 Des victimes ou des familles de victimes de violences, de crimes ou de terrorisme ont publié une lettre ouverte hier dans le journal du dimanche
00:16 appelant à un peu plus de considération de la part du monde politique, mais aussi du monde médiatique,
00:21 et plus précisément de la part d'Emmanuel Macron.
00:24 Dernier exemple en date, le drame du jeune Enzo dont vous avez bien évidemment entendu parler, poignardé pour un regard de travers, comme on a pu le dire.
00:32 "Nos calvaires n'intéressent pas grand monde", disent les signataires de cette lettre ouverte.
00:37 Est-ce que vous comprenez cette colère ?
00:39 - Bien sûr que je la comprends, et ce long texte, très digne, très simple, écrit avec des mots qui vont droit au cœur,
00:47 appelle deux choses, d'abord l'émotion et puis la raison.
00:49 L'émotion parce qu'on ne peut pas ne pas être en empathie avec ces familles qui ont perdu un proche
00:53 et dont toute la vie a été bouleversée, dans l'indifférence des pouvoirs publics,
00:58 avec souvent une caste politico-médiatique qui ignore ses victimes et leur famille,
01:05 et puis ça appelle à la raison parce qu'on est dans une société qui marche à l'envers, avec une vraie inversion des valeurs.
01:10 C'est-à-dire que le sort des honnêtes gens qui se font agresser par des voyous, les victimes de l'ensauvagement de la société,
01:16 n'intéresse pas les belles-âmes, n'intéresse pas les bien-pensants.
01:19 - Cette indifférence, en tout cas vécue comme telle, elle tient à quoi selon vous ?
01:25 - Elle tient à cette inversion des valeurs, c'est-à-dire qu'il y a aujourd'hui une espèce de masochisme sociétal
01:31 de la part d'une certaine élite, plutôt à gauche d'ailleurs, certains journalistes et certains décideurs politiques.
01:36 Quand c'est un voyou qui est blessé ou qui meurt, et bien là la caste médiatique s'emballe,
01:42 politique aussi, en essayant d'expliquer que la France est raciste, que la police tue.
01:47 En revanche, quand c'est une victime de ces mêmes voyous, là tout le monde se tait.
01:51 Pourquoi est-ce qu'ils se taisent ? Probablement parce que c'est l'aveu de l'échec de leur politique,
01:55 l'aveu de l'échec du laxisme judiciaire, l'aveu de l'échec de la victimisation des voyous.
02:03 On est dans une logique de l'excuse et qui fait qu'on oublie les victimes
02:06 et qu'on s'attache à trouver des explications aux actes les plus innombables.
02:10 Il faut remettre les choses à l'endroit, alors protéger les victimes et arrêter les voyous.
02:14 - Peut-être Laurent Jacobelli, peut-être, mais ce type de revendication, aussi compréhensible soit-elle,
02:18 ne risque-t-elle pas de créer une sorte de concurrence victimaire ?
02:22 Juliette Méadel, qui est l'ancienne secrétaire d'État socialiste, considère que l'expression de ces victimes
02:26 est juste et pondérée, mais qu'il ne doit pas y avoir de hiérarchie des victimes.
02:30 - Mais je suis d'accord, quand Olivier Véran appelle le jeune Hedi, qui a été, vous le savez, victime,
02:37 attaqué par un flashball, mais qui n'appelle pas la famille du jeune Enzo,
02:43 on peut se poser la question, oui, de ce deux poids deux mesures.
02:45 On peut se demander pourquoi, à chaque fois que quelqu'un qui échappe à la police,
02:49 ou qui est pris lors d'une émeute, est blessé, alors beaucoup de gens viennent pleurer à la télévision,
02:55 et que quand c'est un jeune, qui n'est pas issu de ces mêmes quartiers,
02:58 mais qui est victime de l'ensauvagement de la société, qui périt ou qui est blessé,
03:03 alors là, personne ne s'émeut.
03:04 Je vous le répète, c'est une espèce de masochisme un peu gênant,
03:11 qui fait qu'on essaye toujours d'expliquer que notre société serait raciste,
03:16 ne prendrait pas soin de ceux qui sont issus de l'immigration ou des cités,
03:20 et donc à ce moment-là, il faut toujours plaindre de ce côté,
03:24 mais qu'en revanche, ce sont des gens qui travaillent, qui ne demandent rien à personne,
03:28 qui respectent la loi, alors on a l'impression que ça n'intéresse personne,
03:32 comme si l'ensauvagement était maintenant acquis, qu'il était normalisé,
03:36 qu'il était une donnée sociale comme les autres, ce n'est pas le cas.