Arabie saoudite : Tisserand (Al Ettifaq) raconte la folie du mercato depuis l'intérieur

  • l’année dernière
Joueur d'Al Ettifaq depuis un an, l'ancien Toulousain Marcel Tisserand a vu débarquer Steven Gerrard et Jordan Henderson dans son club, en plus de Cristiano Ronaldo, Karim Benzema ou N'Golo Kanté dans les autres clubs du championnat saoudien.

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Transcript
00:00 Marcel Tisserand est avec nous, il est dans l'after.
00:02 Bonsoir Marcel !
00:03 Bonsoir à tous !
00:04 Heureux de t'accueillir, ancien joueur du championnat de France bien sûr,
00:07 de Bundesliga également, j'ai dit Monaco, Toulouse, Wolfsburg,
00:10 notamment, international congolais.
00:12 Toi tu as fait le choix, l'année dernière, la saison dernière,
00:15 de rejoindre le championnat saoudien, je le disais en l'occurrence,
00:17 le club d'Al Etifak, c'était avant la folie du Mercato saoudien.
00:21 D'ailleurs toi tu viens d'accueillir dans ton club,
00:25 le nouveau coach Steven Gerrard qui est arrivé début juillet.
00:27 Raconte-nous comment ça se passe, ses premiers pas à vos côtés justement.
00:30 Oui, tout à fait, il vient d'arriver il y a quelques semaines,
00:34 quelques semaines de ça, il est arrivé avec son nouveau staff,
00:38 donc du coup on l'a accueilli et puis il y a aussi des nouveaux joueurs
00:41 qui sont arrivés dont Moussa Dembele de Lyon, qui est arrivé aujourd'hui.
00:45 Donc voilà.
00:46 Et Jordan Henderson aussi, je pense que tu l'as suivi,
00:48 Jordan Henderson a officialisé son arrivée.
00:51 Si tu peux rapprocher ton micro, ton téléphone de la bouche,
00:55 ce sera mieux, tu es un petit peu loin Marcel.
00:57 C'est parfait comme ça, c'est beaucoup mieux.
01:00 Comment toi tu vis personnellement l'arrivée massive
01:02 de ces joueurs référencés en Europe ?
01:06 C'était un peu une surprise pour moi au départ,
01:07 quand je suis arrivé l'été passé,
01:09 c'est pas qu'il n'y avait pas grand monde, mais il n'y avait pas de grands noms connus.
01:13 Et puis suite à l'arrivée de Cristiano Ronaldo,
01:16 tout de suite il y a eu cet effet et on peut voir là cet été
01:20 que le Mercato est assez "croustillant" on va dire.
01:23 Comment ça réagit en Arabie Saoudite justement ?
01:26 On va le dire, sur le plan football,
01:28 ça n'a absolument rien à voir avec le Qatar.
01:29 Dans le rapport au foot, les stades sont quasiment pleins,
01:31 on connaît le foot, on le suit quotidiennement,
01:34 le football européen notamment.
01:36 Est-ce que tu sens une effervescence dans le pays après cette vague d'arrivée ?
01:39 Ce qu'il faut savoir en comparaison avec le Qatar,
01:43 c'est que chaque club ici en Arabie Saoudite a une base de fans.
01:47 Il y a une base fan déjà,
01:48 donc on peut voir que même dans les villes les plus reculées,
01:52 c'est des équipes qui ont des fans.
01:54 C'est ce qui m'a surpris le plus,
01:56 ce qui peut faire la différence entre les différents pays du Moyen-Orient.
02:00 Tu disais, les stades sont remplis en général sur vos matchs de championnat ou pas ?
02:06 Certains clubs ont un peu plus de fans que d'autres,
02:09 mais nous par exemple on a pas mal de fans,
02:11 il y a des clubs où il y en a un peu moins,
02:13 mais il y a quand même une belle base de fans.
02:16 Chaque club a ses fans et du coup ça fait qu'il y a quand même un peu de monde dans les stades.
02:21 Donc c'est pas désagréable.
02:22 C'est une question qu'on se pose, on n'est pas sur place.
02:24 Vas-y Kevin.
02:25 Oui, j'allais demander, bonsoir.
02:27 J'allais demander, du coup, c'est la question un peu lourde peut-être,
02:32 mais c'est quoi le niveau en comparaison de ce que tu as connu en Europe du championnat,
02:38 que ce soit peut-être le premier tiers du classement ou le deuxième tiers ?
02:44 Ça va dépendre des clubs.
02:47 C'est vrai qu'il y a le peloton de tête, Hilaal, Nasser, Etihad,
02:51 on va dire les 4-5 gros clubs du championnat qui sont un peu plus au-dessus.
02:56 Et puis pour le reste, c'est des équipes qui se valent un peu.
03:00 Donc je dirais peut-être deuxième partie de tableau du championnat de France.
03:03 Ah, quand même ? D'accord.
03:05 Comment c'est au niveau structure et infrastructure justement en Arabie Saoudite ?
03:08 On ne connaît pas vraiment.
03:10 On va parler dans un instant du développement à venir du foot saoudien dans les années qui viennent.
03:15 Est-ce que vous êtes structuré dans ton club par exemple à El-Etifak ?
03:18 C'est en pleine évolution.
03:23 Ça vient tout juste de "démarrer", un peu comme l'arrivée des nouveaux joueurs.
03:28 Donc il y a certains clubs qui sont un peu plus structurés que d'autres.
03:33 Nous, on a notre stade qui est en train d'être construit,
03:36 qui va être, j'espère, disponible pour la deuxième partie de saison.
03:39 Et puis on est en train aussi de construire un centre d'entraînement.
03:42 Pour les autres clubs, je ne sais pas vraiment,
03:45 mais je sais que nous, de notre côté, on est en train de se développer.
03:48 Il y a plusieurs stades qui vont être construits dans les prochaines années justement.
03:50 Effectivement, pour cette Coupe d'Asie dont on parlait,
03:53 actuellement c'est 18 clubs, la Saoudi Pro League, dans 13 villes différentes,
03:59 avec 2 stades sur les 18 de plus de 60 000 places.
04:04 Il y a également 2 stades de 35 000,
04:07 et puis le reste c'est plutôt des stades autour de 7 à 15 000 places.
04:10 Il y a quand même la volonté justement d'avoir des très gros stades,
04:14 et ces très gros stades sont flambant neufs,
04:16 parce qu'ils ont été construits récemment, ou rénovés récemment pour la plupart,
04:20 avec encore une fois cette volonté de faire très très bonne impression
04:24 lors de la Coupe d'Asie pour accrocher une Coupe du Monde en 2034.
04:29 Il y a eu un article il y a quelques semaines dans The Athletic
04:32 qui révélait un peu les plans, la stratégie saoudienne dans le football,
04:37 et qui donnait une idée, un objectif, qui était de...
04:42 à plus ou moins long terme, donc à l'horizon 10 ans, mais peut-être un peu avant,
04:45 d'être top 5 dans les ligues mondiales.
04:47 Donc top 5, ça veut dire au niveau de la Ligue 1, en fait, hein.
04:50 Ça veut dire que le prochain concurrent, c'est l'Arabie saoudite de la Ligue 1.
04:53 Donc ça veut dire qu'on n'est pas sur une stratégie uniquement peut-être
04:56 pour obtenir la Coupe du Monde en 2034, hein.
04:58 Y a une volonté sur la durée de développer le foot et devenir un acteur majeur...
05:01 — Ouais, pour l'instant je crois qu'ils sont 18e du foot mondial. — Du... du... du... du foot mondial.
05:04 Tu le ressens, ça aussi ? Euh...
05:05 Je sais pas si tu parles avec tes dirigeants également, Marcel.
05:07 La volonté, vraiment, l'enthousiasme des dirigeants saoudiens
05:11 à faire de ton championnat un championnat majeur dans le monde ?
05:14 Écoutez, c'est vrai que de voir le Qatar organiser une compétition
05:20 aussi grande que la Coupe du Monde, ça leur a fait quelque chose aussi.
05:23 On peut comparer le Qatar comme la Corse par rapport à la France,
05:27 au niveau de la superficie, au niveau de la métropole française.
05:30 Donc ils se disent qu'un petit...
05:32 Enfin, un plus petit pays que nous arrive à organiser ça,
05:36 et on aimerait bien, nous aussi, le faire.
05:39 Donc ça passe par un recrutement XXL qu'ils sont en train de faire
05:43 et par le développement des infrastructures.
05:45 Mais c'est vrai que j'entends aussi beaucoup parler de plans sur la durée.
05:49 Donc ça m'étonnerait pas qu'après, même avoir organisé une grosse compétition,
05:53 ils seraient intéressés à l'idée de perdurer, quoi.
05:57 — Kévin. — Oui, moi je voudrais savoir sur l'organisation de la journée,
06:02 comme là-bas, quand même, il y a de très fortes chaleurs,
06:04 très souvent dans l'année.
06:06 C'est quoi ? C'est entraînement le matin, très tôt ?
06:08 C'est entraînement le soir ?
06:10 Les matchs, exclusivement le soir, j'imagine ?
06:14 — Au niveau du rythme, c'est beaucoup le soir.
06:16 Même au niveau culturel, au niveau de l'activité,
06:19 tout se passe en fin de journée.
06:22 Parce que de une, il fait très très chaud.
06:24 Et puis c'est pas évident de s'entraîner sous 45 degrés.
06:28 Donc, oui, tout se passe aux alentours de 18-19h.
06:32 — Alors donc, il y a la stratégie, Marcel Tisseron est avec nous,
06:34 un joueur défenseur central d'Al-Etifak en Arabie Saoudite,
06:36 stratégie de faire parler de son championnat,
06:39 en recrutant massivement des joueurs référencés, prestigieux.
06:42 Il faudra aussi, dans un second temps, peut-être développer le football local également,
06:46 développer des générations.
06:48 Est-ce qu'il y a des centres de formation, à propos de ce dont on a parlé,
06:50 dans vos clubs en Arabie Saoudite, Marcel ?
06:54 — On peut pas vraiment comparer avec ce qu'on fait chez nous en France,
06:56 au niveau centres de formation.
06:59 Mais c'est vrai qu'il y a des académies, quand même, qui se développent,
07:02 d'où l'arrivée de certains coachs étrangers aussi pour former au niveau local.
07:07 Donc ils essayent aussi de former...
07:10 — Et il faut dire aussi que, depuis quelque temps, la Fédération Saoudienne,
07:15 donc l'arrivée d'Hervé Renard en faisait partie,
07:17 la Fédération Saoudienne est en partenariat, notamment avec la Fédération française de football,
07:22 qui envoie des éducateurs, qui envoie...
07:24 Il y a eu des intervenants, il y a des intervenants qui viennent depuis longtemps,
07:28 ça fait au moins 4 ou 5 ans que c'est le cas.
07:29 — Nasser Larguet, qui est... — Exactement.
07:31 — Il y a Nasser Larguet aussi, qui est... Il est pas le seul, mais effectivement...
07:33 Et est-ce que toi, tu croises des coachs français, des éducateurs français, des techniciens ?
07:38 Qu'est-ce que tu vois là-bas, toi ?
07:39 — Français, pas beaucoup. Je vois hollandais, un petit peu.
07:45 J'ai vu d'autres nationalités, mais pas forcément français.
07:48 Nasser Larguet, que j'ai entendu, croisé une fois, oui.
07:52 Mais français, non. Pas énormément.
07:56 — Timothée. — Il faut signaler donc que sur les 18 clubs
07:58 qu'on a évoqués tout à l'heure, aucun n'est entraîné par un entraîneur saoudien.
08:03 Et j'ai discuté avec une personne qui est proche de la Fédération saoudienne de football
08:08 et donc de la Saoudi Pro League, qui m'expliquait que, pour le moment,
08:12 la volonté, c'était de faire briller la partie émergée de l'iceberg.
08:16 Les effectifs, les coachs, les stades.
08:19 Et que, très clairement, la logique d'héritage, de formation,
08:24 pour l'instant, elle était plutôt inexistante, parce que même à l'intérieur
08:27 des différents staffs qu'emmènent les coachs avec eux,
08:33 il y a très très très peu de Saoudiens.
08:35 Donc la transmission entre un UNU Espirito Santo, par exemple, qui est parti,
08:38 qui entraîne là-bas, et, on va dire, le football, le bas de la pyramide football saoudienne,
08:45 pour le moment, elle n'existe pas, parce que c'est un petit peu dans des bulles en autogestion.
08:50 — Après, l'objectif des Saoudiens, parce qu'il y a les 4 plus gros clubs,
08:53 c'est les clubs qui ont été nationalisés, et qui appartiennent au gouvernement saoudien,
08:58 leur objectif est de revendre à moyen terme à des investisseurs privés.
09:02 Et donc j'imagine qu'il s'agit de donner de la valeur à ces clubs-là,
09:05 pour ensuite les revendre et éventuellement développer les infrastructures.
09:07 — Si on compare très rapidement avec la Chine, parce que ce que nous disait Marcel,
09:11 c'est donc qu'il y a des entraîneurs néerlandais.
09:12 Moi, j'ai un de mes anciens entraîneurs qui est en Chine depuis des années maintenant,
09:15 mais à l'Académie. Donc les Chinois ont aussi essayé de développer d'abord leur championnat,
09:21 puis leurs infrastructures, puis leurs académies et leurs centres de formation.
09:25 Mais bon, il faut s'être constaté que pour l'instant, c'est encore compliqué.
09:29 — Je te pose une question très personnelle, Marcel.
09:32 Est-ce que tu es heureux là-bas, de manière générale, dans ta vie de footballeur,
09:35 dans ta vie privée aussi ? Est-ce que tu te sens bien au quotidien ?
09:41 — Heureux, oui, oui. J'ai eu la chance d'être dans une des 3 meilleures villes du pays,
09:48 Damam. Donc j'ai eu la chance d'être... — Ça ressemble à quoi, Damam ? Dis-nous.
09:53 — Damam, c'est en face de Baraignes. C'est juste en face de Baraignes.
09:56 C'est sur le golfe Persique. Donc c'est quand même assez agréable.
10:00 Et puis on est dans une ville qui est assez, entre guillemets, cosmopolite.
10:04 Il y a pas mal d'étrangers aussi qui sont là. Donc j'ai eu la chance de vivre là avec ma famille.
10:10 Donc les choses se passent plutôt bien. On a un aéroport aussi international
10:14 qui nous permet aussi de voyager facilement.
10:17 Donc heureux, oui, je le suis.
10:19 — Et quand tu signes là-bas la saison dernière, est-ce que tu te dis, bon,
10:22 l'Europe, maintenant c'est derrière moi, je vais y aller parce que peut-être que t'as eu une offre
10:26 que t'as pas pu refuser ? C'est possible, Marcel ?
10:28 Est-ce qu'elle était ta démarche ? — Est-ce que tu t'es dit,
10:31 « Cette offre-là, je ne peux pas la refuser ? »
10:34 — Non, vous savez, le football, c'est un long voyage. C'est un long voyage.
10:39 Donc non, j'ai connu la France, j'ai connu l'Allemagne, la Turquie, aujourd'hui l'Arabie.
10:45 Je suis sur mes 30 ans, donc j'espère jouer au football encore assez longtemps.
10:50 Donc on va voir ce que l'avenir nous réserve, mais c'est vrai qu'il y a des offres qui se refusent pas.
10:55 — Bon, et puis... — Alors vous êtes parti pour répondre à votre question.
10:58 — Merci, merci. — Merci, Marcel, d'être venu dans l'after.
11:01 On va te suivre. Le championnat reprend le 11 août, je crois, championnat saoudien,
11:05 avec ton équipe d'Aletifak. Donc tu vas affronter Ben Zema, N'Golo Kanté.
11:08 Tu vas retrouver Christiane Aurelado, que t'as déjà affronté cette saison.
11:12 Bonne soirée à toi. À très vite sur RMC, Marcel.
11:15 Sous-titrage Société Radio-Canada

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