Chroniqueuse : Johanna Ghiglia
Le football féminin gagne petit à petit du terrain auprès de tous les publics et remplit les stades. La Coupe du monde de football féminin débute ce jeudi 20 juillet sur les antennes de France Télévisions. À cette occasion, Johanna Ghiglia reçoit Anna Carreau, journaliste à So Foot.
Le football féminin gagne petit à petit du terrain auprès de tous les publics et remplit les stades. La Coupe du monde de football féminin débute ce jeudi 20 juillet sur les antennes de France Télévisions. À cette occasion, Johanna Ghiglia reçoit Anna Carreau, journaliste à So Foot.
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00:00 Bonjour Anne Naccaro. Bonjour.
00:02 Alors Adrien vient de le dire, la cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde de foot féminin,
00:06 c'est tout à l'heure, juste après Télé Matins sur France 2.
00:08 Le premier match de la France sera ce dimanche face à la Jamaïque.
00:12 Alors très clairement, concrètement, quelles sont nos chances ?
00:15 Les chances des Bleus ont été un peu réduites avant même que le Mondial débute
00:19 parce qu'il y a beaucoup de blessés chez les Bleus.
00:22 Il faut dire que c'est un phénomène malheureusement récurrent dans le football féminin.
00:26 Il y a beaucoup de problèmes, notamment sur les ligaments croisés.
00:28 Il y a plusieurs joueuses qui vont manquer le Mondial à cause de ça, côté français.
00:32 Mais sachant qu'il n'y a pas de favoris très clairs qui se dégagent dans ce Mondial,
00:38 la France a ses chances comme beaucoup d'autres.
00:40 Donc on peut s'attendre à une très bonne surprise.
00:42 C'est le premier grand test du successeur de Corinne Diacre, Hervé Renard.
00:46 Lui dit vouloir mener les Bleus au moins jusqu'au demi-final, ça vous y croyez ?
00:51 En fait c'est le palier qui a été fixé par la Fédération française de football
00:55 puisque avant on n'a jamais réussi à atteindre ce palier-là en Coupe du Monde,
00:59 en tout cas parce qu'on a réussi l'année dernière lors de l'Euro.
01:03 Donc il y a vraiment cet enjeu de franchir le cap des quarts
01:07 qui semble être un peu un plafond de verre pour l'équipe de France.
01:10 L'objectif des demi-finales semble un peu ambitieux
01:13 parce qu'il y a beaucoup d'équipes cette saison, lors de cette édition.
01:17 C'est la première fois qu'il y a 32 nations lors d'une Coupe du Monde féminine.
01:22 Donc ça va être un peu compliqué évidemment,
01:25 parce qu'il y a aussi des équipes qu'on a moins l'habitude de voir
01:27 et sur lesquelles ça va être plus compliqué aussi de travailler sur les aspects tactiques, la vidéo, etc.
01:32 Donc voilà, ça va être un gros challenge pour l'équipe de France.
01:35 Mais pour le coup on sent l'équipe de France très très positive.
01:39 On les a entendues lors de la conférence de presse.
01:41 Voilà, exactement. Et puis depuis le début de l'ère Hervé Renard,
01:44 donc on peut s'attendre à une bonne surprise une fois de plus.
01:47 Donc beaucoup d'équipes, beaucoup de matchs. Est-ce qu'il y a des rencontres à surtout ne pas manquer ?
01:51 Alors oui. Il y a par exemple un très alléchant Etats-Unis-Pays-Bas
01:56 qui va être diffusé à 3h du matin, donc il faudra mettre le réveil par contre.
02:00 On a l'habitude.
02:01 Voilà. Sinon il y a d'autres confrontations qui vont être très intéressantes.
02:05 Je pense notamment aux Allemagnes-Maroc, où le Maroc est champion d'Afrique en titre.
02:10 Donc voilà, il y a beaucoup d'équipes comme ça qui risquent de faire sensation un peu pendant ce mondial,
02:16 parce qu'on les attendait un peu moins.
02:18 Il y a la Zambie aussi qui avait fait très bonne figure lors des derniers JO,
02:21 parce que c'est très important le foot féminin lors des JO.
02:24 Donc voilà, je pense qu'on va avoir de belles surprises et ça va être intéressant à suivre.
02:28 C'est un beau programme en perspective.
02:29 Je voudrais qu'on revienne ensemble sur une publicité d'Orange pour casser les préjugés.
02:34 Vous en avez entendu parler ?
02:35 Oui, oui.
02:36 Donc on va en voir ici quelques photos. Alors dans le clip, là on voit la photo,
02:39 on voit une compilation des meilleurs buts de par exemple Griezmann, Mbappé,
02:44 mais en fait il s'agit en réalité d'actions de joueuses qu'on voit ici.
02:48 À un moment on voit Mbappé, mais en fait on découvre que c'est cette joueuse de l'équipe de France,
02:52 des images truquées. La vidéo, elle est devenue virale.
02:55 Est-ce qu'il faut en passer par là pour casser les préjugés ?
02:59 Malheureusement, oui, parce qu'on va dire qu'en France, sur l'aspect téléspectateur/spectateur,
03:05 on part de plus loin que nos voisins, parce qu'on était en avance et qu'on a pris du retard.
03:09 Aujourd'hui les stades sont beaucoup plus remplis en Espagne, en Angleterre par exemple.
03:15 Donc on a vraiment besoin de montrer que, bah oui, ce football-là, il est attrayant
03:19 et que les actions qu'on pourrait attribuer à des hommes sont en fait jouées par des femmes
03:23 et que le football féminin est plaisant à voir.
03:27 Il n'y a peut-être pas tous les ingrédients qu'on retrouve sur le football masculin,
03:30 mais c'est normal parce qu'on n'est pas fait pareil, hommes et femmes,
03:34 mais ça reste un football qui est très technique
03:36 et j'invite tous ceux qui ne connaissent pas forcément le football féminin à…
03:40 Oui, tout le monde a été bluffé en pensant que c'était Griezmann ou Abatey,
03:42 en fait on a découvert que c'était des femmes, donc ça c'est révélateur.
03:45 Exactement, et en fait il y a une étude qui est sortie en plus récemment
03:48 qui montre qu'en fait quand le téléspectateur ne sait pas si c'est un homme ou une femme qui joue,
03:54 il va juger à peu près à niveau équivalent les performances, donc que ce soit homme ou femme.
03:58 Donc voilà, on voit qu'il y a certains préjugés qui jouent encore sur la visibilité du football féminin.
04:02 C'est un des enjeux de la compétition.
04:04 C'est clairement un enjeu de la compétition à l'échelle française,
04:08 mais aussi à l'échelle internationale parce qu'il y a beaucoup de nations
04:12 qui vont arriver là dans ce mondial pour la première fois,
04:15 et c'est des pays où, au-delà du football féminin,
04:19 c'est des pays où la cause de la femme est encore très loin,
04:22 où il y a encore beaucoup de travail à faire.
04:23 Alors on a cherché ce matin les unes de presse qui parlaient de ce mondial,
04:26 on en a trouvé assez peu.
04:28 Il y a Libération qui titre la coupe à Moitié Pleine
04:32 pour parler des problèmes rencontrés par les joueuses.
04:35 Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas autant d'engouement que pour la Coupe du Monde pour les hommes ?
04:40 C'est une très bonne question.
04:42 Je pense que déjà parce que le football féminin a commencé beaucoup plus tard,
04:45 il faut le dire.
04:46 La Ligue française a été créée en 1970,
04:50 donc voilà, par rapport aux hommes, on était très très loin.
04:52 Il y a beaucoup des pays qui n'ont même pas de Ligue,
04:55 on va dire que ça reste des championnats régionaux,
04:58 dans ceux qui sont à la Coupe du Monde.
05:01 Donc on va dire qu'on est un peu aux prémices du football féminin.
05:05 Le gros travail dans les pays européens globalement a été fait.
05:10 Là, il s'agit de passer un cap.
05:11 Et c'est pour ça que cette Coupe du Monde va être très très importante au niveau de la France,
05:15 parce qu'on n'avait pas vraiment su profiter de la dernière Coupe du Monde qui était à domicile,
05:20 parce qu'il y a aussi eu le Covid derrière, il faut le dire.
05:23 Donc voilà, ça va être à l'équipe de France de bien performer,
05:28 parce que derrière, ça va amener des progrès pour le football féminin français.
05:31 Et après, chacune des nations va avoir un impact chez elles, à domicile,
05:35 pour faire progresser son foot féminin national.
05:38 Justement, en termes d'égalité de salaire,
05:39 vous pensez qu'un jour on va y arriver entre les joueurs et les joueuses ?
05:42 Honnêtement, je ne pense pas, parce qu'on a atteint des sommes
05:45 qui ne sont pas loin d'être démentielles chez les garçons.
05:48 En tout cas, je parle pour vraiment l'élite,
05:50 les joueurs qui jouent dans le top 5 par exemple de Ligue 1 ou des autres pays.
05:57 Ce sont des sommes qui sont vraiment considérables,
05:59 et c'est difficile de voir un autre sport,
06:01 ou même une autre partie du football émerger
06:06 et pouvoir drainer autant de revenus.
06:08 Parce qu'il faut se rendre compte que le football masculin est vraiment très loin,
06:12 et presque dans l'outrance,
06:14 donc il ne faudrait presque pas que le football féminin tombe là-dedans.
06:17 Très rapidement, vous avez commencé le foot il y a quelques années.
06:21 Qu'est-ce que vous voudriez dire à une petite fille
06:22 qui oserait franchir le pas, mais qui n'ose pas ?
06:24 Je ne pense pas que je sois le bon exemple à avoir joué.
06:27 Le fait qu'il y ait du football féminin comme ça en clair,
06:30 c'est une super nouvelle, parce qu'il y a beaucoup de petites filles,
06:33 en tout cas moi il y a 10 ans par exemple,
06:35 qui ne savaient pas qu'il y avait une équipe féminine de football,
06:38 une équipe de France féminine,
06:39 que les filles aussi pouvaient jouer au foot.
06:41 Là maintenant, on a la chance d'avoir ces joueuses-là qui sont en clair.
06:44 C'est une super nouvelle pour elles,
06:46 ça veut dire qu'elles vont pouvoir s'identifier, avoir des modèles.
06:49 C'est très important.
06:51 Et puis s'il y a une petite fille qui me regarde,
06:54 je lui dis "vas-y, va t'inscrire dans un club".
06:56 Il y a de plus en plus de clubs féminins aujourd'hui, donc il faut y aller.
06:59 Merci, merci beaucoup Anne Lacaro d'avoir été avec nous.
07:02 Je rappelle que vous êtes journaliste à Sauf Foot.
07:04 Bonne journée.