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00:00 Bonjour Stéphane Ballong. Bonjour Julien.
00:02 Le président algérien est en Chine, il le dit et il le redit, l'Algérie a vocation, en tout cas a très envie de rejoindre les BRICS.
00:09 La question c'est de savoir est-ce que l'Algérie coche les cases ?
00:13 Si on raisonne sur un plan purement économique, on peut dire que l'Algérie ne coche pas toutes les cases.
00:21 Donc la réponse est non.
00:24 Je m'explique. Souvenez-vous à l'origine des BRICS, ça a d'abord été les BRICS et ensuite les BRICS avec l'arrivée de l'Afrique du Sud.
00:34 Ce bloc est né de l'idée qu'émergeaient dans le monde non occidental de nouvelles puissances économiques.
00:45 Et ce qui distinguait ces nouvelles puissances économiques c'était le fait qu'elles connaissaient une industrialisation rapide et qu'elles prenaient une place de plus en plus importante dans le commerce mondial.
00:59 La Chine est un des plus importants exportateurs sur le plan mondial économique.
01:05 Si on prend aujourd'hui l'Algérie comparée aux BRICS, sur ces deux plans, l'industrialisation et le commerce international, on peut dire que l'Algérie est un petit acteur par rapport aux BRICS.
01:17 Et donc à un retard à rattraper par rapport à ces puissances-là.
01:22 Je vous donne un exemple. En 2021, les exportations de l'Algérie se chiffraient à 19 milliards de dollars.
01:29 Et l'Afrique du Sud, qui est le plus petit exportateur des BRICS, faisait 3 fois, voire 4 fois plus que l'Algérie.
01:36 Donc sur ce plan, il y a du chemin à faire.
01:40 Mais quand on sort de ces critères-là et qu'on prend la croissance économique ou même l'indice de développement humain,
01:47 l'Algérie se retrouve dans les mêmes grandeurs d'ordre que certaines puissances émergentes que sont l'Inde, l'Afrique du Sud et même le Brésil.
02:01 Seule la Chine et l'Inde font vraiment beaucoup mieux que l'Algérie sur plusieurs plans.
02:07 Alors pourquoi est-ce que l'Algérie tient en telle à rejoindre les BRICS ?
02:11 Pour plusieurs raisons. La première, qui est la plus immédiate et politique, le président Théboune arrive à la fin de son mandat.
02:22 Il y a une élection en décembre 2024. Donc c'est important pour lui de redorer l'image de l'Algérie sur le plan international.
02:33 Et puis il y a une raison qui est sans doute la plus importante et qui est liée à l'histoire même de l'Algérie.
02:38 Souvenez-vous, à l'époque de Boumediene, l'Algérie était un des acteurs les plus importants du mouvement des non-alignés.
02:45 Donc il y a cette volonté de la part des dirigeants algériens de renouer avec cette tradition.
02:54 Et d'ailleurs, c'est un peu ce qui définit aujourd'hui les BRICS.
02:58 C'est cette volonté de sortir d'un monde unipolaire représenté notamment par les institutions de Bretton Woods et de créer un monde multipolaire.
03:13 Donc l'Algérie est dans cette démarche-là qui correspond.
03:17 Et d'ailleurs, le président Théboune l'a dit en août 2022, au moment où il annonçait sa volonté d'adhérer aux BRICS.
03:24 C'est cette volonté de sortir d'un monde unipolaire et de créer un nouvel ordre mondial.
03:30 Adhésion qui intéresserait la Chine et la Russie, qui serait favorable, quid des autres membres des BRICS ?
03:36 Si on prend l'Afrique du Sud par exemple, qui est sur le continent un des partenaires les plus importants de l'Algérie,
03:45 on peut tout à fait dire qu'il n'y a pas de raison que l'Afrique du Sud s'oppose à cette volonté, à cette demande de l'Algérie.
03:53 De la même manière, si on prend le Brésil, on peut considérer que le retour aux affaires de Lula da Silva,
03:59 qui est davantage tourné vers l'Afrique que son prédécesseur, peut être un élément positif pour l'adhésion de l'Algérie.
04:08 En revanche, la question concerne essentiellement l'Inde. Certaines informations qui ne sont pas confirmées disent que l'Inde serait opposée à cette adhésion.
04:21 Il faut dire que les relations entre l'Inde et l'Algérie ne sont pas au beau fixe depuis quelques années.
04:26 Il y a eu cet épisode d'ArcelorMittal, qui est ce conglomérat indien qui a investi massivement en Algérie.
04:35 L'histoire a tourné court, ce qui a créé un certain malaise entre l'Algérie et l'Inde.
04:42 Mais qu'à cela ne tienne, on sait aujourd'hui qu'entre la Chine et l'Inde, les relations ne sont pas forcément les plus cordiales.
04:50 Il y a un contentieux territorial entre les deux pays, mais cela ne les empêche pas d'être membre des BRICS.
04:58 Donc, contentieux ou pas, il n'y a pas de raison si le groupe le souhaite que l'Algérie adhère à ce mouvement.
05:08 Et d'ailleurs, il me semble que c'était en mai de l'année dernière, en mai 2022, les BRICS ont organisé une réunion, certes virtuelle,
05:17 mais qui incluait déjà un certain nombre de pays, parmi lesquels des Africains, comme le Sénégal et l'Égypte.
05:23 Donc, il y a une volonté d'aller vers un groupe plus élargi.
05:26 Merci beaucoup Stéphane pour ce cours de relations internationales.
05:30 On verra si l'Algérie rejoindra ou pas les BRICS dans les prochains jours ou les prochains mois.
05:35 Affaire à suivre. Merci encore.