C'est un aspect peu connu, voire caché, douloureux, de la guerre d'Indochine que nous nous allons évoquer aujourd’hui : il s’agit de l’internement des prisonniers de guerre français dans les camps du Viet-minh, internement qui s’apparentait à un véritable enfer, avec un taux de mortalité effrayant, ainsi que le montrent les nombreux témoignages de rescapés et les études consacré à ce sujet. Études souvent passé sous silence, silence principalement dû à la mauvaise conscience de nos bonnes consciences occidentales pour qui un peuple luttant contre la puissance coloniale ne pouvait être que vertueux…. Pour rompre ce silence Guillaume Fiquet reçoit Paul Villatoux historien spécialisé dans les conflits contemporain et dans la guerre psychologique.
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00:36 Chers téléspectateurs de TVL, bonjour et bienvenue dans "Passé-présent",
00:40 votre émission historique proposée en partenariat avec la Revue d'Histoire Européenne.
00:45 Revue d'Histoire Européenne qui consacre, dans son dernier numéro, un dossier à la guerre d'Indochine.
00:51 Et c'est un aspect peu connu, voire caché, douloureux de ce conflit que nous allons évoquer aujourd'hui.
00:58 Il s'agit de l'internement des prisonniers de guerre français dans les camps du Vietnémine.
01:03 Internement qui s'apparentait à un véritable enfer, avec un taux de mortalité effrayant,
01:08 ainsi que le montrent les nombreux témoignages de rescapés et les études consacrées à ce sujet.
01:13 Études souvent passées sous silence, silence principalement dû à la mauvaise conscience
01:17 de nos bonnes consciences occidentales, pour qui un peuple luttant contre la puissance coloniale
01:22 ne pouvait être que vertueux.
01:24 Ce silence, nous allons le rompre aujourd'hui avec notre invité, Paul Villatou.
01:29 Paul Villatou, bonjour.
01:31 Bonjour Guillaume.
01:32 Vous êtes docteur en histoire contemporaine, auteur prolifique.
01:35 Vous avez écrit ou collaboré à une trentaine d'ouvrages, sans compter les publications,
01:40 les études, les articles qui se comptent par centaines, sur principalement l'histoire militaire,
01:45 la propagande de guerre ou encore l'actualité de la défense.
01:49 Vous exercez également les fonctions de conseiller éditorial pour le magazine Action,
01:53 c'est un magazine sur les armes,
01:55 Le tir sportif.
01:56 Le tir sportif, et pour la gazette des armes, vieux magazine consacré aux armes.
02:01 Aux armes anciennes.
02:03 Et j'en termine là.
02:06 Vous avez récemment publié avec Marc Bruschi, aux éditions Memorabilia,
02:10 un bel ouvrage, Parachutistes en Algérie, la guerre en couleur,
02:13 dont vous étiez d'ailleurs venu nous parler ici même, il y a quelques mois.
02:18 Et je signale à nos téléspectateurs sur le même sujet,
02:21 l'apparition du hors-série numéro 4 de la revue d'histoire européenne,
02:26 Parachutistes en Algérie, les bijarboys, les grandes figures, les traditions parrains, etc.
02:32 Ça reprend grosso modo le livre, avec des photos supplémentaires.
02:38 Voilà, une version un peu simplifiée.
02:40 Une version simplifiée, mais avec des nouvelles photos.
02:42 Tout à fait.
02:43 En revanche, des très belles photos couleur, souvent inédites.
02:48 Alors, je vous ai demandé de venir aujourd'hui nous parler du sujet que je viens d'évoquer,
02:54 l'internement des prisonniers français dans les camps vietnamiens,
02:56 car vous avez signé dans le dernier RHE, dans le dossier sur l'Indochine,
03:02 l'article consacré aux prisonniers.
03:05 La guerre d'Indochine a connu plusieurs phases.
03:10 Une guérilla d'abord très asymétrique, à laquelle l'armée française a dû s'adapter,
03:15 et une guerre plus conventionnelle, qui atteint son paroxysme avec Dien Bien Phu.
03:19 D'où ma première question, au tout début de la guerre,
03:21 voire même août 45, avec le parachutage des Jetbergs.
03:25 Est-ce que le Viet Minh, qui est soutenu par les américains, on le voit dans le dossier,
03:30 commence à faire des prisonniers ?
03:33 Alors, à l'origine, il faut bien comprendre que le Viet Minh, c'est une petite formation de guérilla,
03:41 qui compte moins de 100 000 hommes,
03:44 et qui dit guerre de guérilla, dit évidemment coup de main, embuscade, etc.
03:51 Mais dit également quasi-impossibilité de gérer des prisonniers,
03:57 parce que s'encombrer de prisonniers, au fond, c'est s'encombrer d'une charge.
04:01 Alors, en effet, il y a eu des prisonniers,
04:05 en fait, dès l'été 1945, il y a eu des prisonniers,
04:08 mais des prisonniers essentiellement civils,
04:11 des planteurs, des gens appartenant à des catholiques,
04:20 mais également quelques militaires, notamment lors de ces fameux coups de main.
04:24 Mais ça représente quelques centaines d'individus,
04:27 et en général, ces individus, malheureusement, ont été soit torturés pour des motifs de renseignement,
04:39 et en général, n'ont pas survécu au rythme.
04:43 Parce qu'il faut quand même se replacer dans le contexte de la guerre,
04:48 telle qu'elle débute, d'ailleurs, telle qu'elle n'a pas encore formellement débuté,
04:53 c'est quand même une armée de guérillas,
04:56 et survivre, quand on est prisonnier, quand on est civil,
04:59 au rythme d'une troupe de guérillas, c'est quasiment peine perdue.
05:03 – Oui, c'est-à-dire qu'ils les emmenaient avec eux,
05:05 avec des marches forcées… – Exactement, voilà.
05:09 Donc c'est quelque chose de relativement anecdotique.
05:12 – Vous expliquez quand même qu'ils pouvaient être aussi détenus,
05:15 enfin plus ou moins détenus, dans les villages qui étaient…
05:17 – Tout à fait, dans des villages.
05:20 En fait, il y a un double problème.
05:23 Il y a le fait qu'il s'agit d'une troupe de guérillas,
05:26 donc de petite ampleur, enfin de moyenne ampleur,
05:30 qui ne peut pas se permettre d'avoir une charge,
05:32 et d'autre part, il faut bien comprendre qu'il n'y a pas encore de "région libérée",
05:37 c'est-à-dire qu'il n'y a pas de zone véritablement vietmine.
05:40 Donc, en fait, il y a des villages qui sont pris en main
05:44 par des commissaires politiques, etc.
05:46 Et donc, à l'intérieur de ces villages, on peut placer des prisonniers
05:50 qui vivent chez l'habitant.
05:52 – Mais sinon, le principe, en général, c'est pas de prisonniers,
05:55 c'est beaucoup plus sympa.
05:57 Alors, au fur et à mesure de l'évolution du conflit,
06:00 les choses changent, et le moment de bascule,
06:03 c'est la défaite, le désastre de Cao Bang.
06:06 Et là, la vietmine fait…
06:09 – Alors, il y a un double processus.
06:11 Le premier processus, c'est que, à l'origine, c'est une guerre de guérillas,
06:15 donc qui dit "guerre de guérillas" dit "coup de main",
06:17 donc ne dit pas "force de grande ampleur"
06:20 et donc "bataille" au sens, pas "bataille rangée",
06:24 mais au sens militaire du terme.
06:26 Donc, par définition, il ne peut pas y avoir beaucoup de prisonniers.
06:31 Le deuxième aspect, alors vous parlez de 1950,
06:35 du désastre de Cao Bang, donc septembre-octobre 1950,
06:39 mais peut-être qu'il faut revenir peut-être un an plus tôt.
06:42 – Allez-y.
06:43 – En revenant un an plus tôt, alors, il faut comprendre
06:46 que la guerre d'Indochine va changer de nature profondément en 1949.
06:50 Pourquoi 1949 ?
06:52 D'abord parce que, sur un plan plus international,
06:57 c'est vraiment la phase recrudescente de la guerre froide.
07:00 Donc, le conflit en fait de guerre néocoloniale
07:05 s'apparente davantage à un conflit Est-Ouest.
07:09 Alors, d'abord dans l'esprit des Français
07:13 qui vont donner une sorte d'indépendance aux États,
07:18 au Vietnam, au Laos, au Cambodge,
07:20 qui vont être les États associés au sein d'une grande idée
07:24 qui s'appelait l'Union française.
07:26 Et deuxième chose, la victoire des communistes en Chine,
07:29 qui évidemment va faire basculer le conflit,
07:31 parce que la Chine va devenir à la fois une zone refuge
07:35 pour former de nouveaux combattants.
07:38 Et deuxième chose, l'accroissement de matériel
07:42 qui va être fourni aux Vietmines.
07:45 Alors, du côté soviétique, c'est vrai, ça avait déjà commencé,
07:48 mais du côté, notamment du côté chinois,
07:50 ça va transformer totalement le conflit.
07:53 Et surtout, le Vietmine va devenir une véritable armée,
07:57 beaucoup plus organisée, beaucoup plus professionnelle.
08:00 – Donc là, on bascule dans la guerre un peu plus conventionnelle.
08:04 – À partir de ce moment-là,
08:06 à partir du moment où la Chine devient zone refuge,
08:08 évidemment, toute la région qui est à la frontière entre le Vietnam,
08:14 donc le Tonkin, ce qu'on appelle le Tonkin,
08:18 qui fait partie des trois "qui" du Vietnam.
08:20 Donc, la frontière entre le Tonkin et la Chine devient évidemment une zone
08:28 qui, grosso modo, passe plus ou moins du côté vietmine.
08:32 Et donc, la nécessité pour les Français
08:35 d'évacuer les principaux postes situés sur la frontière.
08:39 Et il y a ce fameux désastre de Caobang,
08:42 parce qu'en fait, les troupes françaises,
08:44 le commandement français va trop attendre pour évacuer.
08:48 Et à l'issue de ce désastre,
08:51 donc désastre qui a fait quand même, je crois,
08:54 quelque chose comme 3 000 morts du côté français,
08:57 et pas loin de 3 000 prisonniers,
09:00 eh bien, le Vietmine va se retrouver avec un afflux de prisonniers.
09:06 Voilà le contexte.
09:08 D'où la nécessité de créer des structures,
09:12 qu'on va appeler par la suite "camps",
09:14 parce que c'est la dénomination classique pour des…
09:17 – Pour des camps de prisonniers.
09:19 – Exactement, des camps dans lesquels mettre ces prisonniers.
09:24 Mais il faut comprendre d'ailleurs,
09:26 on parle de la terminologie "camps", c'est très intéressant,
09:29 parce qu'à partir du moment où le Vietmine fait des prisonniers
09:33 et établit des camps, d'une certaine façon,
09:36 il se légitime comme adversaire régulier, si on peut dire.
09:41 Donc ça a un double avantage pour lui,
09:43 parce que ça a un avantage de reconnaissance,
09:45 sur le plan international.
09:46 – C'est l'institutionnalisme.
09:47 – Exactement.
09:49 Et en même temps, ça lui permet d'avoir une monnaie d'échange,
09:54 le prisonnier devient une monnaie d'échange.
09:56 – Bravo.
09:57 – Et troisième chose, le prisonnier, évidemment,
10:00 alors ça peut être aussi un instrument de propagande,
10:03 on verra peut-être plus tard,
10:05 mais oui, surtout, c'est un afflux de renseignements,
10:09 parce qu'à travers l'interrogatoire de prisonniers,
10:13 on recueille du renseignement.
10:15 – Alors ces camps se mettent en place,
10:17 est-ce qu'on sait à peu près combien il y en avait ?
10:20 – Je vous ai dit, alors il y a Cao Bang…
10:22 – Non mais deux camps, pas de prisonniers, deux camps.
10:24 – Alors deux camps, c'est très difficile.
10:26 – Il y a le camp numéro 1, le camp numéro 113 ou 130, je ne sais plus.
10:29 – Oui, mais après ils sont rebaptisés.
10:31 – En fait, on estime qu'il y a eu à peu près 130 camps
10:36 sur toute l'Indochine, sachant qu'il y a eu des camps vietmines
10:40 qui étaient au Laos,
10:42 donc aussi par les alliés du Laos,
10:47 des camps vietmines au Cambodge,
10:51 et même certains en Chine, aux frontières de Chine, etc.
10:55 – Alors ils ressemblaient à quoi ces camps ?
10:58 C'était sommaire ?
10:59 – Très très variable.
11:01 – Est-ce que le vietmine avait une organisation centralisée
11:04 pour gérer les camps ?
11:05 – Alors il faut savoir que, on parle de Cao Bang,
11:08 on dit voilà, Cao Bang c'est le tournant.
11:10 Certes c'est le tournant, mais la mise en place d'un système de camps
11:13 ne s'est pas faite du jour au lendemain,
11:16 c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu Octobre 50,
11:18 on établit 130 camps, évidemment.
11:20 D'autant qu'il y a eu ensuite, tout au long de l'année 1951,
11:23 il y a eu un certain nombre de combats
11:25 qui ont aussi entraîné leur lot de prisonniers,
11:28 notamment Hoa Binh ensuite qui…
11:31 Donc ce système s'est mis en place,
11:35 et il n'y a pas, si vous voulez, à l'origine,
11:38 il n'y a pas de camp de structure prédéfinie, etc. sur le papier.
11:44 Donc c'était d'une variation extraordinaire,
11:47 ça pouvait être des villages dans lesquels
11:49 il y avait plus ou moins un camp de prisonniers,
11:52 et ça pouvait être le camp tel qu'on l'imagine,
11:56 si vous voulez, dans l'imaginaire populaire,
11:59 parce que, tout simplement, on y reviendra,
12:02 mais les rescapés ont fait des dessins,
12:05 il y a des dessins qui sont connus de camps.
12:08 Alors, en général, le camp type, c'est vraiment la pagode,
12:14 la pagode de bambou, qui a été réalisée,
12:17 en général les pagodes sont réalisées par les prisonniers eux-mêmes,
12:21 et évidemment ce n'est pas le camp tel qu'on l'imagine,
12:24 le loflague de la seconde guerre mondiale,
12:26 il y a évidemment quelques sentinelles,
12:28 mais il n'y a pas de miradors, pas de barbelés, alors pourquoi ?
12:31 – C'est la jungle qui fait…
12:32 – Voilà, il y a la jungle, et puis il y a la population autour,
12:35 parce que le camp en général n'est pas isolé de villages,
12:38 or le camp est installé en zone vietmine,
12:43 donc la population, évidemment, est complice.
12:45 – A priori acquise.
12:46 – Voilà, exactement.
12:47 – Et alors, quelles sont les… enfin, les conditions sont très dures,
12:51 en gros, est-ce que les prisonniers sont employés à travailler,
12:54 ou pas du tout, ils restent à ne rien faire toute la journée ?
12:58 Quelles sont les conditions de vie typiques ?
13:01 – Alors d'abord elles sont difficiles par la nature même de l'environnement,
13:05 c'est-à-dire, si vous voulez, on a longtemps dit c'est extrêmement dur,
13:10 mais les conditions de vie, évidemment, du soldat vietmine,
13:14 étaient très difficiles, ça c'est une certitude.
13:17 Donc, il y a deux choses qui sont importantes,
13:22 c'est qu'il y a le fait que, en général,
13:25 les prisonniers sont l'objet de translations régulières,
13:31 c'est-à-dire qu'on parcourt des kilomètres, etc.
13:34 Donc ça, ça accroît la difficulté, en plus des difficultés pour se mouvoir,
13:40 parce que les chaussures finissent par lâcher,
13:42 il y a les conditions climatiques qui sont extrêmement difficiles.
13:46 Ensuite, il y a les conditions climatiques,
13:49 il y a les conditions de vie qui ne sont pas en général favorables.
13:55 Alors, encore une fois, ça peut être très variable,
13:58 c'est-à-dire que par exemple, peut-être qu'on y reviendra,
14:02 mais on peut en parler tout de suite,
14:04 le vietmine avait fait une séparation entre les camps d'officiers…
14:09 – C'était ma question suivante.
14:12 – Voilà, donc il y avait les camps d'officiers,
14:15 où en général on mettait aussi les sous-officiers du type adjudant, adjudant-chef,
14:20 et puis les camps qui étaient dévolus aux sous-officiers hommes de troupe.
14:25 Donc, pour ne parler que des premiers, donc des camps d'officiers,
14:33 il faut comprendre que les camps d'officiers, en général,
14:37 les médecins, par exemple, de régiment ou de bataillon,
14:40 le médecin militaire est un officier,
14:43 donc les médecins militaires se retrouvent quasi systématiquement
14:47 dans des camps d'officiers.
14:50 Ce qui peut expliquer que dans les camps d'officiers,
14:53 ça on y reviendra aussi, mais la mortalité puisse être moins forte,
14:57 parce que les médecins, évidemment, produisent des soins,
15:01 ce qui n'est pas le cas chez les hommes de troupe.
15:04 Ensuite, il y a un autre aspect dont je n'ai pas parlé,
15:10 mais qui peut être important, c'est que 1950,
15:16 c'est à la fois une rupture pour le Vietmine dans sa conception de la guerre,
15:20 mais c'est aussi une rupture pour les troupes françaises,
15:23 parce qu'il y a le fait qu'on donne leur indépendance
15:28 à des États associés au sein de l'Union française,
15:32 mais il y a aussi le fait qu'il y a ce qu'on a appelé
15:35 le jaunissement des troupes françaises.
15:38 Donc, il y a de moins en moins d'Européens au sein du corps expéditionnaire français.
15:43 – De plus en plus de Vietnamiens.
15:45 – De plus en plus de Vietnamiens.
15:47 Et parallèlement, comme il faut encadrer ces troupes-là,
15:50 il y a de plus en plus de cadres parmi les Européens,
15:53 et de moins en moins d'hommes de troupe parmi les Européens.
15:56 Donc, en fait, il y a des distinctions qui sont faites à la fois
16:02 en fonction du fait d'être officier ou non,
16:05 et puis aussi il y a des distinctions au sein même des camps
16:09 entre les troupes européennes,
16:13 donc ça peut être les troupes européennes principalement françaises,
16:18 les légionnaires, les troupes nord-africaines,
16:21 les troupes subsahariennes et les troupes autochtones.
16:26 – Donc là, il y a vraiment des différences de traitement entre tous ces genres ?
16:29 – Voilà, il y a des différences de traitement.
16:31 – J'imagine que les troupes africaines, subsahariennes,
16:33 on va les essayer de les convaincre ?
16:36 – Alors, on y reviendra aussi, mais ça, ça fait partie de tout un processus.
16:40 C'est-à-dire que, par exemple, il peut arriver que dans certains camps,
16:44 les troupes nord-africaines ou subsahariennes soient mieux nourries
16:47 ou soient mieux traitées que les autres.
16:49 – Pourquoi ? – Pour se considérer comme victimes.
16:51 – Voilà, pour essayer de susciter… comment dire ?
16:54 – Une adhésion.
16:56 – Une adhésion, mais aussi d'essayer de susciter le colonialisme
16:59 et la douleur du colonialisme chez eux.
17:02 – Une intersectionnalité des luttes.
17:04 – Exactement, mais qui va être importante d'ailleurs,
17:07 puisqu'ensuite on va passer à la guerre d'Algérie et tout ça va avoir…
17:11 Donc, il y a un distinguo qui est fait.
17:14 Alors, évidemment, dans les camps d'officiers,
17:17 il y a moins de nord-africains ou de subsahariens
17:19 que dans les camps d'hommes de troupe.
17:21 Voilà, donc tout ça, c'est des…
17:23 Si vous voulez, il y a des secteurs,
17:25 il y a des différenciations qui sont faites entre…
17:28 – Et les troupes autochtones, j'imagine qu'elles sont traitées
17:31 d'une manière assez expéditive ou pas du tout ?
17:33 – En fait, on y reviendra, mais c'est le grand problème des troupes autochtones.
17:38 Les troupes autochtones, on a longtemps dit, si vous voulez,
17:42 que les troupes autochtones avaient été massacrées.
17:45 Bon, en fait, on connaît très mal le sort qui leur a été fait.
17:50 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on sait qu'il y en a eu un certain nombre
17:53 qui ont été récupérés et qui sont passés du côté vietmine.
17:57 – Logique.
17:58 – Mais on ne sait pas dans quelle proportion, si vous voulez.
18:01 – Est-ce qu'il y a eu beaucoup de tentatives,
18:04 soit d'évasion, soit de libération de la part des troupes françaises ?
18:08 – Alors, d'évasion, il y en a eu, bien sûr,
18:10 il y a eu des tas de tentatives d'évasion, comme dans n'importe quelle…
18:13 – Réussite.
18:14 – Maintenant, des réussites, il n'y en a pas eu beaucoup.
18:17 Des tentatives, il n'y a pas eu grand-chose.
18:20 Je crois que, par exemple, le Vietmine ne reconnaissait pas la Croix-Rouge,
18:26 donc le Comité international de la Croix-Rouge,
18:29 puisqu'il ne reconnaissait pas…
18:32 Alors, ça a été, en fait, relativement compliqué.
18:34 Il ne reconnaissait pas le statut du prisonnier tel qu'il a été défini
18:39 par les conventions de Genève 1929-1949.
18:42 Mais, ça n'empêche que le Vietmine avait une volonté
18:49 de promouvoir son action à l'extérieur.
18:52 Et dans cette volonté de promouvoir son action à l'extérieur,
18:55 il y avait aussi la volonté de montrer un visage relativement…
19:00 – Humain.
19:01 – Humain, pacifique, enfin, etc.
19:04 Donc, il y avait ces deux éléments-là.
19:07 Alors, on verra peut-être que l'élément humain,
19:11 ce n'est pas tellement sur le côté conditions de vie,
19:14 puisqu'ils ont refusé, en fait, les inspections, systématiquement,
19:17 mais plus du côté de la propagande.
19:19 – On va y venir.
19:20 Donc, l'importance de la propagande, voire la rééducation politique,
19:24 est-ce que c'est vraiment une réalité ?
19:27 – Alors, je finis simplement.
19:29 C'est pour vous dire que, donc, il y a eu, par exemple,
19:32 des transmissions de colis ou de courriers,
19:35 mais ça a été relativement négligeable.
19:38 – D'accord.
19:39 – Voilà.
19:40 – Donc, ma question sur l'importance de la propagande,
19:43 mythe, réalité, on imagine…
19:46 Alors, vous, dans l'article,
19:48 il y a des photos que nous mettrons en incrustation,
19:51 on voit effectivement des soldats assis sur des bancs, sous une tente.
19:55 On ne voit pas l'orateur, mais il y a quoi ?
19:57 Il y a vraiment des cours de politique, de la rééducation ?
20:01 – Alors, en réalité,
20:05 ce n'est pas quelque chose qui s'est fait immédiatement non plus.
20:08 On estime que c'est à partir de 1952
20:11 qu'il y a eu une volonté, notamment dans les camps d'officiers…
20:15 – Ça touche plus les officiers, ça ?
20:17 – Tout à fait.
20:18 Ça touche beaucoup plus les officiers,
20:20 parce que c'est une courroie de transmission
20:23 vers le commandement français, donc c'est plus…
20:26 Après, ça ne veut pas dire qu'il n'y avait pas aussi des séances dans les…
20:30 – On aurait pu imaginer les hommes de troupes plus perméables.
20:34 – Non, en fait, si on fait des généralités,
20:37 mais évidemment il y a toujours des différences,
20:39 dans les généralités, les officiers sont moins maltraités
20:46 d'un point de vue physique que les hommes de troupe,
20:50 mais sont plus… comment dire…
20:54 sont plus sujets à des séances de propagande que les camps de troupe.
20:59 – Ah bon ?
21:00 – Oui.
21:01 – Comment se déroulent ces séances de propagande ?
21:02 C'est un vrai lavage de cerveau ?
21:04 – Alors, il y a différentes choses.
21:06 D'abord, on n'a pas parlé des conditions de vie,
21:09 mais on n'a pas parlé quand même des conditions de traitement,
21:11 parce qu'il y a un certain nombre de…
21:13 Il faut savoir qu'avant l'entrée sur la scène internationale du Viet Minh,
21:20 il y a eu quand même l'occupation japonaise.
21:23 Et il y a un certain nombre de pratiques de l'armée japonaise
21:28 qui ont été reprises dans les camps vietmines,
21:31 notamment des tortures…
21:34 – Vous citez quelques cas de tortures ?
21:36 – Voilà, la cage, le parc à buffles…
21:39 – Le parc à buffles, qu'est-ce que c'est ?
21:40 – Le parc à buffles, c'est le fait de vous enfermer avec un buffle
21:44 et d'avoir tous les désagréments qui vont avec,
21:48 parce que c'est un vrai cloaque avec des…
21:50 – Et donc j'imagine que n'importe quelle plaie…
21:53 – Exactement.
21:55 Donc il y a ça, il y a la torture, il y a une torture physique…
21:59 – Mais quel est le but de cette torture ?
22:01 – Alors le but, en fait il y a deux choses, c'est la carotte et le bâton.
22:06 C'est-à-dire d'un côté, il y a la volonté du Viet Minh
22:12 de trouver une reconnaissance sur un plan international.
22:16 Donc à travers ça, c'est de dire, le combat du Viet Minh est juste,
22:23 et les prisonniers peuvent devenir les meilleurs relais
22:30 pour justifier de la justesse de ce combat.
22:34 Donc on va en faire des relais de propagande
22:39 et il va falloir qu'ils acceptent un certain nombre de choses.
22:42 C'est-à-dire d'abord d'admettre que le combat du Viet Minh est juste,
22:48 donc eux-mêmes se sont trompés, donc il y a une forme d'autocritique.
22:52 Et puis deuxième chose, si on refuse ce type de contrat,
22:58 c'est là que va intervenir la torture physique.
23:02 Donc c'est un processus…
23:05 Alors ensuite, il y a un certain nombre d'officiers français
23:08 qui vont avoir à cœur de modéliser tout ce système d'endoctrinement.
23:13 Mais il va y avoir un certain nombre d'officiers
23:18 qui vont décrire le schéma en trois phases, en quatre phases, en cinq phases, etc.
23:23 Mais tout ça pour dire que, on a parlé de lavage de cerveau,
23:28 c'est difficile de donner…
23:31 – Parce que concrètement, ces séances de rééducation, ça se passe comment ?
23:34 – Concrètement, c'est des choses qui…
23:36 D'abord, ça commence par une mise en condition des hommes,
23:39 la mise en condition physique, participant évidemment.
23:42 – On les assure, on les affaiblit.
23:44 – Voilà, et puis ensuite, c'est tout un mécanisme de chantage,
23:47 d'abord pour accepter les séances d'autocritique,
23:50 de renier leur action, de promouvoir…
23:55 – Les séances de Saint-Drone-de-Stockholm.
23:57 – Et puis ensuite, évidemment, va venir la séance de signature de manifeste,
24:03 ces manifestes étant ensuite transmis dans la presse,
24:06 étant relayés par la presse internationale soviétique, communiste, chinoise, etc.
24:14 Et puis, à l'issue, il y a la perspective, évidemment,
24:19 pour les prisonniers, d'une libération, puisque c'est ça, au fond,
24:23 on leur propose un marché, vous suivez l'ensemble du processus,
24:28 et à l'issue, il y a la perspective possible d'une libération.
24:31 – Enfin, c'est quand même un jeu de dupe,
24:33 vous devez bien s'imaginer, Louis Viet Minh,
24:35 il n'est pas complètement idiot que la plupart des officiers devaient…
24:38 – Sauf que c'est un jeu de dupe, mais un jeu de dupe qui est parfaitement mis en scène,
24:41 parce que, si vous voulez, il y a d'une part un processus de délation
24:47 qui est encouragé, donc le but c'est de scinder, évidemment, le groupe,
24:51 pour éviter qu'il y ait une fraternité qui se crée, une cohésion, etc.
24:55 C'est quand même très habilement fait.
24:58 Il peut y avoir, tout de suite, la possibilité de manger un petit peu mieux,
25:02 pour avoir fait une action qui apparaissait anodine sur un point.
25:07 Donc, quand on a extrêmement faim, évidemment, on se dit,
25:10 "Bah tiens, si j'en fais un petit peu plus, peut-être que je vais avoir
25:13 un régime alimentaire qui va progresser", etc.
25:16 C'est tout un processus qui s'est mis en place.
25:19 – De toute façon, elle est cassée psychologiquement.
25:21 – Voilà, mais qui est habilement fait, c'est pas quelque chose, si vous voulez,
25:24 qui est fait de façon grotesque ou grossière.
25:27 – Toutes ces techniques, elles viennent d'où ?
25:29 Elles sont enseignées au Viet Minh ? Elles sont prises où ? En URSS ?
25:32 – Moi, je me souviens d'un livre d'un révérend père qui avait fait un livre à l'époque
25:36 qui s'appelait "L'étoile et la croix", qui parlait d'un processus à peu près analogue
25:44 qui existait en Chine, qui avait touché les communautés catholiques chinoises.
25:49 Et en fait, je pense qu'il y a une grosse part chinoise,
25:53 d'apprentissage des techniques chinoises qui a été mise au point.
25:57 – Des méthodes très asiatiques. – Exactement.
26:00 – Et donc, à la suite de tous ces mauvais traitements…
26:04 – Oui, un petit point que je voudrais aborder,
26:06 c'est dans le cas de ces rééducateurs politiques,
26:09 on trouve, et il n'y en a pas beaucoup, il faut bien le dire,
26:13 quelques Français qu'on peut appeler les "collabos du Vietnam",
26:18 le plus connu étant…
26:19 – Oui, on les a longtemps appelés les "soldats blancs d'Ho Chi Minh".
26:23 – Et le plus connu d'entre eux étant Bouddharel,
26:26 parce que l'affaire Bouddharel est ressortie dans les années 90, je crois.
26:30 – C'est ça.
26:31 – Bouddharel était le seul à raconter à nos téléspectateurs exactement
26:35 le parcours type de ce genre de bonhomme ?
26:39 – Alors, je crois que c'est quand même un cas très particulier.
26:43 C'est quelqu'un qui était enseignant.
26:48 – En Indochine ?
26:49 – Alors, qui était enseignant, qui était membre du Parti communiste français,
26:54 qui ensuite est parti enseigner en Indochine,
26:57 et puis ensuite il est passé du côté vietnamien,
27:01 et il est devenu, petit à petit, instructeur politique dans un camp,
27:07 qui s'appelait le camp 113.
27:10 Il se trouve qu'il a ensuite son parcours,
27:14 donc a suivi un certain nombre de méandres.
27:18 Une fois qu'il a terminé son parcours au Vietnam,
27:24 il a continué après la fin de la guerre d'Indochine,
27:27 il est passé en Tchécoslovaquie,
27:30 et il a profité de la loi d'armistice de 1966,
27:35 – D'amnistie.
27:36 – D'amnistie, oui, qui amnistiait en fait les crimes,
27:40 enfin une partie des crimes coloniaux, de tous les côtés,
27:44 pour revenir en France, et puis ensuite il a été maître assistant,
27:50 et il a fait une carrière universitaire,
27:55 parce qu'il a eu un certain nombre de gens qui l'ont aidé,
27:59 au sein de l'université, voilà.
28:01 – Son cas est isolé, ou est-ce qu'on a d'autres exemples ?
28:05 – C'est un cas relativement isolé,
28:09 il se trouve qu'il a été ensuite démasqué
28:13 lors d'un colloque à Paris, au début des années 90,
28:17 et que son affaire a fait grand bruit à l'époque,
28:22 a fait même la une d'un certain nombre de magazines,
28:25 et puis tout est retombé un peu,
28:27 après, puisqu'il a été, en fait l'affaire a été classée en 97,
28:32 et il est mort en 2003, voilà.
28:35 – D'accord, alors donc…
28:37 – Après on en a fait, si vous voulez, je pense que Boudarelle,
28:40 Boudarelle, le but ce n'est pas du tout de le défendre,
28:44 mais on en a fait un tortionnaire,
28:47 je pense que ce n'était pas un tortionnaire au sens strict du terme,
28:52 c'était quelqu'un qui… c'était un traître, voilà.
28:56 – Donc ces mauvais traitements, l'arrêt éducation politique,
29:01 est-ce qu'au niveau du bilan humain,
29:05 est-ce qu'on a des statistiques,
29:08 est-ce qu'on sait combien de prisonniers se sont passés par ces camps,
29:11 combien ont survécu, du côté, on va prendre les chiffres que l'on connaît,
29:17 donc a priori les troupes européennes…
29:19 – Alors, en réalité, si vous voulez, les chiffres, c'est relativement compliqué,
29:27 parce que ça paraît simple, alors, si on prend les chiffres de la Croix-Rouge,
29:32 Comité international de la Croix-Rouge,
29:35 il y a eu à peu près 37 000 prisonniers de l'Union française,
29:39 donc ça veut dire, globalement…
29:41 – Toutes les troupes confondues.
29:43 – Voilà, dont à peu près 20 000 vietnamiens,
29:45 le reste se partageant entre européens, légionnaires,
29:48 nord-africains, subsahariens.
29:50 – Une grosse majorité de vietnamiens.
29:52 – Une grande majorité, 20 000, à peu près 20 000.
29:56 Donc le reste, 14, 15, 16 000 autres.
30:02 Et, au départ, on prenait les chiffres, si vous voulez, globaux,
30:12 et on avait décidé de prendre les chiffres, évidemment, des libérations,
30:16 puisque les libérations ont eu lieu, donc peu de…
30:18 – On va y venir, oui.
30:20 – Voilà, et les libérations, après les accords de Genève,
30:24 concernent à peu près 10 000, un peu plus de 10 000 prisonniers.
30:29 Et on aboutissait, évidemment, à un taux de mortalité qui était effrayant.
30:35 Bon, ça n'empêche que le taux de mortalité est toujours effrayant,
30:39 mais on avait oublié de compter un certain nombre de libérations aussi,
30:42 qui ont eu lieu avant, qui concernaient 4 500 ou 5 000 personnes.
30:46 Globalement, on arrive à un taux de mortalité.
30:50 Alors, il faut distinguer le taux de mortalité
30:53 de tout ce qui n'est pas vietnamien autochtone,
30:56 qui tourne autour entre 40 et 50 %, ce qui est gigantesque.
31:01 – Et on le rapporte…
31:03 – Les au-flac, par exemple, les prisonniers de guerre, 5 %.
31:08 – Oui. – Voilà.
31:10 Alors, pour ce qui concerne les vietnamiens, le cas est…
31:13 Alors, on a parlé, pendant très longtemps, de 90 % de décès.
31:18 D'autres études tendraient à montrer beaucoup moins,
31:22 parce qu'il y a eu un certain nombre de vietnamiens
31:25 qui sont passés du côté vietnamien.
31:29 Je pense qu'entre 60, 70, voilà, c'est en tout cas plus de 50 %,
31:35 a priori, de vietnamiens qui seraient morts aussi dans ces camps.
31:39 – Dans les camps.
31:40 Alors, est-ce que durant le conflit, vous avez parlé de la Croix-Rouge,
31:43 mais est-ce qu'il y avait des dialogues entre les autorités françaises et le Vietnam ?
31:48 – Il y a eu des échanges de prisonniers.
31:50 – Des échanges de prisonniers.
31:51 – Parce que… – Le prisonnier servait aussi de monnaie d'échange.
31:53 – De monnaie d'échange, oui.
31:55 Et on sait d'ailleurs, les Français ont fait beaucoup de prisonniers
31:58 chez les vietnamiens, on sait à peu près…
32:00 – Ah ben oui, il y a eu aussi…
32:03 – Qui, eux, étaient traités suivant les conventions de Genève.
32:07 – Alors, qui, eux, bénéficiaient des visites des observateurs de la Croix-Rouge,
32:17 du comité international de la Croix-Rouge,
32:20 donc qui était normalement traité dans le respect.
32:23 Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu des…
32:26 qu'il y a pu y avoir ça et là des excès, parce qu'on dit souvent
32:31 que les prisonniers ont été utilisés, par exemple, au sein de l'armée.
32:37 Par exemple, pour… comment dire ?
32:40 – Pour des minets ?
32:41 – Voilà, exactement, pour venir en observateur aussi,
32:45 pour passer devant des troupes qui…
32:48 voilà, bon, donc il y a eu un taux de mortalité important,
32:51 mais ça n'empêche que le traitement a été globalement…
32:55 – Correct.
32:56 – Correct.
32:57 – Et donc, oui, j'étais assez étonné de voir,
32:59 il y a beaucoup d'échanges de prisonniers qui se font à partir de 1951,
33:02 parce que déjà, j'imagine que le vietnamien était combré…
33:05 – Alors, beaucoup, il y a eu un certain nombre d'échanges, oui, tout à fait.
33:11 Pour revenir simplement au cas français, c'est peu connu,
33:14 mais il y a eu aussi, mais dans un tout autre ordre,
33:17 il y a eu la volonté de désintoxiquer les prisonniers qui provenaient du Vietmine
33:24 pour essayer de les récupérer dans les forces vietnamiennes.
33:27 – Pour les faire retourner, oui.
33:28 – Exactement.
33:29 – Ça a fonctionné quelques fois, on ne sait pas trop.
33:31 – Ben si, il y a eu un certain nombre d'anciens vietmines
33:34 qui sont passés dans les armées vietnamiennes, sud-vietnamiennes.
33:38 – Alors, je voudrais qu'on aborde le cas des prisonniers de Die Bien Phu.
33:43 Là, il y a eu une grosse prise et eux ont connu véritablement un enfer.
33:49 – Alors, ils ont connu un enfer surtout par le déplacement.
33:53 Ils ont été contraints à un déplacement de près de 700 km pour rejoindre les camps.
33:59 Et surtout, ils ont fait ça pour la plupart sans chaussures, donc pieds nus.
34:04 Parce qu'on considérait que voilà…
34:08 Mais donc, on estime que la moitié, pratiquement de la colonne…
34:11 – Il était combien à peu près ?
34:13 – Je crois qu'il y avait une colonne de 800, la grande colonne.
34:17 Mais il faut savoir que… Alors, il y a deux choses.
34:22 La première chose, c'est que les prisonniers qui provenaient de Die Bien Phu,
34:29 ils n'ont eu, en fait, des conditions d'enfermement
34:35 qui n'ont duré que trois mois, en règle générale,
34:37 donc beaucoup plus courte que des gens…
34:40 – C'est vrai.
34:41 – Voilà, il y a même certaines personnes qui ont été capturées par le Vietmine en 1946
34:45 et qui ne sont sorties qu'en 1954. Il y a eu quelques cas.
34:49 Et puis, deuxième chose, ça n'a pas concerné que les troupes de Die Bien Phu.
34:55 Ça a concerné principalement, mais par exemple, moi, je connaissais
34:59 un ancien parachutiste qui a fait partie des maquis.
35:03 Donc, tous les maquis qui avaient été mis en place en zone Vietmine,
35:08 donc sur les arrières Vietmines,
35:10 notamment dans le cadre de la bataille de Die Bien Phu,
35:13 et certains ont été sacrifiés, notamment le maquis Colibri.
35:17 Moi, je connaissais un ancien du maquis Colibri.
35:20 Et lui a été fait prisonnier.
35:22 Et ses conditions étaient absolument épouvantables,
35:26 parce qu'il a été en plus… parce qu'on oublie,
35:29 mais il y a certains qui ont été aussi dans des prisons de droit commun,
35:32 en secteur Vietmine, qui étaient souvent des conditions encore pires
35:36 que les conditions des simples camps.
35:39 Alors, vous verrez d'ailleurs, si vous avez l'occasion de reproduire…
35:42 – Oui, on va en faire des photos.
35:44 – Voilà, il y a un petit livret…
35:46 – Il y a un livret militaire… – C'est de lui.
35:48 – C'est de lui.
35:49 – Effectivement, donc j'allais y venir,
35:51 de la reproduction, du facsimilé de ce livret.
35:54 Effectivement, les séquelles sur la santé sont…
35:58 – Il pesait à peine une quarantaine de kilos.
36:01 Évidemment, il était atteint de dysenterie, de béry-béry,
36:05 de toutes les infections qui sont liées à…
36:08 Il y avait même… il faut savoir que,
36:11 comme l'alimentation principale était constituée de boules de riz,
36:16 il y avait certains militaires qui étaient absolument allergiques au riz,
36:22 qui ne pouvaient pas se nourrir, puisqu'il y a des gens qui tolèrent mal le riz.
36:26 Donc la mort était totalement assurée dès les premières semaines avec ça,
36:30 parce qu'il faut savoir que le régime alimentaire était quand même catastrophique.
36:34 – Ça devait manquer de protéines, effectivement.
36:37 – Alors peut-être aurez-vous l'occasion de reproduire une partie.
36:40 – On mettra les photos en incrustation, y compris le livret militaire.
36:44 Donc on arrive après les accords de Genève.
36:47 Donc là, la situation met combien de temps à s'arranger pour les libérer ?
36:52 – C'est entre juillet et octobre, ça va assez vite.
36:55 Il y a plus de 10 000 prisonniers qui sont libérés.
36:59 Il y en a un certain nombre qui vont mourir d'ailleurs.
37:02 – Des suites ? – Des suites.
37:04 Il y a eu tout un processus.
37:11 Un certain nombre vont passer en hôpital militaire au Vietnam, à Saïgon principalement.
37:22 Donc à l'issue d'une période où ils vont se retaper, ils vont revenir en métropole.
37:28 Les officiers, qui en général ont été les plus touchés par tout ce qui est propagande,
37:35 intoxication, etc., eux vont subir des sas de décompression et de désintoxication
37:44 avec des organismes, ça peut être la sécurité militaire.
37:47 Il y a aussi des organismes spécialisés pour les Nord-Africains
37:52 ou les soldats d'Afrique noire qui eux aussi vont passer dans des organismes,
38:00 qui vont les interroger, etc.
38:03 Et en fait, si vous voulez, toute cette affaire va beaucoup marquer l'armée française.
38:09 Alors, à l'origine, pas tellement du côté du haut commandement de l'armée,
38:17 mais surtout à l'échelon des capitaines, des commandants,
38:20 donc d'abord qui ont subi ou qui ont été les témoins de toute cette affaire,
38:27 et à telle enseigne que les prisonniers du Vietmine,
38:33 ça ne va pas devenir un titre de gloire d'être ex-prisonnier du Vietmine,
38:40 mais ça va être considéré comme ayant vécu une expérience tout à fait hors du commun
38:46 et ils vont être réemployés, notamment dans une structure
38:49 qui s'appelle les Officiers itinérants d'action psychologique en Algérie.
38:54 Ces officiers itinérants étant chargés de promouvoir la bonne parole
39:00 à partir de 55, 56 auprès des troupes pour essayer de dire,
39:04 comment dire, pour faire en sorte que le moral de ces troupes aille mieux, etc.
39:11 Et donc ces officiers itinérants seront constitués exclusivement
39:14 d'anciens prisonniers du Vietmine.
39:17 C'est pour dire l'importance qu'a eue cette affaire au sein de l'armée.
39:21 – Et au niveau de l'état-major, rien n'a été…
39:25 enfin au niveau de la doctrine, est-ce qu'il y a des choses qui ont changé
39:27 sur la préparation psychologique par exemple ?
39:30 – Bien sûr, là ensuite ça va donner lieu, si vous voulez,
39:32 à tout ce qu'ont été les développements de la guerre
39:37 et de l'action psychologique sur le terrain,
39:40 mais qui va avoir… en fait tout va se passer de façon progressive.
39:43 À l'origine ça vient plutôt des échelons capitaine, commandant,
39:47 qui eux vont commencer à parler, à faire des études, etc.
39:51 Et puis ça va remonter aux échelons les plus élevés
39:54 et ensuite ça va basculer sur le politique
39:56 et c'est là qu'on va créer des organismes spécialisés là-dedans.
39:59 Alors organismes à la fois pour préserver les troupes d'influence psychologique
40:07 et de tout ce qui est l'idéologie communiste au sein des forces armées
40:12 et puis aussi la capacité, promouvoir la capacité des troupes françaises
40:17 à mener des actions de guerre psychologique sur le terrain.
40:20 – Et ça va être le mot de la fin, Galindochine, après la guerre du Vietnam,
40:27 les prisonniers américains vont subir grosso modo les mêmes traitements ?
40:32 – C'est-à-dire qu'il va y avoir évidemment le coup des pagodes,
40:36 oui, on le voit, alors ce qui est amusant c'est que la mémoire française
40:40 ou la mémoire européenne a plus la mémoire de la guerre du Vietnam
40:43 que de la guerre d'Indochine à cause des films, de la littérature
40:48 et de la capacité toujours américaine à promouvoir son action.
40:52 – Bob Vilatou, merci, donc je renvoie nos téléspectateurs
40:56 à la revue d'histoire européenne, c'est le numéro 15
40:58 que vous trouvez encore dans les kiosques, donc à votre article.
41:03 Il y aura des images en incrustation, pardon, je crois que vous teniez
41:07 à remercier Marie-Danielle Desmélas pour les photos,
41:10 donc ce sont des photos qui viennent de collections privées ?
41:13 – Non, non, qui sont là, oui, enfin, non, non, en fait il y a énormément
41:19 d'images qui proviennent des reportages qui ont été faits
41:22 au moment de la libération, donc après jeunesse.
41:25 – Oui, effectivement les photos dans les camps même, il y en a très peu
41:28 et puis je rappelle donc leur série numéro 4 de la revue d'histoire européenne
41:33 "Parachutiste en Algérie".
41:35 Il est temps maintenant de retrouver Christophe Orlan et sa petite histoire,
41:39 mais avant n'oubliez pas de cliquer sur le pouce levé sous la vidéo
41:42 et de vous abonner à notre chaîne YouTube.
41:45 Je vous remercie, à bientôt.
41:46 [Musique]
41:55 Dien Bien Phu, morne cuvette pourrait-on dire,
41:59 car c'est dans cette cuvette, ou plutôt dans ce pot de chambre,
42:02 comme dirait un officier, que les troupes françaises vont affronter
42:06 dans les régions montagneuses du Nord-Vietnam l'armée du Viet Minh,
42:11 avec à la clé des mois de souffrance et de résistance,
42:15 héroïques certes, mais vaines, jusqu'au cessez-le-feu final
42:18 qui marquera la fin de la présence française en Indochine.
42:22 Voyons ça.
42:23 [Musique]
42:46 Alors un tout petit point de contexte, vous savez les français ont été chassés du Vietnam
42:50 en 1945 par les japonais.
42:52 Ils ont tenté d'y revenir ensuite, dans les mois suivants,
42:55 par la force en affrontant les indépendantistes vietnamiens
42:59 regroupés au sein de ce mouvement qu'on appelle le Viet Minh.
43:03 C'est ce qu'on appelle la première guerre d'Indochine
43:05 où les français vont pacifier tout le sud Vietnam,
43:08 le delta du fleuve rouge au nord et autour de Hanoi.
43:12 Mais il leur restait une chose à faire,
43:14 c'est de sécuriser les montagnes de l'arrière-pays
43:17 par lesquels le Viet Minh reçoit des armes, des munitions et des renforts
43:22 en provenance de la Chine.
43:24 Cette guerre, qui n'est même pas qualifiée ainsi à Paris,
43:27 on parle d'opération de pacification, déjà la novlangue,
43:31 elle était en train de traîner.
43:34 Et puis du côté des politiques et des haut-gradés,
43:37 on en avait assez, on souhaitait vraiment un succès militaire
43:41 clair et net sur le terrain
43:43 qui permettrait de se positionner en position de force
43:46 lors de la conférence de Genève
43:48 qui allait s'ouvrir et qui allait décider du sort de cette région.
43:51 Ainsi, le 20 mai 1953,
43:54 le président du conseil, qui est alors René Maillard,
43:57 nomme le général d'état-major Henri Navarre
44:00 à la tête du corps expéditionnaire français pour l'Indochine.
44:04 Alors ça commence par quelques opérations réussies,
44:07 ça permet de pacifier le delta,
44:10 mais rapidement le général Navarre va décider
44:14 d'attirer les troupes ennemies dans ce qu'il pense être un piège
44:17 sur le terrain de son choix,
44:19 en vue de les détruire toutes en un seul coup.
44:22 Et pour cela, il va choisir la cuvette de Dien Bien Phu
44:26 qui est située près de la frontière du Laos.
44:29 Cette cuvette de 16 km de long sur 9 de large,
44:32 on se demande où il a été la chercher
44:35 et d'où lui vient cette idée,
44:37 parce que même à l'époque ça faisait pas l'unanimité,
44:39 d'ailleurs un officier français dira
44:41 "mais c'est un pot de chambre, on va nous pisser de partout".
44:43 Alors voilà, bravo Henri, Henri Navarre,
44:45 pour cette brillante idée, c'est génie.
44:48 Le 20 novembre 1953, les opérations commencent,
44:51 deux bataillons de parachutistes français
44:54 sautent sur ce petit morceau de jungle
44:56 et chassent le régiment du Viet Minh qui l'occupait.
44:59 C'est là que la bataille de Dien Bien Phu commence.
45:02 Sous les ordres du colonel de Castries,
45:04 les français vont commencer à défricher le terrain,
45:07 à le transformer en un véritable camp retranché
45:10 avec des barbelés, des tranchées, des fortifications,
45:14 des forts, aux noms qui sont restés célèbres
45:17 de Gabriel, Béatrice, Isabelle, etc.
45:21 Aussi, ils aménagent un terrain d'aviation
45:23 qu'ils croient hors de portée du Viet Minh
45:26 pour les renforts et le ravitaillement.
45:28 Le but était d'attirer justement le Viet Minh
45:31 sur cette position pour les détruire
45:33 et c'est précisément ce qui se passe
45:35 puisque les communistes vietnamiens
45:37 vont commencer aussitôt à regrouper leurs forces
45:40 autour du camp retranché.
45:42 Mais ce que les français, en tout cas Henri Navarre,
45:44 plutôt, n'avaient pas prévu,
45:46 c'est l'ingéniosité d'Ho Chi Minh
45:48 qui est à la tête des indépendantistes vietnamiens
45:52 et qui va mobiliser ses troupes de façon magistrale.
45:56 Les viets vont pousser des bicyclettes,
45:58 des milliers de bicyclettes
46:00 et des milliers de coulisses,
46:02 c'était des servants, des gens qui s'occupaient justement
46:04 de la logistique de l'armée,
46:06 des milliers et des milliers de bicyclettes,
46:08 de petites mains vont acheminer
46:11 toute une artillerie lourde,
46:13 ils vont construire des tranchées, des routes,
46:15 en très peu de temps, dans la nuit,
46:17 dans la forêt,
46:19 et là, les français vont rapidement se retrouver
46:21 totalement encerclés, pris au piège.
46:24 "Qu'est-ce que c'est que cette jungle avec Vivienne ?
46:26 *Rires*
46:28 C'est la jungle de Vivienne d'Allen ou quoi là ?
46:30 *Rires*
46:31 C'est une réserve ou quoi ?
46:33 A la tête de cette armée, le général Giappe
46:35 et le 25 janvier 1954,
46:37 il va penser que le moment est venu d'attaquer,
46:39 il n'a alors que 35 000 hommes,
46:41 mais il va se raviser, et il aura eu raison.
46:43 Pour autant, il ne va pas se retirer,
46:45 l'ennemi commence à resserrer les taux,
46:47 avec 350 km de tranchées,
46:51 construits en très peu de temps, autour du camp.
46:53 Le 13 mars 1954,
46:55 l'attaque commence,
46:57 Giappe envoie ses troupes
46:59 à l'assaut de la cuvette
47:01 de Dien Bien Phu,
47:03 et côté français, la surprise est totale.
47:05 On ne s'attendait absolument pas
47:07 à voir arriver autant de Vietnamiens
47:09 appuyés en plus par une artillerie
47:11 mobilisée, je l'ai dit, à travers la jungle.
47:13 Les Français sont un peu plus de 10 000 hommes,
47:15 il s'agit d'engagés et pas de conscrits,
47:17 et l'armée française est composée
47:19 à 40 % d'hommes
47:21 de la Légion étrangère,
47:23 le tout, je l'ai dit, sous le commandement
47:25 du colonel de Castries.
47:27 En face, côté vietmine,
47:29 il y a plus de 70 000 hommes
47:31 et plus de 100 pièces d'artillerie.
47:33 C'est une véritable vague vietmine
47:35 qui va submerger les Français,
47:37 et ainsi, en deux jours, il y a déjà
47:39 deux Fortins, deux points,
47:41 Béatrice et Gabriel, qui tombent
47:43 définitivement aux mains de l'ennemi.
47:45 Le 16 mars, une partie d'Anne-Marie,
47:47 le fort d'Anne-Marie, c'est compris,
47:49 tombe, et la piste d'aviation
47:51 est désormais directement placée
47:53 sous le feu des armes du Vietmine.
47:55 Pour ne rien arranger, à partir du 27 mars,
47:57 la pluie qui tombe
47:59 sans discontinuer,
48:01 alors déjà, elle fait de cette tuvette
48:03 un véritable bourbier,
48:05 mais en plus, plus aucun avion ne peut
48:07 ni atterrir, ni décoller
48:09 du camp, les Français ne sont plus
48:11 relevés, les hommes restent sur place,
48:13 les blessés sont soignés
48:15 sur place, et le ravitaillement devient
48:17 très difficile. Et en face,
48:19 Jyap peut compter sur plus de
48:21 70 000 combattants,
48:23 des milliers et des milliers de coulisses.
48:25 Ces 70 000 combattants
48:27 sont régulièrement
48:29 relevés, et ces coulisses, justement,
48:31 ces petits auxiliaires, n'ont de
48:33 cesse de construire des routes, d'apporter
48:35 ravitaillement et matériel
48:37 en permanence. Autant vous dire que le rapport
48:39 de force devient très vite déséquilibré.
48:41 Depuis les hauteurs, le Vietmine
48:43 accroît progressivement
48:45 la pression sur la garnison
48:47 française, et les missions
48:49 pour tenter de se désenclaver,
48:51 de briser les taux, sont toutes des
48:53 échecs. Il y a quelques succès, malgré tout,
48:55 par exemple, les 28 et 29
48:57 mars, les parachutistes et
48:59 les légionnaires parviennent à détruire
49:01 les batteries d'artillerie
49:03 vietmine positionnées
49:05 au Fortin Anne-Marie, ce qui
49:07 redonne l'espoir un peu à la
49:09 garnison, mais cet espoir est de courte durée
49:11 puisque les assauts du Vietmine
49:13 ne vont jamais s'arrêter. Ainsi,
49:15 le 14 avril, le Vietmine
49:17 occupe tout le nord
49:19 de la cuvette, et la pluie aussi,
49:21 la pluie n'en finit plus de tomber,
49:23 rendant la situation totalement invivable.
49:25 Le 1er mai 1954,
49:27 Jyap lance
49:29 l'assaut final, la conférence
49:31 de Genève approche, l'assaut final
49:33 est lancé, et après de rudes combats
49:35 et la chute successive
49:37 de tous les Fortins français,
49:39 et bien le 7 mai à 17h30,
49:41 le cessez-le-feu
49:43 est prononcé. Ce fut vraiment une bataille
49:45 éprouvante, et une terrible défaite,
49:47 3000 morts et disparus
49:49 dans le camp français, ainsi que
49:51 4000 blessés,
49:53 10 000 hommes, 10 000 français, ceux qui restaient,
49:55 sont faits prisonniers, et leur calvaire
49:57 ne s'arrête pas ici, ils vont subir
49:59 un long calvaire à travers la jungle
50:01 et dans les camps vietnamiens
50:03 où ils seront humiliés
50:05 de la pire des manières possibles,
50:07 et sur ces 10 000 prisonniers, seuls
50:09 3300 seront libérés,
50:11 totalement épuisés,
50:13 en septembre 1954.
50:15 Côté Viet, évidemment, le bilan est plus lourd,
50:17 entre 20 et 30 000 blessés
50:19 et tués,
50:21 mais bon, la victoire leur revient, et puis des hommes,
50:23 ils en avaient en quantité presque
50:25 inépuisable, vous savez comment c'est.
50:27 Putain, mais qu'est-ce que c'est que cette jargue avec des viets ?
50:29 C'est le 13ème alors, cette jungle ou quoi, là ?
50:31 Quelques jours plus tard va donc
50:33 s'ouvrir la conférence de Genève, et là, la France
50:35 n'est plus en position de force, elle va conduire
50:37 cette conférence au partage du Vietnam
50:39 entre deux gouvernements antagonistes
50:41 et du retrait, au retrait
50:43 des français de cette région
50:45 asiatique. Bon, c'est sûr, c'est beaucoup moins
50:47 joyeux que l'épisode précédent
50:49 de la petite histoire qui traitait
50:51 d'Austerlitz, mais ça fait partie
50:53 de notre histoire, et il faut bien en parler
50:55 et rendre hommage aux hommes qui étaient
50:57 sur place et qui ont vécu, croyez-moi,
50:59 un véritable calvaire.
51:01 Sans plus tarder, au nom de toutes
51:05 les équipes de TVL, un formidable
51:07 merci. Au moment où je vous
51:09 parle, nous n'avons pas totalement bouclé
51:11 notre budget, mais le plus dur
51:13 est dorénavant derrière nous.
51:15 Cependant, au cours de ce mois,
51:17 nous avons pris toute une série de mesures
51:19 visant à une plus stricte maîtrise
51:21 des dépenses, se serrer la ceinture
51:23 sans toucher à l'essentiel,
51:25 le développement des programmes de TVL
51:27 et la politique d'investissement
51:29 dans cet outil devenu,
51:31 et c'est un exemple parmi d'autres,
51:33 une formidable école de
51:35 journalisme professionnel en action.
51:37 Ceci étant dit,
51:39 votre mobilisation est remarquable,
51:41 d'autant plus que la situation
51:43 économique des Français se dégrade
51:45 encore. Nous payons, nous payons.
51:47 Retraite ? Nous payons.
51:49 Conflit en Ukraine ? Nous payons.
51:51 Emeut de barbare ? Nous payons.
51:53 J'arrête là la trop longue liste.
51:55 Je profite aussi
51:57 de ces remerciements pour répondre
51:59 rapidement à une question
52:01 qui revient souvent. Pourquoi faire ces
52:03 appels aux dons qui peuvent lasser
52:05 certains téléspectateurs et qui donnent
52:07 aussi des sueurs froides aux journalistes et
52:09 techniciens de TVL dans l'attente
52:11 des résultats ? La réponse,
52:13 elle est toute simple. Le financement
52:15 participatif est le gage
52:17 de notre indépendance. Le don
52:19 direct de nos téléspectateurs
52:21 nous protège des banques
52:23 et des lobbies. D'un propriétaire
52:25 milliardaire qui fait pression sur les rédactions,
52:27 on en connaît. De l'argent de l'État
52:29 qui sert à sauvegarder les intérêts
52:31 de l'extrême centre et
52:33 imposer l'idéologie de l'extrême gauche,
52:35 ces deux-là s'entendent comme l'arrons-enfoir.
52:37 Nos campagnes
52:39 de dons permettent aussi de proposer
52:41 les programmes de TVL gratuitement
52:43 et sans passer sous les fourches
52:45 codines des annonceurs
52:47 et de leur publicité woke.
52:49 Le don des téléspectateurs
52:51 constitue donc un système vertueux
52:53 qui garantit la liberté.
52:55 C'est ce système qui permet à TVL
52:57 de devenir votre chaîne généraliste
52:59 de proximité, menant
53:01 un travail, un engagement
53:03 de service public contre les
53:05 mensonges politiques et les hystéries
53:07 de la caste médiatique.
53:09 TVL prouve chaque jour que
53:11 le combat contre ces entités
53:13 n'est pas une mission impossible.
53:15 Merci, merci à vous,
53:17 à notre communauté de donateurs
53:19 que je vous invite évidemment
53:21 à rejoindre. Bon été
53:23 sur TV Liberté.
53:25 [Musique]
53:27 [Musique]
53:29 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org