Le 15 avril 1912 se déroule une des plus célèbres tragédies de l’histoire : le Titanic sombre dans les eaux glacées de l’Atlantique nord, emportant avec lui 1.500 personnes. Une énorme vague d’émotion ébranle le monde entier, si bien qu’on ne compte plus le nombre de films, documentaires, livres, séries télévisées et même jeux vidéo qui font référence à ce drame. La confiance absolue de l’humain envers sa technologie est fortement ébranlée : le navire insubmersible…submergé ?!
Mais est-ce que c’est si vrai que ça ? Est-ce que, lorsque vous prenez un train, un bateau ou un avion, vous avez vraiment conscience des contraintes et des risques que ça suppose ? Aujourd’hui, on va voir quelles lois ont été changées après le naufrage du Titanic, et quelles mauvaises habitudes…sont restées exactement les mêmes ! Alors, a-t-on réellement retenu la leçon ?
Écriture : Benjamin Brillaud et Histony/Antoine Resche
Retrouvez la chaîne d'Histony juste ici : https://www.youtube.com/c/Histony
Montage : Boidin Charles https://www.youtube.com/c/BoidinCharles
Notre épisode sur la lettre du Titanic est disponible ici : https://youtu.be/jpR8dG-TJjQ
Tous les rapports des enquêtes sur le Titanic sont disponibles sur le Titanic Inquiry Project : https://www.titanicinquiry.org/
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Mais est-ce que c’est si vrai que ça ? Est-ce que, lorsque vous prenez un train, un bateau ou un avion, vous avez vraiment conscience des contraintes et des risques que ça suppose ? Aujourd’hui, on va voir quelles lois ont été changées après le naufrage du Titanic, et quelles mauvaises habitudes…sont restées exactement les mêmes ! Alors, a-t-on réellement retenu la leçon ?
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ÉducationTranscription
00:00 Mes chers camarades, bien le bonjour.
00:01 Le 15 avril 1912 se déroule une des plus célèbres tragédies de l'Histoire.
00:06 A ce moment-là, le Titanic sombre dans les eaux glacées de l'Atlantique Nord, emportant
00:10 avec lui 1500 personnes.
00:12 Suite à cet événement, une énorme vague d'émotions va ébranler le monde entier,
00:17 si bien qu'on ne compte plus le nombre de films, de documentaires, de livres, de séries
00:21 télévisées et même de jeux vidéo qui font référence à ce drame.
00:25 Et il faut dire que la confiance absolue de l'humain envers sa technologie est quand
00:28 même fortement ébranlée, le navire insubmersible submergé.
00:33 Mais la question qu'on peut se poser c'est, est-ce que c'est si vrai que ça ? Est-ce
00:36 que lorsque vous prenez un train, un bateau ou un avion, vous avez vraiment conscience
00:40 des contraintes et des risques que ça suppose ?
00:42 Eh bien aujourd'hui, je vous propose de voir quelles lois ont été changées après
00:48 le naufrage du Titanic et quelles mauvaises habitudes sont restées exactement les mêmes.
00:53 Finalement, est-ce qu'on a vraiment retenu la leçon ?
00:56 En 1912, la construction de Pacbo est en plein essor.
01:03 Ses vaisseaux sont toujours plus imposants, sûrs et confortables.
01:07 Les coques en acier ont remplacé le bois et le fer et plusieurs hélices actionnées
01:11 par vapeur ont jeté les voiles aux oubliettes.
01:13 On ne risque plus de se retrouver immobilisé au milieu de l'océan.
01:17 Les coques compartimentées avec des cloisons étanches limitent aussi les inondations en
01:21 cas de brèche.
01:22 Le navire peut tenir très longtemps, suffisamment pour être ramené jusqu'au port.
01:27 Les dispositifs technologiques se multiplient pour repérer les obstacles, éviter les collisions
01:32 et donc mieux sauver des vies.
01:33 Et enfin, la télégraphie sans fil qui équipe les navires à partir de 1900 change la donne.
01:38 Ceux-ci ne sont plus vraiment isolés en mer, ils peuvent se contacter mutuellement, se
01:43 signaler des obstacles, s'appeler à l'aide.
01:45 A peine quelques années auparavant, un navire en détresse ne pouvait compter que sur la
01:49 chance pour être secouru à temps.
01:51 C'est dans ce contexte que les excellents chantiers Arland & Wolfe de Belfast fournissent
01:55 à la compagnie de la White Star Line un fleuron de la technologie, le Titanic.
01:59 Pour comprendre un peu ce que ça représente, imaginez qu'en 1912, le capitaine du Titanic
02:04 avait plus de 60 ans.
02:06 Dans sa carrière, il avait commencé sur des voiliers, puis des bateaux de plus en
02:10 plus gros et plus en plus rapides et solides, et en fin de compte, jusqu'au Titanic qui
02:15 était 10 fois plus gros que le tout premier navire qu'il avait commandé, qui était
02:18 pourtant l'un des plus aboutis de son temps.
02:20 Et du coup, il voyait d'année en année apparaître des technologies toujours plus
02:24 rassurantes et révolutionnaires.
02:26 De quoi être assez confiant.
02:28 Peut-être trop d'ailleurs.
02:30 Cette confiance paraît légitime grâce à tous les progrès qu'on vient de citer.
02:33 En 1909, le paquebot République est éprôné par un autre navire dans le brouillard.
02:38 La collision est si violente que plusieurs personnes meurent sur le coup.
02:41 Le navire était très, très endommagé.
02:44 Et pourtant, magie des compartiments étanches, le République tient presque 40 heures.
02:49 Magie de la radio, les navires viennent à son secours.
02:52 Magie des canots de sauvetage, les passagers sont emmenés sur d'autres navires.
02:56 A part les victimes du choc, tout le monde s'en sort indemne.
02:58 C'est vraiment un miracle qui vaut à l'opérateur radio d'être célébré en héros.
03:03 Autre exemple, en 1911, l'Olympic quitte le port.
03:06 Quand soudain, le HMS Hawke l'éprône.
03:09 C'est un croiseur de combat armé d'un éperon destiné à couler les navires ennemis.
03:13 Et bien, l'Olympic n'a que quelques brèches.
03:16 Quelques semaines plus tard, il est de retour en service comme neuf.
03:20 Et l'Olympic, c'est le navire jumeau du Titanic.
03:23 Autant vous dire que le public a de bonnes raisons de croire que les nouveaux paquebots sont tous insubmersibles,
03:28 comme on dit, un qualificatif que la presse va utiliser assez fréquemment, y compris pour le Titanic.
03:34 Malgré tous ses atouts, le Titanic, qui est quand même le navire le plus perfectionné de son temps,
03:42 a coulé en à peine trois petites heures.
03:44 Alors comment ? Pourquoi ?
03:47 Et bien, il y a beaucoup de facteurs qui rentrent en compte.
03:49 La radio a bien sûr joué son rôle.
03:51 Grâce à elle, plusieurs navires signalent au Titanic des icebergs sur sa route.
03:55 Les messages sont transmis aux officiers, mais pas tous.
03:58 Les opérateurs ont un trafic trop important à gérer.
04:01 Mais ça ne change rien, le capitaine et les officiers savent qu'ils approchent d'une zone dangereuse.
04:06 Pourtant, lorsqu'ils heurtent l'iceberg, le Titanic file à une vitesse trop élevée, 21 ou 22 nœuds.
04:12 On reste bien en dessous des recordman qui traversaient à cette époque l'Atlantique à une moyenne de 26 nœuds, soit environ 48 km/h.
04:20 N'empêche que le Titanic, il allait quand même très vite.
04:23 On a souvent rejeté la faute sur Bruce Ismay, le président de la compagnie,
04:26 qui se trouvait à bord et aurait imposé cette vitesse pour battre des records.
04:30 C'est archi faux.
04:31 La White Star Line, et Bruce Ismay en particulier, menaient une politique opposée aux records de vitesse
04:37 et incitaient leurs commandants à une grande prudence.
04:40 Mais les commandants interrogés suite au drame ont tous confirmé la même chose.
04:44 À l'approche d'une zone dangereuse, ils maintenaient leur vitesse.
04:47 Pour en sortir plus vite.
04:49 C'est un peu aussi stupide qu'accélérer sur l'autoroute quand il y a une tempête qui éclate pour rentrer plus vite chez soi.
04:54 Mais à l'époque, c'est une pratique qui est assez répandue.
04:57 Le capitaine ordonne donc à ses officiers de surveiller étroitement la météo.
05:01 Tant que celle-ci reste claire et la mer calme, il n'y a pas lieu de ralentir.
05:05 Si le temps se lève, il faudra immédiatement le prévenir et ralentir.
05:09 Malheureusement, le temps est resté très clair et la mer d'huile.
05:12 Mais la nuit, elle, était sombre, sans lune et faussement rassurante.
05:17 Sans vent, sans vagues, les icebergs étaient plus durs à repérer, surtout dans l'obscurité.
05:22 Au moment où l'obstacle fatal est aperçu, il est déjà trop tard.
05:26 On a souvent dit que des jumelles auraient pu aider la vigie à voir l'obstacle.
05:30 Beaucoup de spécialistes en doutent.
05:32 Cette idée fait surtout parler ceux qui cherchent le détail qui aurait pu tout changer.
05:35 Ce qui met un petit peu de sensationnel dans les documentaires.
05:38 Dans les faits, une seule chose aurait pu sauver le Titanic, c'est de ralentir.
05:42 Mais en 1912, personne n'avait vraiment ce réflexe.
05:45 C'est pas de chance.
05:46 Tellement pas de chance quand même que j'y pense.
05:48 On n'avait pas dit que les coques compartimentées rendaient les navires insubmersibles ?
05:53 Et en effet, le Titanic aurait dû résister à une collision.
05:56 Deux ou trois, voire quatre compartiments contigus auraient pu être inondés sans que le navire coule.
06:01 Le navire est immunisé aux blessures de plusieurs dizaines de mètres de long.
06:05 Il était statistiquement très très très improbable que ces seuils soient dépassés.
06:10 C'est un peu comme si tous les réacteurs d'un avion tombaient tous en même temps en panne.
06:15 Vraiment, ça arrive jamais quoi.
06:17 Mais c'est la manœuvre d'évitement du Titanic qui a posé problème.
06:21 En fait, l'iceberg l'a à peine touché.
06:23 Beaucoup à bord n'ont senti aucune secousse.
06:25 L'avantage est qu'il y a eu très peu de panique à bord.
06:27 La plupart des gens ignoraient qu'en courant tout le long du flanc,
06:30 les prons de glace n'avaient pas percé trois ni quatre, mais bien jusqu'à six compartiments.
06:34 L'attaque, elle est vraiment rarissime.
06:37 Aucun navire de son époque, et probablement d'ailleurs même aujourd'hui, ne pourrait y survivre.
06:42 Donc, deux heures et quarante minutes après le choc,
06:45 le Titanic disparaissait, ne laissant derrière lui que vingt canaux de sauvetage
06:49 et un peu plus de 700 survivants.
06:51 Les canaux d'ailleurs sont au cœur d'une polémique.
06:53 Il n'avait qu'une capacité de 1178 personnes,
06:56 alors que le Titanic pouvait accueillir 3500 passagers.
06:59 Exactement 2200 lors du naufrage.
07:02 On avait de canaux que pour la moitié des passagers.
07:05 Et ils sont repartis pleins seulement aux deux tiers.
07:07 Comme on l'a dit, il a fallu longtemps pour que les victimes comprennent que leur vie était en jeu.
07:12 Résultat, les premiers canaux de sauvetage sont aux trois quarts vides.
07:16 Personne ne voulait prendre le risque d'y monter.
07:19 Et puis, il y a quand même une question qui reste.
07:21 Pourquoi est-ce qu'il n'y avait pas plus de canaux ?
07:23 Encore une idée reçue, née de l'esprit des amateurs de polémiques.
07:26 La compagnie aurait mis peu de canaux pour faire des économies.
07:30 Alors, soyons clair, vu le prix de ce monstrueux paquebot,
07:34 mettre 20 ou 60 ridicules canaux ne change absolument rien au budget.
07:39 C'est en fait une question de législation.
07:41 Vieille d'une dizaine d'années, elle était conçue pour les navires plus modestes.
07:45 Mais surtout, avec des dizaines d'heures de maintien à flot,
07:48 un même canau a amplement le temps de faire des allers-retours
07:51 pour mettre les passagers à bord de navires de secours.
07:54 Pas besoin d'une place par personne.
07:56 Et alors, vous connaissez peut-être pas la meilleure, mais en réalité,
07:58 le Titanic dépassait les exigences de la loi en matière de canaux.
08:02 Donc les canaux, les jumelles, les compartiments…
08:06 Vraiment, l'explication se trouve clairement pas là
08:09 si on cherche à comprendre ce qui s'est passé.
08:10 Le naufrage du Titanic a provoqué une remise en question totale des normes de l'époque.
08:18 Et pas seulement pour la White Star Line, mais aussi pour toutes les autres compagnies,
08:22 et même pour le gouvernement britannique.
08:24 Deux enquêtes parallèles furent lancées par le Sénat américain
08:27 et le Tribunal des Naufrages britanniques.
08:29 Les milliers de pages de témoignages sont aujourd'hui accessibles sur Internet.
08:33 Comme c'est passionnant, je vous mets le lien en description.
08:36 Survivants, passagers ou membres d'équipage,
08:39 mais aussi divers capitaines, dirigeants de compagnies et architectes navals
08:42 participèrent à ce gigantesque dossier.
08:45 Le but ? Créer des recommandations utiles à l'avenir de la navigation.
08:50 Première recommandation,
08:51 Bruce E. Smith décide que plus aucun navire de ses compagnies ne quittera le port
08:55 sans que chaque passager et membre d'équipage ait une place dans un canot.
08:59 Le manque à gagner est grand, il faut renoncer à remplir certains navires.
09:03 Mais ça semble tellement logique que bien vite les autres compagnies emboîtent le pas.
09:08 Et d'ailleurs, après ce drame, franchement,
09:10 qui aurait voulu embarquer sur un navire qui manquait de canot ?
09:13 Mais on l'a dit, c'est un faux problème.
09:15 Plus de canot n'aurait rien changé.
09:17 D'ailleurs, l'équipage a galéré à en utiliser vingt d'un coup.
09:21 Les deux derniers ont fini à l'eau.
09:23 On peut même se dire qu'avec plus de canot,
09:25 les passagers auraient été encore moins pressés.
09:27 Déjà pas très remplis, les premiers seraient alors carrément repartis à vide.
09:31 En résumé, avoir sur le papier les moyens de sauver tout le monde, c'est bien,
09:35 mais ça signifie pas que la pratique suivra derrière.
09:37 Le meilleur plan d'évacuation du monde ne sert strictement à rien si personne ne l'applique.
09:41 Deuxième recommandation,
09:42 disposer de normes de sécurité universelles.
09:45 Sur ce plan, la loi a eu beaucoup de mal à évoluer.
09:48 En 1912, une convention régule l'usage de la télégraphie en cas d'urgence
09:52 pour qu'on arrête de partir dans tous les sens.
09:54 Puis, en 1914, la grande convention Solas réunit toutes les grandes puissances maritimes
10:00 pour adapter les lois de sécurité maritime.
10:02 Mais à la fin de l'année, les pays signataires sont trop occupés à se faire la guerre.
10:06 C'est donc seulement en 1920 que la convention internationale est enfin ratifiée.
10:11 Ouf, bon, quand est-ce qu'on parle des vrais problèmes ?
10:15 Troisième recommandation, la vitesse.
10:17 En cas de danger, tout capitaine doit absolument ralentir.
10:21 Le problème, c'est que cette troisième directive n'est jamais prise en compte.
10:24 Pire, la course à la vitesse ne cesse d'accélérer.
10:27 Le Titanic voguait à 22 nœuds.
10:30 Vingt ans plus tard, le Normandie montait à 30.
10:33 Et dans les années 1950, le United States filait jusqu'à 38.
10:38 Le Titanic traversait l'Atlantique en 7 jours,
10:40 et l'United States en seulement 3 jours et demi.
10:43 Donc dans la catégorie du ralentissement, on est d'accord qu'on a vu mieux.
10:46 C'est tout bête, la clientèle désire avant tout arriver le plus tôt possible à destination.
10:51 Et comme l'évolution technologique ne cesse de renforcer la confiance dans les navires,
10:55 on continue de traverser l'Atlantique toujours plus vite,
10:57 en partant du principe que la technologie éliminera tout danger.
11:01 Et en cas d'incident, c'est la faute du capitaine qui aurait pu prendre plus de précautions.
11:06 Mais attendez un peu, parce que la technologie qui élimine le danger,
11:09 c'est pas exactement cette logique vraiment toute pourrie qui a causé le naufrage ?
11:13 Bah si, et effectivement, c'est la clé du problème,
11:16 puisque la technologie doit composer avec le facteur humain.
11:19 En fait, le commandant est un peu piégé dans tout ça,
11:22 parce qu'il doit mesurer un risque avant le drame.
11:25 Mais s'il n'y a aucun drame qui a lieu, il doit aussi justifier sa décision après coup.
11:30 Mettez-vous un peu à la place d'Edward Smith, le capitaine du Titanic.
11:34 En présence d'iceberg, la sagesse suggère de ralentir, voire d'arrêter pour la nuit.
11:39 S'il fait ça, on arrive à bon port, mais avec une bonne journée de retard.
11:43 Les passagers, inconscients du danger de mort auquel ils viennent d'échapper,
11:47 n'ont vu qu'une chose, le retard accumulé.
11:50 Et ils déposent plainte en masse.
11:52 Avouez, ça vous est déjà arrivé d'être bloqué dans un train SNCF,
11:55 arrêté pour une durée indéterminée pour de mystérieuses raisons de sécurité ?
11:59 Et là, c'est quasi automatique, tout le monde se met à râler.
12:02 Mais peut-être que sans que vous le sachiez,
12:04 des mesures sont en cours pour éviter un drame affreux
12:07 comme la cinquantaine de morts de la gare de Lyon en 1988.
12:10 La SNCF peut prendre tout son temps,
12:12 parce que de toute façon, elle n'a pas de concurrence, donc la sécurité prime.
12:16 Mais pour les compagnies maritimes de l'époque, l'enjeu était très différent.
12:20 La concurrence incitait à faire sauter les mesures de sécurité,
12:23 surtout quand celles-ci étaient impopulaires.
12:25 Donc, la prochaine fois que vous entendez pester à cause de ce genre de retard,
12:29 et bien rappelez-vous du Titanic,
12:31 parce que c'est ça la leçon qu'on n'a pas tiré de son naufrage.
12:34 Et j'en ai la preuve, un autre naufrage très célèbre et beaucoup plus récent.
12:39 En 2012, pile un siècle après le naufrage du Titanic,
12:46 et bien c'est au tour du Costa Concordia de sombrer.
12:48 Le 13 janvier, sous le commandement de Francesco Settino,
12:51 ce paquebot de croisière de 114 000 tonneaux, plus de deux fois le Titanic,
12:56 avec plus de 4 200 personnes à bord,
12:58 longe la côte Toscane et fait une manœuvre connue, l'Inchino, la révérence en italien.
13:03 Ça consiste à passer très près des côtes pour la plus grande satisfaction des habitants.
13:07 Cette pratique, aussi nommée "sail by salute",
13:10 est très fréquente pour les gros paquebots de croisière,
13:13 car elle génère une bonne publicité.
13:15 Les compagnies sont officiellement très discrètes à son sujet,
13:18 elles ne l'encouragent pas ouvertement.
13:20 Mais elles sont loin de la condamner.
13:22 Alors que l'Inchino est assez dangereux.
13:24 Mais comme autrefois, c'est la satisfaction du public qui prime.
13:27 Ou peut-être qu'avec un bateau haut comme un immeuble de 11 étages,
13:30 on a tout simplement affaire au syndrome du bon gros kéké
13:34 avec sa grosse bagnole qui veut se la péter.
13:37 Le capitaine Settino avait déjà effectué sa révérence près de l'île de Giglio
13:41 quelques mois auparavant.
13:42 Mais ce jour-là, les choses se passèrent mal.
13:45 Le navire heurta des rochers avant de commencer à perdre l'équilibre,
13:49 jusqu'à totalement chavirer.
13:50 Les images sont impressionnantes,
13:53 tout autant que les scènes de panique qui éclataient instantanément.
13:56 Settino lui-même quitta le navire prématurément,
13:58 alors que plusieurs centaines de passagers étaient encore à bord.
14:01 Et, paniqué, il refusa de remonter malgré les ordres.
14:05 Il est alors devenu l'homme le plus détesté d'Italie,
14:09 tandis que la phrase "Vada a bordo, caso"
14:12 "Retourne à bord, bordel"
14:13 hurlée par le commandant des gardes-côtes,
14:15 est devenue un véritable mème en Italie.
14:18 Le bilan du drame est assez terrible avec un total de 32 morts.
14:21 Et pourtant, le pire a probablement été évité.
14:24 Avec l'inclinaison du navire et le chaos qui régnait,
14:27 franchement, seulement 32 victimes sur 4000 passagers,
14:31 ça tient du miracle.
14:32 Le coupable tout désigné est le capitaine Settino.
14:35 Auteur de la manœuvre dangereuse,
14:37 on voit en lui une véritable caricature de l'Italien.
14:40 On se moque de lui parce qu'il entretenait même sa maîtresse à bord,
14:42 et on le traite de lâche pour avoir abandonné son bâtiment.
14:46 Il purge désormais une peine de 16 ans de prison.
14:48 Mais la question qu'on peut se poser, c'est que est-ce que cette sanction,
14:51 qui est évidemment jugée trop faible par les familles des victimes,
14:54 ne manque pas totalement sa cible ?
14:56 Si Settino a fait une manœuvre hasardeuse,
14:58 que dire de la compagnie Costa Croisière,
15:01 qui était au courant de cette pratique,
15:02 qui ne l'a jamais sanctionnée,
15:04 et l'a peut-être même discrètement encouragée.
15:07 Comme d'autres compagnies,
15:08 elle a aussi tendance à aller chercher la main-d'œuvre la moins chère possible,
15:11 si bien qu'une bonne partie de l'équipage
15:13 ne parlait même pas italien,
15:15 la langue d'usage pour les manœuvres à bord.
15:16 À cause de ça, l'évacuation a été un véritable enfer.
15:20 Enfin, les compagnies traitent souvent avec légèreté
15:22 les exercices de sécurité obligatoires.
15:24 Quel touriste a envie de commencer sa croisière
15:26 par un topo sur les procédures d'évacuation ?
15:28 Le plaisir d'abord !
15:29 Mais voilà, la compagnie est un fleuron de la marine italienne.
15:32 Il ne faut pas trop l'inquiéter,
15:34 elle n'a qu'un petit million à débourser,
15:36 les assurances s'occupant du reste.
15:38 Ses dirigeants ont bizarrement trouvé ce jugement très, très équilibré.
15:42 Et nous, on peut se poser la question,
15:44 est-ce qu'on a vraiment tiré les leçons du naufrage du Titanic ?
15:48 Avec des navires qui sont toujours plus gros et difficiles à évacuer,
15:52 qu'est-ce qui va se passer si un jour,
15:54 il y a le malheur qui frappe par exemple le Symphony of the Sea,
15:58 qui est quand même deux fois le Concordia,
16:00 près de 9000 personnes à bord ?
16:02 On peut pointer la part de responsabilité de quelques boucs émissaires,
16:05 comme les capitaines Edward Smith ou Francesco Scettino,
16:09 mais finalement, les failles du système,
16:10 elles dépassent largement la simple erreur humaine.
16:13 On a des dynamiques commerciales qui vont mettre dans la balance
16:16 la sécurité des passagers et le profit, tout simplement.
16:21 Avec l'exemple du Titanic, on a vraiment le passé qui nous parle.
16:25 Et nous maintenant, on n'a plus qu'à l'écouter.
16:28 Si cet épisode sur le Titanic vous a plu,
16:30 n'hésitez pas à vous rendre sur la chaîne Nota Bonus.
16:33 On vient juste d'y sortir un autre épisode sur le Titanic,
16:35 qui concerne cette fois-ci une lettre d'un passager
16:38 qui aurait été retrouvé et qui aurait peut-être pressenti le drame.
16:43 Merci à tous d'avoir suivi cet épisode.
16:44 Merci à Antoine Resch de la chaîne Histonie de m'avoir aidé à le préparer.
16:49 Si cette vidéo vous a plu, n'hésitez pas à liker, à partager,
16:53 à vous abonner à la chaîne pour découvrir de nouvelles vidéos.
16:56 On se dit à très bientôt sur Nota Bene.
16:58 Salut !
16:59 (Générique)