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Mercredi 12 juillet 2023, SMART TECH reçoit Yosra Jarraya (directrice générale et cofondatrice, Astran)

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00:00 [Musique]
00:06 Grande interview aujourd'hui dans Smartech avec Yosra Jaraya. Merci beaucoup d'être avec nous.
00:11 Yosra, vous êtes la cofondatrice, directrice générale d'Astran.
00:14 Astran, donc éditeur de logiciels spécialisés dans la sécurisation de nos données dans le cloud.
00:20 Vous avez une technologie bien particulière qu'on va détailler ensemble.
00:24 C'est une solution de stockage dans le cloud qui a été reconnue comme efficace par l'ACNIL,
00:31 la commission qui protège nos données personnelles, en tout cas qui y veille,
00:35 qui a été reconnue comme efficace pour éviter les transferts de données sensibles en dehors de l'Union Européenne.
00:41 Donc le secret, je vous disais, c'est une technologie.
00:44 Votre moteur au départ d'Astran, c'est ça ? C'est de régler ces questions de souveraineté par une réponse technologique ?
00:51 Alors, à la création d'Astran, on venait d'une problématique, je dirais, un peu plus large que la souveraineté
01:01 parce qu'on réfléchissait en termes de confidentialité des données dans le cloud.
01:05 On se disait qu'on utilise des solutions extrêmement efficaces tous les jours
01:10 pour gagner en célérité dans l'entreprise, mais on y laisse toujours une part de confidentialité de ces données.
01:19 Et à un moment, on s'est dit mais en fait, ce n'est pas normal, il devrait exister une solution.
01:24 Et c'est à partir de là qu'on a itéré un certain temps pour trouver la bonne formule,
01:29 mais de trouver comment faire pour combiner les deux, pour continuer à bénéficier de ces solutions cloud,
01:34 mais dans le même temps avoir une meilleure confidentialité pour ces données.
01:38 Et alors comment, techniquement, vous faites pour garantir cette immunité des données vis-à-vis de transferts vers les États-Unis,
01:47 mais également la Chine ou n'importe quel autre pays extra-Union européenne ?
01:51 Alors le secret, c'est de ne pas passer par les technologies habituelles
01:58 qui vont garder la donnée au même endroit centralisée et la chiffrer.
02:03 Ça, c'est ce qui se passe habituellement.
02:05 Quand on fait ça, en fait, on déporte la confidentialité des données,
02:08 on va déporter toute cette sensibilité sur la clé.
02:11 Et il suffit qu'il y ait le moindre problème avec la clé,
02:13 ou même que de manière normale dans son processus, elle transite par les fournisseurs cloud
02:18 ou par des fournisseurs d'autres pays pour que la donnée soit exposée.
02:23 Et donc nous, toute notre obsession, c'est qu'il n'y ait pas de clé.
02:27 C'est qu'on trouve une architecture où on protège la donnée elle-même plutôt que de protéger la clé.
02:32 Et donc c'est un petit peu ça qu'on va détailler, je pense.
02:35 Et l'idée, c'est du coup, pour donner une vision très très large,
02:38 c'est de découper la donnée et de la distribuer sur plusieurs lieux de stockage.
02:43 Donc en fait, on a une réponse architecturale au problème
02:46 plutôt qu'une réponse uniquement cryptographique.
02:49 Mais ça veut dire quoi ? Il faut choisir plusieurs fournisseurs de cloud ?
02:52 Alors, c'est une des possibilités, oui.
02:55 Ça peut fonctionner, dans le cas de notre technologie,
02:57 elle peut fonctionner soit sur plusieurs fournisseurs de cloud différents,
03:01 et on est compatible avec déjà tous les clouds français, tous les clouds américains.
03:05 Et on peut très rapidement être compatible avec d'autres.
03:08 Et on peut aussi mettre une partie sur ses propres serveurs, c'est tout à fait possible.
03:13 Donc comment est-ce qu'elle est fragmentée ?
03:17 Comment est-ce que vous découpez ces données ?
03:20 Oui, c'est une suite d'algorithmes mathématiques.
03:24 La particularité, c'est que, pris chacun séparément,
03:28 ces algorithmes sont insuffisants pour avoir le niveau de sécurité qu'on requiert,
03:33 mais mis ensemble, et c'est toute l'originalité, c'est ce qu'on a breveté d'ailleurs,
03:37 ça fonctionne pour permettre une confidentialité parfaite de bout en bout.
03:41 L'idée, c'est qu'il y a un premier algorithme qui va rendre la donnée confidentielle en l'encodant,
03:48 mais si on a toute la donnée, on arrive à la déchiffrer,
03:52 et donc il y a un deuxième algorithme qui va la découper
03:56 et la distribuer sur plusieurs points de stockage.
03:59 Du coup, du point de vue de chaque point de stockage,
04:01 on n'a accès qu'à des fragments encodés,
04:04 on ne sait pas ce que c'est, on ne sait pas si c'était une photo, un document, à qui ça appartient,
04:08 on ne sait rien du tout du point de vue du fournisseur,
04:11 mais on a réussi à faire en sorte qu'il y ait une authentification
04:14 pendant tout ce processus que je viens de décrire,
04:17 pour que personne ne puisse se faire passer pour le propriétaire de la donnée.
04:21 Même nous d'ailleurs, on n'a pas accès à la donnée de nos clients.
04:24 Et ces différents points de stockage sont déterminés par qui, comment, à quel moment ?
04:30 Ils sont déterminés d'un commun accord avec nos clients,
04:34 qui vont décider où est-ce qu'ils veulent les mettre,
04:36 s'ils ont des affinités avec des fournisseurs cloud particuliers,
04:40 voire s'ils ont déjà des crédits à consommer,
04:43 évidemment on va les encourager à utiliser ça en premier lieu.
04:46 Et nous ensuite, on est capable de compléter,
04:48 on est nous-mêmes en relation avec tous les fournisseurs de stockage cloud,
04:50 donc on peut leur permettre de compléter la palette en tant que de besoin.
04:54 D'accord, et donc c'est vraiment une solution logicielle que vous fournissez, uniquement ?
04:58 Oui.
04:59 Non, nous on n'héberge pas nous-mêmes la donnée,
05:01 on est une couche intermédiaire,
05:03 et selon la manière dont on travaille avec le client,
05:07 si on lui gère tout de bout en bout,
05:09 on est ce qu'on appelle une solution PaaS,
05:11 donc Platform as a Service,
05:13 donc à partir de la première couche logicielle, celle de l'outil,
05:18 par exemple l'outil de gestion documentaire, de CRM, etc.,
05:23 ça c'est la toute première couche,
05:24 nous on vient juste en dessous, et on peut gérer tout ce qui est en dessous.
05:27 D'accord, parce que ce problème de multicouche pose aussi des problèmes de sécurité aujourd'hui.
05:34 Oui, en fait ce qui se passe aujourd'hui c'est que soit on choisit la praticité,
05:40 et on laisse tout aux mains du fournisseur du coup pour le coup de logiciel SaaS,
05:44 du logiciel métier, et on lui laisse tout gérer,
05:47 y compris le chiffrement, les clés de chiffrement,
05:51 toute la sécurité de la donnée est gérée par une seule entité.
05:54 Dans ce cas, on n'est pas conforme à RGPD,
05:57 donc ça revient à ce que tu disais en introduction,
06:00 on n'est pas conforme à RGPD, on laisse des failles de sécurité
06:04 liées au fait que la clé doit toujours transiter par ce fournisseur,
06:08 et on a une faille de souveraineté,
06:10 parce que du coup le fournisseur et les gouvernements sous-jacents peuvent accéder à la donnée,
06:14 même si bien sûr ils vont dire qu'ils ne l'utilisent que à très bon escient,
06:19 que dans un contexte judiciaire, et c'est vrai,
06:21 mais pour autant, est-ce que cette simple faisabilité est acceptable,
06:25 d'un point de vue de la souveraineté numérique de nos entreprises ?
06:28 Donc c'est un peu la question auquel on entend beaucoup de choses sur ce sujet ces derniers temps,
06:34 et en réalité nous on dit, plutôt que de faire des choses très complexes,
06:39 s'il existe une solution technique simple, quelque part, pourquoi s'en priver ?
06:44 Oui c'est ça, c'est comment répondre à ce casse-tête juridique,
06:47 puisque l'Union Européenne et les Etats-Unis travaillent ensemble
06:51 pour trouver un cadre sécurisé pour le transfert de données en dehors de l'Europe,
06:56 vous nous dites "moi j'apporte une solution technologique finalement",
06:59 je voulais parler un peu de votre parcours,
07:02 donc plus de 10 ans en tant qu'avocate d'affaires,
07:06 vous n'êtes pas du tout dans les technologies au démarrage,
07:08 et puis vous vous intéressez à ce sujet de la blockchain,
07:11 vous partez suivre une formation au MIT,
07:15 et c'est là que vous décidez de lancer Astran,
07:18 on est en 2021, finalement c'est pas si loin,
07:21 vous êtes encore une jeune start-up,
07:24 vous vous spécialisez donc sur ces questions de souveraineté, de sécurité,
07:29 mais aussi de conformité RGPD, de blockchain,
07:32 et cette année vous avez été sélectionnée dans la promotion des Young Leaders
07:36 de la French American Foundation.
07:38 Alors je trouve ça super,
07:40 mais c'est aussi une fondation qui prône les échanges culturels
07:43 entre la France et les Etats-Unis,
07:45 ils ne sont pas un peu rancuniers que vous apportiez une solution technologique
07:48 à un problème de souveraineté qui se pose en général
07:52 avec des fournisseurs cloud américains ?
07:55 Alors au contraire, ils voient notre solution comme un pont,
08:00 qui va résoudre le problème sans cristalliser
08:06 d'émotions subjectives ou négatives.
08:10 La France, l'Europe et les Etats-Unis sont des alliés de longue date,
08:15 maintenant il y a cette question de souveraineté,
08:18 il faut la traiter d'une manière ou d'une autre,
08:20 tout en facilitant les échanges économiques,
08:23 parce que les enjeux économiques sont énormes,
08:25 parce que les fournisseurs cloud américains
08:28 représentent aujourd'hui 70% du marché européen du cloud,
08:31 donc on ne peut pas se voiler la face,
08:34 on ne peut ni se voiler la face côté français,
08:37 ni se dire "non mais on va récupérer toutes ces parts de marché",
08:41 ça semble un tout petit peu compliqué,
08:43 on peut grignoter des petites parts en faisant des efforts
08:46 sur la souveraineté, sur du "share-client cloud" etc,
08:50 mais on ne pourra pas renverser complètement la tendance sur le cloud,
08:54 c'est trop tard.
08:55 Côté américain, on ne peut pas se voiler non plus la face en disant
08:58 "c'est bon, on est en train de négocier un privacy shield,
09:00 tout va rentrer dans l'ordre",
09:02 parce qu'en fait le mouvement de la souveraineté
09:03 il est plus large qu'un mouvement juridique,
09:05 c'est un besoin des entreprises de sentir qu'elles ont le contrôle
09:08 sur leurs données les plus importantes et les plus stratégiques.
09:11 Donc des deux côtés il y a la volonté de trouver une solution,
09:13 et donc la fondation franco-américaine voit notre solution
09:18 comme faisant un pont permettant de faciliter ces échanges économiques
09:23 tout en mettant les européens à l'aise sur leur souveraineté.
09:26 Oui, alors ça veut dire que finalement ça va permettre aussi
09:29 aux fournisseurs de cloud américains de continuer à travailler
09:32 pour des entreprises françaises, y compris pour des entreprises françaises
09:36 qui sont soumises au Secnum Cloud ?
09:39 Alors oui, oui à terme.
09:42 On est en train de postuler cette semaine pour être accompagnées
09:47 sur le dispositif Secnum Cloud.
09:50 L'idée c'est qu'aujourd'hui ce qu'on peut proposer
09:53 c'est de mettre toutes nos infrastructures chez des acteurs Secnum Cloud
09:57 avec lesquels on travaille aussi très bien,
09:59 et à ce moment-là pour une entité qui est soumise à être Secnum Cloud
10:04 on peut avoir toute l'infrastructure Secnum Cloud.
10:07 Maintenant ce qu'on peut aussi faire c'est nous-mêmes certifier
10:12 notre couche intermédiaire comme étant Secnum Cloud,
10:15 ce qui permet d'aller encore un cran plus loin.
10:17 Donc ça c'est là-dessus que vous travaillez en ce moment ?
10:20 Voilà, on est en train de travailler dessus.
10:21 Donc effectivement on comprend que ça puisse séduire des grands opérateurs américains.
10:26 Comment voient les opérateurs français, européens,
10:30 comment voient-ils arriver cette solution ?
10:33 Alors c'est une bonne question, je dirais que ça dépend.
10:37 Si on prend des purs acteurs du chiffrement,
10:41 on est en concurrence, il faut dire ce qui est,
10:44 parce qu'on apporte une solution alternative au chiffrement.
10:48 Pour autant le marché est tellement énorme
10:50 qu'on pourrait imaginer que sur certains cas d'usage
10:52 on va continuer à utiliser du chiffrement,
10:54 et sur d'autres notre solution sera plus pertinente.
10:57 Donc on peut aussi cohabiter sans difficulté je pense,
11:01 surtout à la taille à laquelle on est aujourd'hui,
11:03 je pense qu'on n'est pas encore trop inquiétants.
11:06 Après sur les acteurs du cloud français en particulier,
11:12 on est partenaire avec eux, parce qu'en fait,
11:14 vu que notre solution va découper la donnée
11:17 et proposer la distribuer sur plusieurs clouds,
11:19 là où de manière statistique,
11:21 ils auraient perdu tout le contrat pour un fournisseur américain,
11:24 là ils vont récupérer un quart, voire la moitié des données
11:28 qui seront stockées chez des fournisseurs français.
11:31 Donc on rééquilibre aussi,
11:33 notre succès futur permettrait de rééquilibrer
11:37 la relation et la quantité de données
11:40 qui est stockée chez des fournisseurs français.
11:42 Donc on travaille aussi main dans la main avec eux
11:44 pour trouver les meilleurs cas d'usage,
11:47 pour les proposer régulièrement à nos clients,
11:50 y compris ceux qui étaient déjà, si je peux dire,
11:53 avec des contrats multi-années,
11:55 avec que des fournisseurs américains,
11:57 ce qui est quand même le cadre essentiel des boîtes du SBF 120 aujourd'hui.
12:00 Alors justement, vous touchez quel type d'entreprise
12:03 avec votre solution ?
12:05 Oui, on va toucher, alors déjà en termes de taille,
12:08 on va aller plutôt sur des grands groupes,
12:11 parce qu'il faut un certain degré de maturité technologique
12:15 pour être arrivé au stade où on se dit
12:18 la confidentialité de mes données peut me coûter très cher,
12:22 peut avoir de graves risques réputationnels.
12:25 Donc notamment les sociétés cotées vont être des prospects
12:29 toujours très intéressés par notre solution
12:32 et par toute solution qui permettrait de les aider
12:35 à améliorer la confidentialité de leurs données.
12:37 Et ensuite, en termes de secteur,
12:39 on a pu voir émerger ce que j'appellerais
12:42 les secteurs stratégiques qui reviennent tout le temps.
12:45 Donc soit des entreprises qui sont OIV,
12:48 donc organismes d'intérêt vital,
12:50 qui ont des obligations plus fortes en matière de sécurité des données,
12:54 soit des organismes qui sont dans des secteurs un peu sensibles.
12:59 Ça peut être beaucoup de choses,
13:01 notamment dès lors qu'on s'approche du secteur de la santé,
13:04 du secteur bancaire, de l'assurance,
13:07 il y a tout de suite des données extrêmement sensibles.
13:10 Mais là, vous nous parlez d'une question de maturité
13:12 sur la prise de conscience de l'importance des données.
13:15 Est-ce que d'intégrer cette solution,
13:17 ça nécessite aussi une maturité technologique ?
13:19 Alors pas particulièrement.
13:21 Ou est-ce que vous pouvez dans l'absolu
13:23 intéresser des PME, voire des TPE,
13:25 qui ont des données aussi importantes ?
13:27 Parfois ce sont des sous-traitants de plus grandes entreprises ?
13:30 Oui. Je vais prendre un exemple très simple.
13:33 On a construit un plugin qui est une intégration
13:36 dans l'outil de CRM Salesforce.
13:39 Cet outil, il suffit de cliquer pour le télécharger.
13:42 Il n'y a besoin d'aucune compétence technique,
13:44 quelle qu'elle soit.
13:46 Et le coût est équivalent, si ce n'est moindre,
13:50 à toutes les solutions de chiffrement
13:53 qui existent sur Salesforce,
13:55 avec pour le coup la seule solution qui garantit
13:58 que Salesforce n'a pas accès aux données.
14:00 Donc si on est une entreprise un peu plus petite,
14:02 mais qu'on travaille avec des grands groupes
14:04 et qu'on manipule dans son CRM,
14:06 c'est la relation client,
14:08 avec nos clients grands groupes,
14:09 qui demandent où est ma donnée,
14:11 qui y a accès ?
14:13 C'est une solution qui ne demande aucune compétence technique.
14:16 Et alors qu'en est-il du secteur public ?
14:19 Oui.
14:20 Qui manipule énormément de données sensibles
14:22 des citoyens français.
14:23 Je pense aussi aux collectivités territoriales,
14:26 qui n'ont pas forcément les mêmes moyens
14:28 que des grandes entreprises,
14:29 et qui pour autant sont sur ces sujets très sensibles
14:32 en protection des données.
14:34 Oui. Alors, c'est vrai que c'est très intéressant.
14:36 Le secteur public,
14:38 c'est un des secteurs qui a le plus besoin
14:40 de notre solution, en réalité,
14:42 parce que quand on parle de souveraineté,
14:44 ils sont soumis à des règles plus strictes.
14:46 Ils sont soumis à la doctrine cloud de l'État.
14:50 Doctrine qui dit cloud au centre.
14:52 Donc il faut aller vers le cloud,
14:54 mais attention aux données sensibles.
14:57 Et donc ils sont extrêmement intéressés.
15:00 On a un certain nombre de clients du secteur public
15:03 déjà aujourd'hui.
15:04 On en a d'autres qui sont encore en phase de test
15:06 de la solution.
15:08 Et après, je dirais,
15:11 il y a un timing secteur privé
15:15 et un timing secteur public
15:17 qui fait que, même si je pense que c'est l'un des secteurs
15:20 qui sera parmi nos plus grands clients dans le futur,
15:23 on sollicite aussi beaucoup d'aide
15:27 pour avoir cette capacité d'adresser des acteurs
15:32 dans le temps de prise de décision,
15:34 et ça peut être plus long.
15:36 Il y a certains acteurs du secteur public,
15:39 on leur a parlé en réalité il y a deux ans
15:41 pour signer un contrat cet été.
15:44 - Comment on fait quand on est justement une start-up ?
15:47 On parlait du lancement en 2021,
15:49 qui est quand même assez proche,
15:51 pour adresser des clients.
15:52 Alors on parle du secteur public,
15:53 mais même les grandes entreprises
15:55 que vous citez comme Eiffage, par exemple.
15:57 Comment est-ce qu'on travaille avec des grands groupes ?
16:00 - Vous arrivez avec une solution technologique
16:04 qui est disruptive,
16:05 qui n'est pas facile forcément à expliquer.
16:07 - C'est vrai.
16:08 Je dirais qu'il faut croire énormément en ce qu'on fait
16:15 et donner le temps au temps.
16:17 Parce que ce qui va se passer,
16:19 c'est qu'on va d'abord avoir une première conversation
16:21 de curiosité intellectuelle,
16:23 comprendre la solution,
16:25 une première marque d'intérêt,
16:27 et ensuite il faut passer des processus longs
16:29 et parfois complexes de sécurité, conformité,
16:33 direction des achats, contractualisation.
16:36 Donc il y a des étapes qui peuvent être plus longues dans le temps.
16:40 Maintenant, on a quand même un avantage de faire tout ça,
16:44 c'est que derrière, on est pour une start-up,
16:47 sur des contrats relativement confortables
16:50 pour permettre notre avancement.
16:52 Et après, je dirais,
16:54 il y a autre chose qui est très importante.
16:55 - Dès le départ, dès le lancement,
16:56 vous avez obtenu un contrat important
16:59 qui vous a permis d'avoir ce temps-là ?
17:01 - Alors, on a obtenu des contrats assez rapidement,
17:05 mais ils n'ont pas été d'un montant très élevé tout de suite.
17:08 Le cycle de vente d'un grand groupe,
17:10 c'est minimum 9 mois, si ce n'est pas un an.
17:13 Par contre, dans ce cycle de vente,
17:15 il y a des petits contrats de test.
17:17 Donc ça permet de vérifier le vrai intérêt du grand groupe en face,
17:24 qui met en face des personnes qui vont vraiment travailler dessus
17:26 au moment où on a dit qu'on allait travailler dessus.
17:28 Donc on fait toujours payer un petit quelque chose
17:29 pour démarrer la relation.
17:31 Et ensuite, on se donne ces 6 mois, 9 mois, 12 mois
17:34 pour atteindre la mise en production de la solution
17:37 avec le grand groupe.
17:38 Maintenant, il y a des exceptions.
17:39 Ça nous est arrivé de le faire en 3 mois,
17:41 où il y avait un besoin très urgent.
17:43 Ils ont testé, ça a marché,
17:44 ils ont mis en production immédiatement.
17:46 Donc ça arrive aussi même au grand groupe.
17:48 Et après, je dirais que c'est ce qui explique
17:51 qu'en tant qu'entreprise,
17:52 on n'a pas d'autre choix aussi que de requérir
17:54 aux investisseurs privés pour se financer
17:57 en attendant notre montée en puissance.
17:59 Oui. Alors vous avez réalisé une levée de fonds récemment,
18:02 au mois de juin, 5 millions d'euros
18:04 auprès d'un fonds français.
18:06 Galion, c'était un choix aussi de rester
18:08 sur des fonds d'investissement français ?
18:10 Alors, c'était important pour nous,
18:12 à ce stade de développement,
18:13 de rester sur des fonds qui sont dans le même état d'esprit
18:18 et dans le même écosystème que nous.
18:20 Donc c'est Galion et C-Staff Fund
18:22 qui ont co-dirigé cette levée.
18:26 C'est notre deuxième levée de fonds.
18:27 Donc en fait, on a été financé,
18:29 les investisseurs privés ont cru en nous
18:31 dès les tout débuts de la société,
18:32 puisque on a eu une première levée de fonds
18:34 en octobre 2021,
18:35 donc 6 mois après avoir créé la société.
18:37 Oui.
18:38 Là, pour le coup, on n'avait pas beaucoup de chiffres d'affaires,
18:40 donc il fallait vraiment croire en notre solution et en nous.
18:43 Et aujourd'hui, cette deuxième levée vient confirmer,
18:46 d'autant plus dans le contexte actuel
18:48 où il y a un peu moins de levées,
18:49 on va dire ça comme ça,
18:50 vient confirmer que les investisseurs
18:52 ont vu qu'on avait tenu notre promesse,
18:55 si je peux dire,
18:56 qu'on a créé un produit qui fonctionne bien,
18:58 qui attire des clients grand compte
19:00 et donc viennent nous donner aussi les moyens financiers
19:03 de poursuivre nos cycles de vente en cours
19:06 et de les finaliser et d'aboutir à des chiffres plus importants.
19:09 Alors C-Staff Fund,
19:10 juste on rappelle quand même que c'est un fonds
19:12 qui est dédié aux femmes qui entreprennent.
19:15 Vous êtes vous-même engagée sur ce sujet,
19:17 des femmes dans la tech ?
19:18 Oui, alors j'ai bénéficié dès les débuts d'Astran
19:22 du soutien de C-Staff,
19:24 qui est une organisation à but non lucratif,
19:28 dont l'objectif est d'aider les femmes entrepreneurs
19:31 à baisser les inégalités de financement
19:33 avec les hommes entrepreneurs.
19:35 Parce que pour vous donner une petite statistique,
19:39 2,5% des fonds à l'échelle mondiale
19:45 sont donnés à des femmes entrepreneurs.
19:47 Donc il y a un gap énorme.
19:50 Comment vous l'expliquez ça ?
19:52 Votre explication à vous.
19:53 Alors ce qui est certain,
19:55 enfin il y a deux choses pour moi.
19:57 Il y a quelque chose qui est du côté des fonds,
20:00 qui est une sorte de biais,
20:01 où on a envie de financer des gens qui nous ressemblent.
20:04 Et comme les fonds sont essentiellement dirigés
20:06 par des hommes blancs de 50 ans,
20:08 je n'ai rien contre eux.
20:10 Mais du coup, on a très envie de financer
20:12 des choses qui nous ressemblent,
20:14 des mini-moi, moi je dis.
20:16 Comme dans le recrutement d'ailleurs.
20:18 On a tendance à recruter des gens qui nous ressemblent.
20:20 Et ça c'est un biais qui touche les fonds.
20:22 D'ailleurs ça a été démontré que
20:24 quand ils discutent avec une femme,
20:26 ils ne vont plus être axés sur les risques de la société.
20:29 Quand ils discutent avec un homme,
20:30 ils vont plutôt axer sur l'ambition de la société.
20:33 Et donc une femme qui vient présenter une ambition,
20:36 il faut qu'elle s'accroche et qu'elle démontre son point.
20:39 Et qu'elle revienne à l'ambition
20:41 à chaque fois qu'on veut la faire revenir
20:43 à quelque chose de plus petit.
20:45 Et c'est d'ailleurs ce qui,
20:47 j'allais dire notre critère numéro 1 de choix
20:49 de nos fonds d'investissement.
20:51 C'est qu'ils partagent notre ambition.
20:53 Et une ambition mondiale.
20:55 Et ça, ce n'est pas le cas de tous les fonds.
20:57 Alors, je ne sais pas si c'est parce que je suis une femme
20:59 ou si c'est juste que les fonds sont un peu plus inquiets en ce moment.
21:02 Mais ça c'est extrêmement important pour moi.
21:04 Merci beaucoup Yosra Jaraya.
21:06 Vous restez avec nous parce que justement
21:08 on va mettre en lumière des entrepreneurs
21:10 de la diversité.
21:11 On va voir comment on peut changer un peu ce visage de la tech.
21:14 Ils ont des initiatives très intéressantes.
21:16 C'est notre rendez-vous.
21:17 Diversité juste après une petite pause.

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