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Transcription
00:00 Le texte original
00:04 C'est bon, c'est bon.
00:07 Souvenir vécu et écrit en Provençal maritime par mon père Auguste Dola en 1971.
00:17 Il faut d'abord préciser que la traduction de Provençal en français pourrait quelquefois changer le sens du texte original.
00:28 Un grand événement.
00:30 La première voiture que j'ai vue, cela se passait en 1920, j'étais tout jeune.
00:35 Le médecin du village se mettait à la mode en s'achetant une voiture, bien entendu.
00:41 Elle était la seule dans notre pays.
00:43 Et nous, petits, on se languissait de sortir de l'école pour aller attendre le médecin.
00:49 Et dès qu'il arrivait, on se mettait autour, tous avec des yeux comme des fanaux,
00:55 pour voir marcher cette attiraille sans chevaux.
00:58 Les vieux de ce temps-là disaient aussi que ça ne pourrait jamais marcher.
01:04 Il y en a même un qui disait "le médecin a oublié le fouet".
01:10 Et d'autres de répondre "il n'a pas besoin de fouet, il n'a pas besoin de chevaux".
01:17 Eh oui, tu crois ça toi ?
01:19 Ça, ça marche comme ça, mais il nous faut un fouet.
01:26 Sur, pour un an ou une année, mais je crois qu'il n'en a pas besoin.
01:32 Enfin, on verra bien quand même, il sera à la montée des airs.
01:36 S'il la montera sans descendre de son siège,
01:39 et tous les curieux du village allaient l'attendre en haut, sur les airs,
01:44 et je vous prie de croire qu'ils étaient une balle.
01:48 Et voilà, qu'ils virent arriver avec de la fumée de tous les côtés.
01:54 Ça ressemblait à une charbonnière en feu, un bruit infernal, tout tramé,
01:59 et avec tous ces morceaux de bois et toute cette ferraille qui s'y encore.
02:04 Enfin arrivait en haut le pauvre médecin, en sueur,
02:07 après un enfumage pareil, à la faire sa visite.
02:10 Et pour lui faire descendre la plante, tous les badeaux de se dire
02:16 « ça ne sera pas moi qui lui tiendrai la mécanique dans cette grande fumée ».
02:21 Et voilà que notre médecin arriva, après avoir fait sa visite,
02:25 il se mit en place sur son siège, lâcha la mécanique, c'est le frein,
02:29 et le voilà qui descend la plante, sans nos moteurs, et bien entendu, sans la fumée,
02:35 et tous nos barjakaers, nos bavards, descendent retourner,
02:39 « chi jin, chi rang, pam pam pam pam ».
02:42 Mais tout un cheminin, chacun disait la sienne.
02:45 Le plus prudent disait « oh, peraccord, il a descendu sans son mécanique ».
02:50 Pour une fois, il a descendu sans frein.
02:53 Mais s'il s'amuse souvent sans les chevaux pour lui retenir sa carriole,
02:58 il se pourrait bien qu'il a un jour piqué du mori, du nez,
03:02 dans une peine, ou qu'il se renverse dans le vallat, dans le fossé, avec son teuf teuf.
03:08 Ah, cette invention, il ne pouvait pas faire mieux.
03:12 Si vous avez vu cette voiture aménagée, avec des bois, de la ferraille,
03:17 les roues en bois, où ils avaient mis du caoutchouc,
03:21 mais des milliers de claviers de souliers, avec des milliers de clous de souliers,
03:25 pour pas qu'elle glisse dans la boue, bon, pour escalader et le montage,
03:30 pour gravir les montées.
03:32 Enfin, notre médecin avait sa voiture, mais il ne vendit pas son cheval,
03:37 qu'il prenait quelquefois.
03:39 Car l'hiver, avec le froid, la pluie, cette garce de voiture,
03:44 il fallait souvent aller la chercher pour la ramener à la remise.
03:48 Alors le médecin, et bien il partait avec son cocher, son vieux cheval,
03:53 avec des chaînes attachées sur le collier,
03:56 et on le voyait retourner en tirant la voiture avec le cheval.
04:00 À ce moment-là, tout le monde était derrière la vitre pour regarder le manège.
04:05 Et lui, vu le vieux têtu des barges à caille, se mettait à rire de bon cœur
04:10 en disant à ses collègues, "Vous l'avez bien dit,
04:13 qu'à court marcherai jamais et ne pouvais pas servir.
04:16 Faudrait un manu pour créer qu'une charavane puisse marcher sans ce cheval.
04:22 Je vous l'avais bien dit que ça ne marcherait jamais et ne pouvait pas servir.
04:26 Il faut être mûr pour croire qu'une charavane pareille puisse marcher sans cheval.
04:31 Allez, allez, il ne me semble pas possible que notre médecin,
04:35 qui est l'homme qui a le sait le plus de tous, qui guérit toutes les maladies,
04:39 se soit laissé prendre pour acheter un outil pareil.
04:42 Je pense qu'il aurait mieux fait de changer son vieux cheval pour une pouleine d'une père d'âme.
04:49 Au moins, il savait qu'il en avait pour la vie
04:52 et il était sûr de ne jamais retourner à pied.
04:57 (Applaudissements)
05:02 (Chante)
05:04 Il est revenu flâner le long des quais jusqu'au banc où je t'attendais
05:15 et j'ai vu refleurir l'éclat de ton sourire, aujourd'hui plus beau que jamais.
05:29 Le temps du buguet ne dure jamais plus longtemps que le mois de mai
05:40 quand tous ces bouquets déjà seront flânés.
05:47 Pour nous deux, rien n'aura changé.
05:52 Aussi belle qu'avant, notre chanson d'amour chantera comme au premier jour.

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