L'écrivain Nathan Devers réagit suite à la provocation des élus LFI, lors de la manifestation interdite, en hommage à Adama Traoré : «Je trouve très problématique qu'aujourd'hui, quand des manifestations sont dérangeantes, le premier réflexe est de vouloir les interdire».
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00:00 Oui, je trouve très problématique qu'aujourd'hui, quand des manifestations
00:03 sont dérangeantes, le premier réflexe politique qui soit,
00:07 ce soit de vouloir les interdire.
00:08 Quand je dis réflexe politique, je désigne aussi bien l'action
00:11 des gouvernements, des préfectures, etc.
00:14 Et même d'ailleurs un réflexe de la société.
00:15 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a de plus en plus tendance,
00:18 au lieu d'être exactement comme ce qu'on fait dans cette rémission,
00:20 d'être vraiment pas d'accord, mais en tout cas de ne pas vouloir
00:22 un seul instant que Charlotte soit interdite de parole.
00:25 Non, ça ne nous arrangerait pas.
00:26 Ce n'est pas du tout ce que je souhaite, mais d'avoir comme réflexe de dire
00:30 "Oh, je ne suis pas d'accord avec telle ou telle manifestation",
00:32 que ce soit les casserolades pendant la contestation des retraites,
00:35 que ce soit aujourd'hui, enfin hier, la marche pour Adama Traoré.
00:39 Et donc de dire "il faut l'interdire".
00:40 Il faut l'interdire sur la base de quels critères ?
00:42 Alors on dit toujours "trouble à l'ordre public".
00:44 On peut mettre absolument n'importe quoi dans cette catégorie juridique.
00:48 Et à partir de là, le scandale devient que des gens veuillent manifester.
00:52 Je trouve qu'il y a une détérioration du débat démocratique là-dedans.
00:54 C'est-à-dire que Aurore Berger soit en désaccord avec les députés LFI.
00:58 C'est formidable, c'est l'appel le débat démocratique.
01:00 Qu'Aurore Berger puisse ne pas partager le combat de Assa Traoré
01:04 et des personnes qui l'approuvent, c'est formidable.
01:06 Ça s'appelle le débat démocratique.
01:07 Qu'en revanche, Aurore Berger ou qui que ce soit d'ailleurs,
01:10 s'indigne de ce que des citoyens qui n'ont pas les mêmes combats qu'elle
01:14 aient des combats politiques, ça en revanche, c'est profondément problématique.
01:18 C'est un problème, un, de tolérance et deux, encore une fois,
01:20 de détérioration profonde de cette liberté centrale,
01:24 qui est d'une part la liberté d'expression et d'autre part la liberté de manifester.
01:28 Mais j'aimerais juste dire, je ne pense pas que le problème, ce soit Aurore Berger,
01:31 parce qu'à mon avis, c'est un fait profond dans notre société,
01:33 qui est vraiment une baisse de la tolérance,
01:36 une baisse du rapport à la liberté, une baisse du désir de liberté
01:39 et une volonté d'interdire systématiquement quiconque ne pense pas
01:42 dans le sens dans lequel soi-même, on peut avoir tendance à penser.
01:45 [Musique]
01:48 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]