Macron a perdu le parti de l’ordre

  • l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr

Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Transcript
00:00 Europe 1 Matin, 7h, 9h, Dimitri Pavlenko.
00:05 L'édito politique sur Europe 1, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:08 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:10 Vincent, alors dix jours après le début des émeutes,
00:12 maintenant que le retour à la normale se précise,
00:14 les enquêtes d'opinion se multiplient
00:16 et il est possible d'établir un premier bilan politique.
00:19 Alors en général, les traumatismes nationaux,
00:22 Vincent, fédère le pays autour du chef de l'État.
00:25 Est-ce le cas cette fois-ci ?
00:26 Alors absolument pas.
00:27 On décèle cette fois-ci aucun effet de rapport,
00:30 aucun crédit donné à la puissance publique pour établir l'ordre.
00:34 Ce qui est surprenant parce que les Français,
00:35 dans leur immense majorité, désapprouvent les émeutiers.
00:38 Au sommet de la crise de la réforme des retraites,
00:40 on ne voyait pas non plus de réflexe légitimiste,
00:42 mais la majorité des Français étaient d'accord avec les opposants.
00:46 Et cette fois-ci, c'est l'exact contraire.
00:47 Selon le sondage Odoxa Backbone que publie le Figaro ce matin,
00:51 ils sont 84% des Français à condamner le déchaînement de violence
00:54 auquel nous avons assisté.
00:56 Et si le soutien populaire aux forces de l'ordre reste important,
00:58 64% des Français sont satisfaits du travail de la police et de la gendarmerie,
01:03 ils ne sont plus que 27% à considérer que le gouvernement a bien géré ces émeutes.
01:07 C'est très peu.
01:09 C'est l'électorat du premier tour d'Emmanuel Macron.
01:11 Cela veut dire que le pays fait corps derrière les forces de l'ordre,
01:14 que les Français sont rassurés par leur police,
01:16 mais absolument pas par ceux qui les gouvernent.
01:18 - Mais qui alors profite politiquement de la situation, Vincent ?
01:21 - La droite un peu, et Marine Le Pen beaucoup.
01:23 J'écarte Jean-Luc Mélenchon, qui comme les pirates dans les albums d'Astérix,
01:27 a organisé lui-même son sabordage.
01:30 LR a judicieusement réagi en ajoutant à la lucidité du constat
01:34 une batterie de proposition,
01:35 mais en l'absence d'un candidat déclaré et visible pour 2027,
01:39 la place centrale est laissée à la patronne du Rassemblement National.
01:43 Pendant qu'Éric Zemmour et qu'Éric Ciotti demandaient l'état d'urgence,
01:45 Marine Le Pen est restée impassible.
01:47 Les événements étaient tellement spectaculaires,
01:49 tellement évidents à déchiffrer qu'elle a décidé de se taire.
01:52 On pourrait dire que quand la réalité surjoue,
01:55 Marine Le Pen sous-joue.
01:57 En retrait pendant dix jours, elle a envoyé Jordane Bardella
01:59 faire le tour des plateaux pour verbaliser ce que ressentent ses électeurs.
02:02 Elle a parlé peu, peu de gens l'ont entendu,
02:05 mais comme le chef de l'État a laissé à l'abandon le drapeau de l'ordre,
02:08 elle s'est contentée de l'y prendre.
02:10 Ce n'est pas que les gens pensent qu'elle aurait fait mieux,
02:11 mais en croire les sondages,
02:13 ils sont nombreux à penser qu'elle n'aurait pas fait moins bien.
02:16 Marine Le Pen, c'est la mauvaise conscience de ses concurrents.
02:19 Plus ils désertent leurs responsabilités, plus elles progressent.
02:21 C'est mécanique.
02:22 - Pourtant, lors des Gilets jaunes et de la crise du Covid,
02:25 Emmanuel Macron avait réussi à incarner ce parti de l'ordre, Vincent.
02:28 - Il l'avait fait magistralement, oui.
02:30 Et ce qui est sidérant dans cette histoire,
02:32 c'est que le président de la République avait tous les instruments
02:35 pour redevenir le chef incontesté du parti de l'ordre.
02:38 Une forte demande d'autorité, des forces de l'ordre plébiscitées,
02:41 un ministre de l'Intérieur venu de la droite
02:43 et des vandales qui se sont rendus immédiatement détestables.
02:46 Et pourtant, Emmanuel Macron a commencé par condamner le policier
02:50 qui a tiré sur Nahel en se substituant au pouvoir judiciaire.
02:53 Ensuite, il a mis une pression maximum sur la police
02:56 en lui demandant de subir plutôt que de riposter.
02:58 Il a choisi la gestion du désordre plutôt que le rétablissement de l'ordre public.
03:03 Et on rappelle qu'il y a quand même eu plus de 800 policiers blessés.
03:07 Alors c'était peut-être la seule stratégie possible,
03:10 mais comme elle oblige à se tenir toujours en défense,
03:13 il aurait fallu l'accompagner d'un discours de fermeté sans faille.
03:16 À la place, Emmanuel Macron s'est fait commentateur de l'événement.
03:20 Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux, propose de distribuer des flyers aux parents.
03:25 Et pour couronner le tout, Gérald Darmanin,
03:27 qui marchait dans les pas de Nicolas Sarkozy,
03:29 s'est soudainement mis à parler comme Christophe Castaner.
03:32 Les 100 jours qui devaient finir à droite s'achèvent dans un socialisme hésitant,
03:37 un socialisme aux couleurs de l'été hollandien.
03:40 - Je me permets de vous répéter, Vincent,
03:42 il a choisi Emmanuel Macron de la gestion du désordre
03:45 le rétablissement de l'ordre public.

Recommandée