L'origine sociale et le genre engendrent plus d'inégalités des chances sur le marché du travail que l'ascendance migratoire. C'est une conclusion forte d'une note de France Stratégie. En analysant les données démographiques et fiscales de 100 000 individus âgés de 31 à 46 ans, les auteurs ont mesuré leur position sociale en considérant leur revenu d'activité et isolé 4 caractéristiques individuelles et familiales susceptibles d'exercer une influence : le sexe de l'individu ; l'endroit où il a grandi ; les professions des parents ; le fait d'avoir des parents immigrés. Contrairement à la plupart des études centrées sur les seuls salariés, l'analyse concerne tous les individus qu'ils soient salariés, indépendants, chefs d'entreprise, agriculteurs, chômeurs ou inactifs. Toutes choses égales par ailleurs, c'est l'origine sociale qui joue le plus pour expliquer les écarts de revenus. En moyenne, 1 080 euros nets par mois séparent les personnes d'origine favorisée de celles d'origine modeste. [...]
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00:00 L'origine sociale et le genre entraînent plus d'inégalités de chance sur le marché
00:14 du travail que l'ascendance migratoire.
00:16 C'est une conclusion forte d'une note de France Stratégie.
00:20 En analysant les données démographiques et fiscales de 100 000 individus âgés de
00:24 31 à 46 ans, les auteurs ont mesuré leur position sociale en considérant leur revenu
00:30 d'activité et isolé quatre caractéristiques individuelles et familiales susceptibles d'exercer
00:37 une influence.
00:38 Le sexe de l'individu, l'endroit où il a grandi, les professions des parents, le
00:44 fait d'avoir des parents immigrés.
00:46 Contrairement à la plupart des études centrées sur les seuls salariés, l'analyse concerne
00:51 tous les individus, qu'ils soient salariés, indépendants, chefs d'entreprise, agriculteurs,
00:56 chômeurs ou inactifs.
00:57 Toute chose égale par ailleurs, c'est l'origine sociale qui joue le plus pour expliquer les
01:02 écarts de revenus.
01:03 En moyenne, 1080 euros net par mois séparent les personnes d'origine favorisée de celles
01:09 d'origine modeste.
01:10 C'est presque deux fois plus qu'entre hommes et femmes.
01:13 Le territoire où se déroule la jeunesse joue moins.
01:16 L'écart est de 440 euros entre ceux qui ont grandi dans la région la plus riche,
01:21 l'île de France, et ceux qui ont passé leur adolescence dans les deux régions les
01:25 plus pauvres, Nord-Pas-de-Calais et Languedoc-Roussillon.
01:28 Concernant l'ascendance migratoire, c'est-à-dire avoir au moins un des deux parents nés à
01:33 l'étranger, la différence est de 170 euros entre les natifs et les descendants
01:38 d'immigrés d'Afrique et du Maghreb.
01:40 L'ascendance migratoire compte donc 7 fois moins que l'origine sociale pour expliquer
01:45 les écarts de revenus alors qu'elle polarise le débat politique.
01:49 Quant à l'écart entre natifs et descendants d'immigrés européens, il est marginal.
01:53 Autre enseignement, si ces inégalités des chances n'ont guère varié sur les 20 dernières
01:59 années, un point s'est nettement amélioré.
02:01 Les écarts de revenus hommes-femmes, tout en restant importantes.
02:05 25% en moyenne.
02:07 Une fois n'est pas coutume, la moyenne est du sens.
02:10 Ce même chiffre se retrouve quelle que soit l'origine sociale.
02:13 Le fait d'avoir grandi dans un environnement familial favorisé ne protège pas les écarts
02:19 de revenus entre sexes, car le facteur surdéterminant, c'est la maternité.
02:23 Toutes les études le montrent.
02:25 Un écart énorme se creuse avec l'arrivée des enfants.
02:28 De l'ordre de 20% de perte de revenus pour les mères 5 ans après la naissance.
02:32 Un écart qui est rarement rattrapé dans la suite de la carrière.
02:36 Ce handicap est avant tout issu de décisions individuelles.
02:40 Changement de poste ou d'entreprise pour prendre moins de responsabilités et être
02:44 plus disponible.
02:45 Réélection ou arrêt du temps de travail pendant des mois, voire plusieurs années.
02:49 Parmi les femmes qui travaillent, 40% modifient leur activité après une maternité.
02:54 A l'opposé, les pères gagnent un peu plus avec l'arrivée de l'enfant, 2% environ,
03:00 certainement pour compenser en partie le recul salarial de leur compagne.
03:03 Toutefois, s'ils gagnent plus, c'est parce qu'ils prennent des postes avec plus de
03:07 responsabilités ou consacrent plus de temps à leur travail.
03:10 Ils investissent donc moins le temps familial et domestique qui est pris en charge par la
03:15 mère.
03:16 Ce qui l'empêche de reprendre plus de responsabilités professionnelles.
03:20 Autrefait saillant, l'incroyable importance du niveau du diplôme.
03:24 Ce que certains appellent la tyrannie du diplôme initial.
03:27 Le fait que le diplôme obtenu à 20 ans va fondamentalement déterminer la trajectoire
03:32 des individus.
03:33 64% des écarts de revenus entre deux personnes d'origine opposées sont liés au niveau
03:39 du diplôme.
03:40 L'effet grande école et spécialité de la formation jouent moins.
03:43 Ensemble, mis bout à bout, le parcours éducatif explique 70% des écarts.
03:49 C'est un bon révélateur du rôle de l'éducation dans la production d'inégalités.
03:54 Le temps de travail, la région de résidence à l'âge adulte sont des facteurs de second
03:59 rang.
04:00 Bien entendu, toutes ces caractéristiques n'expliquent pas l'ensemble des écarts
04:04 des revenus.
04:05 Il s'agit de moyennes et à l'intérieur d'une même catégorie, les différences
04:08 peuvent être importantes.
04:09 Il faut donc se prémunir d'une lecture trop déterministe, même si l'inégalité
04:14 des chances est une réalité.
04:17 [Musique]
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