Santé - Le syndrome de Paris - Vidéo Dailymotion

Télématin

Chroniqueur : Dr Kierzek   Attention si vous avez prévu de visiter la capitale, celle-ci peut vous mener aux urgences, et oui c’est le « syndrome de Paris ». Hallucinations, sentiments de persécution et crise d’angoisse sont les symptômes que ressentent les touristes de la capitale en se retrouvant face à un rêve accompli, celui de voir la dame de fer ou autres monuments iconiques de Paris. Des symptômes qui touchent principalement des femmes d’origines japonaises.

Transcript

00:00 Paris n'est pas qu'une bataille, non,

00:01 n'est pas qu'un lieu de manifestation ou de problème.

00:03 La capitale fait aussi rêver les touristes du monde entier.

00:06 - Bonjour, Dr Kierzak. - Bonjour.

00:07 À ce moment précis, je vous avoue que je me demande bien

00:09 pourquoi je m'adresse à vous sur un sujet comme celui-là.

00:12 Je vois pas grand-chose de médical là-dedans.

00:14 Et pourtant, vous nous dites ce matin qu'il existe

00:17 un syndrome de Paris. Vous êtes sérieux, Gérald ?

00:19 Oui, ça s'appelle le syndrome de Paris.

00:22 Et en fait, c'est quand des touristes

00:24 ont tout misé pour visiter la capitale,

00:27 pour voir la Dame de Fer.

00:28 - Parfois, c'est le voyage d'une vie. - Ils sont devant la tour Eiffel,

00:31 ils sont devant Notre-Dame, ils sont devant ces monuments magnifiques.

00:35 Et là, ils décompensent sur le plan psychiatrique.

00:37 Alors, c'est souvent des touristes japonais

00:39 qui vont faire une espèce de crise d'angoisse, d'attaque de panique

00:42 une fois qu'ils ont atteint leur but.

00:44 Et on les retrouve aux urgences, aux urgences psychiatriques.

00:48 En fait, ce sont des symptômes psychiatriques aigus

00:50 avec des hallucinations, un sentiment parfois de persécution,

00:54 une dépersonnalisation, bref, de vrais symptômes psychiatriques,

00:57 parfois des manifestations psychosomatiques.

00:59 Le tableau est classique, c'est une touriste japonaise,

01:02 c'est souvent des femmes, c'est statistique,

01:04 des femmes qui arrivent, elles sont d'origine japonaise,

01:07 elles ont couru toute la journée, elles sont allées faire du shopping,

01:10 visiter les monuments, et puis, il y a une crise d'angoisse,

01:13 elles vont s'enfermer dans leur chambre d'hôtel,

01:15 elles ont des hallucinations,

01:16 et c'est là où les urgences interviennent.

01:18 C'est le choc entre le rêve et la réalité ?

01:20 Exactement, c'est la différence entre la réalité,

01:23 qui est parfois différente de ce qui a pu être vendu

01:27 dans les magazines touristiques,

01:28 c'est cette déception par rapport à la réalité,

01:30 la barrière linguistique aussi, ça crée une espèce de fragilité,

01:33 et puis l'épuisement, quand je disais que vous avez couru toute la journée,

01:37 il y a un vrai épuisement physique aussi,

01:39 et puis les différences culturelles, l'isolement par rapport à sa famille,

01:42 tout ça crée une espèce de fragilité psychologique

01:45 et ça peut vous conduire aux urgences psychiatriques.

01:47 Rassurez-nous, ça ne concerne pas que les Japonais ?

01:50 Non, ça ne concerne pas que les Japonais,

01:52 ça ne concerne pas que Paris, d'ailleurs,

01:54 il y a le syndrome de Jérusalem,

01:56 c'est quand vous vivez une expérience religieuse forte,

01:59 par exemple à Jérusalem, vous pouvez avoir ces phénomènes

02:01 de décompensation psychiatrique, ou le syndrome de Stendhal.

02:04 Pourquoi ? Parce que Stendhal visite en Italie une basilique

02:09 et là, il tombe en pamoison, en extase,

02:11 sous la coupole de cette basilique, sous cette chapelle,

02:15 et il dit "J'ai comme une expérience mystique",

02:17 il est pris de vertige, il se croit un peu au paradis,

02:20 il l'écrit d'ailleurs, et on appelle ça le syndrome de Stendhal.

02:24 Petite question, quand vous êtes confronté

02:26 à des touristes comme ça, aux urgences,

02:28 c'est un coup de moins bien et on se remet sur patte

02:30 deux jours après, ou ça peut être un truc profond ?

02:32 Il n'y a pas de séquelles, c'est la bonne nouvelle.

02:35 Je travaille à l'Hôtel Dieu, il y a un des psychiatres

02:37 de l'Hôtel Dieu, le docteur Mamoudia,

02:38 qui a été un des grands théoriciens de ce syndrome de Paris,

02:42 et lui, ce qu'il dit, c'est que c'est une fragilité psychiatrique,

02:46 mais une fragilité qui ne comporte pas de séquelles,

02:48 ça n'a rien à voir avec un voyage pathologique, par exemple,

02:51 et généralement, après quelques jours,

02:53 tout rentre dans l'ordre, ce n'est pas une maladie psychiatrique,

02:55 ça n'a rien à voir avec un délire ou un voyage pathologique,

02:58 et on peut avoir cette expérience un peu partout dans le monde,

03:01 donc là, ne voyagez pas isolés, j'allais dire,

03:04 ne vous faites pas trop d'illusions non plus sur ce que vous allez voir.

03:06 Et Paris n'est pas Emeline Paris,

03:08 on va le dire, parce qu'il en regarde sur TV 5 mondes un peu partout.

03:10 Mais ça fait partie aussi de l'idéalisation, Emeline Paris,

03:13 on voit un Paris idéal,

03:14 et parfois, il peut y avoir un choc avec la réalité.

03:16 Ça m'a fait ça la première fois que je suis allé déjeuner chez lui.

03:18 Et moi, j'ai le syndrome Soto.

03:20 Ah mince ! Un coup dur.

03:22 Je vous donnerai les...

03:24 Je ne sais pas s'il y a un syndrome du morbillant qui existe, docteur.

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