Trahisons, mensonges et abus de pouvoir... Blast a enquêté sur Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur. De ses débuts à aujourd'hui, son parcours est jonché de personnes qui se sont senties trahies, de contre vérités sur des événements politique mais aussi d'une soif de pouvoir sans limite. Celui qui se rêve président de la République est prêt à tout pour y arriver.
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00:00 C'est un homme sur lequel très peu de personnes acceptent de s'exprimer.
00:04 Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, fait peur.
00:19 -Il a un atout, Gérald Darmanin, c'est qu'il est craint.
00:21 -Un carriériste qui aggravit rapidement les échelons du pouvoir,
00:24 devenant l'un des plus jeunes ministres de la Ve République,
00:27 le meilleur de sa génération, selon Emmanuel Macron.
00:30 -C'est un adversaire politique redoutable,
00:33 qui sait polariser le débat politique.
00:36 -Darmalin, comme l'appellent ses proches,
00:37 est adepte des frage-chocs et des contre-vérités.
00:40 -Quand j'entends le mot "violence policière",
00:42 moi, personnellement, je m'étouffe.
00:44 Il y a eu, effectivement, un certain nombre d'actes
00:47 qui s'apparentent à de l'éco-terrorisme.
00:48 -Que s'est-il passé à gauche pour qu'on confonde casseurs et policiers ?
00:52 Que s'est-il passé à gauche
00:53 pour qu'on ne respecte plus l'uniforme de la République ?
00:56 -Il ne faut jamais farder la vérité.
00:59 -Mais dans son ascension fulgurante,
01:02 Darmalin va être rattrapé par son passé.
01:04 -J'étais sur le bord du lit.
01:09 Sur le bord du lit.
01:12 Et j'arrivais pas à boucher.
01:14 -Trahison, mensonge et abus de pouvoir.
01:18 Enquête sur un homme prêt à tout pour assouvir son ambition,
01:21 devenir président de la République.
01:24 -Mme Le Pen, dans sa stratégie de dédiabolisation,
01:26 revient à être quasiment un peu dans la mollesse.
01:28 Je vous trouve, il faut vous reprendre des vitamines.
01:30 Vous n'êtes pas assez dure, je trouve.
01:32 -C'est dans le Nord
01:45 que la carrière politique de Gérald Darmalin démarre.
01:48 Âgé de 24 ans et étudiant à Sciences Polynes,
01:53 ce fils d'une mère concierge à la Banque de France
01:55 se fait très vite remarquer pour ses prises de position
01:57 par les barons locaux de la droite.
01:59 Comme ici, en 2006,
02:01 où il proteste contre le blocage de l'université
02:03 durant le mouvement contre le CPE.
02:04 -J'attends au moins que les cours soient déblocalisés dans d'autres locaux,
02:07 comme la jurisprudence constante a décidé.
02:10 Et puis si jamais, bien sûr, ils ne seraient pas acceptés,
02:12 j'irais faire la même chose au pénal,
02:14 puisque la question de savoir si le tribunal est compétent ou pas.
02:20 -Jean-René Le Sœur,
02:21 président du Conseil départemental du Nord.
02:23 J'ai décidé d'arrêter ma politique après ce mandat de président.
02:28 J'avais déclaré à la presse, qui l'a repris souvent d'ailleurs ensuite,
02:32 que dès comme ça, on envoyait passer un tous les 20 ou 25 ans
02:35 et qu'il ne fallait pas les rater.
02:36 Il ne faut pas les rater parce que c'était effectivement
02:38 la possibilité de régénérer, quelque peu,
02:41 par la jeunesse, par les idées nouvelles,
02:46 des formations politiques qui devenaient un peu sclérosées.
02:51 [Musique]
02:56 -Résident à Tourcoing, Gérald Darmanin va se rapprocher
03:00 de la figure locale de la droite, Christian Van Est,
03:03 député de la 10e circonscription du Nord.
03:05 -Christian Van Est, c'est un personnage très complexe.
03:08 Il avait effectivement des idées qu'il a un peu à la fois affirmées,
03:15 qui étaient des idées qui le rapprochaient effectivement de l'extrême droite
03:18 et qui ne masquaient pas une certaine également,
03:24 un certain côté que moi, je trouvais insupportable,
03:27 sur des questions de société.
03:30 -On ne peut pas mettre sur le même niveau quelque chose
03:33 qui est fondamental dans l'humanité,
03:34 qui permet notamment à l'humanité de se perpétuer,
03:37 et autre chose qui relève de la vie privée,
03:39 mais qui n'a pas à être considérée sur le même plan, c'est tout.
03:42 -Van Est était le chef de la formation RPR puis UMP sur Tourcoing,
03:48 Gérald étant à Tourcoing, Van Est étant leader à Tourcoing,
03:51 Van Est se rendant compte des qualités intellectuelles de Gérald Darmanin
03:57 et souhaitant effectivement le prendre à ses côtés,
03:59 il s'est retrouvé assistant parlementaire.
04:01 Ce n'est pas pour autant pour moi qu'il partageait les idées de Van Est.
04:04 -En septembre 2008, après avoir été le directeur de campagne
04:08 de Christian Van Est au municipal,
04:10 Gérald Darmanin se met à écrire des tribunes dans "Politique Magazine",
04:13 une revue créée par les membres de l'Action française,
04:16 groupuscule d'extrême droite.
04:18 Dans l'une d'entre elles, le jeune collaborateur de Christian Van Est
04:21 s'en prend au Parti socialiste, qu'il qualifie de "Parti de bobos"
04:25 et affirme des idées conservatrices, notamment sur le mariage homosexuel.
04:28 -Que les socialistes acceptent véritablement l'économie de marché
04:32 en refusant le libéralisme,
04:34 qu'ils acceptent d'avoir un discours favorable à la famille traditionnelle,
04:38 celle du petit peuple, un homme, une femme, des enfants,
04:41 un discours d'ordre,
04:42 et s'engagent à refuser l'Europe de Maastricht et d'Amsterdam,
04:46 alors ils seront en phase avec la grande marée de l'électorat populaire.
04:50 -Mais pour continuer son ascension,
04:54 Gérald Darmanin va vite comprendre qu'il doit tuer le père.
04:57 -La première, à mon avis, trahison, c'est en 2012,
05:02 quand Christian Van Est,
05:06 à l'occasion des élections législatives,
05:08 a d'abord été investi.
05:11 Puis il lui prend comme c'est régulier
05:15 de faire une sortie homophobe de première intention,
05:19 et il est à ce moment-là suspendu.
05:22 Donc on pense tout de suite à Gérald Darmanin,
05:27 et Gérald Darmanin dit en conférence de presse,
05:30 "Il est hors de question de trahir Christian,
05:32 on ne meurt pas la main qui vous nourrit."
05:35 Texto, hein ?
05:36 Bon, et dix jours après, il annonce qu'il sera candidat,
05:40 et Christian Van Est en gardera une amertume et une colère
05:44 dont, à mon avis, il ne s'est toujours pas remis.
05:47 -C'est quelqu'un en qui j'avais placé toute ma confiance
05:51 et qui l'a trahi d'une façon parfaitement sournoise.
05:54 Je dois dire que j'ai du mal à comprendre
05:56 comment quelqu'un peut fonctionner de cette façon-là.
05:59 -Darmanin, qui me racontait qu'il avait rencontré à l'époque,
06:02 Alexis Copé, qui était secrétaire général du mouvement,
06:05 et que Copé lui avait dit, "Bien évidemment, on t'a mis candidat
06:09 "parce qu'on pouvait pas mettre Van Est,
06:11 "t'as aucune chance d'être élu, tu verras ça plus tard."
06:13 -On est sur la vague hollande, en principe, bon, ça doit porter.
06:17 Or, la candidate désignée du Parti socialiste, c'est Zina Dhamani,
06:20 elle est la numéro 2 du PS à Tourcoing,
06:23 et il n'y a pas de raison, a priori, qu'elle ne profite pas de la vague hollande.
06:28 Et Darmanin fait vraiment une bonne campagne.
06:31 Et puis, bada-boum, il a été élu tout de suite, en fonction de député.
06:35 -Ici, dans la 10e du Nord, c'est donc l'UMP qui l'emporte,
06:39 le candidat UMP devant le Parti socialiste,
06:42 un candidat UMP comblé qui succède ainsi à un certain Christian Van Est.
06:45 -Oh !
06:47 Incroyable !
06:49 -On est très heureux.
06:51 -C'est une élection où les coups ont volé bas.
06:54 Les tracts anonymes foisonnent, à cette époque-là,
06:57 notamment, bon, si Zina Dhamani est élue,
07:01 on verra les mosquées et les minarets s'élever partout dans Tourcoing,
07:04 donc, c'est une ville où le Front national a pesé très lourd à une époque.
07:07 -Deux ans après, il se présente aux élections municipales,
07:11 et il est élu, effectivement, maire de Tourcoing.
07:13 Dans le paysage politique, c'était un coup de tonnerre.
07:17 -Gérald Darmanin qui fait lever la victoire.
07:20 Il est le nouveau maire de Tourcoing.
07:22 -Ce soir, les tourquenois, ils ont choisi l'alternance.
07:25 Il faut respecter cette alternance après 25 ans de socialisme.
07:28 Et demain, je ne serai pas le maire de l'UMP.
07:31 Je ne serai pas le maire d'un parti politique.
07:32 Je serai le maire de tous les tourquenois.
07:34 -Aucun doute, Gérald Darmanin a fait une bonne campagne,
07:36 très dynamique, de terrain, des bistrots, des réunions d'appartements.
07:41 Mais c'est pas ça qui, à mon avis, était décisif.
07:45 D'abord, c'est les arguments anxiogènes qu'il a pu développer,
07:48 pas fait dans la dentelle.
07:50 Il a annoncé que la mairie de Tourcoing était en faillite
07:53 et qu'elle allait être mise sous tutelle et administrée par le préfet.
07:57 Or, j'ai eu beaucoup, beaucoup travaillé sur la question.
08:00 C'est faux.
08:01 On voit d'ailleurs, on perçoit d'ailleurs un peu peut-être
08:04 le rapport à la vérité qu'a Gérald Darmanin.
08:07 -Après avoir rassis sa domination dans le Nord,
08:09 Gérald Darmanin décide en 2014 de rejoindre celui
08:12 pour qui il a une admiration sans limite,
08:14 Nicolas Sarkozy, qui est alors président de l'UMP.
08:17 -Comment est-il venu vous chercher, Nicolas Sarkozy ?
08:19 Qui vous a présenté ?
08:21 -Je suis devenu député après la défaite de Nicolas Sarkozy,
08:24 donc en 2012, et je raconte ça.
08:26 D'ailleurs, une de vos collègues journalistes l'a relevé.
08:29 -Nicolas Sarkozy ne me connaissait pas,
08:30 je ne le connaissais pas autrement que militant,
08:32 et il a fait le tour des jeunes parlementaires,
08:35 et après m'avoir vu, me semble-t-il, il m'a reçu à la télévision,
08:38 donc il m'a reçu, et on a parlé,
08:39 et il m'a demandé comment j'ai fait pour me faire élire à Tourcoing.
08:43 -Deux ans plus tard, à la primaire de la droite,
08:45 il devient son directeur de campagne.
08:47 -Vous devez désormais accueillir Laurent Wauquiez,
08:50 Christian Jacob, François Baroin et Nicolas Sarkozy !
08:56 ...
09:09 -Le jeune maire de Tourcoing observe et écoute la bête Nicolas Sarkozy.
09:13 Mais l'ancien président de la République
09:15 échoue au premier tour de la primaire de la droite.
09:17 Gérald Darmanin se fait alors une raison.
09:19 Le gouvernement, ça ne sera pas pour tout de suite.
09:23 -Interviewé sur la possible élection d'Emmanuel Macron,
09:26 il joue sa partition d'opposant politique
09:28 et critique ouvertement le futur président.
09:30 -C'est quelqu'un qui ne connaît pas le pays, d'abord,
09:32 on n'insulte pas les électeurs et on essaie de comprendre leur difficulté.
09:34 -Jusqu'au jour où, en mai 2017,
09:37 un compagnon de route chez Les Républicains, Edouard Philippe,
09:40 lui téléphone et lui donne rendez-vous à l'Élysée.
09:43 -Lorsqu'Edouard Philippe a suggéré son nom à Emmanuel Macron,
09:48 qui, évidemment, ne connaissait pas Gérald Darmanin,
09:50 donc il a fait...
09:52 Il a convoqué ou convié Gérald Darmanin le soir de son investiture.
09:57 Et bon, manifestement, ça a accroché entre eux.
10:00 -Emmanuel Macron propose alors le poste de ministre du Budget
10:03 aux jeunes élus de Tourcoing, une offre qu'il ne peut pas refuser.
10:07 -Il y a deux fonctions difficiles dans un gouvernement,
10:11 premier ministre et ministre du Budget.
10:14 Bon courage.
10:15 Applaudissements
10:21 -Chez Les Républicains,
10:23 encore aujourd'hui, on ne digère pas la trahison de Gérald Darmanin.
10:27 -Darmanin, c'est un traître pour vous, par exemple ?
10:29 -Oui, excusez-moi, c'est des gens qui trahissent leur famille politique
10:32 pour aller rejoindre un projet politique qui n'est pas le leur.
10:34 Oui, je ne appelle pas ça différemment.
10:37 -Pour moi, c'est vraiment un problème qui ne se pose pas
10:39 parce qu'il s'est séparé d'un parti politique
10:42 qui avait cessé de croire à tout ce qu'il avait professé
10:47 pendant des années.
10:48 Il se trouve peut-être que c'était aussi ce qui lui a permis
10:53 de poursuivre une carrière politique
10:56 et de donner à cette carrière un retentissement inattendu
11:01 tellement il a été spectaculaire et rapide,
11:03 mais moi, je préfère de loin les gens qui trahissent leur parti
11:07 que les gens qui trahissent leurs idées.
11:09 ...
11:13 -Je m'appelle Gérard Miller, je suis psychanalyste,
11:17 professeur à l'université et réalisateur.
11:21 Lorsqu'on voit le parcours de Gérald Darmanin,
11:26 on peut se dire qu'il est émaillé de plusieurs trahisons,
11:30 la dernière en date majeure étant la trahison
11:36 de son parti, Les Républicains.
11:39 Il n'a pas vécu ça comme une trahison.
11:40 Je crois que Gérald Darmanin ne vit pas ça comme une trahison
11:45 parce qu'il a le sentiment que tout ce qu'il fait
11:50 est moralement justifié par le fait qu'il doit aller plus loin
11:57 et il doit aller plus haut.
11:59 C'est ça qu'on a du mal à comprendre chez certains hommes politiques
12:03 et notamment des hommes politiques qui réussissent.
12:07 Je ne vais pas dire brillants, mais qui réussissent.
12:09 On a du mal à comprendre que l'absence des pines dorsales,
12:12 que la capacité d'être ici un jour et là un autre jour,
12:17 de dire une chose et puis son contraire,
12:19 que c'est quelque chose qui participe de leur identité personnelle
12:25 et que du coup, ils n'ont pas l'impression de se contredire
12:28 lorsqu'ils disent l'inverse de ce qu'ils ont dit,
12:30 ils n'ont pas l'impression de trahir lorsqu'ils passent d'un camp à un autre.
12:35 Ils ont le sentiment que tout ça est en fait cohérent.
12:38 Mais dans cette ascension fulgurante,
12:40 des faits d'une extrême gravité vont ressurgir.
12:43 Le ministre de l'Action et des Comptes Publics
12:46 visait par une plainte pour viol.
12:48 Une femme a porté plainte en juin 2017
12:50 contre Gérald Darmanin pour des faits remontants à 2009.
12:53 Les faits se sont déroulés en mars 2009.
13:03 À cette époque, Gérald Darmanin est conseiller aux affaires juridiques de l'UMP.
13:06 Sophie Paterson demande son aide pour faire réviser son casier judiciaire.
13:13 Elle a été condamnée à un an de prison
13:15 dans une affaire de chantage avec un de ses ex-petits amis.
13:18 J'ai senti une honnêteté, une sincérité.
13:24 Chez M. Darmanin, j'ai eu totalement confiance.
13:29 Donc M. Darmanin était totalement crédible.
13:33 Totalement crédible.
13:35 Rien, pas un regard, pas un geste déplacé, rien.
13:39 L'entretien terminé, Gérald Darmanin propose à Sophie Paterson
13:43 de reparler de son affaire lors d'un dîner.
13:45 La jeune femme accepte.
13:47 Après avoir dîné,
13:49 Darmanin lui propose de l'accompagner dans un club échangiste.
13:55 Jamais je me suis imaginée une seconde à me retrouver dans un club échangiste.
14:00 Voilà.
14:01 Donc, je n'avais pas en plus la tenue,
14:06 ce qui était une très bonne chose.
14:08 Et en fait, le portier...
14:11 Il a dit, "Bon, exceptionnellement, puisque tu es un habitué."
14:17 Bon, alors...
14:19 Je vais aller dans le vif du sujet.
14:22 Au club, j'ai essayé de l'éviter au maximum.
14:24 Et quand on sort du club,
14:28 là, j'ai quasiment plus rien, quoi.
14:32 Quasiment plus rien.
14:34 Et...
14:36 Je le revois parler
14:42 avec la personne de l'hôtel.
14:45 Je suis en mode robot.
14:47 Je suis consciente.
14:50 C'est très étrange.
14:53 C'est comme si...
14:55 Je vais prendre une image...
14:59 Parce que je ne sais pas comment le matérialiser autrement.
15:02 En fait, c'est comme si j'étais dans le film "Ghost".
15:06 Comme s'il y avait...
15:08 J'étais une ombre, quoi.
15:10 C'est très étrange.
15:13 Très étrange.
15:14 J'étais sur le bord du lit.
15:16 Sur le bord du lit.
15:18 Et je n'arrivais pas à bouger.
15:21 Je n'arrivais pas à bouger.
15:23 C'est comme si j'avais une chape de plomb,
15:25 comme si j'avais un truitone sur moi.
15:27 Pauline Baron, membre de la Coordination nationale "Nous toutes".
15:39 Le fait d'en arriver, entre guillemets,
15:43 lorsqu'on est une femme,
15:45 à avoir des rapports sexuels contraints avec un homme,
15:49 pour le coup,
15:51 c'est des études psychologiques,
15:54 notamment qui ont été pas mal menées au Canada et en Belgique,
15:58 et qui expliquent la réaction des femmes
16:02 lorsqu'elles sont confrontées à cette forme de violence.
16:05 Il y a le fait d'être figée.
16:08 Par exemple, c'est-à-dire que vous êtes comme de la pierre, roc.
16:12 Beaucoup de femmes expliquent sortir de leur corps.
16:15 Cette soirée...
16:21 C'est un cauchemar.
16:23 Ouais, c'est un cauchemar.
16:25 C'est...
16:28 Comment vous dire ?
16:30 Je pense que personne ne peut imaginer...
16:35 Personne ne peut imaginer...
16:39 à quel point c'est...
16:43 que ça a été un cauchemar, cette soirée.
16:49 C'est terrible d'être un otage, en fait.
16:52 D'être là, d'être dans le chantage.
16:56 Vous êtes là, comme une petite souris.
16:59 Et le gros chat qui vous regarde avec les moustaches,
17:02 il dit que...
17:04 vous allez être dévorés.
17:06 -Après cette soirée, et à plusieurs reprises,
17:09 Gérald Darmanin propose à Sophie Paterson de se revoir.
17:13 ...
17:22 -Malgré plusieurs plaintes et un appel,
17:25 l'affaire Paterson est classée à chaque fois son suite.
17:28 Avec ses avocats, elle a décidé de se pourvoir en cassation.
17:32 Mais suite à la 1re plainte de Sophie Paterson,
17:35 une 2e femme se disant victime du ministre va se manifester.
17:39 -Déjà visée par une enquête pour viol,
17:42 le ministre du Budget, Gérald Darmanin,
17:44 fait l'objet d'une nouvelle plainte, cette fois pour abus de faiblesse.
17:48 -Les faits se sont déroulés en septembre 2015,
17:51 lorsque Darmanin était maire de Tourcoing.
17:53 -Le second cas, dont je vais pas citer le nom de la personne
17:57 parce qu'elle veut plus, aujourd'hui, parler à la presse,
18:01 c'est une habitante de Tourcoing qui va solliciter Gérald Darmanin
18:06 en tant que maire de Tourcoing
18:08 pour qu'il l'aide à obtenir un logement social.
18:11 Et là aussi, cette personne,
18:13 lorsqu'on la prend, la plainte de Sophie Paterson,
18:16 va, elle aussi, déposer plainte
18:19 pour des faits d'abus de faiblesse et de viol.
18:22 Elle va, elle aussi, évoquer des faits,
18:26 une demande de la part de Gérald Darmanin de relations sexuelles
18:30 pour que lui-même envoie une lettre
18:34 afin d'interférer en sa demande
18:37 pour qu'elle obtienne un logement social.
18:40 Là, l'affaire va être classée sans suite
18:44 et la plaignante refuse aujourd'hui de parler à la presse.
18:50 -Si les deux affaires ont été classées sans suite,
18:53 pour le collectif, nous, tous ces événements
18:55 interrogent le comportement de Darmanin envers les femmes.
18:58 -C'est Gérald Darmanin et...
19:01 Il y a une séquence qui est très parlante pour moi,
19:08 de la façon dont, il y a quelques temps,
19:11 il a répondu à Apolline de Malherbe.
19:13 -Votre présentation est très rapide et un peu populiste.
19:16 -C'est la difficulté. -Allez-y, essayez de démontrer l'inverse.
19:19 -Ca va bien se passer.
19:21 Aujourd'hui, il y a une baisse de 30 %.
19:23 -Ca va bien se passer.
19:25 -Il y a 30 % de baisse. -Je vous demande pardon.
19:28 -Ca va bien se passer, madame.
19:30 -C'est surtout l'attitude qu'il a eue lors de cette interview.
19:34 En fait, il a ce côté de prestance, de "j'ai le pouvoir,
19:40 donc je peux te rabaisser".
19:42 "Je peux te rabaisser, notamment si tu es une femme".
19:45 Et c'est ce qu'il va faire lors de cet échange
19:50 qu'on a dit musclé avec Apolline de Malherbe,
19:52 mais qui a juste fait son job de journaliste, je dirais,
19:56 où il va nécessairement la renvoyer,
19:59 la déqualifier même ses compétences,
20:02 en jugeant qu'elle n'a pas regardé tous les chiffres
20:05 de l'étude du ministère,
20:07 et la renvoyer nécessairement sur "elle ne sait pas gérer
20:11 ses émotions, elle ne sait pas gérer son calme".
20:14 Donc il y a toujours ce côté très rabaissant,
20:17 notamment à l'égard des femmes de Gérald Darmanin.
20:20 -Ces deux affaires ne vont pas empêcher Emmanuel Macron
20:23 d'accorder une promotion à Gérald Darmanin.
20:25 -Mesdames et messieurs,
20:27 bonsoir.
20:29 Sur proposition du Premier ministre,
20:32 le président de la République a nommé
20:34 M. Gérald Darmanin,
20:37 ministre de l'Intérieur.
20:40 -Le président va même soutenir son nouveau ministre de l'Intérieur
20:45 lors de la traditionnelle interview du 14 juillet.
20:48 -Dans le cas de M. Darmanin, vous n'avez pas hésité une seconde
20:50 avant de le nommer à ce propos ?
20:52 -Il y a eu une discussion avec lui, parce que c'est un responsable politique
20:55 qui est intelligent, engagé, qui a été aussi blessé
20:58 par ces attaques. Donc il y a aussi une relation
21:01 de confiance d'homme à homme, si je puis dire.
21:04 Le président de la République a ministre nommé
21:06 sur la réalité de ces faits et leur suite.
21:09 -C'est le poste dont il rêvait, ministre de l'Intérieur.
21:22 Pour s'affirmer, l'ambitieux Gérald Darmanin
21:25 va alors reprendre les codes de son exemple de toujours à ce poste,
21:28 Nicolas Sarkozy.
21:30 Une omniprésence médiatique et un goût prononcé pour les phrases polémiques.
21:34 -Le terme "nettoyer" au père-chef est un terme qui a sa repose.
21:38 Parce qu'il faut nettoyer cela.
21:40 -Je pense qu'une certaine partie de la société connaît
21:42 ce qu'on appelle l'ensauvagement, des actes de sauvagerie.
21:46 -Je m'appelle Claude Guéant, j'ai 78 ans,
21:53 directeur du cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur,
21:57 finance, puis secrétaire général de l'Élysée,
22:00 et puis j'ai fini ma carrière active
22:03 comme ministre de l'Intérieur.
22:06 Nicolas Sarkozy est un ministre particulièrement actif
22:09 et emblématique, parce qu'il a beaucoup médiatisé
22:12 aussi un certain nombre d'initiatives qu'il prenait.
22:16 Gérald Darmanin est aussi quelqu'un
22:19 qui se donne entièrement à sa fonction.
22:21 On ne peut pas dire qu'il ne brille pas la chemise.
22:24 Donc, il est très présent,
22:26 il se saisit volontiers de l'actualité
22:31 pour bâtir des projets.
22:34 C'est un éternel thème de débat.
22:37 On dit souvent, on a reproché à Nicolas Sarkozy,
22:40 de saisir l'événement pour faire des projets.
22:44 Mais l'événement, c'est une vérité qui se révèle.
22:49 C'est un problème qui survient,
22:52 qui montre à quel point il est important,
22:55 qu'il mérite d'être traité.
22:57 C'est aussi cet événement,
23:00 l'opportunité politique,
23:03 parce que médiatique en même temps,
23:05 en termes d'opinion,
23:07 c'est l'opportunité de traiter des sujets
23:10 qui ne peuvent que difficilement être traités à froid.
23:14 Donc, Gérald Darmanin a cette méthode
23:18 de se saisir de ce qui se passe,
23:21 comme Nicolas Sarkozy le faisait.
23:23 Je trouve ça très bien.
23:24 En tant que ministre de l'Intérieur,
23:26 Darmanin va faire face à une forte contestation sociale.
23:29 Écologie, réforme des retraites,
23:36 des millions de Français marquent leur opposition
23:39 à la politique d'Emmanuel Macron.
23:41 Face aux manifestants,
23:42 le ministre de l'Intérieur va réprimer
23:44 le mouvement social par la violence.
23:46 Les forces de l'ordre procèdent à plus d'une centaine
23:52 de violations arbitraires et garde à vue préventives.
23:55 Et si Gérald Darmanin communique volontiers
24:07 sur le millier de policiers blessés,
24:09 six mois après le début du mouvement,
24:11 aucun élément chiffré n'est disponible
24:13 concernant les civils blessés dans les cortèges.
24:16 Médic !
24:18 Pourtant, plusieurs associations
24:30 et organisations internationales
24:32 mettent en cause les violences policières
24:34 lors de ces manifestations.
24:36 Et c'est à Saint-Sauline,
24:38 lors d'un rassemblement contre un projet de Méga-Bassines,
24:41 que la politique répressive de Darmanin
24:43 va être complètement mise à nu.
24:46 Grenade explosive, lanceur de balles de défense,
24:50 les organisateurs comptabiliseront plus de 200 blessés,
24:54 dont deux personnes entre la vie et la mort.
24:56 Une politique du maintien de l'ordre
25:01 qui lui vaut d'être auditionnée en commission d'enquête au Sénat
25:03 en avril 2023.
25:05 Là encore, Darmanin s'emploie à ce qu'il sait faire de mieux.
25:08 Jérôme Durain, sénateur de Saône-et-Loire,
25:11 vice-président de la Commission des lois.
25:14 On pense qu'on veut de Gérald Darmanin.
25:16 Moi, c'est un adversaire politique,
25:18 je ne partage pas sa vision,
25:20 il ne fait pas semblant d'être à droite,
25:22 il ne le camoufle pas,
25:24 donc il a sa ligne politique très claire.
25:26 Il y a eu de nombreuses manifestations très importantes en France,
25:29 singulièrement depuis le début de la réforme des retraites
25:31 décidée par le gouvernement.
25:33 Le sujet de la présentation que je vais vous faire,
25:35 ce n'est pas de penser qu'il y a un problème de maintien de l'ordre,
25:37 c'est qu'il y a un problème d'ultra-gauche,
25:39 ce n'est pas un problème de maintien de l'ordre et de policiers,
25:41 c'est un problème de violence urbaine, de guérilla.
25:44 Un des arguments de ceux qui s'intéressent à la question du maintien de l'ordre
25:48 et qui veulent documenter les violences qui sont commises
25:53 par des policiers, par certains gendarmes
25:56 lors des opérations de maintien de l'ordre,
25:59 c'est qu'on ne peut pas identifier les fonctionnaires de police
26:01 au motif qu'ils n'ont pas le numéro d'identification, RIO,
26:06 qui permet de savoir qui ils sont,
26:09 et donc c'est une question qui est récurrente.
26:11 Le ministre a déjà fait des rappels à ses troupes
26:15 aux forces de l'ordre sur le sujet,
26:17 et quand moi je reviens en commission en audition sur le sujet.
26:21 Le Conseil d'État doit rendre aujourd'hui sa décision
26:23 concernant l'obligation de porter le numéro d'identification.
26:26 Cette question qui pourrait paraître accessoire ne l'est pas pour deux raisons.
26:30 D'abord, l'identification des policiers intervenant
26:33 dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre importe beaucoup,
26:35 notamment s'il faut retracer la chaîne des responsabilités
26:38 en cas de manquement déontologique.
26:40 Ensuite, cela est perçu à raison par la population
26:43 comme une évidence que l'on puisse identifier les policiers.
26:46 Donc il répond, il répond sur le fond parce qu'il faut qu'il fasse,
26:49 qu'il lâche un peu de pression sur le sujet.
26:52 Sur le RIO, vous avez raison.
26:54 Alors aujourd'hui le Conseil d'État se prononce en référé,
26:56 donc il y aura une décision au fond, quelle que soit cette décision.
26:59 Vous avez raison, il y a des policiers, des gendarmes
27:01 qui ne portent pas leur matriculation.
27:03 Faut-il aller plus loin ?
27:04 Écoutez, on va y réfléchir.
27:05 Si le Conseil d'État considère qu'il faut nous enjoindre de le faire,
27:08 il va nous enjoindre.
27:08 Et puis il répond aussi parce qu'il a besoin,
27:10 dans sa stratégie politique, d'avoir des appuis ailleurs
27:13 que dans son propre camp.
27:14 Il joue très habilement sur cet équilibre politique.
27:18 Sous le feu des critiques concernant sa gestion
27:20 des manifestations contre la réforme des retraites,
27:23 Gérald Darmanin va s'employer à détourner l'attention de l'opinion
27:26 en tentant de discréditer les contre-pouvoirs.
27:29 Il s'en prend ainsi publiquement à la Ligue des droits de l'homme,
27:32 association de défense des droits humains,
27:34 qui critique ouvertement sa gestion du maintien de l'ordre.
27:37 Vous parlez de la Ligue des droits de l'homme,
27:38 je ne connais pas les subventions données par l'État,
27:40 mais effectivement, je pense que ça mérite d'être regardé
27:44 dans le cadre des actions qu'ils ont pu mener.
27:46 Je pense qu'il est suffisamment intelligent
27:49 pour savoir que le centre de gravité de l'opinion,
27:52 c'est d'abord de ne pas aimer les casseurs.
27:54 Et donc, assez habilement,
27:57 quand on se positionne sur l'ordre d'abord,
28:00 le dommage collatéral fait une association
28:04 qui est pourtant utile,
28:06 et on le sait ô combien,
28:09 pour les libertés publiques,
28:11 n'est pas sa priorité.
28:13 Et ce n'est pas son électorat, ce n'est pas son public.
28:16 Il a consolidé sa position
28:18 en donnant d'ailleurs le sentiment d'autorité.
28:21 Donc je pense que, à la limite,
28:23 la petite polémique qu'il a fait naître,
28:26 ça lui va bien.
28:28 La stratégie de criminalisation de l'action associative
28:31 ne s'arrête pas là.
28:33 Fin juin 2023,
28:35 il prononce la dissolution de l'association
28:37 "Les soulèvements de la terre"
28:39 qui est à l'origine de la manifestation à Sainte-Soline.
28:41 Oui, à la demande du président de la République
28:43 et de la première ministre,
28:45 demain matin, je présenterai au conseil des ministres
28:47 le décret de dissolution des soulèvements de la terre.
28:50 Mais cette remise en cause des contre-pouvoirs
29:01 agace jusque dans son propre camp.
29:03 Barbara Pompili,
29:05 ancienne ministre de la Transition écologique
29:07 et députée apparentée Renaissance,
29:09 a signé une tribune intitulée
29:11 "Ne touchez pas à la Ligue des droits de l'homme".
29:13 Jointe par téléphone,
29:17 elle explique pourquoi elle voulait marquer ses distances
29:19 avec les prises de position de Gérald Darmanin.
29:21 C'est important parce que
29:23 je trouve qu'il y a une dérive.
29:26 Il me semble que c'est un mouvement qui est dangereux
29:30 et qu'on doit, quand on en a l'occasion,
29:34 rappeler qu'une démocratie a besoin de contre-pouvoirs,
29:38 qu'une démocratie a besoin de pluralisme
29:41 et que tout ce qui est mis en place pour cela
29:45 doit être protégé.
29:47 Que ça nous plaise ou non,
29:49 on ne peut pas financer uniquement les associations
29:52 qui vont diffuser la bonne parole du gouvernement.
29:57 Donc oui, clairement,
30:00 il a passé une limite qu'il n'aurait pas dû passer.
30:03 Autre problème, le ministre va être rattrapé par ses mensonges,
30:06 notamment quant aux incidents qui ont lieu au Stade de France
30:09 le 28 mai 2022.
30:11 Ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu entre 30 000 et 40 000 personnes,
30:14 deux plus que ne peut accueillir le Stade de France,
30:17 sur le parvis.
30:19 Et ils étaient là avec ou sans billet.
30:23 Ou encore sur Sainte-Sauline et les nombreux blessés.
30:27 Non, les gendarmes n'ont pas lancé de LBD en quad.
30:31 Seules des grenades lacrymogènes ont été tirées.
30:35 Non, aucune arme de guerre n'a été utilisée
30:37 par les forces de l'ordre à Sainte-Sauline.
30:39 Ce que je peux vous dire d'expérience,
30:42 c'est qu'il ne faut jamais farder la vérité.
30:46 Vous ne pouvez pas tourner autour.
30:48 Alors ce qui est sûr aussi,
30:50 c'est que la vérité n'est pas très facile à trouver.
30:53 L'expérience que j'ai,
30:56 c'est qu'une réaction à chaud d'un ministre de l'Intérieur
31:00 est quelque chose qu'il est extrêmement dangereux de faire.
31:05 Parce que dans la chaleur de l'événement,
31:09 vous avez un premier compte-rendu
31:11 et puis vous fondez sur ce compte-rendu pour dire
31:14 est-ce que ce compte-rendu qui émane d'une personne,
31:17 qui a une vision, qui était à un endroit d'éternité
31:20 et pas dans tous les endroits d'observation possibles,
31:23 est-ce que cela est fondé ou non ?
31:25 Très souvent, les premiers comptes-rendus
31:28 et par conséquent les premières déclarations
31:31 peuvent être erronés.
31:34 Selon Barbara Pompili,
31:36 malgré les contre-vérités de Darmanin,
31:38 ce dernier a toujours les faveurs d'Emmanuel Macron.
31:41 D'un point de vue politique,
31:43 ce que je constate, c'est quand lui s'exprime,
31:46 quand il prend des positions et des postures très dures
31:49 et très éclivantes,
31:51 le sentiment que j'ai
31:53 est un sentiment qu'il le fait très librement
31:56 et qu'il n'est pas rappelé à l'ordre, ou rarement.
32:00 Je peux vous dire que quand d'autres
32:03 veulent prendre des positions différentes
32:06 et qui sont des positions qui vont un petit peu
32:09 à l'encontre des positions de Gérard,
32:12 c'est pas évident.
32:14 Souvent, il y a des coups de fil,
32:16 souvent il y a soit des engueulades,
32:19 soit des interrogations.
32:21 "Pourquoi tu dis ça ? Je ne comprends pas."
32:24 Conforté par le président de la République,
32:35 Gérald Darmanin continue de placer ses pions.
32:39 -Je m'appelle Julien Garciamillet
32:42 et je suis brigadier chef de police
32:45 à l'office antistupéfiante de Bayonne.
32:48 Je suis rentré dans la police il y a 20 ans
32:51 et je suis dans la police judiciaire depuis le début.
32:54 Même en étant adjoint de sécurité,
32:56 j'étais en police judiciaire
32:58 et mon père était en police judiciaire avant moi.
33:01 C'est quelque chose qui est un peu dans l'ADN.
33:04 Je suis rentré dans la police pour faire de la police judiciaire.
33:08 -Pour Gérald Darmanin,
33:10 mettre totalement sous la coupe du ministère de l'Intérieur
33:13 la police judiciaire.
33:15 Petite explication.
33:17 Actuellement, la police judiciaire est un service à part entière
33:20 au sein des forces de l'ordre,
33:22 ce qui leur garantit une certaine autonomie vis-à-vis du ministère.
33:25 Avec sa réforme, Gérald Darmanin souhaite que la police judiciaire
33:28 soit placée avec tous les autres services de police
33:31 sous l'autorité d'un directeur départemental de la police nationale
33:34 qui sera lui-même sous l'autorité du préfet de la région.
33:37 Cela aurait pour effet d'empêcher certaines investigations
33:40 qui pourraient déranger le pouvoir.
33:42 -Demain, si le préfet dit au directeur départemental
33:45 "Attention, ce dossier-là, je ne veux pas trop que vous travaillez dessus,
33:49 vous le laissez un peu de côté",
33:51 le directeur départemental aura tout loisir d'effectivement pouvoir
33:54 nous orienter différemment, nous faire travailler sur d'autres dossiers
33:57 de manière à ce que certaines procédures puissent rester,
34:00 passer un peu dans le bruit ou être un peu moins travaillées.
34:03 Ce dont nous avons peur, c'est que le fait d'avoir connaissance
34:06 de ce qui est en train de se passer puisse volontairement
34:10 ou involontairement faire venir le politique au niveau des enquêtes
34:14 et nous empêcher ou nous orienter différemment
34:18 en fonction des enquêtes que nous menons.
34:20 -Face à ce projet de réforme, fait inédit,
34:23 la quasi-totalité des effectifs de la police judiciaire va protester.
34:27 Lors d'une visite du directeur général de la police nationale, Frédéric Vaud,
34:31 la police judiciaire de Marseille va symboliquement faire une haie d'honneur
34:34 pour contester la réforme.
34:36 ...
34:47 Face à cette protestation, la décision de Darmanin ne se fait pas attendre.
34:51 Il décide d'évincer le chef de la police judiciaire de Marseille, Éric Arella.
34:56 ...
34:59 -C'est sûr que l'éviction de M. Arella a quand même un petit peu refroidi
35:04 les ardeurs, mais c'est surtout, au-delà de ça,
35:07 c'est le fait d'avoir pris conscience que, quoi qu'on fasse,
35:11 la réforme, en fait, allait arriver à son terme.
35:14 Nous, notre crainte, elle est là. C'est-à-dire que si la police judiciaire
35:18 n'est plus là demain, si demain, on n'a plus le temps de travailler
35:21 sur les grosses équipes de braqueurs,
35:24 sur les grosses équipes de trafiquants de drogue,
35:26 sur les enquêtes au long cours, sur les enquêtes financières
35:29 qui prennent du temps,
35:32 on pense que les premiers qui vont en bénéficier,
35:34 ça va être justement les voyous et les bandits
35:37 qui, eux, vont pouvoir proliférer et gagner de plus en plus d'argent
35:41 et rentrer de plus en plus dans les structures sociales.
35:44 ...
35:52 -Désormais, il reste une dernière étape à franchir à Gérald Darmanin
35:56 pour assouvir son ambition.
35:59 -Il arrive à être proche de Nicolas Sarkozy,
36:02 proche d'Emmanuel Macron,
36:04 et de glisser, de temps en temps, de l'un à l'autre,
36:08 aller de l'un vers l'autre,
36:10 et plus souvent aller vers ceux qui exercent la réalité du pouvoir.
36:15 ...
36:23 Je crois qu'il y a aussi chez Gérald la volonté de jouer un rôle
36:28 utile et important.
36:30 Son ambition, c'est plus d'être président de la République
36:33 que d'être Premier ministre,
36:35 parce qu'il sait que son côté clivant au niveau de la fonction de Premier ministre,
36:39 elle sera plus gênante,
36:41 parce qu'au niveau de la fonction de président,
36:44 il peut y avoir des gens de gauche ou de droite
36:47 qui aiment la détermination,
36:49 la confiance en soi que l'on peut manifester,
36:54 et qu'à la limite,
36:56 l'accession au poste suprême est peut-être plus facile pour lui.
36:59 -Dans son récit, il aime raconter que sa mère est femme de ménage.
37:03 On l'aperçoit à la télévision publique pour la première fois en 2019.
37:07 -On fait gagner 3 ans de travail en moins à ma mère.
37:09 -Pour revenir sur le cas de ma très chère mère, qui est femme de ménage.
37:12 -Elle parle pas à ma maman.
37:13 -Mais aussi qu'il est le petit-fils d'un tirailleur algérien.
37:15 -Mon grand-père, priez à Allah
37:18 et portez l'uniforme de la République.
37:22 -Partir de rien pour arriver triomphalement au sommet.
37:27 -Darmanin, lui, évidemment,
37:31 valorise, porte au nu, peut-être même sa propre mère,
37:35 et on ne saurait lui en faire le reproche.
37:38 Ce qui est intéressant, c'est de savoir quel usage il fait de sa mère
37:41 dans son récit personnel.
37:44 Et je crois que plus il évoque la modestie sociale de sa mère,
37:49 plus il évoque le fait qu'à 67 ans,
37:52 elle est encore obligée de travailler
37:55 pour subvenir à ses besoins,
37:58 plus il se valorise lui-même.
38:01 C'est-à-dire qu'elle est, en quelque sorte,
38:04 une étrange statue du commandeur.
38:07 C'est pas une statue qui le menace,
38:11 c'est au contraire une statue qui le sublime.
38:14 Plus sa mère est modeste,
38:16 plus cela dit à quel point il a réussi.
38:19 Plus il évoque ce grand-père algérien,
38:23 plus on se dit "Ah, le petit Gérald,
38:26 "chapeau, il a drôlement réussi."
38:29 Donc c'est évident qu'il y a cette fonction-là
38:33 de cette référence à sa mère.
38:35 C'est...
38:37 Elle est le regard qui lui permet
38:40 de se voir, en quelque sorte, "successful",
38:44 de se voir, en effet,
38:46 pouvant aller jusqu'au bout de l'ambition,
38:51 jusqu'à la présidence de la République.
38:55 Sous-titrage ST' 501
38:59 "La vieille fille"
39:03 "La vieille fille"
39:06 "La vieille fille"
39:09 "La vieille fille"
39:12 "La vieille fille"
39:15 "La vieille fille"
39:18 "La vieille fille"
39:21 "La vieille fille"
39:24 "La vieille fille"
39:27 "La vieille fille"
39:30 "La vieille fille"
39:33 ♪ ♪ ♪