Gangréné par les violences, Haïti est "confronté au désespoir d'une population qui n'est peut plus"

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Transcription
00:00 invité, Djéry Tardieu, ancien député haïtien, ancien président du groupe d'amitié Haiti-France
00:05 au Parlement haïtien. Vous dirigez un parti en avant, engagé dans ces négociations. Vous,
00:11 vous n'êtes pas allé à la rencontre d'Antonio Guterres, Djéry Tardieu, pour quelle raison ?
00:16 Je n'y ai pas été simplement parce que l'invitation m'est arrivée le jour où j'étais
00:21 en train de se retourner à Paris et à Montréal. Si j'étais en Haïti, j'y aurais participé parce
00:27 que je pense que cette visite peut participer d'un effort pour pousser les haïtiens à aller plus
00:34 en avant dans un dialogue inter-haïtien qui a commencé à Kingston-la-Jamaïque et qui doit
00:38 nous permettre de trouver une formule de compromis le plus tôt que possible pour sortir Haïti de la
00:42 crise. Jusqu'ici, toutes les négociations inter-haïtiennes n'ont abouti, Djéry Tardieu,
00:47 à rien de concret. Qu'est-ce qui coince ? Qu'est-ce qui bloque ?
00:51 Bon, je dois dire que les choses avancent lentement. La crise haïtienne est très,
00:56 très grave. Monsieur Robert Pilone, vous le savez, Haïti est un pays à genoux qui manque de tout.
01:02 Les deux industries les plus prolifiques en Haïti aujourd'hui sont le gangsterisme de côté et le
01:07 désespoir, le désespoir d'une population qui n'en peut plus. Ce qui coince, c'est qu'il y a
01:12 beaucoup de méfiance entre les acteurs politiques et pendant deux ans, c'est vrai, qu'ils n'ont pas
01:15 pu trouver un accord politique qui soit largement consensuel pour permettre d'avoir une feuille de
01:20 roue qui nous amène vers les émissions. C'est pour cela que nous pensons que le secrétaire général
01:25 devra, s'il veut vraiment venir en support à Haïti, favoriser que le dialogue continue. Kingston,
01:33 c'est une étape, il en faudra d'autres. La crise haïtienne est très grave. Kingston a été,
01:38 pas une finalité, mais une étape dans un processus qui sera long et difficile. De ce point de vue,
01:43 je crois que sa présence en Haïti aujourd'hui, une urgence de la crise haïtienne, nous espérons
01:50 que nous pourrons très rapidement avancer sur le terrain des discussions pour en arriver à cette
01:55 formule de compromis qui est tard à revivre. Thierry Tardieu, Antonio Guterres a plaidé pour
02:00 cette fameuse force internationale capable de rétablir la sécurité en Haïti. On sait que
02:05 personne ne veut en prendre la direction, ni les Américains, ni les Canadiens. Pour quelles raisons?
02:11 Écoutez, le terrain haïtien est un terrain miné. Moi, je dirais, monsieur Robert,
02:17 que Haïti a besoin d'assistance, d'assistance sécuritaire, d'assistance humanitaire,
02:24 d'assistance économique. Haïti a besoin d'un paquet, parce qu'Haïti est à genoux et au plus bas.
02:29 Maintenant, le tout est de savoir quels sont les termes de référence de cette assistance. C'est
02:34 pour cela que nous insistons beaucoup sur la gouvernance. Le premier ministre a rien envui,
02:38 après deux ans au pouvoir, il y a forcément un constat de chèque et il y a la nécessité pour
02:44 que les forces politiques et les forces de la société civile puissent trouver avec lui un
02:48 accord plus largement consensuel. De cet accord, nous pourrons déterminer quelle sera la formule
02:53 de gouvernance. Moi, j'ai dit à Dieu de partir en avant, nous pensons qu'il faut une gouvernance
02:58 qui soit plus proche de l'esprit de la Constitution. Et nous ne sommes pas les seuls. Nous pensons
03:02 qu'il faudra très certainement un conseil, une entité qui ait certaines prérogatives présidentielles
03:09 de côté et il faut un gouvernement d'unité nationale. Une fois que la gouvernance aura
03:13 bénéficié d'une légitimité politique, à ce moment, nous pourrons discuter des termes de référence
03:18 de ce que peut être une assistance technique, humanitaire, économique et surtout sécurité.
03:24 Justement, sur la sécurité, ce sera ma dernière question. On sait que c'est l'extrême urgence
03:29 dans ce pays gangrenée par ces groupes armés. La police nationale, si on comprend bien,
03:35 fait ce qu'elle peut, mais à l'évidence, elle n'y arrive pas. Comment justement parvenir à
03:40 une force qui dépasse la police nationale pour pouvoir rétablir la sécurité dans ce pays?
03:45 Écoutez, il revient là aux haïtiens de décider quelle est la meilleure formule pour sécuriser
03:50 leur pays. Il faut que le dialogue haïtien continue, il doit être souvenant, il doit être
03:54 inter-haïtien et surtout, il doit apporter sur deux enjeux majeurs. Bien entendu, la gouvernance,
03:59 j'en ai parlé, mais aussi les élections. Et pour en arriver à des élections, on est crédible et
04:04 transparent, il faut la sécurité. Pour rétablir la sécurité, il faut qu'on soit très clair,
04:08 on a besoin d'un encadrement, qu'il soit un encadrement policier, un encadrement technique,
04:13 un encadrement professionnel, un encadrement sérieux, parce qu'il faut que la police nationale
04:18 d'Haïti et les forces armées d'Haïti puissent répondre aux besoins à l'exigence de leur PSL,
04:23 de rétablir la sécurité, de restaurer l'autorité de l'État à l'Aït.
04:26 Un mot rapide, Gérard Dieu, sur la France. Vous qui avez présidé le groupe d'amitié Haïti-France
04:32 au Parlement, est-ce que Paris peut quelque chose dans cette crise haïtienne?
04:36 La France est très impliquée à travers son ambassadeur en Haïti, l'Union européenne aussi,
04:42 les Américains, les Canadiens, de point de vue institutionnel, le CARICOM, l'OEA,
04:47 les Nations Unies. Il y a une manifestation d'un intérêt pour Haïti, mais qui doit encore se
04:52 manifester, je dirais, de façon beaucoup plus concrète, de telle sorte que l'on puisse joindre
04:57 la parole aux actes et qu'une fois qu'on ait trouvé la bonne formule de gouvernance, que tous
05:01 ces pays amis d'Haïti puissent nous aider à trouver la bonne formule pour encadrer la police nationale
05:05 et sécuriser de nouveau Haïti, ce beau pays qui est à génométriquement lourds de l'ensemble.
05:10 Merci beaucoup, Gérard Dieu, d'avoir été notre invité, ancien député haïtien, ancien président du groupe d'amitié Haïti-France au Parlement haïtien.

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