Santé des femmes au travail : "Oui, il y a encore des sujets tabous"

  • l’année dernière
Santé des femmes au travail : "Il y a des difficultés à reconnaître que la santé des femmes doit être embrassée de manière différente. Oui, il y a encore des sujets tabous, comme la ménopause, comme les règles", explique Annick Billon, sénatrice Union Centriste de Vendée, présidente de la délégation aux droits des femmes.

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00:00 Merci Annick Billon de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:03 Vous êtes sénatrice centriste de la Vendée, président de la délégation sénatoriale aux droits des femmes.
00:07 Et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes,
00:08 on va longuement parler du rapport que vous avez remis hier sur la santé des femmes au travail.
00:14 Mais d'abord, évidemment, en l'actualité, on l'a vu, ce sont ces tensions,
00:17 cette violence qui montait d'un cran cette nuit et qui s'est étendue dans plusieurs villes du pays
00:21 après la mort d'un jeune homme de 17 ans tué à Nanterre.
00:23 Est-ce que vous êtes inquiète du climat qui est en train de monter dans le pays ?
00:27 D'abord, vous dire que c'est un terrible drame, forcément, la mort d'un jeune de 17 ans,
00:31 qu'on pense aux familles, on pense à la famille, on pense aux proches,
00:35 mais que nous avons besoin de sérénité pour que la justice soit rendue, que l'enquête soit menée.
00:42 Et moi, j'appelle évidemment à ce que ces violences elles cessent.
00:45 Il y a trop de violence dans notre société.
00:48 La justice, elle doit passer.
00:49 La vérité, elle doit être donnée pour que cette mort ne soit pas inutile.
00:58 Et pour cela, on a besoin de sérénité.
01:02 – Et aujourd'hui, elle n'est pas là.
01:03 – Elle n'est pas là.
01:04 – Et surtout, ce climat, il est entretenu par certains, selon vous ?
01:10 – Il faut éviter toute récupération politique, comme on a pu le voir.
01:15 Il y en a eu, forcément, on l'a entendu.
01:18 – De la part de qui, vous pensez ?
01:20 – Je pense que quand on stigmatise ou qu'on flèche des lois,
01:25 notamment précédentes, qui soi-disant seraient responsables de la mort de Naël,
01:29 non, on ne peut pas dire ça.
01:31 Donc, il ne faut pas stigmatiser, finalement, certaines mesures que nous avons dans nos lois.
01:42 Et puis, laisser la justice passer.
01:45 Pas de récupération politique, pas de commentaire avant de savoir véritablement
01:51 ce qui s'est passé et comment ça s'est passé.
01:55 Enquête, l'enquête doit se mener dans des conditions sereines, apaisées.
02:00 Et ce ne sont pas les violences qu'il y a eu cette nuit encore qui vont le permettre.
02:05 – Il y a une autre actualité aujourd'hui, c'est le Conseil d'État
02:07 qui doit rendre sa décision sur le port du hijab dans le foot féminin.
02:10 La Fédération française de foot interdit les joueuses de jouer voilé.
02:15 Le rapporteur public dit que la Fédération française doit modifier son règlement.
02:19 Il y a donc de grandes chances que les hijabs soient autorisés.
02:21 Qu'en dites-vous ?
02:22 – Moi, je dis qu'on est dans un pays laïc.
02:24 Il y a une séparation.
02:26 Voilà, donc la neutralité, elle doit exister.
02:30 Je ne suis pas favorable au port du hijab dans les compétitions sportives.
02:35 Et voilà, la laïcité, elle doit être appliquée.
02:39 La neutralité aussi.
02:41 Et que tous les ports religieux qui visent à favoriser le radicalisme,
02:47 le séparatisme, le communautarisme,
02:50 tous ces signes doivent disparaître et ne doivent pas être utilisés.
02:56 – Le rapporteur dit que ce n'est pas une provocation le seul port du hijab.
03:00 Vous n'êtes pas d'accord avec ça ?
03:01 – Je ne suis pas d'accord.
03:03 Et moi qui préside la délégation aux droits des femmes,
03:06 nous avons travaillé à de nombreuses reprises cette année
03:10 sur la situation des femmes en Iran, sur la situation des femmes en Afghanistan.
03:14 Et lorsque dans certains pays,
03:16 les femmes se battent au risque de leur vie pour retirer le voile,
03:20 c'est quand même très dommage qu'en France,
03:22 où nous avons des lois normalement qui nous protègent,
03:26 et c'est la laïcité, la neutralité,
03:28 qu'on soit encore à débattre de ce sujet.
03:31 – Mais certains disent qu'elles ne sont pas agents du service public,
03:34 que ce sont des joueuses de foot, elles peuvent jouer voilé.
03:37 – Nous allons organiser les Jeux Olympiques, il y a une charte olympique.
03:41 Ces signes religieux sont bannis dans cette charte olympique.
03:46 Alors allons jusqu'au bout et respectons la charte olympique
03:50 dans les compétitions de football.
03:52 – On va parler de votre rapport,
03:54 le rapport remis hier par votre délégation,
03:56 la délégation sénatoriale aux droits des femmes,
03:58 sur la santé des femmes au travail, un rapport très instructif.
04:01 On va voir les principaux points avec notre journaliste parlementaire,
04:04 Mathias Arez.
04:05 [Musique]
04:13 Bonjour Mathias.
04:14 – Bonjour Auriane, bonjour madame la sénatrice.
04:16 – Et Mathias, vous allez donc nous parler de ce rapport
04:18 de la délégation aux droits des femmes.
04:20 – Voilà, 6 mois de travaux et un constat implacable,
04:23 notre société souffre d'une méconnaissance quasi totale
04:26 des conséquences du travail sur la santé des femmes.
04:29 La présidente de la délégation, Annick Billon, y s'est présente
04:32 et ses 4 rapporteurs, Laurence Cohen, Laurence Rossignol,
04:35 Annick Jacquet et Marie-Pierre Richy, ont consulté des entreprises,
04:38 des professionnels de santé, se sont déplacés en Bretagne
04:41 et ailleurs pour mieux documenter et aborder un sujet
04:44 qui semble presque tabou tant il est passé sous silence.
04:48 Or de ces travaux, la délégation a tiré des recommandations 23,
04:52 pour être précis, une liste divisée en 3 catégories,
04:55 chaussées systématiquement les lunettes du genre,
04:58 c'est-à-dire différencier sans pour autant discriminer
05:01 en fonction du genre, avoir une approche sexuée,
05:04 des risques professionnels ou des conditions de travail,
05:07 développer et adapter la prévention à destination des femmes,
05:10 c'est-à-dire favoriser l'accès à la médecine du travail,
05:13 revoir la liste des critères de pénibilité et j'en passe,
05:16 et enfin mieux prendre en compte la santé sexuelle
05:19 et reproductive au travail, le plus gros volet,
05:22 puisque la vie sexuelle et reproductive d'une femme
05:25 peut être semée d'embûches, il y a les règles éventuellement
05:28 des grossesses, des fausses couches, l'endométriose
05:31 et puis enfin la ménopause qui peuvent indépendamment
05:34 ou conjointement mettre à mal la carrière professionnelle des femmes.
05:37 – Et parmi les 3 catégories que vous venez de citer,
05:39 Mathias, il y en a une qui bénéficie pourtant déjà d'une base législative.
05:42 – Oui, la loi du 4 août 2014 pour l'égalité réelle
05:45 entre les femmes et les hommes a modifié le Code du travail
05:48 et pose le principe de l'obligation d'intégrer l'impact différencié
05:52 de l'exposition aux risques en fonction du sexe
05:55 dans le document d'évaluation des risques professionnels, le DURP.
06:00 On parle là des lunettes du genre face aux conditions de travail,
06:04 mais 9 ans après la promulgation de cette loi,
06:06 les sénatrices ont constaté que dans les faits,
06:08 cet article précis n'est pratiquement jamais appliqué.
06:11 C'est un affront pour la rapporteure Laurence Cohen.
06:14 – Il faut aussi, quand les lois ne sont pas appliquées,
06:17 avoir en tout cas beaucoup plus d'exigences
06:20 et ne pas s'empêcher d'avoir notamment des sanctions financières
06:26 et des sanctions financières qui sont dissuasives.
06:29 – Vous partagez l'avis de votre collègue Duval-Demarne ?
06:32 – Ah ben forcément, s'il y a une loi, elle doit être respectée,
06:36 mais on sait très bien, pour avoir participé à une commission mixte paritaire
06:40 hier sur la proposition de loi sur la fonction publique et l'égalité
06:43 dans les postes à responsabilité, si on met des obligations dans la loi,
06:47 si on ne met pas de sanctions, c'est effet zéro.
06:51 – Le monde du travail, c'est un peu ce qu'on comprend en lisant ce rapport,
06:55 est-ce que le monde du travail est trop pensé masculin ?
06:57 Vous dites notamment que les postes de travail,
06:59 les équipements sont pensés sur les données d'un homme moyen.
07:02 – Ce qui a été démontré avec les rapporteurs,
07:04 c'est qu'il y a des difficultés et des différences à reconnaître finalement
07:11 que la santé des femmes au travail, elle doit être embrassée,
07:14 c'est un sujet qui doit être embrassé de manière différente.
07:17 On n'a pas chaussé les lunettes de genre, vous l'avez dit, mais parce que pourquoi ?
07:22 Parce que beaucoup imaginent qu'à partir du moment où on va différencier,
07:26 on va stigmatiser, or l'objectif n'est pas là.
07:29 Et certains vous diraient, les femmes sont déjà stigmatisées,
07:32 sont déjà traitées différemment dans le travail.
07:35 Donc l'idée c'est bien entendu de se dire que les femmes,
07:38 elles méritent l'égalité salariale, l'égalité professionnelle,
07:42 mais qu'il faut, comme ça a été dit, prendre en compte des éléments de santé.
07:47 C'est-à-dire que oui, les femmes ont leurs règles,
07:49 oui, les femmes peuvent avoir des grossesses,
07:51 oui, les femmes peuvent avoir des fausses couches,
07:53 oui, il peut y avoir la procréation assistée médicalement,
07:56 et oui, il y a encore des sujets tabous, comme la ménopause,
08:00 comme les règles dans la société et dans le monde du travail.
08:03 – Et on va en parler, mais vous dites même qu'avoir des données spécifiques,
08:06 en fait c'est important pour comprendre les maladies féminines,
08:09 pour aider à les prévenir, et vous n'avez pas réussi, par exemple,
08:13 à obtenir ces données statistiques sur les données de santé,
08:17 par exemple les arrêts maladies par sexe, ça vous ne les avez pas ?
08:20 – Alors, on ne les a pas, ce qui est dommage,
08:22 c'est qu'on sait très bien que l'assurance maladie,
08:24 elle a les arrêts de travail, les accidents de travail,
08:28 les maladies professionnelles, ce sont des données dont elle dispose.
08:32 La seule chose c'est qu'elle ne les communique pas,
08:34 et on ne travaille pas dessus.
08:36 À partir du moment où vous avez des statistiques,
08:38 si vous n'en faites rien, ça ne sert à rien.
08:40 Donc aujourd'hui, ce que nous demandons,
08:42 c'est que ces statistiques genrées,
08:44 elles soient utilisées pour mieux prendre en compte.
08:47 Un exemple, le cancer, les cancers féminins,
08:50 les femmes, elles ont des cancers plus jeunes,
08:56 ça veut dire qu'elles sont plus en situation de travail lorsqu'elles ont un cancer.
09:03 Et bien par exemple, le retour à l'emploi avec un cancer,
09:07 ça c'est quelque chose qui n'est absolument pas abordé dans l'entreprise.
09:11 Le travail de nuit, 26%, ça augmente de 26%
09:17 le risque d'avoir un cancer du sein lorsque vous avez un travail de nuit.
09:21 Ça a été prouvé, il y a eu une affaire qui est passée en justice.
09:24 Donc bien entendu, il faut intégrer cela
09:27 dans la manière de gérer la santé des femmes au travail.
09:31 Est-ce qu'il y a des maladies professionnelles qui touchent les femmes
09:34 et qui ne sont pas reconnues comme telles ?
09:36 Alors la différence qui a été démontrée dans ce rapport,
09:40 c'est que finalement les accidents de travail des femmes
09:45 sont très différents des accidents de travail des hommes.
09:50 Les hommes, ce sont des accidents visibles,
09:52 ce sont des accidents qui mettent parfois le pronostic vital en jeu.
09:58 Les maladies professionnelles des femmes,
10:01 ce sont plutôt des troubles musculosquelétiques,
10:04 ce sont vraiment des maladies invisibles.
10:08 – Et aussi du psychologique.
10:10 – Et psychologique.
10:11 – Vous comptez aussi la question de la charge mentale.
10:13 – La charge mentale, tout à fait.
10:14 D'ailleurs au début du rapport, on avait hésité à travailler sur ce sujet.
10:19 Il y a les risques psychosociaux, il y a les violences sexuelles et sexistes,
10:25 qu'elles soient vécues sur le lieu de travail ou en dehors, dans le cercle privé.
10:30 Tout ceci fait que ce sont bien souvent des mots invisibles
10:35 et c'est le titre du rapport.
10:36 – Exactement.
10:37 Et alors on l'a vu Mathias,
10:38 évidemment tous les points dont on vient de parler sont des points d'accord.
10:41 Il y a aussi un désaccord.
10:43 – Oui, c'est le congé menstrué, Lauriane.
10:44 Alors déjà instauré par la commune de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis,
10:47 cette option qui vise à adapter la présence au travail
10:50 pour les femmes souffrant de douleurs liées aux règles
10:53 séduit de plus en plus.
10:54 Certaines entreprises l'appliquent déjà.
10:56 Le département de la Gironde devrait prochainement l'expérimenter.
11:00 Et pour autant, le congé menstruel n'a pas convaincu
11:02 tous les membres de la commission,
11:04 aux grands dames de Laurence Rossignol, elle aussi rapporteure.
11:07 – On n'est pas tombés d'accord avec les collègues sur le congé menstruel.
11:10 Moi j'y suis favorable,
11:11 elles sont plus inquiètes des risques qu'il pourrait y avoir.
11:14 Le congé menstruel, je précise, c'est une prescription médicale longue
11:18 et la possibilité pour les femmes de s'arrêter quand elles souffrent
11:22 sans perdre les indemnités journalières liées au délai de carence.
11:26 – Quel risque pourrait faire peser le congé menstruel, Mme la secrétaire ?
11:30 – Alors je pense que ce serait caricaturer le rapport
11:32 et les conclusions du rapport de dire qu'il y a un désaccord.
11:35 Nous avons étudié le sujet de l'endométriose,
11:40 10% des femmes en souffrent, 1,5 million, 2,5 million de femmes,
11:45 donc c'est avec des douleurs très importantes,
11:49 bien souvent en première cause d'infertilité,
11:52 donc quelque chose qui existe, qui est démontré
11:56 et qui mérite qu'on le traite différemment aujourd'hui.
12:00 C'est une des propositions du rapport,
12:02 c'est-à-dire d'inscrire dans la liste des maladies invalidantes
12:05 et donc l'endométriose est prise en compte.
12:08 À ce stade, le congé menstruel est aujourd'hui porté comme un totem,
12:13 je ne suis pas persuadée à ce stade que les femmes,
12:18 dans leur grande majorité, souhaitent finalement bénéficier d'un congé menstruel.
12:25 Bien entendu, il faut prendre en compte la douleur des femmes,
12:28 les propositions qui sont faites sur l'endométriose visent à cela,
12:32 c'est-à-dire supprimer la journée de carence notamment,
12:35 et donc toutes les questions de la santé des femmes doivent être prises en compte,
12:41 mais ne résumons pas le fait que certaines des co-rapporteurs
12:47 et des membres de la délégation aient souhaité travailler plus en amont ce sujet
12:52 pour vérifier, parce que parfois on a des bonnes idées,
12:56 mais ces bonnes idées, il faut déjà qu'elles soient voulues par les femmes
13:00 et voulues par les femmes qui travaillent,
13:02 et nous n'en sommes absolument pas persuadées aujourd'hui
13:05 pour certaines des co-rapporteurs.
13:07 – On constate aussi dans ce rapport que la grossesse fait encore,
13:12 fait toujours l'objet de stigmatisations alors qu'on est en 2023.
13:16 – Écoutez, les inégalités économiques, professionnelles, elles persistent,
13:23 elles persistent et c'est pour ça que nous avons voté la loi
13:27 sur l'égalité économique et professionnelle il y a peu pour le secteur privé,
13:32 et c'est pour ça qu'hier, il y avait cette commission mixte paritaire
13:36 sur une proposition de loi que j'ai déposée avec Dominique Vérien et Martine Figuel
13:42 qui vise à faire que dans les… on a donné des obligations au secteur privé,
13:47 on doit aussi les donner dans le secteur public,
13:50 et donc pour plus d'égalité, pour accéder à des responsabilités,
13:55 et donc oui les inégalités, elles persistent,
13:57 oui la prise en compte de la santé des femmes,
14:00 elle n'est pas aujourd'hui ce qu'elle devrait être,
14:03 alors c'est valable pour la grossesse, c'est valable pour la ménopause
14:07 qui reste un sujet tabou encore aujourd'hui.
14:10 – Oui, ça aussi c'est assez surprenant à la lecture de votre rapport,
14:15 pourquoi la ménopause ça reste aujourd'hui un sujet tabou ?
14:18 – Ça reste un sujet tabou parce que la santé des femmes,
14:21 l'endométriose, on n'en parle que depuis une dizaine d'années à peu près,
14:25 donc il est important qu'il y ait des personnels soignants
14:29 qui soient formés finalement aux pathologies spécifiques des femmes,
14:35 mais actuellement on a des travaux qui sont menés sur les médicaments,
14:40 une commission présidée par notre collègue Sonia de la Provauté,
14:45 là aussi dans le domaine de la recherche, dans le domaine des médicaments,
14:49 on voit que la recherche n'avance pas suffisamment
14:52 par rapport à la différenciation qu'on doit faire entre les hommes et les femmes.
14:58 – Y compris sur certaines maladies, c'est le cas par exemple de l'infarctus
15:01 où les symptômes ne sont pas les mêmes, et c'est vrai que c'est pensé pour les hommes,
15:06 on connaît beaucoup moins les symptômes chez les femmes,
15:09 et ça a des conséquences évidemment dans la détection et dans la mortalité.
15:13 – En fait il y a des idées reçues qui ont la vie dure,
15:16 et qu'on imagine que les femmes ne font pas d'AVC,
15:20 les femmes ne sont pas sujettes à cela,
15:23 donc oui c'est une cause importante de mortalité chez les femmes,
15:28 et bien souvent les critères, les symptômes ne sont pas pris en compte,
15:32 vous l'avez dit, donc oui il faut qu'on travaille sur la santé des femmes,
15:36 c'est un travail qui doit être mené par les professionnels de santé,
15:39 et puis je vais vous citer un exemple, parce que cette histoire m'a beaucoup touchée,
15:43 j'ai été contactée récemment, lorsqu'une femme est enceinte,
15:48 elle est suivie, très suivie médicalement,
15:53 et une fois qu'elle accouche, bien souvent,
15:56 le bébé est extrêmement suivi,
15:58 mais la femme est beaucoup moins suivie après l'accouchement,
16:03 on doit communiquer sur les risques aussi qui suivent le post-partum,
16:11 et bien écoutez j'ai eu le témoignage d'une jeune femme,
16:15 sa sœur, elle avait accouché,
16:19 elle a été prise quelques jours après de gros maux de tête,
16:22 elle a consulté son médecin,
16:24 on l'est repartie avec une boîte de Doliprane,
16:26 or dans l'après-midi elle a fait un AVC post-partum,
16:29 elle est décédée.
16:31 Et finalement cette prise en compte des maladies spécifiques femmes,
16:37 on se demande si, on a parlé des risques psychosociaux tout à l'heure,
16:42 de la santé mentale, voilà, dépression post-partum,
16:47 elle a mal au crâne, elle ne se sent pas bien,
16:49 elle doit être stressée, non, les symptômes d'une femme
16:52 doivent être pris en compte comme les symptômes des risques d'AVC,
16:58 comme pour un homme, et tout à l'heure on parlait de l'homme moyen,
17:01 finalement, on le dit dans le rapport,
17:04 les équipements par exemple de travail,
17:07 ils sont établis pour un homme moyen,
17:09 sauf un homme moyen, il n'a peut-être pas des petites mains,
17:12 il a peut-être des grands pieds,
17:14 et bien souvent les équipements de protection,
17:17 ça veut dire que les femmes lorsqu'elles travaillent,
17:20 elles sont mises en danger, ne sont pas adaptées,
17:23 que ce soit des gants, des chaussures, des vêtements de protection.
17:26 – Quels sont vos espoirs de voir aboutir certaines des recommandations
17:30 qui sont dans le rapport ?
17:32 – Eh bien, écoutez, il y a des dispositions qui méritent d'être portées
17:37 auprès du gouvernement,
17:39 il y a des dispositions qui probablement pourront se transformer
17:44 en mesures, en amendements ou en propositions de loi,
17:48 comme vous l'avez dit dans vos propos liminaires,
17:51 il y a quatre rapporteurs, il y a des élections sénatoriales,
17:54 on va peut-être, comme la session s'arrête en juillet,
17:58 on va laisser passer le renouvellement sénatorial
18:01 et on portera bien entendu ce qui doit être porté,
18:04 après il y a aussi des bonnes pratiques,
18:06 on est allé en Bretagne, vous l'avez dit,
18:08 il y a des régions, il y a des collectivités,
18:12 il y a des préfectures de régions qui ont travaillé
18:17 et qui sont en avance sur d'autres régions
18:21 et on doit les prendre en exemple aussi.
18:24 – Merci Mathias. – Merci Riane.
18:26 – A tout à l'heure. – A tout à l'heure.
18:27 – On va parler d'un autre sujet.
18:29 – Des hôpitaux publics de la Loiriste et des risques de fermeture de services.
18:32 – Et ce sera évidemment à suivre dans le clavardage.
18:34 – En Vendée. – On va aller justement en Vendée.
18:36 On va voir l'actualité dans votre département.
18:38 On retrouve Caroline Tronche, bonjour.
18:39 Caroline, merci beaucoup d'être avec nous,
18:41 vous êtes rédactrice en chef de TV Vendée,
18:43 on est ravie de vous recevoir dans cette émission.
18:45 Caroline, Elisabeth Born est en Vendée aujourd'hui,
18:48 la Première Ministre attendue,
18:50 et première étape de sa visite, ce sera un élevage du relais.
18:54 – Exactement, et vous imaginez bien qu'on l'attend,
18:56 on l'attend un petit peu de pièces fermes.
18:58 Alors nous, mais surtout les agriculteurs,
19:00 et ça c'est un sujet qui va parler évidemment
19:03 à votre invité du jour, bonjour Amy Pillon.
19:06 La grippe aviaire en Vendée, l'influenza aviaire,
19:09 c'est une épidémiologie qui frappe le département
19:12 depuis plusieurs années maintenant,
19:14 et c'est un sujet endémique presque,
19:17 qui touche quasiment tous les agriculteurs du département,
19:20 mais également toute une filière.
19:22 La Vendée c'est une terre d'agriculture,
19:24 donc on a évidemment des gens qui élèvent de la volaille,
19:27 mais d'autres qui viennent ensuite la chercher,
19:29 puis la transformer.
19:30 La Vendée c'est Maître Coq, ce sont les canards saoulards,
19:33 ce sont aussi de la restauration aux rhumicides,
19:36 bref, énormément de personnes qui travaillent autour de la volaille.
19:39 On ne se rend pas forcément compte quand tout va bien,
19:41 en revanche, quand la machine s'emballe un petit peu,
19:44 comme c'est le cas actuellement,
19:46 il y a beaucoup, beaucoup de personnes qui sont touchées.
19:49 L'épidéotie, la grippe aviaire,
19:51 je ne vais pas vous faire un cours de médecine
19:54 parce que j'en suis bien incapable,
19:56 en revanche, je vais vous expliquer ses conséquences.
19:58 À partir du moment où vous avez une volaille, un poulet,
20:01 une dinde qui est touchée dans un élevage,
20:03 pour des raisons sanitaires,
20:05 on est obligé d'abattre tout le lot,
20:08 c'est-à-dire tout l'élevage.
20:09 Donc vous avez des agriculteurs
20:11 qui sont en train d'élever 15 000 poulets,
20:14 par exemple dans un hangar,
20:16 qui un matin réalise qu'il y en a une ou deux bêtes
20:19 qui sont mortes après test,
20:21 on se rend compte qu'elles sont mortes à cause de la grippe aviaire,
20:23 eh bien il faut abattre tout le lot.
20:25 Du jour au lendemain, on a un agriculteur
20:27 qui se retrouve comme ça avec toute sa production,
20:29 son revenu, donc, qui part...
20:31 alors il faut dire ce qu'il y a,
20:34 qui part à la poubelle, voilà.
20:36 Derrière, je vous le disais à l'instant,
20:38 ça veut dire des camions qui ne vont pas venir chercher,
20:40 donc des personnes qui sont mises au chômage technique,
20:42 et derrière des transformateurs
20:44 qui ne pourront pas préparer des foie gras,
20:46 préparer des cordons bleus,
20:47 préparer des wings et compagnie, voilà.
20:50 Donc c'est psychologiquement très très compliqué,
20:54 sanitairement, évidemment, la situation,
20:57 elle est sous contrôle,
20:59 en revanche, ce qu'on ne peut pas gérer,
21:01 c'est cet impact sur le moral des agriculteurs.
21:05 2021, 2022, on a eu,
21:08 je vais regarder un petit peu dans les chiffres,
21:10 22 millions de volailles qui ont été abattues en France,
21:13 sur ces 22 millions, la moitié l'ont été en Vendée.
21:17 On ne représente pas la moitié du territoire français.
21:19 Donc pour vous donner un petit peu cet impact psychologique,
21:22 rien qu'à travers ce chiffre, je pense que c'est assez clair.
21:25 Et aujourd'hui, on a des agriculteurs
21:28 qui ont tout simplement abandonné.
21:30 Vous en avez certains qui ont transformé
21:33 leur hangar d'élevage en complètement autre chose,
21:36 des salles de travail, des salles de location,
21:38 d'autres ont changé de production.
21:41 On a aussi cette vie qui est rythmée
21:43 par des arrêts préfectoraux,
21:45 c'est-à-dire qu'ils vont interdire l'élevage en plein air.
21:48 - Et Caroline ?
21:49 - Quand vous êtes bio, oui ?
21:51 - Non, juste Caroline,
21:52 parce que vous avez aussi des questions pour Annick Billon
21:54 qu'on ait le temps de les poser
21:56 et qu'elle ait le temps d'y répondre.
21:58 - Alors justement, la question, c'est une question d'agenda.
22:02 Madame Billon, il y a un mois à peu près,
22:05 vous avez posé une question au gouvernement
22:07 justement concernant cette grippe à air,
22:09 pour en savoir un petit peu plus
22:10 sur les modalités de financement et calendaires.
22:14 Alors est-ce qu'une heure avant l'arrivée d'Elisabeth Baum,
22:16 vous en savez un petit peu plus
22:18 et vous avez un petit message pour nos éleveurs vendéens ?
22:20 - Bien écoutez, d'abord, bonjour à vous.
22:22 Vous avez décrit la situation de manière précise en Vendée.
22:26 Pour avoir été aux côtés des éleveurs
22:30 depuis que cette grippe à air persiste en Vendée,
22:34 je connais leur détresse, leur désarroi.
22:37 Forcément, l'État et le gouvernement
22:40 ont mis en place un certain nombre de mesures de biosécurité,
22:44 notamment, mais ce qui avait été évoqué
22:47 lorsque le ministre Marc Fesneau est venu,
22:50 c'était le plan de vaccination
22:52 avec la priorité donnée aux canards.
22:54 Donc aujourd'hui, il y a un plan de vaccination
22:56 qui est déterminé.
22:59 Je ne pense pas que les modalités de financement,
23:02 parce que si les chiffres qui étaient annoncés
23:05 étaient de 70 millions pour payer ce plan de vaccination,
23:10 alors un, il faut avoir les vaccins,
23:12 deux, il faut vacciner de manière urgente
23:15 parce que c'est la solution.
23:18 Le ministre travaillait également à ce que ces vaccins
23:22 ne bloquent pas les exportations,
23:25 ce qui est aussi important,
23:27 parce que la filière, elle était riche.
23:29 Et moi, ce que je dirais, c'est qu'il faut tout mettre en œuvre,
23:32 il faut se mettre collectivement en marche
23:35 pour que la vaccination fonctionne,
23:37 que la vaccination ne bloque pas
23:40 notre capacité à être concurrentielle sur les marchés
23:45 et puis aussi garantir la pérennité de la filière.
23:49 C'est ce que j'ai entendu dans vos propos.
23:51 Moi, je suis inquiète par rapport à la filière.
23:53 À partir du moment où on détruit, on tue autant de volailles,
23:57 eh bien, on perd du capital génétique,
24:00 on perd du savoir-faire,
24:01 on perd des salariés aussi qui se tournent vers d'autres métiers.
24:04 Donc nous, nous devons être mobilisés.
24:07 Je regrette de ne pas être aux côtés de la Première ministre aujourd'hui,
24:11 je m'en suis excusée auprès d'elle,
24:13 mais c'était important qu'elle vienne.
24:15 Nous avions déjà eu Marc Fesneau.
24:17 Mettons tout en œuvre pour que le vaccin soit réalisé,
24:21 que les bêtes soient vaccinées
24:23 et que la filière reste finalement debout,
24:27 parce que, vous l'avez dit,
24:29 ce sont des emplois directs, des emplois indirects.
24:32 Je pense aussi aux plumes.
24:34 Nous avons une entreprise en Vendée, Interplumes,
24:37 qui ne travaille qu'avec des plumes et de l'eau.
24:40 Comment elle va pouvoir continuer son activité
24:43 si nous n'avons plus de volailles ?
24:45 Donc, bien entendu, je reste mobilisée.
24:48 Je n'ai pas tout à fait répondu à votre question
24:50 parce que je n'ai pas la réponse
24:51 et cette question pourra être posée à Madame la Première ministre
24:54 aujourd'hui, j'imagine.
24:55 – Et son déplacement, on l'imagine, Caroline Sprengel.
24:57 – On n'y pense pas.
24:58 – Ce sera évidemment à suivre sur TV Vendée.
25:01 Merci beaucoup, Caroline.
25:02 – Merci à vous.
25:03 – Merci d'avoir été avec nous.
25:04 – Merci à vous.
25:05 – Et merci, Annick Millon, d'avoir été notre invitée ce matin
25:07 pour cette première demi-heure dans 20 minutes
25:09 dans le Club des territoires, débat sur l'hôpital.
25:11 Vous l'avez dit, c'est aussi évidemment un sujet en Vendée,
25:13 manque de personnel, services fermés.
25:14 L'hôpital est-il prêt à affronter l'été ?
25:16 Ce sera le débat du club.
25:17 D'abord, on accueille notre prochaine invitée,
25:19 Christian Cambon nous rejoint.

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