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Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-lisa-delmoitiez

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Amusant
Transcription
00:00 Mais d'abord, merci d'accueillir Lisa Delmoiti.
00:02 Lisa, avez-vous compris pourquoi Claudia était notre invitée aujourd'hui ?
00:08 Absolument Nagui, absolument.
00:10 Dans Yo Mama, Claudia vous jouez une des trois mamans affolées par un clip de rap filmé
00:14 en cachette par leur fils, au point de réaliser elle-même un clip pour rétablir la communication
00:18 vu qu'il n'y a plus que ça qui regarde ces petits cons.
00:20 Brillante idée.
00:23 Et puis surtout, vivement Yo Mama 2, quand les fistons devenus ados filmeront une sextape
00:28 en cachette.
00:29 T'es une maman investie ou t'es pas une maman investie ?
00:31 Je me suis toujours demandé pourquoi il y avait autant de mamans dans les pornos, mais
00:35 en fait les pauvres depuis le début, elles essaient juste de rentrer en contact avec
00:38 leur fils.
00:39 Vraiment, ce gangbang, c'est un énorme malentendu.
00:42 Je voulais juste rappeler à Théo que mine de rien, le bac approche.
00:45 Le film soulève des questions très intéressantes sur la responsabilité des parents, surtout
00:51 sachant qu'il s'inspire d'un vrai clip d'enfant de Sarcelles qui rappait en 2015 à 10 ans.
00:56 "On t'allume au mortier, même si c'est pas le 14 juillet".
00:59 Ça se dit peut-être pas sur une radio de gauche, mais moi les jeunes de banlieue, ils
01:03 me font peur.
01:04 Mortier, ça rime pas avec juillet.
01:06 On t'allume au mortier, ça va finir en chantier.
01:11 Pourquoi pas.
01:12 Ou on t'allume au mortier, ici c'est Sarcelles, pas Noirmoutier.
01:14 Pourquoi pas.
01:15 Vous allez encore dire que je suis vieux jeu, mais quand on menace quelqu'un de mort,
01:18 la moindre dépoité c'est de faire une rimerie.
01:19 J'ai une question de valeur.
01:23 Le film interroge aussi l'influence du rap sur les jeunes, mais avec subtilité et amour
01:28 pour le genre.
01:29 Parce qu'en réalité, le problème est moins l'influence du rap violent ou misogyne sur
01:32 la société que l'influence de la société violente et misogyne sur le rap.
01:35 Je dis on n'a pas attendu les rappeurs pour objectiver les femmes.
01:38 Dieu merci, on a toujours eu Michel Sardou.
01:40 Après c'est sûr qu'il y a du glock, du cul, de la drogue dans beaucoup de clips de rap,
01:48 mais pas plus que dans les films de Tarantino.
01:49 Sauf que les uns font du tort à nos jeunes et l'autre il a un univers.
01:52 On accuse les rappeurs de mal éduquer la jeunesse, mais je crois pas que ce soit leur rôle.
01:58 Ils sont pas instituteurs, ils sont pas parents.
02:01 Pour autant que je sache, les rappeurs sont peut-être aussi très mauvais en bilboquet.
02:04 Là encore, c'est pas un souci majeur à partir du moment où c'est pas pour ça qu'on les
02:07 écoute.
02:08 Franchement, si t'es assez con pour utiliser les artistes comme compas moral, tu mérites
02:12 toutes les emmerdes qui te tombent dessus.
02:14 Et je dis ça, j'ai rien contre les artistes, mais j'ai moi-même un ami mime.
02:17 Si je fais appel aux artistes, c'est pour ressentir des émotions, pour me sentir moins
02:22 seule, mais c'est pas pour avoir des conseils sur comment gérer ma vie.
02:25 Van Gogh, très bon coup de pinceau, mais je me tourne pas vers lui pour apprendre à
02:28 gérer mon stress.
02:29 Si je suis submergée par mon spleen, bien sûr que je lis Baudelaire, mais si je suis
02:33 submergée par ma TVA, j'appelle ma comptable.
02:35 Chacun son job.
02:36 Un narciste, je pense, ne cherche pas la moralité, il cherche l'honnêteté.
02:40 Si on parle de misogynie.
02:42 Il est vrai que certains rappeurs nous réduisent au statut d'objet sexuel et réduire quelqu'un
02:46 au statut d'objet sexuel.
02:48 On est tous d'accord autour de cette table.
02:50 Sur le plan moral, c'est mal.
02:51 Cela dit, sur le plan honnêteté, que tu sois un homme, une femme, une personne non-binaire,
03:02 parfois quand tu croises quelqu'un dans un bar à 3h du mat', si t'es vraiment honnête,
03:05 dans ta tête, la première pensée qui passe, c'est pas « tiens, je me demande c'est quoi
03:08 son hobby ». Non, parfois dans ta tête, pour citer le film, c'est du sale, du sale, du sale.
03:13 L'important, c'est de canaliser cette pensée dans le respect de l'autre et le consentement,
03:17 bien sûr, mais le sale à sa place dans l'art.
03:19 Moi, je veux pas d'un monde où tous les artistes donneraient le bon exemple.
03:22 Enfer, quoi.
03:23 Imagine le pro-chanson de Booba.
03:24 Gros, on met pas ses coudes sur la table.
03:25 Putain, il a changé le but.
03:28 Ce qu'il y a des contenus pas du tout appropriés pour les jeunes, il faut les protéger.
03:33 Mais Yo Mama, c'est un bon film, je pense, à regarder avec ses enfants pour ouvrir la
03:37 discussion justement.
03:38 Vive les parents qui donnent de leur personne pour rester en contact avec leurs gosses.
03:42 Et surtout, vivement Yo Mama 2.

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