Mardi 27 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Julie Jourdan (Gérante, Amplegest)
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00:00 Et nous continuons en plateau dans Smart Bourse, nous avons à présent le plaisir de recevoir Julie Jourdan.
00:15 Bonjour Julie Jourdan. Bonjour.
00:17 Vous êtes gérante chez Amplegest, la saison des résultats n'a pas encore tout à fait commencé aux Etats-Unis,
00:23 mais c'est une question de jour à présent.
00:25 On nous trouve intéressant de comprendre avec vous ce que l'on pouvait en attendre quand on regarde les prévisions des analystes.
00:32 Effectivement, on anticipe plutôt des bénéfices en recul, mais on peut lire aussi qu'il n'y a pas d'accident à attendre de cette saison des résultats.
00:40 Quelle est votre analyse ? Quelle est votre anticipation ?
00:43 Alors c'est vrai qu'on attend un nouveau trimestre de baisse des profits.
00:46 Alors pourquoi je dis un nouveau trimestre ? Parce que ça va être le troisième trimestre consécutif d'attente et de réalité de baisse des profits.
00:54 des entreprises du S&P 500. Alors c'est pas anodin, trois trimestres de baisse.
00:59 Si on reprend juste le deuxième trimestre, on attendait à peu près la même ampleur, c'est-à-dire un peu plus de 6% de baisse des profits.
01:08 Finalement, on aura eu 2% de baisse des profits sur le trimestre qui vient de... qui c'est le premier trimestre.
01:17 Sur ce deuxième trimestre, on attend à nouveau 6,5% de baisse, mais la grande différence avec le trimestre précédent, c'est que finalement on a eu assez peu de révision par rapport à l'historique.
01:30 C'est-à-dire que les profits ont été révisés de l'ordre de 2,3%. C'est inférieur à la moyenne historique, qui est d'un peu plus de 3%, et surtout très inférieur à ce qu'on avait eu pour les résultats du premier trimestre.
01:43 Alors qu'est-ce qu'il faut en tirer pour autant ?
01:47 Est-ce que ça veut dire que cette fois-ci ce sera vrai ?
01:49 Écoutez, on va voir, on sait que les managements ont été assez prudents, on sait que la visibilité est quand même relativement faible, et on sait aussi que tous les secteurs ne seront pas logés à la même enseigne.
02:02 C'est ce trimestre-ci en l'occurrence, et certains secteurs sont particulièrement affectés, notamment le secteur pétrolier, qui devrait enregistrer des dégradations parmi les plus importantes au niveau du S&P 500.
02:18 Donc il va falloir voir si effectivement les managements ont été assez prudents, et comment finalement les entreprises arrivent à délivrer dans un environnement qui reste assez incertain.
02:31 Donc l'analyse va se faire par secteur, parce que c'est par secteur qu'on va voir si, une fois encore, on va pouvoir réussir à maintenir ces niveaux de prix, ces marges au S&P ?
02:40 Alors c'est vrai que ça va être, on rentre vraiment dans une phase d'un peu de discrimination des sociétés, des secteurs, et ça je pense que c'est effectivement très juste de le dire comme ça.
02:51 C'est-à-dire qu'on parlait beaucoup l'année dernière de pricing power, parce que tous les secteurs en fait pouvaient passer des prix, c'était un environnement inflationniste.
03:02 Nous chez Amplegeste, on n'a pas la même définition du pricing power. Pour nous, le pricing power, c'est la capacité des sociétés à maîtriser leur prix.
03:10 Donc effectivement, pour ça, il faut avoir un certain nombre de caractéristiques. Ces caractéristiques, c'est souvent justement d'avoir assez peu de concurrence pour être capable de proposer soit un savoir-faire unique, soit une marque unique ou une avance technologique.
03:26 Ce que l'on a vu sur les résultats du premier trimestre, c'est qu'il y avait effectivement tout un certain nombre de secteurs, qui sont très concurrentiels pour l'essentiel, qui continuaient de passer des hausses de prix, mais qui envoyaient les conséquences directes sur leur volume.
03:41 C'est le cas par exemple de l'agroalimentaire. On l'a très bien vu avec des acteurs comme Procter & Gamble, comme General Mills ou même Coca, qui ont commencé à dire "attention, on monte les prix, mais on arrive, on voit que on est en phase".
03:55 On est en phase d'inflexion, puisqu'on sera plutôt plus proche de l'évolution de l'inflation qu'on ne l'a été jusqu'à présent, où on passait des hausses de prix supérieures à l'inflation.
04:05 Et donc là, par rapport à la définition que vous nous avez donnée...
04:07 Effectivement, il y a eu des volumes et montré des nettes baisses. Donc effectivement, dans ce contexte-là, nous, on distingue bien les sociétés qui sont sur des secteurs qui ont assez peu de pricing power, mais qui avaient passé des hausses des prix, des secteurs qui ont du pricing power.
04:21 Et dans ce contexte-là, c'est vrai qu'on le voit, on voit des acteurs qui... Je vais prendre un exemple qu'on connaît tous, mais typiquement un groupe qui a publié ses résultats la semaine dernière, Adobe, qui aujourd'hui a commencé à évoquer la monétisation de son nouveau produit sur l'intelligence artificielle,
04:43 qui va leur permettre également, en fait, de maintenir, on va dire, leur pricing power, leur avantage compétitif et leur capacité à maîtriser leur prix.
04:55 Mais ça n'interviendra pas tout de suite.
04:57 Ça n'interviendra pas tout de suite, ça interviendra dans la durée, puisqu'on est effectivement dans quelque chose qui est en train de se mettre en place.
05:05 Donc effectivement, on a un timing très, on va dire, à court terme qui va montrer sur un certain nombre, qui va attirer notre vigilance, sur des secteurs assez concurrentiels comme l'agroalimentaire, comme aussi la consommation, on va dire, qui est non premium.
05:29 Et là-dessus, on va voir comment évoluent les prix. Ça va être très intéressant de surveiller ça. Et à côté de ça, d'autres secteurs qui sont portés par des tendances structurelles de plus long terme.
05:40 Mais c'est intéressant parce que ce que vous nous dites, c'est notre indicateur n'est pas juste de voir si trimestre après trimestre, on peut continuer à augmenter les prix, mais c'est comment on a suffisamment la main sur son marché, quelque part, pour pouvoir définir son prix, maîtriser son prix à la hausse comme à la baisse.
05:54 Tout à fait, c'est vraiment ça. Et c'est vrai que toute notre approche, c'est vraiment d'identifier ces secteurs et ces sociétés qui ont, qui présentent ces avantages compétitifs, cette avance technologique, ces marques premium qui permettent justement d'avoir la maîtrise de la relation avec le client ou les fournisseurs.
06:17 Bon et alors justement pour cette saison des résultats, on a parlé de l'agroalimentaire, on a parlé de la thématique intelligence artificielle, notamment en lien avec Adobe.
06:25 À quoi est-ce qu'il faut s'attendre ? Est-ce qu'il y a des secteurs que vous regardez plus particulièrement en ce moment, justement parce qu'il y aurait des niveaux d'alerte plus élevés ou au contraire parce que la conjoncture resterait un peu plus favorable pour eux aujourd'hui ?
06:37 Alors si on parle de conjoncture, peut-être juste un petit focus, c'est qu'on est dans une situation assez incertaine. Mais ce que l'on constate, c'est qu'il y a quand même quatre grandes tendances.
06:47 La première, et je pense que c'est important de l'avoir en tête, c'est qu'on est toujours dans une phase de normalisation de la consommation post-Covid.
06:56 Alors c'est vrai que ça fait des mois qu'on en parle, on pense que ça fait des mois qu'on se dit finalement on va arriver à un moment donné à avoir des comparaisons qui seront normalisées.
07:06 Mais dans un certain nombre de secteurs, on est encore dans cette phase-là. C'est le cas notamment encore dans la consommation de biens.
07:13 Et c'est le cas également dans un certain nombre de secteurs, notamment dans la santé. Donc ces secteurs-là, on arrive un petit peu au bout de ça, mais quelque part ce sont des choses qui pourront, encore une fois,
07:26 pénaliser ou pas justement nous montrer, nous confirmer qu'on est sorti de cette phase-là. La deuxième tendance qui est intéressante à observer, c'est la normalisation des chaînes d'approvisionnement.
07:40 Parce que là aussi, c'est quelque chose dont on parle depuis longtemps, mais pour beaucoup, ça y est, on est dans cette vraie phase de normalisation.
07:49 Alors ça a du bon, puisque ça peut accélérer la production et justement dénouer des situations de tension et typiquement booster la demande, comme c'est le cas par exemple dans l'aéronautique,
08:02 où on voit bien qu'on a une accélération de la demande. La demande sous-jacente était très solide, mais la normalisation progressive des chaînes d'approvisionnement est un élément très porteur.
08:12 Et à l'inverse, ça peut aussi affecter certains secteurs sur lesquels on avait tellement peur de ne pas avoir les composants, qu'il y avait eu un petit peu de demande supérieure à la demande réelle.
08:24 Donc ça, c'est une deuxième tendance.
08:27 Et ça peut avoir une influence sur les prix du coup ?
08:28 Et ça peut avoir aussi une influence sur les prix, sauf à avoir des produits très différenciés ou des produits dont l'avance technologique ne se détériore pas.
08:38 Ça, c'est des éléments également à surveiller.
08:40 Puis enfin, on a des nouvelles tendances et des nouveaux besoins qui sont en train d'émerger.
08:45 C'est ce que l'on voit notamment dans l'intelligence artificielle.
08:48 Donc là-dessus, on en a beaucoup parlé. Donc ce n'est pas vraiment quelque chose sur lequel on n'est pas alerté.
08:53 Mais on a bien vu les résultats de Nvidia. On a bien vu que c'est un vrai sujet de préoccupation des entreprises.
09:02 Encore une fois, Accenture, qui a publié ses résultats la semaine dernière, nous indiquait finalement qu'aujourd'hui, c'est un sujet de préoccupation pour beaucoup des clients.
09:13 Et que très peu de ces clients ont déjà une démarche proactive sur le sujet.
09:21 Donc c'est quelque chose d'émergent, mais qui est une réalité qui est en train de s'installer.
09:27 Donc ça donnera des résultats et dans la durée.
09:30 Sur l'intelligence artificielle, je caricature un peu, mais ça veut dire qu'une entreprise qui dans ses résultats ne mentionnerait pas le fait qu'elle s'intéresse de près ou de loin à l'intelligence artificielle enverrait un mauvais message au marché ?
09:39 C'est vrai qu'aujourd'hui, quasiment tous les secteurs en parlent. Après, il y a des secteurs qui sont plus armés pour y aller, ou en avance de phase.
09:52 Donc on voit bien que typiquement, aujourd'hui, si on doit catégoriser les différents acteurs qui sont directement concernés par l'intelligence artificielle,
10:01 et encore une fois, on n'est vraiment qu'au début de l'histoire, donc on ne peut pas en tirer de conclusion à ce stade.
10:07 On voit qu'il y a les pionniers, en fait. Les pionniers, ce sont essentiellement les GAFAM, qui ont investi beaucoup dans l'intelligence artificielle et qui sont les premiers, finalement, à proposer un certain nombre de solutions.
10:21 On a les semi-conducteurs qui sont directement des outils qui permettent, en fait, et en particulier NVIDIA, qui est citée systématiquement, et quelques autres.
10:33 Et enfin, il y en a tous ceux dont on ne sait pas exactement comment ça va changer leur activité. Est-ce que c'est une opportunité ? Est-ce que c'est un risque ? Ça va être au cas le cas.
10:43 Et c'est vraiment à nous, investisseurs, et aux entreprises, justement, d'essayer d'identifier ce que eux peuvent proposer, et nous, dans quelle mesure c'est une opportunité ou un risque.
10:55 Donc, maintenant, si on regarde les conséquences marchées, un petit peu, si je comprends bien, c'est que cette saison des résultats valide encore le fait qu'on est dans un contexte où le stock picking va venir déterminer les stratégies de gestion.
11:07 Quand on regarde depuis le début de l'année, je ne vais donner qu'un seul chiffre, mais quand on regarde la concentration du marché américain, c'était un début d'année de stock picking,
11:15 puisque 97% de la performance du S&P 500 à début juin était réalisée, était l'œuvre de 15 sociétés, principalement concernées par l'intelligence artificielle.
11:27 Ça nous montre à quel point c'était un début d'année très marqué par le stock picking. Et cette deuxième partie d'année risque d'être également marquée par du stock picking,
11:36 compte tenu de cette situation économique qui est toujours incertaine, avec probablement encore un certain nombre de hausses de taux, avec néanmoins une économie très résiliente aux Etats-Unis,
11:48 un marché de l'emploi très fort et des destinées qui peuvent être assez différentes selon les secteurs et selon les sociétés.
11:55 Et donc, on va aller chercher du pricing power, essentiellement ?
11:58 Nous, c'est un peu le geste très clair.
12:01 C'est la stratégie. Merci beaucoup Julie Jourdan de nous avoir accompagné dans la deuxième partie de Smart Bourse. Je rappelle que vous êtes gérante chez Amplegesse. Merci beaucoup.
12:09 Merci à vous également de nous avoir suivi. Je vous rappelle que vous pouvez retrouver le replay de cette émission sur bsmart.fr,
12:16 que vous pouvez également nous écouter en podcast sur toutes les plateformes de podcast.
12:20 Et quant à moi, je vous donne rendez-vous ce soir à 17h dans la grande édition de Smart Bourse en direct sur Bsmart.
12:28 [Musique]