"Dans son malheur, on peut avoir de la chance." La journaliste Clémentine Vergnaud raconte la découverte de son cancer des voies biliaires sur France Bleu
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00:00 Alors avant d'être touché par le cancer, on lisait souvent des témoignages de personnes
00:05 qui se disaient effarées par la dureté.
00:08 Parfois c'est balancé comme ça.
00:10 Bon, c'est un cancer.
00:12 Parfois, il y a des pronostics aussi très durs qui sont balancés au visage des patients
00:17 ou alors la consultation dure cinq minutes et puis l'oncologue ou la personne qui annonce
00:22 ne prend pas le temps de discuter, de répondre aux questions.
00:26 Moi, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé et c'est vrai que dans son malheur,
00:30 on peut avoir de la chance et moi, j'ai eu de la chance.
00:32 Il y a un médecin qui vous dit que les mentines, les médecins n'ont pas le droit de pleurer.
00:35 Oui, c'est un médecin.
00:36 Vous comprenez à ce moment-là que lui aurait eu terriblement envie de pleurer.
00:39 Oui, parce que c'est un médecin qui est très proche de ses patients, qui a énormément
00:43 d'empathie pour ses patients et avec qui moi, j'ai tout de suite accroché parce qu'il
00:47 a amené beaucoup de douceur dans la violence des douleurs que je connaissais, dans l'inconnu
00:52 aussi, c'est violent, l'inconnu, la biopsie.
00:55 J'ai passé des moments vraiment très difficiles et à chaque fois, il était empli de douceur
00:59 et il l'est toujours.
01:00 Je suis toujours un petit peu en contact avec lui, je lui donne des nouvelles.
01:03 Il est toujours très attentif à toute ma situation, pas que sur le plan médical.
01:08 Il ne vous appelle pas Madame Vernieux, il vous appelle Clémentine.
01:11 Il m'appelle Clémentine, je continue de l'appeler Docteur H.
01:14 Parfois, il y a des patients qui font d'abord la chimiopuie, puis de l'immunothérapie.
01:19 Vous, on vous dit que vous allez faire les deux en même temps.
01:21 Oui.
01:22 Vous y comprenez quelque chose ?
01:24 Alors, moi, la chimiothérapie, j'en ai une notion, c'est-à-dire que je vois que c'est
01:28 un produit qu'on injecte par les veines, qui va aller détruire le plus possible les
01:33 cellules cancéreuses, que ça en détruit pas mal au passage.
01:36 Mais pour moi, la chimiothérapie, ça fait forcément tomber les cheveux.
01:40 Et là, ils me disent qu'a priori, ça ne sera pas mon cas.
01:43 Voilà, j'ai une notion quand même très basique de la chimiothérapie et
01:47 l'immunothérapie, pour le coup, je ne connais pas du tout.
01:50 Et donc, ils m'expliquent, ils prennent le temps de m'expliquer comment ça fonctionne.
01:54 Et ça fonctionne comment ?
01:55 Alors, ça fonctionne en se...
01:57 Comment dire ? En s'appuyant sur le système immunitaire de la personne.
02:01 C'est-à-dire que quand vous avez un rhume, par exemple, que les virus vous agressent,
02:05 votre système immunitaire, il va répondre.
02:07 Contre le cancer, il ne sait pas forcément répondre.
02:10 Il ne sait pas forcément se battre.
02:11 Donc, ça va être des produits pareils qui passent par les veines, mais qui vont venir
02:15 booster le système immunitaire pour qu'il se retourne potentiellement contre les
02:19 cellules cancéreuses.
02:20 - Vous êtes à l'hôpital pendant environ cinq heures de mercredi sur trois.
02:24 - Oui, c'est ça.
02:25 - Les chefs sont bons. Vous racontez dans une espèce de brouillard.
02:28 - Oui, parce que la chimio est tellement rapprochée qu'on n'a pas le temps de
02:33 sortir. Moi, j'appelle ça la lessiveuse.
02:35 On n'a pas le temps de sortir de la lessiveuse.
02:37 C'est un peu comme la machine à laver.
02:38 Vous avez le tambour qui tourne, qui tourne.
02:39 Et puis, vous avez à peine le temps de sortir la tête de l'eau, qu'il faut y
02:42 retourner. Et les effets secondaires de la chimio, c'est apparemment décrit par pas
02:47 mal de malades du cancer.
02:49 Oui, c'est cette espèce de brouillard mental qui fait que parfois, on ne sait
02:53 même plus très bien quel jour on est.
02:54 On vous a dit un truc il y a deux heures, vous avez complètement oublié.
02:58 Moi, il y a des conversations.
02:59 Je me souviens avec un grand cousin de ma famille que j'apprécie beaucoup.
03:03 Ma maman, il y a deux mois, m'a dit "mais si, tu te souviens quand Florent était
03:07 passé, il t'avait dit tel truc".
03:08 Je dis "mais en fait, je me souviens qu'il est passé, mais alors ce qu'il a pu me
03:12 dire ce jour-là, incapable de m'en souvenir".