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C'est une page méconnue de la Seconde Guerre mondiale, voici comment les plus hauts dignitaires du régimes nazi se sont accaparés des milliers d’œuvres d'art à travers l'Europe et comment quelques courageux comme les Monuments Men ont mis leur vie en danger pour sauver le patrimoine de la destruction.

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00:00 Nous sommes le 8 mai 1945.
00:02 Lors du dernier jour de la guerre, les soldats américains mettent la main sur un trésor inestimable.
00:08 Les hommes de la 3ème division blindée pénètrent dans la mine de sel d'Altoce en Autriche et y découvrent ceci.
00:21 Enfouis 800 mètres sous terre, des centaines de caisses contenant des milliers d'oeuvres d'art pillées par les nazis aux quatre coins de l'Europe.
00:30 Ils tombent sur des tableaux célèbres comme l'astronome de Wehrmacher, des sculptures comme la madone de Bruges de Michel-Ange,
00:37 ou encore des tapisseries, meubles et même pièces d'armure médiévale.
00:41 Mais toutes ces oeuvres ne sont qu'une petite partie d'un immense butin constitué par les nazis pendant la guerre.
00:47 Ils se sont livrés à la plus grande entreprise de vol et de recel d'oeuvres d'art qui n'est jamais existée.
00:54 Ce que je vais vous raconter, c'est une page méconnue de la seconde guerre mondiale.
00:58 On va voir comment les plus hauts dignitaires du régime nazi se sont accaparés toutes ces oeuvres.
01:03 Et comment quelques courageux, notamment les fameux Monuments Men, ont mis leur vie en péril pour sauver le patrimoine de la destruction.
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03:10 Moins d'un an après avoir lancé son invasion de la Pologne,
03:13 l'Allemagne nazie a conquis une large partie de l'Europe.
03:16 Elle assoie sa domination dans les plus grandes capitales culturelles et artistiques du continent.
03:22 Amsterdam, Bruxelles et bien sûr Paris,
03:26 là où les pillages de la part des nazis seront les plus nombreux.
03:29 En juin 1940, à peine l'armistice signé avec la France que le grand démantèlement commence.
03:35 Animé par une mentalité revancharde, l'un des premiers vols des Allemands, c'est ça.
03:41 Le document original du traité de Versailles qui actait la défaite allemande de 1918,
03:47 qui ne sera jamais retrouvé.
03:49 Mais rapidement, il n'est plus question que de mettre la main sur de vieilles archives ou des renseignements,
03:54 mais sur tout ce qui a de la valeur.
03:56 Pour y arriver, le ministre allemand de la propagande, Joseph Goebbels,
04:00 imagine un plan ambitieux qui devait imposer la restitution de tous les biens culturels d'origine allemande,
04:05 dont les nazis s'estiment être les propriétaires légitimes.
04:08 Mais le plan est finalement abandonné fin 1940 par crainte d'une révolte du régime de Bichy,
04:14 même si la menace continuera de planer sur les musées français et les collections publiques jusqu'à la fin de l'occupation.
04:20 Les allemands préfèrent alors se rabattre sur le patrimoine privé.
04:24 Collections, maisons, appartements, synagogues, banques et magasins sont mis à sac.
04:29 Figure majeure du pillage d'oeuvres d'art par les nazis, le second du régime, Hermann Göring.
04:35 L'ancien pilote de chasse de la première guerre mondiale, souhaite récupérer les oeuvres les plus emblématiques du patrimoine européen,
04:42 pour les exposer dans sa résidence personnelle de Karin Hall.
04:45 Passionné d'art, il a fait construire cet immense palais dans le nord de l'Allemagne,
04:50 qui témoigne de son goût pour les soirées mondaines et la vie d'aristocrate.
04:54 Après avoir acquis ses premières oeuvres dans les années 30,
04:57 Göring va profiter de la guerre pour agrandir sa collection personnelle.
05:01 Lorsque les Pays-Bas sont envahis en mai 1940, il se sert dans les galeries de marchandat juif,
05:07 grâce au Devincenschutzkommando, des unités qu'il a mis sur pied et qui pillent dans les pays occupés.
05:13 Puis, quand Paris est conquise par les allemands, la ville-lumière devient un véritable terrain de chasse,
05:19 où toutes les branches du parti nazi veulent leur part du gâteau.
05:22 Une semaine à peine après l'armistice signé avec Pétain, Otto Abetz, l'ambassadeur du Reich à Paris,
05:28 reçoit un ordre direct d'Hitler daté du 30 juin 1940,
05:32 lui ordonnant de mettre en sécurité les oeuvres d'art, ce qui conduit à des saisies massives dans tout Paris.
05:38 Göring ordonne aux soldats allemands de piller des galeries privées.
05:42 Il enrichit alors son palais d'oeuvres volées à des collections privées de familles juives,
05:46 comme celles des Rosenberg et des Rothschild.
05:49 Plusieurs ministères allemands font aussi intervenir leur propre service dans ces pillages,
05:54 comme l'office central de la sécurité du Reich, dirigé par Reinhard Heydrich, le chef de la Gestapo.
06:00 Mais parmi tous les cadres du parti nazi qui se disputent les tableaux, les livres ou les sculptures,
06:06 il y en a un particulièrement vorace.
06:08 Un peintre raté qui se rattrape en nourrissant un gigantesque projet culturel.
06:14 Adolf Hitler.
06:16 Le Führer a en tête le projet Linz,
06:20 créé un immense musée du Reich dans la ville de Linz en Autriche.
06:24 Conçu par Albert Speer, l'architecte préféré d'Hitler,
06:27 le bâtiment devait accueillir les plus grandes oeuvres de l'humanité récupérées à travers le monde
06:32 et consciencieusement filtrées par Hitler lui-même.
06:35 Baptisé Führermuseum, le musée du Führer,
06:39 il aurait dû être la vitrine éternelle de l'idéologie nazie,
06:42 étendue à tous les domaines artistiques, de la peinture à la musique.
06:47 Un opéra devait d'ailleurs faire partie de l'ensemble du musée.
06:50 Mais la grande majorité des spoliations qui ont lieu à travers l'Europe
06:54 sont pilotées par un même homme, Alfred Rosenberg.
06:58 Membre de la première heure du parti nazi qu'il rejoint au début des années 20,
07:03 Rosenberg est l'un des principaux théoriciens du nazisme.
07:07 A ce titre, il se consacre à tenter de prouver la supériorité de la race aryenne.
07:12 C'est là qu'entre en jeu le Einzahlstab-Reichsleiter Rosenberg,
07:16 ou ERR dont il est à la tête.
07:19 L'ERR de Rosenberg a plusieurs objectifs.
07:23 D'abord, mettre en scène la supériorité culturelle allemande,
07:27 son rôle le protecteur de la civilisation,
07:30 et être l'arbitre entre ce que les nazis considèrent comme étant de l'art véritable
07:35 et de l'art dit dégénéré.
07:37 Il doit aussi montrer la supériorité raciale allemande
07:41 et par extension, l'infériorité du peuple juif.
07:45 Et enfin, comme troisième objectif, une autre forme de pillage souvent oubliée,
07:49 celui des archives, pour trouver le moindre document susceptible d'abriter des secrets d'Etat.
07:54 C'est pourquoi il y a de nombreuses saisies dans les bibliothèques,
07:57 dans les archives militaires et dans les ministères des pays occupés.
08:01 L'ERR s'occupe donc d'une partie des œuvres d'art volées à travers l'Europe.
08:05 Sur cette carte, vous pouvez voir que l'ERR agit dans toute l'Europe,
08:10 aussi bien à l'ouest qu'à l'est, et même en Italie.
08:13 Les œuvres volées sont ensuite stockées dans des dépôts en Allemagne,
08:17 mais aussi dans toute l'Europe occupée.
08:19 Le plus important de ces dépôts se trouve sans surprise à Paris,
08:23 au musée du jeu de paume à côté du jardin des Tuileries,
08:26 dans lequel certains dignitaires nazis viennent faire leur marché,
08:30 choisir les œuvres qui les intéressent, comme Rosenberg ou encore Hermann Göring,
08:35 qui viendra 22 fois au musée du jeu de paume.
08:38 Après avoir transité dans les dépôts parisiens,
08:41 toutes ces œuvres sont transportées jusqu'en Bavière au dépôt de Buxheim,
08:45 où ils transitent avant que l'ERR ne les redistribue au musée allemand.
08:49 Ces spoliations frappent surtout les juifs.
08:52 Pour les nazis, il faut les priver de leur patrimoine, de leur histoire et de leur identité.
08:57 En résumé, les faire disparaître.
09:00 Si parmi ces œuvres volées, certaines font partie de ce que les nazis considèrent comme dégénérés,
09:05 ils en font des expositions.
09:07 Avant même le début de la guerre,
09:09 les nazis organisent des expositions d'œuvres considérées comme dégénérées.
09:13 En clair, toutes œuvres dont les auteurs pourraient être assimilées au judaïsme ou au bolchevisme.
09:19 En 1937, c'était d'ailleurs tenu à Munich la plus grande exposition de ce genre,
09:24 qui avait attiré près de 2 millions de visiteurs, dont Hitler lui-même.
09:28 Des peintures d'Otto Dix, de Picasso, de Matisse ou de Van Gogh,
09:32 qui avaient été retirées des musées allemands, se retrouvent ainsi dans ce genre d'exposition.
09:37 Et paradoxalement, ces expositions ont permis à bon nombre d'œuvres d'être préservées,
09:42 comme celles issues des collections du musée juif de Prague.
09:46 Mais si une partie des œuvres ont pu paradoxalement, grâce aux nazis, survivre à la guerre,
09:51 ce ne fut pas le cas de leurs propriétaires,
09:53 souvent identifiés, dénoncés, puis déportés en camp d'extermination.
09:58 Bon, on le sait, dans les pays occupés, beaucoup de monde collabore avec l'ennemi.
10:03 Et le milieu de l'art ne fait pas exception.
10:05 Des experts vont en effet aider les nazis à identifier, trier et expédier de nombreuses œuvres en Allemagne.
10:13 Comme Bruno Losse, un marchand d'art allemand engagé dans la SS puis le RR.
10:19 Ou encore Hans Posse, un historien de l'art qui coordonne le projet Lins.
10:24 Des archivistes ou des conservateurs sont aussi fortement incités à faire ce qu'on leur dit,
10:31 s'ils ne veulent pas perdre leur poste, voire leur vie.
10:34 C'est le cas par exemple de Bernard Failly, alors directeur de la Bibliothèque nationale de France,
10:39 qui va aider les allemands dans leur vol.
10:42 Il sera arrêté à la libération et condamné à la prison à vie pour collaboration,
10:47 avant d'être finalement gracié en 1959 par le président René Coty.
10:52 Et heureusement, il existe aussi des cas de résistance,
10:55 de quelques courageux qui ont risqué leur vie pour sauver ce patrimoine.
10:59 Comme cet homme, Jacques Jojar, directeur des musées nationaux,
11:03 qui avant même le début de la guerre avait dirigé en août 1939 l'évacuation des œuvres du Louvre.
11:09 Il avait anticipé le déclenchement du conflit.
11:12 4000 tableaux et sculptures inestimables, comme la Joconde, la Méduse ou la Vénus de Milo,
11:17 avaient été envoyés en province pour être mis en sécurité.
11:20 Ce qui a donné ces étranges images du musée du Louvre sans ces tableaux.
11:25 Après la défaite française, Jojar va travailler à la protection des œuvres.
11:29 Il va d'ailleurs recevoir un soutien un peu inattendu, celui d'un allemand,
11:34 le comte Franz von Wolf-Metternich.
11:37 Il est directeur en France du Kunstschutz, une branche de l'armée allemande
11:41 censée protéger les œuvres d'art dans les pays en guerre.
11:45 Même si par protéger, entendez plutôt piller.
11:48 Mais ça c'est hors de question pour le comte.
11:50 Il faut dire qu'à la base, il a une formation en histoire de l'art,
11:53 donc ça lui tient plutôt à cœur.
11:55 Il va donc empêcher certaines cargaisons d'œuvres d'art d'être envoyées en Allemagne.
11:59 Et comment ne pas citer cette personne, Rose Walland.
12:03 Mais en 1898, elle est conservatrice du musée du jeu de paume lorsque l'Allemagne envahit la France.
12:09 Moment où elle entre en résistance en s'opposant au pillage des allemands.
12:13 Pendant toute l'occupation, elle va méticuleusement noter ce que font les allemands dans les dépôts du musée.
12:19 Elle va faire la liste de toutes les œuvres emportées en Allemagne.
12:23 Quels sont les auteurs de ces œuvres, quelles sont leur taille, leurs caractéristiques,
12:27 à qui elles appartenaient et vers où elles sont envoyées.
12:30 Après la guerre, son travail sera reconnu comme essentiel.
12:34 Et tout le monde s'accorde aujourd'hui pour dire qu'elle a permis de sauver de très nombreuses œuvres.
12:38 En 1942, elle est témoin d'une opération que mènent les allemands.
12:42 L'opération Meuble.
12:44 Après qu'ait été décidée la même année la solution finale,
12:47 marquant le début de l'entreprise d'extermination des juifs d'Europe,
12:51 l'opération Meuble désigne le pillage en Belgique et surtout en France des appartements des juifs déportés.
12:58 Sur 70 000 appartements pillés, 40 000 sont des appartements parisiens,
13:03 ayant appartenu à des familles juives victimes des grandes rafles.
13:06 Arrêtés et enfermés à Drancy, avant d'être déportés dans les camps d'extermination.
13:11 Principalement à Auschwitz.
13:13 Dans ces appartements, absolument tout est saisi.
13:17 Des tableaux, des statues, des bijoux, mais aussi des objets du quotidien.
13:21 Des vêtements, des verres, des couverts, des chaussures, des meubles, etc.
13:26 Tous ces objets sont ensuite mélangés, effaçant ainsi leur histoire et celle de leur propriétaire.
13:31 Puis ils sont trinés par ce que les allemands appellent des demi-juifs.
13:35 Des personnes dont un seul des parents est d'origine juive.
13:38 Ce qui leur vaut d'être arrêtés, mais pas déportés pour le moment.
13:42 Ils vont travailler, sous la contrainte, à trier ces objets,
13:46 avant qu'elles ne soient mises dans des caisses et envoyées en Allemagne.
13:49 Là encore, il va y avoir des actes de résistance.
13:52 Certains prisonniers vont par exemple s'assurer que certains objets arrivent en Allemagne cassés.
13:57 Un petit coup de marteau sur de la porcelaine avant de refermer la caisse,
14:01 ni vu ni connu, ça fait pas de mal.
14:03 Du côté de Roosvalen, sans que les allemands ne le découvrent,
14:06 elle transmet à Jojar, qu'on a évoqué tout à l'heure, et qui a des contacts dans la résistance,
14:11 quels sont les trains qui transportent des oeuvres vers l'Allemagne, pour que l'aviation les épargne.
14:15 Et elle donne aussi la position des dépôts en Allemagne et en Autriche, où arrivent les oeuvres.
14:21 Grâce à ces renseignements, un train rempli d'oeuvres d'art sera intercepté par l'armée américaine à la libération.
14:27 Car outre-Atlantique, les américains ont pris conscience que, en dehors des vies humaines,
14:32 la guerre mettait en péril tout un pan de l'histoire humaine.
14:35 C'est pourquoi, ils vont décider d'intégrer à l'armée des experts du monde de l'art,
14:40 qui vont tenter de sauver à tout prix les chefs-d'oeuvre menacés par le conflit.
14:44 Il est temps que je vous parle des célèbres Monuments Men.
14:48 Conscient que la guerre met en péril une grande partie du patrimoine de l'humanité,
14:58 notamment après avoir constaté la destruction de plusieurs musées en Afrique du Nord,
15:02 un certain George Stute, un conservateur dans un musée d'Harvard,
15:06 a l'idée d'intégrer des spécialistes de l'art dans les forces armées américaines.
15:11 Il parvient à convaincre le président Roosevelt du bien fondé de cette mission.
15:15 Et c'est comme ça qu'est créé en 1943 le Monuments Fine Arts and Archives Program.
15:21 Composé de 245 hommes et femmes, pour la plupart des historiens de l'art, conservateurs de musées ou archivistes,
15:28 il constitue ce que l'on va appeler les Monuments Men.
15:31 A leur création, les Monuments Men ne reçoivent que peu de moyens.
15:35 On est en pleine guerre, et le gouvernement américain a clairement mieux à faire
15:39 que de mettre de l'argent et des hommes pour protéger des pièces de musées,
15:43 quand tout autour le monde est à feu et à sang.
15:45 Leurs premières missions ont lieu après le débarquement allié en Sicile le juillet 1943.
15:51 Leur mission principale est de protéger les œuvres et les monuments situés à proximité de la ligne de front.
15:56 Pour y arriver, ils réalisent des listes de monuments et de lieux contenant les œuvres les plus importantes d'Italie.
16:03 Ces listes sont ensuite mises dans des petits livrets qu'ils distribuent aux unités sur place.
16:08 Les Monuments Men se servent également beaucoup des photographies aériennes,
16:12 où ils indiquent les zones à ne surtout pas bombarder.
16:15 Tenez, comme sur cette photo de Florence vue du ciel,
16:18 où sont annotés certains lieux importants, comme le Palais Médicis, le musée archéologique ou encore le Palazzo Vecchio.
16:25 Toutes ces pratiques ont permis de sauver une grande partie du patrimoine italien,
16:30 qui sans ça aurait peut-être été détruit par les bombes.
16:32 Même si, bon, bah, ouais, il y a eu des ratés.
16:35 Comme le bombardement le 16 août 1943 de l'église Santa Maria de Milan,
16:39 qui abîme la célèbre scène de Léonard de Vinci.
16:42 Ou encore la destruction totale de l'abbaye du Mont Cassin par les bombardiers américains le 15 février 1944.
16:51 Le 6 juin 1944, c'est le D-Day.
16:54 Les troupes alliées débarquent en Normandie et entament la libération de la France.
16:58 Comme en Italie, les Monuments Men sont de la partie,
17:02 et ils vont tenter de préserver le patrimoine français.
17:05 Mais dans les premières semaines après le jour J,
17:07 la bataille de Normandie et les bombardements sur toute une partie de la France sont si intenses
17:12 que les Monuments Men ne peuvent pas faire leur travail comme ils le voudraient.
17:15 Malheureusement en Normandie, de nombreux bâtiments,
17:18 notamment des églises, sont endommagés, voire complètement détruits par les bombardiers américains et britanniques.
17:23 Il faut avouer aussi que depuis la campagne d'Italie,
17:26 les allemands sont maintenant au courant que les alliés cherchent à préserver les églises et les monuments.
17:31 C'est pourquoi ils vont souvent les transformer en dépôts de munitions.
17:35 Après deux mois de combats acharnés pour contrôler la Normandie,
17:39 la route vers Paris est ouverte.
17:41 La deuxième division blindée du général Leclerc entre dans la capitale
17:45 et soutient la surélection qui a débuté quelques jours plus tôt.
17:48 Le lendemain, le général de Gaulle défile sur les Champs-Elysées.
17:51 Après quatre ans d'occupation, Paris est enfin libre.
17:54 L'armée américaine et les Monuments Men arrivent eux aussi à Paris.
18:03 Ils rencontrent Rosevalent qui va leur transmettre sa liste de biens spoliés.
18:07 C'est là que les membres des Monuments Men
18:09 prennent conscience de l'ampleur du pillage d'œuvres d'art par les nazis.
18:13 Désormais, il n'est plus question que de protéger les œuvres et les monuments
18:17 à proximité des lignes de front, mais bien de retrouver
18:20 ce que les allemands ont emporté avec eux.
18:22 Lorsqu'ils pénètrent en Allemagne début 1945,
18:26 ils se rendent dans les centaines d'endroits où sont cachés
18:29 les objets volés par les nazis, dont la mine d'Altocé.
18:32 Mais d'autres cachettes, où des milliers d'œuvres,
18:36 mais aussi les réserves d'or du 3ème Reich étaient dissimulées, sont découvertes.
18:39 Comme à Heilbronn, Merkers, le château de Neuschwanstein,
18:44 et bien sûr, Karin Hall, la résidence d'Hermann Göring
18:47 et sa collection d'œuvres pillées à travers l'Europe.
18:49 Même si une partie avait été évacuée en février vers Berchtesgaden,
18:53 là où se trouve le Niedeigl, le repère d'Hitler dans les Alpes Bavaroises,
18:58 que les américains investissent le 4 mai 1945.
19:01 Mais malgré leur progression rapide en Allemagne,
19:04 les forces américaines, françaises et britanniques
19:07 n'arriveront pas à Berlin avant les soviétiques,
19:10 qui plantent leur drapeau au sommet du Reichstag le 2 mai.
19:13 Hitler s'est suicidé dans ce bunker deux jours plus tôt.
19:17 Le 8 mai, l'Allemagne signe sa réédition sans condition.
19:21 La seconde guerre mondiale s'achève en Europe.
19:24 Berlin, en zone soviétique, est à son tour pillée par l'armée rouge,
19:28 qui n'entend pas rendre les objets volés par les nazis à leur propriétaire,
19:31 mais plutôt à les emporter chez eux comme des trophées de guerre.
19:35 Car dans une Allemagne transformée en champ de ruines,
19:38 les œuvres d'art et les monuments sont toujours menacés.
19:41 Car ce n'est pas parce que les nazis sont vaincus qu'elles sont en sécurité.
19:44 Il y a encore des milliers d'œuvres perdues dans la nature.
19:47 Et entre les profiteurs de guerre et ceux contraints, et c'est véridique,
19:52 de brûler des tableaux pour se chauffer, il faut agir vite.
19:55 Pour les Monuments Men et d'autres experts, dont Rosevalent,
19:58 qui arrive en Allemagne en 1945,
20:00 il est urgent de mettre en sécurité le plus d'œuvres possibles.
20:04 C'est un nouveau combat qui a commencé.
20:06 Celui de retrouver les œuvres d'art volées par les nazis,
20:10 et tenter de retrouver leur propriétaire.
20:13 La guerre terminée, vient l'heure de la difficile tâche de localiser,
20:22 d'identifier, de récupérer et de rendre à leur propriétaire les œuvres volées.
20:28 Les généraux Eisenhower et Patton,
20:30 qui sur cette photo visitent une cache où étaient entreposées des œuvres,
20:33 acceptent de faire du Führerbau à Munich,
20:36 là où avaient été signés les accords de Munich de 1938,
20:39 le principal dépôt par lequel les œuvres découvertes en Allemagne et en Autriche
20:43 vont passer pour être authentifiées.
20:46 Débute alors un long travail qui va occuper beaucoup de monde,
20:50 et qui continue encore aujourd'hui.
20:52 Des experts de tous les pays, et même d'Union soviétique,
20:56 viennent sur place pour tenter d'identifier des œuvres pillées
20:59 dans les collections de leurs pays respectifs.
21:01 C'est un travail de dix temps qui est fait par les américains,
21:04 qui permet notamment de retrouver les vitraux de la cathédrale de Strasbourg,
21:08 qu'ils rendent aux français,
21:09 ou bien la dame à l'hermine de Léonard de Vinci,
21:12 retrouvée dans la demeure de Hans Frank, surnommé le bourreau de la Pologne,
21:17 qui sera jugée et pendue à Nuremberg quelques temps après.
21:21 Les français eux aussi, cherchent à récupérer leur patrimoine pillé par les nazis.
21:26 Les autorités françaises estiment d'ailleurs qu'environ 100 000 œuvres d'art
21:29 auraient été emportées en Allemagne.
21:31 A la libération, les français mettent en place le CRA,
21:35 la commission de la récupération artistique,
21:37 chargée d'identifier et de restituer les œuvres volées à leurs propriétaires.
21:42 Mais faire la liste de ce qui a été volé est parfois compliqué,
21:45 et même pour les propriétaires,
21:46 car souvent ils ont dû s'absenter de leur collection
21:49 ou de leur habitation pendant la guerre.
21:51 Bien souvent, les inventaires ont été détruits par les allemands,
21:54 et après quatre ans d'occupation, des fois la mémoire peut faire défaut,
21:58 surtout quand on a des centaines de tableaux, de meubles ou de statues en stock.
22:02 Alors pour tenter d'identifier ces objets volés,
22:04 les experts du CRA doivent croiser les sources,
22:07 entre les inventaires réalisés par les américains dans les dépôts allemands,
22:11 les archives de Rosenberg,
22:12 ou encore les catalogues d'avant la guerre.
22:15 L'autre grande difficulté, c'est évidemment le contexte de l'époque.
22:19 L'Allemagne étant en ruine,
22:20 est divisée entre plusieurs zones d'occupation françaises, britanniques, américaines et soviétiques.
22:25 Et dans un contexte tout nouveau de guerre froide,
22:27 Est et Ouest collaborent peu.
22:29 Les restitutions vont donc ralentir dès 1949,
22:33 et les œuvres ne transitent que très rarement avec le côté soviétique.
22:37 Il faudra attendre la chute de l'URSS en 1991 pour que les échanges puissent reprendre.
22:43 Et enfin, derrière cette difficulté à retrouver les propriétaires de ces biens spoliés,
22:48 il y a une triste réalité.
22:50 Avec un pillage qui a concerné des biens possédés à 90% par des personnes d'origine juive,
22:55 souvent leurs propriétaires sont morts.
22:58 C'est pourquoi, pour permettre la restitution de ces biens à la communauté juive,
23:03 des organisations sont créées,
23:05 comme aux Etats-Unis en 1947,
23:07 avec la Jewish Restitution Successor Organization,
23:11 qui organise le rapatriement d'œuvres d'art volées
23:14 dans des musées ou des centres culturels en Amérique ou en Israël.
23:18 Mais, au vu de l'ampleur des pillages,
23:21 des œuvres qui ont parfois été déplacées, voire détruites,
23:24 d'anciens nazis qui ont voulu garder caché leur butin,
23:27 et le chaos qui règne en Europe au lendemain de la guerre,
23:30 de très nombreuses œuvres restent encore aujourd'hui introuvables,
23:33 près de 80 ans après la fin du 3ème Reich.
23:36 Roosevallant va d'ailleurs passer le reste de sa vie,
23:39 jusqu'à sa mort en 1980,
23:42 à rechercher et restituer les œuvres volées par les nazis.
23:45 Dans les dernières décennies, on a dû faire face à un problème qu'on n'avait pas trop anticipé.
23:50 Des gens ont acheté des œuvres, tout à fait légalement,
23:53 et on s'est rendu compte après coup qu'elles avaient été volées par les nazis pendant la guerre.
23:57 Alors dans ce cas, qu'est-ce qu'on fait ?
23:59 En France, en 1997, à la suite de la reconnaissance par le président Chirac
24:03 de l'implication de l'État français dans la Shoah,
24:06 est créée la mission "Mathéolie",
24:08 chargée d'étudier les spoliations des juifs français
24:11 et rechercher et restituer leur patrimoine à leurs héritiers,
24:15 ou s'il n'y en a pas, les donner à des fondations juives.
24:18 Aux États-Unis est signé en 1998 le "Protocole de Washington",
24:22 une conférence internationale qui réunit plusieurs dizaines de pays
24:26 pour statuer sur le sort accordé aux œuvres volées par les nazis.
24:30 Tout ça a permis aux musées du monde entier d'améliorer leur protocole
24:34 pour vérifier les œuvres avant de les acquérir,
24:37 histoire d'éviter de récupérer des œuvres volées par des nazis,
24:41 alors qu'il y a encore des descendants qui pourraient les récupérer.
24:43 D'ailleurs, encore aujourd'hui, les recherches se poursuivent,
24:46 et on a d'ailleurs assez récemment fait de sacrées découvertes.
24:49 Comme en 2012 avec un certain Cornelius Gurlitt,
24:53 un collectionneur qui s'est fait pincer pour fraude fiscale.
24:56 Lors de ses investigations, la police allemande a découvert
25:00 plus de 1400 œuvres volées pendant la guerre par son père,
25:03 Hildebrand Gurlitt, qui a profité des spoliations
25:06 pour faire commerce des œuvres considérées comme dégénérées.
25:09 On retrouve ainsi des tableaux de Matisse, de Courbet ou de Picasso
25:13 qui avaient été exposés à l'époque par les nazis
25:15 comme des exemples d'art dégénéré.
25:17 Et des cas comme ça, il y en aura encore peut-être d'autres, qui sait.
25:21 D'ailleurs, tenez, ça vient de tomber,
25:23 quelques jours avant de tourner cette vidéo,
25:25 le Japon a rendu à la Pologne un tableau
25:28 qui avait été pillé pendant la guerre par les allemands.
25:30 Comme quoi cette histoire allait très loin d'être terminée.
25:33 Merci beaucoup d'avoir regardé cette vidéo,
25:37 j'espère qu'elle vous a plu.
25:39 Comme d'habitude, si vous découvrez mon travail
25:41 et que vous n'êtes pas abonné, eh bien, n'hésitez pas à le faire.
25:44 Moi, ça m'encourage beaucoup à continuer.
25:46 Merci également à Guilhem avec qui cette vidéo a été co-écrite,
25:49 il est l'auteur de la chaîne d'Histoire en Histoire,
25:51 retrouvez le lien de sa chaîne en description.
25:54 Encore merci à Emma d'avoir sponsorisé cette vidéo.
25:56 En ce moment, ce sont les avant-premières de l'été,
25:59 avec mon code FOLL, vous avez -10% cumulable
26:02 avec les autres offres sur leur site.
26:04 Et moi, je vous dis à la prochaine.
26:07 [Musique]

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