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Le Billet de Frédérick Sigrist dans le 5/7 (6h55 - date) Retrouvez tous les billets de Frédérick Sigrist sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-frederick-sigrist

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😹
Amusant
Transcription
00:00 C'est l'Eric Sigrist, votre blockbuster de la semaine, c'est « Elémentaire », le dernier
00:04 film d'animation des studios Pixar qui a démarré très faiblement au box-office américain.
00:08 Oui Mathilde, on peut dire les termes, c'est un four.
00:12 Une contre-performance dirait Didier Deschamps, ma vie dirait Emmanuel Valls.
00:17 Et franchement c'est dommage parce que même sur cette antenne j'ai entendu dire qu'Elementaire
00:21 était un Pixar mineur.
00:23 Un Pixar mineur.
00:25 Mais comme le disait encore Daniel Morin hier au téléphone, il y a des mineurs qui peuvent
00:29 tout à fait passer pour des majeurs.
00:30 Bon, il ne me parlait pas tout à fait de dessin animé mais ça reste pertinent.
00:34 On parle quand même de Pixar, le studio derrière Toy Story, Cars, Wall-E, Monstres et compagnie.
00:40 Et je vais vous dire Mathilde, moi j'en vois des films.
00:42 Et un Pixar moyen c'est souvent bien mieux qu'un très bon Guillaume Canet.
00:46 Un studio qui a réussi à faire croire qu'il fait des films destinés aux enfants alors
00:50 qu'en fait ce sont des films pour des adultes qui n'ont pas réglé leurs problèmes qu'ils
00:54 ont depuis l'enfance.
00:55 C'est Juliette Arnaud au festival d'Annecy la semaine dernière qui me disait « Pixar
00:59 ils font des films pensés pour les hommes hétéros qui refusent de faire des thérapies
01:04 ». Et je dois avouer, c'est pas faux.
01:06 Lao est un film sur le deuil.
01:08 Coco est un film sur le deuil.
01:10 Vice versa un film sur l'importance de laisser exprimer ses émotions et le deuil de l'enfance.
01:15 Saul un film sur le deuil de ses rêves.
01:17 A la fin d'un Pixar t'as souvent un adulte en larmes à côté de ses gosses impassibles
01:21 eux en train de leur dire entre deux sanglots « c'est là que j'ai compris que j'étais
01:25 pas un enfant désiré ». Oui, les artistes de chez Pixar, ils vivent dans une chanson
01:29 de Hoshi et ils passent leurs vacances dans un livre de Christine Angot.
01:32 Et cet élémentaire, est-ce qu'il a lui aussi des allures de thérapie de groupe ?
01:36 Oh que oui ! En montrant une cité, une ville où tous les éléments, le feu, l'eau,
01:40 l'air et la terre cohabitent, mais sans se mélanger, Peter Son, le réalisateur,
01:44 parle de l'immigration coréenne de ses parents.
01:46 Comment s'intégrer sans s'oublier dans une société qui vous place dans des ghettos
01:50 et qui vous stigmatise sans arrêt ? Les flammes, quand il y en a une, ça va, c'est
01:54 quand il y en a beaucoup que ça pose problème, pourrait dire Brice Hortefeux.
01:57 Vous l'avez, flammes, Hortefeux.
01:59 Vous inquiétez pas, il me reste que trois chroniques et il me vient.
02:02 Même la dimension de réfugiés climatiques apparaît dans ce film, car ces immigrés
02:06 ont fui ou devront fuir des catastrophes naturelles.
02:09 Mais un film d'animation, ça n'est pas qu'une allégorie politique logiquement.
02:12 Vous avez tout à fait raison Mathilde, c'est aussi de l'art.
02:14 Et à ce niveau, « élémentaire » est une prouesse technique et artistique à voir sur
02:18 grand écran.
02:19 Les personnages, de par leur statut d'élément, ne cessent de changer de forme à chaque seconde.
02:23 L'héroïne, flamme, s'embrase, vacille, s'éteint et se rallume au gré de ses émotions.
02:27 Flac, le garçon aquatique avec lequel l'amour est censé être impossible, change de forme,
02:32 enfle et diffuse la lumière comme les vitraux d'une cathédrale un jour de grand soleil.
02:35 Certes, vous ne serez pas surpris par le scénario à la Roméo et Juliette, mais il y a des
02:39 histoires comme ça, un milliardaire et quatre personnes qui veulent aller visiter l'époque
02:44 du Titanic dans un suppositoire en plomb mal construit.
02:46 On se dit tous, qu'est-ce qui pourrait mal se passer ? On connaît la fin de l'histoire
02:49 et pourtant on reste captivé.
02:51 Mais si le film est aussi beau esthétiquement que vous le dites, comment expliquez-vous
02:54 la baisse de popularité des studios Pixar en salles ?
02:56 Ah c'est simple, Disney, le Covid et Disney+.
03:01 Le dernier Pixar à être sorti sur grand écran était le très oubliable Buzz l'éclair,
03:07 fait pour de très mauvaises raisons.
03:08 Mais n'oublions pas qu'après, il y a quand même eu « Soul », « Lucas » et
03:12 « Alerte Rouge », trois films que je trouve personnellement très beaux et intéressants
03:16 qui auraient eu une autre vie et un autre rayonnement sur grand écran si on leur avait permis.
03:20 Simplement, Disney a jeté le studio Pixar en pâture à Disney+, sa plateforme de streaming
03:26 ogre des temps modernes qui demande toujours plus de contenu.
03:29 Pixar n'a jamais vraiment fait baisser la qualité de ses films.
03:32 Par contre, Disney a clairement fait baisser les moyens de les voir.
03:36 Et il y en a encore un au cinéma en ce moment.
03:39 Donc profitez-en, connaissant Disney, c'est peut-être le dernier.
03:42 Frédéric Sigrist pour la chronique Blockbuster.

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