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"Suzume" de Makoto Shinkai est un film France Inter, l’occasion pour Frédérick Sigrist d’être pour la première fois d’accord sur une vision du cinéma.

Le Billet de Frédérick Sigrist dans le 5/7 (6h55 - date) Retrouvez tous les billets de Frédérick Sigrist sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-frederick-sigrist

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😹
Amusant
Transcription
00:00 Oui Mathilde, je crois qu'il faut se rendre à l'évident, je suis rentré dans le système.
00:04 L'aiguille de mon compas geek est toute cassée et c'est pas une métaphore sexuelle.
00:07 Je suis à la culture pop, ce corps auberger est à la politique, j'ai plus de maison.
00:12 Faisons le bilan, j'ai critiqué Super Mario, le film cartonne.
00:16 J'ai trouvé que les trois mousquetaires de Martin Bourboulon n'avaient rien compris
00:19 à l'esprit de l'œuvre d'Alexandre Dumas, le film est plébiscité.
00:22 Cette semaine je suis allé voir Evil Dead Rise, la suite de la franchise d'horreur
00:26 de Sam Raimi et je me suis ennuyé.
00:28 Vous vous rendez compte Mathilde, il y avait des démons, du sang, des tronçonneuses et
00:31 je me suis ennuyé.
00:32 On aurait dit un amiche dans un magasin Apple.
00:35 Pas une réaction, rien ! Les fans d'Evil Dead, eux, ils en disent beaucoup de bien.
00:39 Donc je pense que ça y est, je dois l'admettre, il est temps que je rentre dans le rang, que
00:41 je me réjouisse des audiences de la station avec une photo de moi sur un fond rouge, que
00:45 je boive du jus de Goyave avec Hugo Clément et que je parle des films de Bertrand Tavernier
00:48 avec Eric Noff.
00:49 Donc j'avoue, Suzume de Makoto Shinkai, c'est vraiment un bon film.
00:53 Je sens un mai arriver.
00:54 Non, non, c'est vraiment un bon film.
00:56 Et c'est pas les 181 000 spectateurs qui l'ont déjà vu qui me diront le contraire.
01:00 C'est un film magnifique qui fait du bien par les temps qui courent.
01:02 Frédéric, on vous connaît.
01:03 D'accord.
01:04 Suzume est un très bon film.
01:07 Si on ne connaît pas le travail précédent de Makoto Shinkai.
01:10 Parce qu'entre Your Name, Les Enfants du Temps et aujourd'hui Suzume, il nous refait
01:13 un chouïa le même film, le petit père Makoto.
01:16 Une histoire d'amour entre deux adolescents, une opposition entre un Japon rural et un
01:20 Japon connecté et urbanisé, un passé qui tente à s'effacer, jusqu'à la musique,
01:24 toujours splendide, du groupe de rock Radwimps qui a fait la BO des trois films.
01:27 On est sur un geste de calligraphie toujours plus parfait mais où Makoto Shinkai écrit
01:32 toujours le même mot.
01:33 Alors je sais bien que Makoto Shinkai, d'après les journalistes, c'est le nouveau Miyazaki.
01:38 En attendant que Mamoru Osoda refasse un nouveau film.
01:40 Ce qui fera de lui le nouveau nouveau Miyazaki.
01:43 C'est pas bien compliqué vu que les mecs de la généraliste ne connaissent que Miyazaki.
01:46 Ils font la même chose avec les acteurs noirs.
01:48 Regardez le nouvel Omar Sy ! Je sais que les films de Makoto Shinkai sont des fables écologiques
01:53 sur un Japon entre tradition et modernité.
01:55 Oui, ils aiment bien parler du Japon comme ça, entre tradition et modernité.
01:59 C'est comme si au Japon ils disaient « Alibi 2 », un film sur la France entre grève
02:04 et baguette tradition.
02:05 Suzume, c'est l'histoire d'une jeune fille qui parcourt le Japon en compagnie d'une
02:09 petite chaise en bois.
02:10 Alors ça a l'air bizarre dit comme ça, mais en même temps, nous ça fait trois jours
02:13 qu'on a un président qui parcourt la France avec des casseroles.
02:15 Donc qui sommes-nous pour critiquer ?
02:17 Au cours de son voyage, dans des lieux laissés abandonnés par le Japon moderne, Suzume doit
02:21 refermer des portes magiques susceptibles de laisser échapper une force menaçant le
02:25 pays.
02:26 Suzume, c'est avant tout un film sur le deuil, où l'héroïne doit non seulement
02:28 apprendre à fermer enfin la porte de sa tristesse, mais aussi fermer les plaies d'un Japon
02:32 traumatisé dans sa chair par les tsunamis, les tremblements de terre ou Fukushima.
02:36 C'est un film fort, qui le serait pour moi encore un peu plus si je n'avais pas vu
02:40 quelques mois avant « Les murs vagabonds », un dessin animé d'Hiroyasu Ishida disponible
02:44 sur Netflix qui parle lui aussi de ces lieux hantés par les souvenirs.
02:48 L'avantage de Makoto Shinkai, c'est que même en réalisant à l'intérieur de
02:52 sa zone de confort, il reste plus touchant que bien des réalisateurs.
02:56 Conclusion, vous n'êtes pas encore totalement esprit inter.
02:59 Non, mais ça progresse Mathilde, ça progresse.

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