«On ne peut pas se battre les uns contre les autres et protéger la nature», s'alarme Bertrand Piccard
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00:00 des thermostats dans tous les logements en France en 2027.
00:04 Et Nicolas Bouzou se désolait, il disait "Oh là là, encore une norme supplémentaire".
00:07 C'est vous finalement, c'est à cause de vous Bertrand Piccard.
00:10 - Mais vous savez, il y a des normes qui embêtent tout le monde
00:13 et des normes qui vont aider tout le monde.
00:15 La gestion de l'énergie en temps réel, c'est quelque chose qui permet
00:19 d'économiser énormément d'énergie, de prendre conscience de ce qu'on gaspille.
00:24 - C'est un mal pour un bien, si je vous comprends.
00:26 - C'est un bien pour un bien.
00:28 Et puis il y a une deuxième chose aussi, c'est la valorisation de la chaleur perdue.
00:32 Alors on peut dire que c'est une norme de plus, mais c'est une norme de plus
00:36 qui permet de récupérer de la chaleur dans les data centers pour chauffer une ville,
00:41 dans les cheminées d'usines pour pouvoir redonner de l'énergie à l'usine.
00:45 C'est 20 à 40% d'économies sur les factures énergétiques.
00:50 Donc pour l'environnement, c'est aussi pour l'économie.
00:54 Et puis dans les marchés publics, aujourd'hui, vous valorisez ce qui est le moins cher.
00:59 Même si sur 10 ans, c'est beaucoup plus cher parce que vous utilisez plus d'énergie.
01:03 - Et combien d'entreprises françaises sont désoles parce que des marchés leur échappent à cause de ça ?
01:06 - Exactement. Et ça, c'est une des propositions qui a été retenue
01:10 par le ministre de l'économie et par le ministre de l'industrie
01:14 pour ce nouveau projet de loi sur l'industrie verte.
01:17 Et c'est extraordinaire. Vous savez, on peut hurler, se coller la main sur les routes,
01:22 jeter de la sauce tomate sur les tableaux, mais ça ne fait pas beaucoup bouger les choses.
01:28 Je vois que Bruno Le Maire et Roland Escur font beaucoup plus bouger les choses
01:32 avec des changements législatifs. Et ça, ça me réjouit énormément.
01:35 - Quand vous regardez l'actuel poussé radical dans les mouvements écologistes,
01:39 notamment en France, on a eu cette semaine, par exemple, la dissolution
01:43 de cette nébuleuse d'associations d'individus, les soulèvements de la terre.
01:47 Ils ont réagi par la bravade, impersuadés que la cause est tellement juste
01:51 qu'il faut leur passer certains débordements, certaines transgressions avec la légalité.
01:56 Comment vous regardez ça, vous, Bertrand Piccard ?
01:59 - C'est vrai que la cause est juste. Tout à fait.
02:02 Maintenant, le moyen doit permettre de rassembler le plus de consensus possible,
02:08 le plus d'efforts possibles communs. Et ça, c'est ce qui ne se fait pas.
02:13 Je vois au sein de la gauche des clivages qui sont en train de se faire
02:17 entre ceux qui discréditent la cause écologique et ceux qui la promeuvent.
02:21 Et on voit bien qu'on ne va pas pouvoir continuer à se battre les uns contre les autres
02:28 et croire qu'on va protéger l'environnement. On doit arriver à réconcilier tous les efforts.
02:34 Et pour ça, on a besoin des solutions des industries.
02:38 On a besoin des finances des financiers. On a besoin des solutions des scientifiques.
02:44 On a besoin des activistes écologistes qui font prendre conscience et qui poussent à bouger.
02:50 On a besoin de tout le monde. Si on ne prend qu'un seul, ça ne marche pas.
02:53 - Mais ce n'est pas un peu angélique comme vision des choses, Bertrand Piccard.
02:56 On voit bien les antagonismes. Regardez les citoyens.
02:59 Est-ce qu'on arrive à les embarquer dans l'écologie ?
03:02 Parce que pour eux, en pratique, pour le citoyen, l'écologie aujourd'hui,
03:05 c'est des interdictions qui s'empilent, c'est des voitures qu'il faut changer,
03:09 c'est du logement de plus en plus cher. Bref, ce ne sont que des sacrifices.
03:13 - Vous ne la sentez pas venir, la fatigue écologique ?
03:15 - Alors, si vous présentez l'écologie comme ça ou que les gens comprennent l'écologie comme ça,
03:20 bien sûr qu'ils vont détester l'écologie et c'est ce qui se passe depuis 50 ans.
03:24 Un narratif d'écologie chère, rébarbative, sacrificielle pour l'économie,
03:30 pour le confort, pour la mobilité, etc. Et les gens ne veulent pas ça.
03:34 Les gens veulent un narratif écologique enthousiasmant, fédérateur, créateur d'emploi,
03:40 qui améliore le pouvoir d'achat et qui développe l'économie.
03:43 Et ça, aujourd'hui, avec les solutions comme celles qu'on a trouvées avec la fondation Solar Impulse,
03:50 comme celles qu'on va exposer à la Cité des sciences,
03:53 dans une exposition à partir du 20 septembre en réponse à l'urgence climatique,
03:57 eh bien aujourd'hui c'est possible parce que les solutions existent pour le faire.
04:00 Et ce ne sont pas des solutions high-tech qui n'existent pas aujourd'hui,
04:05 qu'on va inventer dans le futur. - On n'a pas besoin d'attendre la fusion nucléaire dans 50 ans.
04:08 - On n'a pas besoin d'attendre. Avec la fondation Solar Impulse, on a 1515 solutions
04:14 qui existent aujourd'hui, qui sont issues du bon sens, qui sont de la technique et pas de la haute technologie.
04:19 Mais il faut qu'elles fassent leur chemin vers le marché.
04:22 Il faut que tout le monde puisse les utiliser.
04:24 Il faut que les ménages les plus modestes, et même parfois les gens les plus pauvres,
04:28 puissent diminuer leurs factures en baissant le gaspillage.
04:31 Et ça, il y a plein de systèmes qui existent, et c'est ces systèmes-là qu'il faut mettre en place.