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00:00 Bonsoir à vous, merci d'être avec nous, océanographe,
00:03 responsable de l'expédition française d'ailleurs qui a découvert l'épave du Titanic.
00:07 On dit qu'il reste jusqu'à demain midi en oxygène dans le submerge cible.
00:12 Est-ce qu'aujourd'hui c'est véritablement une course contre la montre ?
00:15 Absolument, on ne sait pas exactement combien il y avait d'oxygène et combien il en reste.
00:20 On ne sait pas non plus le taux de consommation des cinq personnes qui sont à bord.
00:25 Mais de toute façon le temps est limité.
00:27 Bien qu'on ne connaisse pas exactement la limite, on espère qu'il est assez long pour permettre aux moyens de sauvetage d'opérer.
00:33 Ces bruits entendus des profondeurs, quels sont-ils ? Est-ce qu'ils pourraient vraiment être liés au submersible ?
00:40 Oui, ils peuvent être liés au submersible, on n'est pas absolument certain.
00:45 Mais l'indice c'est qu'ils sont répétés à des intervalles de temps réguliers.
00:50 Ce qui ne serait pas le cas d'animaux ou de phénomènes géologiques.
00:56 Donc ça veut dire que ça peut être des coups que le submersible donne ?
01:00 Qu'est-ce que ça pourrait être concrètement ?
01:02 Ça peut être des coups qu'un des passagers donne sur la coque pour se faire entendre de la surface.
01:08 Est-ce le meilleur moyen justement de se rendre visible à ces profondeurs ?
01:13 Ce n'est pas le meilleur moyen, mais c'est le seul quand tous les autres moyens électroniques sont en panne.
01:19 C'est le seul moyen en fait, c'est ce que vous dites.
01:23 L'Institut Ifremer a dérouté son navire Atalante équipé d'un robot sous-marin pour les grandes profondeurs.
01:31 Est-ce que l'Atalante devrait arriver sur la zone vers 20h ce soir hors française ?
01:36 Est-ce qu'il peut changer la donne ?
01:38 Changer la donne non, mais c'est lui qui peut intervenir.
01:44 C'est le premier engin sur place qui interviendra et c'est le plus important.
01:49 En quoi est-il le plus important par rapport aux recherches qui sont menées depuis deux jours ?
01:55 C'est-à-dire que les recherches qui sont menées depuis deux jours n'aboutissent pas beaucoup
01:59 parce qu'on est à 3 800 m au-dessus du fond de l'océan.
02:03 Ce rover Victor descendra au niveau du fond.
02:06 Il pourra donc avec son petit sonar inspecter le fond de façon plus précise
02:11 et essayer d'avoir un écho qui lui permette de se diriger vers le submersible disparu.
02:20 Les bateaux et les avions ont inspecté 13 000 km².
02:24 Ce sont vos chiffres. Qu'est-ce qui est le plus compliqué ?
02:28 Comment ça ? Le plus compliqué ?
02:31 C'est l'immensité, la profondeur, l'absence...
02:34 C'est les deux.
02:36 D'une part parce que le sous-marin ne descend pas forcément verticalement
02:40 du fait qu'il y a des courants qui l'éloignent du point du fond où il aurait voulu atterrir.
02:45 Donc on ne sait pas du tout actuellement à quelle distance de l'épave il se trouve.
02:49 De plus, l'épave elle-même est entourée d'une multitude de débris
02:56 dans une zone de plusieurs kilomètres carrés,
02:59 ce qui rend d'autant plus difficile la recherche du sous-marin
03:03 s'il n'est pas plus gros qu'un gros débris du Titanic, par exemple une chaudière.
03:08 Oui, donc en fait il est petit.
03:10 Si on le retrouve, comment faire pour le faire remonter à la surface ?
03:16 Si on le retrouve, comme a expliqué M. Obdeckbeke,
03:21 le victeur tâchera de fixer un petit filin sur les anneaux du sous-marin
03:31 et ensuite ce filin sera accroché à un gros câble qui descendra d'un navire
03:39 capable de remonter le sous-marin.
03:41 Est-ce que c'est la seule façon de les sortir du submersible que de justement de le remonter ?
03:46 Oui, parce qu'on ne sait pas ouvrir un submersible au fond de l'eau
03:49 et si on l'ouvre, les passagers sont noyés immédiatement.
03:53 Il était conçu pour emmener 5 personnes à des profondeurs de 4000 mètres.
03:58 Le fameux Titan a entamé sa descente dimanche.
04:01 Moins de deux heures après, manifestement, c'est là qu'on l'a perdu.
04:05 Quels sont les scénarios possibles ?
04:08 Les scénarios possibles, il y en a des dizaines, je dirais.
04:12 On ne sait absolument pas s'il y a une erreur humaine de pilotage,
04:17 une erreur humaine d'un passager,
04:20 mais le plus probable c'est qu'il y ait une déficience d'un appareil quelconque,
04:25 la batterie peut-être, une électronique.
04:28 On ne sait absolument pas, en l'état actuel des choses,
04:31 si le fait de l'arrêt des communications est dû au sous-marin,
04:36 à un équipement ou à un défaut de pilotage.
04:41 Justement, la construction, le matériau de ce submersible fait débat aujourd'hui.
04:47 Est-ce qu'effectivement, ça pourrait être lié à un matériau insuffisamment fait pour de telles profondeurs ?
04:53 On n'en sait rien, mais ce qui est sûr, c'est que le sous-marin a déjà plongé une dizaine de fois à cette profondeur
04:59 et que tout s'était bien passé.
05:01 Vous êtes un ami de Paul-Henri Narjolet. Est-ce que vous saviez qu'il faisait partie de cette expédition ?
05:06 Oui, absolument, je savais qu'il en faisait partie pour la bonne raison.
05:10 Nous avons eu un échange de mail le samedi dernier, alors qu'il était sur la zone.
05:16 Dans son mail, il me disait "nous allons plonger",
05:19 ce qui n'était pas absolument certain que lui fasse partie de l'équipage.
05:25 Mais depuis, on sait qu'il en fait partie et qu'il est dans le sous-marin.
05:28 Sa dernière inspection remontait à 2021. Il était très aguerri.
05:33 S'il a embarqué, c'est qu'il pensait que le submersible était fiable, j'imagine.
05:38 Si il avait été sûr que le submersible allait avoir de gros problèmes, je pense qu'il ne s'en serait pas embarqué.
05:44 Mais à chaque fois qu'on embarque quelque part, il y a toujours des risques.
05:48 Stargeau-Lay était suffisamment compétent, avait suffisamment d'expérience pour évaluer les risques de cette plongée.
05:58 Est-ce qu'il y a un problème, pensez-vous, lié aux expéditions privées,
06:01 qui sont à la fois des missions et en même temps du tourisme ?
06:06 Je ne saurais me prononcer sur un tel sujet.
06:09 Tout dépend de l'idée de responsabilité que se font les opérateurs.
06:16 Je pense que dans tous les organismes, il y a des gens plus soucieux que d'autres de la sécurité.
06:23 Quels sont vos espoirs aujourd'hui ?
06:27 Nos espoirs, c'est que la réserve d'oxygène qu'on ne connaît pas soit suffisamment grande
06:35 pour que les passagers puissent attendre que leur sous-marin soit relevé à la surface et qu'on puisse le revoir à la porte.
06:43 Merci beaucoup Jean-Jarry d'avoir été avec nous.
06:46 C'est Anograph, responsable de l'expédition française, qui a découvert l'épave du Titanic.
06:50 Merci d'avoir commenté pour nous ces recherches submersibles.