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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00 on va parler musique et on va parler cinéma avec vos invités Philippe Bandel.
00:03 Bonjour Christophe Baratier, réalisateur, premier film en 2004, c'était une tornade,
00:08 les choristes, 8 millions et demi d'entrées, 18 millions dans le monde, Foubourg 36, toujours
00:11 avec Junio, la nouvelle guerre des boutons, je ne vais pas tout citer, le temps des secrets
00:14 d'après Pagnol et puis vous allez retrouver Junio pour votre nouveau film qui sera présenté
00:19 en exclusivité au festival de cinéma et de musique du film de la Boule que vous avez
00:23 vous-même créé.
00:24 Est-ce que tout ça est bien éthique dans le jury ? Parce qu'il y a un jury, Victoria
00:30 Bedos, bonjour ! Mais non, il est hors compétition, vous êtes scénariste, cinéaste, vous êtes
00:33 la sœur de Nicola Bedos, la fille du regretté Guy, mais surtout en 2014 vous avez signé
00:38 le scénario d'un des plus gros succès en salles de cette année-là, c'était la famille
00:41 Bélier qui fait découvrir Luan, qui a surtout un droit à un remake américain, Koda qui
00:45 obtient lui-même l'Oscar du meilleur film en 2022, tout ça c'est vous et vous avez
00:48 sorti votre premier film cette année en tant que réalisatrice, La plus belle pour aller
00:52 danser et par deux fois, il est donc question de musique.
00:55 Christophe Baratier, c'est la 9ème édition, en quoi consiste ce festival de la Boule,
01:00 festival de cinéma et de musique de film ?
01:01 - C'est la 8ème édition.
01:03 - 8ème, ah d'accord.
01:04 Sur le dossier de presse il écrit 9ème, donc c'est 8ème.
01:06 - Ah non, non, c'est la 8ème.
01:07 Ah non, non, pardon, oui, vous avez raison, c'est la 9ème, absolument.
01:10 Vous savez, en ce moment c'est la pluie qui m'implique.
01:13 - Oui, on a tous pris l'eau.
01:15 Jean-Luc, Baratier, moi, on a tous pris l'eau.
01:18 C'est un festival que nous avons fondé à l'époque, en 2013, avec quelqu'un qui connaît
01:22 bien les médias, qui connaît bien votre métier qui est Sam Bobineau, avec comme thème
01:28 principalement la musique, enfin le thème principalement cinéma et musique de film.
01:32 Parce que de mon attachement particulier à la musique de film, vous savez, mon oncle
01:36 Jacques Perrin, le aurait été Jacques Perrin, avait commencé à chanter dans Les Moselles
01:40 de Rochefort, j'avais 3 ans, mon père était l'assistant réalisateur du film.
01:43 Ensuite il y a eu Poda, etc.
01:45 Je suis né vraiment dans cet univers musical, je suis musicien moi-même, et il était évident
01:51 que de réunir les deux, la musique de film est un genre qui va au-delà de ce qu'on peut
01:55 aimer comme compositeur, parce que c'est un peu tous les genres.
01:58 - Alors, on va raconter le programme du festival, vous l'avez en tête, les grandes lignes,
02:02 parce qu'on ne peut pas tout détailler, il y a tellement, tellement de choses.
02:04 - Bien sûr, oui, en fait les grandes lignes, nous avons donc des films en compétition,
02:09 des films hors compétition, nous avons un jury pour les présenter, j'en parlerai tout
02:15 à l'heure puisque Victoria est là, ensuite nous avons des films musicaux, des documentaires,
02:21 des hommages, et surtout nous avons chaque année un compositeur à qui nous rendons
02:26 honneur, je peux les citer quand même depuis le début.
02:28 - Vite parce que je veux qu'on entende la voix d'Victoria.
02:30 - Francis Ley, Michel Legrand, Lalo Chiffride, Vladimir Kosma, Eric Serra, Philippe Sard,
02:34 Alexandre Desplat, et cette année c'est le fils de Kyle Eastwood, donc compositeur
02:38 aussi pour son père qui viendra rendre hommage lors d'un concert le samedi soir.
02:41 - Victoria Bedos, faites partie du jury, il y a Radu Mialiadou, c'est le président,
02:46 il y a Amanda Steyer, Stéphane de Grote, Irène Brezel, qui est compositrice César de la
02:50 meilleure musique originale pour A plein temps en 2023.
02:53 Victoria Bedos, pourquoi avoir dit oui, pourquoi avoir accepté de faire partie de ce jury ?
02:56 - Parce que comme Christophe, déjà j'aime beaucoup Christophe, et puis comme Christophe,
03:02 il fallait que tu le saches, je suis très attachée à la musique, mes films parlent
03:07 de ça, la famille Bélier c'était quand même une jeune fille entendante dans une
03:11 famille de sourds qui se met à chanter, c'était lié à la musique profondément, Vicky après
03:16 c'était aussi lié à la musique, un film dans lequel j'ai joué et je suis moi-même
03:19 chanteuse, et là je viens de faire mon premier film en tant que créatrice et j'ai compris,
03:24 c'est la première fois que j'avais cette place là, à quel point la musique est primordiale,
03:29 importante, et j'ai travaillé avec des compositeurs et j'ai trouvé ça bouleversant, passionnant,
03:34 et comment une scène peut totalement changer au montage quand on lui met ce genre de musique
03:38 et on enlève un tout petit peu un truc, une note et tout ça, et ça ne rend pas du tout
03:42 la même chose, c'est primordial.
03:44 - On marque une courte pause, on va justement entendre la plus belle pour aller danser,
03:48 on va entendre Christophe Baratier, on est très heureux sur Europe 1, Culture Média
03:51 continue.
03:52 - Culture Média sur Europe 1, Culture Média avec un petit air de la baulle aujourd'hui
03:57 avec la 9ème édition du Festival du Film et de Musique de Film.
04:01 C'est une création de Christophe Baratier, il y a un jury, il y a 5 musiques qui vont
04:06 concourir, dans le jury il y a Victoria Bedos, évidemment j'ironisais en disant que vous
04:10 allez concourir avec votre propre film, Victoria Bedos.
04:12 Il y a deux manières de faire de la musique de film, je vous demanderais l'avis de Christophe
04:16 Baratier, il y a une musique et une musique, et puis il y a aussi utiliser les chansons
04:20 qui font sens dans le film, par exemple dans votre dernier film, qui est aussi votre premier,
04:26 la plus belle pour aller danser, il y a cette version.
04:28 On connaissait la chanson de Sylvie Artaud, mais vous, vous avez choisi une version, si
04:33 j'ose dire, alternative, interprétée par Michel Richard, vous ne la connaissez pas,
04:36 on l'écoute et on en parle.
04:37 Pourquoi la version alternative, pour changer ou parce qu'elle avait un sens pour vous?
05:02 Elle avait un sens parce qu'elle avait un rythme plus rapide, ça collait plus à mon
05:06 montage, plus techniquement, et puis elle avait quelque chose de plus enfantin.
05:09 C'est-à-dire que la version de Sylvie Artaud, elle sent un peu le cul, elle est assez sexy.
05:14 Et comme mon personnage a 14 ans, je me suis dit, hum, bizarre, donc j'ai pris quelque
05:18 chose qui était plus joyeux, plus léger, plus ludique et plus enfantin.
05:21 Dans le film, il y a également "Toutou pour ma chérie" de Paul Naref, le premier pas
05:24 de Claude Michel Schoenberg, dans "La famille Bélier" il y avait "Je vole" de Sardou,
05:28 c'est dans quel ordre vous partez des scènes et vous trouvez les chansons qui vont avec,
05:33 ou alors vous avez une chanson et vous dites ça, ça ferait une scène formidable?
05:36 Alors sur "La famille Bélier", je suis partie de la scène de fin, de "Je vole".
05:39 J'ai écouté cette chanson quand moi-même j'ai quitté mes parents pour aller en fac,
05:43 et je pleurais tout le temps, je pleurais tout le temps, je me suis dit, bon il y a
05:46 un truc, c'est l'âme, il faudra en faire quelque chose.
05:47 Et du coup, voilà, je suis partie de la chanson "Je vole", qui a été réécrite
05:51 pour le film, parce qu'il parle en fait Michel Sardou dans sa chanson, et pour mon dernier
05:57 film, pareil, sur la chanson de fin, la chanson, le premier pas de Claude Michel Schoenberg
06:03 c'est à la radio, je me mets à pleurer, bon ben voilà, je suis peut-être très sensible
06:06 ou dépressive, je n'en sais rien, mais, et là je me dis, oh là là, je vais écrire
06:11 ma scène de fin par rapport à la chanson.
06:13 Donc je pars des chansons très régulièrement.
06:15 C'est quoi une bonne musique de film pour vous Christophe Baratier?
06:19 C'est un élément qui est peut-être le troisième personnage du film, en dehors
06:25 du metteur en scène et des acteurs et du scénariste.
06:28 Il faudrait que d'ailleurs dans la loi, le compositeur de musique est le troisième auteur
06:34 du film, après le scénariste et le réalisateur.
06:36 Par conséquent, il imprime au film quelque chose que les mots peut-être ne suffisent
06:42 pas pour envelopper un spectateur, parce que d'abord c'est un métier qui est compliqué,
06:47 parce qu'il faut savoir travailler parfois avec des réalisateurs qui ne connaissent
06:51 pas la musique, il faut savoir où placer, et c'est quelque chose où les Français
06:55 excellent en fait, parce que nous avons par exemple sur le nombre d'Oscars qui ont été
06:58 remis, nous avons huit compositeurs oscarisés, huit compositeurs français, la musique de
07:03 film est née en France, elle est née en France même quand le cinéma était muet,
07:06 parce qu'il n'a jamais été muet, parce qu'il y avait de la musique, et donc c'est
07:09 une musique qui nous élève.
07:10 C'est un petit peu comme l'image d'un danseur, certains danseurs qui font un saut,
07:14 il reste une seconde de plus.
07:15 Troisième personnage, il y a un débat là-dessus, je vais demander l'avis de Victor Godoux,
07:17 parce qu'il y a des gens qui disent, je sais que vous allez bon dire, qui disent que la
07:19 musique de film c'est comme l'arbitre, c'est qu'on ne voit pas qu'il est bon.
07:22 Il y a des gens qui n'aiment pas voir la musique arriver et s'inviter dans le film.
07:26 - C'est-à-dire qu'il ne faut pas qu'elle soit à contrario, c'est toujours le principe,
07:29 on dit tout le temps qu'il ne faut pas que ce soit un pléonasme.
07:31 - Ou il ne faut pas surligner en fait.
07:33 - Mais il faut donner évidemment une couleur, mais à chaque fois on est obligé, malgré
07:37 tout, quand on dit surligner, on est obligé d'accompagner le propos, on ne peut pas aller
07:39 à contrario du propos.
07:40 - Je suis d'accord.
07:41 - Ça dépend ce qu'on a envie de faire comme genre de film, moi j'aime les films populaires
07:45 quand même, où tout d'un coup j'accompagne l'émotion, j'aide le spectateur à ressentir
07:48 quelque chose.
07:49 Alors d'autres diront "ah bah c'est too much et c'est lourd", moi j'aime bien quand on
07:53 me fait pleurer au cinéma.
07:54 Alors après par exemple, la comédie c'est plus compliqué je trouve en musique de film,
07:59 parce que les "ting-a-ling-poum-pong-ch".
08:00 - Alors moi je veux dire, c'est à ça que je vois un film de une comédie ratée, c'est
08:04 quand le réalisateur est obligé de mettre une musique rigolote quand il marche dans
08:07 la rue.
08:08 Ça me rappelle Benny Hill.
08:09 - Alors Amina, on l'a reçu il y a 4 ans, le grand spécialiste de la comédie en
08:14 7e la lumière Cosma.
08:16 Parce qu'il avait toujours quelque chose qui était à la fois léger et burlesque,
08:22 mais aussi toujours avec une phase B mélancolique.
08:24 Et le récit c'était très bien.
08:25 - Absolument.
08:26 - Mais c'est vrai qu'en revanche, comme disait Victoria, on défend aussi avec ce festival
08:30 le métier de compositeur.
08:31 Parce que c'est vrai qu'il y a eu une mode, pardon je parle pas pour toi, mais qui vient
08:35 un petit peu des Etats-Unis avec Tarantino, puis Guillaume Canel a fait beaucoup.
08:38 - Oh oh oh, et Alain René, dont on connaît la chanson.
08:40 - Oui bien sûr, mais ça c'était l'exercice de style.
08:43 En revanche, de passer sa playlist, c'est quelque chose de bien.
08:46 Mais il est bien certain que si on voit quelqu'un sortir du métro, Cadet, et on met le requiem
08:50 de Mozart, oui c'est très beau.
08:51 Si quelqu'un prend l'autoroute et il prend David Bowie, c'est bien.
08:54 Mais c'est vrai que je défends, nous défendons aussi le métier des compositeurs.
08:57 Et c'est pour ça que nous rendons honneur, par exemple cette année nous aurons Kyle
09:00 Eastwood, mais aussi un des derniers compositeurs oscarisés avec Alexandre Desplat.
09:04 On a tendance parfois à l'oublier, c'était The Artist, c'était Ludovic Bourse.
09:08 Et The Artist qui était un film muet, qui était entièrement musiqué par Ludovic,
09:12 et qui cette année nous rend visite pour donner un cours, notamment aux élèves.
09:16 - Alexandre Desplat qui fait la musique du dernier Wes Anderson, qui est sorti hier.
09:20 - Qui nous avait fait l'honneur de venir au festival comme ça.
09:23 - C'était l'an passé.
09:24 - C'était l'an passé.
09:25 On peut dire qu'Alexandre fait partie maintenant un peu des gens comme Mourizat ou Michel
09:28 Legrand, dont la carrière se passe en tout cas beaucoup, à 80% aux Etats-Unis.
09:31 - On va continuer à parler de musique avec Stéphanie Loire, on va continuer à parler
09:35 de cinéma avec Louis Benkemon, Christophe Baratier et Victoria Bedos sont nos invités.
09:39 Culture Média continue.