L'été s'annonce une nouvelle fois tendu à l'établissement public de santé mentale de Caen. La direction vient d’annoncer la fermeture d’un service en raison de la pénurie de médecins. La CGT réclame plus de fermeté de l’Agence régionale de santé.
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00:00 - Le 6/9 - France Bleu Normandie
00:02 - Les 8h16, l'inquiétude des salariés de l'EPSM de Caen dit Licharpin face à des réductions de capacités d'accueil annoncées pour cet été.
00:11 - Et notre invité ce matin, le secrétaire général de la CGT dans cet établissement public de santé mentale de Caen.
00:17 Bonjour, Florent Roger ici. - Bonjour.
00:19 - C'est un coup de massue que vous avez reçu cette semaine, rappelez-nous qu'est-ce qu'on vous a annoncé ?
00:23 - Oui, c'est un vrai coup de massue puisque au mois de mars déjà on nous a fermé 28 lits sur 3 unités.
00:31 Et ça c'est lié uniquement à la pénurie de médecins actuel qu'on vit partout en France.
00:39 - Et une deuxième lame qui arrive ?
00:42 - Oui, une deuxième lame avec une annonce choc qui nous a été faite mardi matin par la direction, c'est de fermer une unité.
00:49 Alors on fermera pas de lits mais on va dispatcher ces patients sur d'autres unités.
00:54 - Pourquoi ça pose problème de dispatcher les patients sur d'autres unités ?
00:59 Est-ce que les infrastructures d'accueil par exemple sont prévues pour ça ?
01:03 - Pas du tout, pas du tout.
01:05 Par exemple quand on prend un service comme Bonafé où on avait comment supprimer ces 8 lits,
01:11 on va les remettre en place mais on va rajouter en plus des patients.
01:14 Des patients qui vont se retrouver dans des chambres à une personne et qui vont se retrouver à deux.
01:20 Donc c'est pas du tout adapté pour.
01:23 - Une cohabitation improvisée, imposée par la situation ?
01:26 - Imposée, imposée et qui va créer des problèmes.
01:30 Il faut savoir qu'il y a quelques années on a eu des vraies difficultés dans une situation comme ça,
01:34 avec une situation dramatique puisqu'on n'a pas pu prodiguer les premiers soins à un patient,
01:38 des soins d'urgence puisqu'il n'y avait pas la place.
01:41 Et puis il y a tout ce qui vient, enfin c'est l'accueil aussi des patients.
01:44 On ne peut pas accueillir des patients avec une structure,
01:50 une chambre qui est prévue pour une seule personne.
01:53 - Dans un établissement de santé mentale il y a différents profils.
01:57 Quel est le profil des personnes concernées par la fermeture de cette unité ?
02:02 Est-ce qu'on est dans le cas d'hospitalisation d'office donc de patients plutôt lourds ?
02:06 - C'est le cas d'Epsthume si vous voulez, on a des patients difficiles
02:09 qui vont être, comme je le disais tout à l'heure,
02:12 dispatchés entre autres sur une unité où il y a déjà des patients difficiles,
02:16 beaucoup, des hospitalisations d'office qu'on appelle SDRE aujourd'hui.
02:22 Mais voilà, on va créer une vraie cocotte minute dans ce service.
02:27 Aujourd'hui on nous annonce 30 voire 33 patients
02:31 avec un effectif supplémentaire uniquement de 3 agents
02:35 puisque les agents vont être aussi dispatchés.
02:38 Donc c'est complètement insuffisant, ça va être une dangerosité permanente
02:43 pour les patients mais aussi pour les soignants.
02:45 - Les soignants justement, pour les infirmiers, pour les aides-soignants,
02:50 c'est de plus en plus compliqué de travailler dans cet établissement ?
02:53 - C'est compliqué depuis très longtemps.
02:55 Donc bien avant la crise Covid, ça s'est aggravé après le Covid.
03:00 On a supprimé depuis des années, tous les gouvernements successifs suppriment des lits,
03:05 suppriment des postes, ça va ensemble.
03:08 On ne peut plus travailler correctement.
03:10 Moi je le dis assez régulièrement, je suis un syndicaliste,
03:14 je n'ai plus l'impression de faire du syndicalisme
03:16 puisqu'on reçoit en permanence dans nos locaux des agents qui sont en burn-out complet.
03:24 On devient une médecine du travail, moi ce n'est pas mon boulot, ni psychologue.
03:30 Et on voit des agents qui sont au bout du rouleau.
03:34 Des agents quittent l'établissement, il n'y a pas qu'les médecins.
03:37 - A l'origine du problème, enfin l'une des causes de ce problème, le manque de médecins.
03:41 Maintenant il suffit d'aller sur le site de l'EPSM,
03:44 il y a énormément d'offres d'emplois, elles ne sont pas pourvues ?
03:47 - Non, pas du tout.
03:48 Aujourd'hui c'est un problème national, c'est un fait.
03:52 - Il n'y a plus de candidats ?
03:54 - Il n'y a plus de candidats.
03:55 - Comment on sort de cette situation ?
03:57 - Nous à la CGT on a une solution, on a une vraie solution.
04:00 Aujourd'hui il faut que l'ARS prenne ses responsabilités.
04:03 Monsieur Deroche, préfet sanitaire, à l'heure actuelle il est la directeur de l'ARS.
04:09 - Ses responsabilités, c'est-à-dire très concrètement, qu'est-ce qu'il peut faire ?
04:12 - Lui et la direction, ce qu'ils peuvent faire aujourd'hui,
04:14 c'est exiger, exiger que des médecins qui sont par exemple sur Esquirol ou à Bayeux,
04:20 où ils sont en nombre suffisant pour pouvoir travailler,
04:24 - Des psychiatres ?
04:25 - Des médecins de psychiatres, mais aussi dans le privé.
04:27 Il doit exiger qu'ils remplissent une vraie mission de service public
04:30 et donner du temps sur l'EPSM.
04:32 Qu'au moins maintenant l'ARS serve à quelque chose.
04:36 - Qu'est-ce qu'on dit de "missions de service public" ?
04:38 Par la contrainte, les obliger à assurer des gardes par exemple ?
04:41 - Oui, tout à fait. Comment ça se passe pour nous ?
04:43 Quand il y a eu la crise Covid, nous on ne nous laisse pas le choix,
04:46 il y a un plan blanc, on nous oblige à revenir,
04:48 on nous oblige à remplir ces missions de service public,
04:50 et bien que ce soit la même chose pour eux que l'ARS prenne ses responsabilités.
04:52 Monsieur Deroche, je le dis ici, s'il arrive un drame sur l'hôpital,
04:56 il sera le seul responsable avec la direction.
04:58 - Cette "alerte", on va la qualifier ainsi que vous l'avez envoyée ce matin,
05:03 vous avez prévu de réagir, vous, il y a un préavis de grève ?
05:06 - Tout à fait, on a déposé un préavis de grève hier soir,
05:09 puisqu'on s'est entretenu avec les salariés de Neptune,
05:12 mais pas que, ceux de Bonafé...
05:14 - C'est l'unité qui va fermer Neptune, je le précise.
05:16 - Tous les services d'admission, tout le monde est concerné dans l'hôpital.
05:19 Donc il y a un préavis de grève qui est déposé,
05:22 là aujourd'hui les agents disent qu'ils refusent la fermeture du service Neptune,
05:25 ils peuvent compter sous le soutien total de la CGT,
05:28 on sera auprès d'eux, et on fera tout pour que cette unité ne ferme pas,
05:31 puisqu'on ne résoudra pas le problème de toute façon avec cette mesure-là,
05:34 qui n'en est pas une vraie.
05:36 - Cette mesure qui doit s'appliquer le 17 juillet, c'est ça ?
05:39 - Au plus tard le 17 juillet, oui.
05:41 - Trois semaines à peu près pour essayer de trouver une solution.
05:43 Florent Roger, secrétaire général de la CGT à l'EPSM de Caen,
05:47 invité ce matin, France Bleu et France 3, bonne journée.