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Les femmes sont-elles plus douces, plus en retrait que les hommes ou, au contraire, plus dure lorsqu'elles ont le pouvoir ? Depuis la Dame de fer, cette question épineuse sur l'accession des femmes aux hautes fonctions de l'Etat ne cesse d'interroger. Et leur présence massive aux postes politiques clés n'a pas clos le débat. Pour démêler les vrais clichés des faux stéréotypes, la réalisatrice et intervieweuse politique, Hélène Risser, a choisi deux maires cobaye dont elle explore les actes depuis leur élection, en juin 2020 : la jeune maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond'huy, et la maire LR de Biarritz, Maïder Arosteguy, aux antipodes de l'échiquier. A priori, du moins. Car son enquête révèle d'étonnants points communs que décryptent des scientifiques, experts en comportements biologiques et culturels. A la clé, quelques pistes pour sortir d'un modèle de pouvoir (trop ?) centralisé et centralisateur, tel qu'on le connaît en France. Année de Production : 2022

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Transcription
00:00 Vous allez voir une scène dans laquelle vous allez voir deux individus et spontanément je vais vous demander
00:05 de juger le niveau de dominance de la personne de droite de 1 à 5.
00:09 D'accord ? La personne de droite.
00:11 Ok. Bon bah là je vois une femme qui n'est pas contente parce que son mari ou son mec boit un verre.
00:17 Je vais dire...
00:20 2. Ok. Donc...
00:23 Et là maintenant vous voyez cette scène là.
00:25 Jugez le niveau de dominance de la personne de droite.
00:28 Là je vois un type qui va mettre une taloche à sa femme ou à sa copine.
00:32 Ouais donc je dirais 4.5.
00:35 Donc on imagine qu'en fait on a fait ça pour plein d'images avec plein de participants.
00:40 En fait ce qui semble apparaître mais qui reste encore à confirmer c'est que
00:45 les individus qui paraissent les plus dominants, qui sont jugés les plus dominants,
00:49 sont les hommes et surtout quand ils le sont vis-à-vis d'une femme en fait.
00:53 Mais c'est la même photo dans les deux cas.
00:55 Montrez-moi.
00:59 Mon enquête commence mal.
01:01 Malgré ma vigilance, je tombe dans le premier piège des tests de perception sur les femmes et le pouvoir.
01:08 Pourtant, depuis mon enfance, je suis sûre de jouer dans la même cour que les garçons.
01:15 Avec les mêmes atouts et les mêmes règles du jeu.
01:20 À 8 ans, je découvre une première ministre anglaise qui mate tous les chefs d'État.
01:27 Son terrain de jeu, l'Europe, lui semble à sa mesure.
01:30 Et quelques années plus tard, ma ville natale, Strasbourg,
01:43 est la première métropole à élire à sa tête une femme sans que personne ne s'en offusque.
01:48 Pas même celui qui a la sortie de la mairie et qu'on ne taxait pas encore à cette époque
01:53 de mâles blancs de plus de 50 ans.
01:56 Nous, on est très étonnés par une image.
01:58 Est-ce que le réalisateur peut vous montrer aux côtés de M. Rudloff ?
02:01 Vous semblez tous les deux...
02:03 Bon, j'ai pas l'impression que vous soyez vraiment des ennemis.
02:05 Vous avez l'air de vous faire des sourires.
02:07 Vous avez l'air de... ça a l'air de bien se passer entre vous.
02:09 C'est vrai ?
02:11 Eh bien écoutez, je n'ai jamais de mépris ni de superbes à l'égard de mes adversaires.
02:17 Je me bats pour mes idées.
02:19 Et ce sont mes idées qui l'emportent et mes amis avec moi.
02:22 Je n'ai pas l'égoïsme de prétendre que cette victoire est la mienne seule.
02:26 Ces images ont plus de 30 ans.
02:28 Allez voir, on dirait que notre histoire piétine,
02:32 surtout quand on découvre que la promotion des femmes aux hautes fonctions de pouvoir
02:36 reste encore un sujet.
02:38 Je ne peux pas m'empêcher d'avoir une pensée pour la première femme
02:42 qui a occupé ces fonctions, Edith Cresson.
02:46 Alors pourquoi les femmes ont-elles encore tant de mal à incarner le pouvoir ?
02:51 L'exercent-elles autrement ?
02:53 Et cela augure-t-il d'un avenir différent ?
02:56 Pour comprendre ce qui se joue quand on accole ces termes,
03:00 pouvoir et féminin,
03:02 nous avons soigneusement sélectionné deux femmes
03:05 tombées dans l'éprouvette du pouvoir il y a peu.
03:08 Léonore Moconduy, mère de Poitiers.
03:11 Écologiste élue au lendemain de ses 30 ans,
03:15 la jeune mère de Poitiers incarne le renouvellement des pratiques et des styles
03:19 de la nouvelle génération.
03:21 A première vue, tout l'oppose à notre deuxième cobaye,
03:25 Maïdera Rostegui, venue de la droite classique et élue en même temps,
03:29 à l'été 2020, dans la chic et impériale cité de Biarritz.
03:33 Je n'ai pas la droite honteuse, je suis une femme de droite,
03:37 mais j'ai une liste qui est un rassemblement d'hommes et de femmes
03:40 qui ne sont pas forcément de droite.
03:43 Mais les deux nous révèlent d'étonnants points communs
03:47 quand on observe de plus près leurs pratiques du pouvoir.
03:50 Une pratique que nous ferons résonner avec les toutes dernières recherches
03:56 en neurosciences ou primatologie.
03:59 Des travaux qui permettent de mieux comprendre
04:03 pourquoi l'attelage "femme et pouvoir" déchaîne depuis toujours
04:07 aussi bien les passions que les stéréotypes.
04:10 Et nous avons voulu savoir à cette occasion s'il y avait une manière féminine de gouverner.
04:16 Ne ferait-elle pas mieux de s'occuper de leur mari ou de leurs enfants ?
04:19 Leur place est-elle au Parlement ?
04:21 Et les dérapages ne datent pas d'hier.
04:23 Par exemple, une femme ministre qui répond à une question
04:28 et j'entends dans les travées, à poil.
04:32 Je ne vois pas du tout en quoi on doit renoncer à ce que vous appelez la féminité.
04:38 J'aimerais bien d'ailleurs qu'on dise ce que c'est que la féminité.
04:40 Ça, ça éclairerait les gens.
04:42 Que c'est une apparence seulement la féminité.
04:44 Sans vouloir faire de procès à personne, et j'ai infiniment de respect pour la langue de la mer,
04:48 il n'est pas certain qu'on soit dans l'image idéale de la féminité.
04:51 [Musique]
05:14 Je ne sais pas si le pouvoir a un sexe, en tout cas ce qui est certain, c'est qu'il a une histoire.
05:19 Et que depuis des siècles, voire des millénaires, il se décline au masculin.
05:25 [Musique]
05:33 La France se caractérise, se singularise en tout cas dans le concert des nations,
05:38 et notamment des nations européennes,
05:40 par une propension particulière à exclure les femmes du pouvoir
05:48 et à faire en sorte d'identifier le pouvoir au masculin.
05:51 On se rappelle notamment sous la monarchie de la fameuse loi dite salique,
05:58 qui a consisté à exclure les femmes du trône.
06:02 Et le résultat, c'est que la France a été le seul pays en Europe
06:07 où le moraine n'a plus désigné que l'épouse du roi.
06:10 [Musique]
06:18 On a eu des reines de transition pendant la minorité des rois, etc.
06:22 Mais on n'a pas eu des reines de plein exercice.
06:25 Et le pouvoir se caractérise donc sans doute plus que dans d'autres démocraties
06:31 par des signes du masculin.
06:33 [Musique]
06:36 Un point de détail, les hommes politiques ont un costume pour faire de la politique.
06:41 Les femmes n'en ont pas.
06:43 La question du vêtement, qui pourrait apparaître comme complètement secondaire,
06:49 se pose systématiquement quand une femme s'engage en politique.
06:53 [Musique]
06:56 Finalement, qu'est-ce que c'est que s'engager dans la vie politique ?
06:59 Eh bien, c'est avoir le sens de la compétition,
07:02 beaucoup plus que de la coopération ou du travail collectif.
07:06 On l'a vu récemment avec l'épisode de Valérie Pécresse lors de la présidentielle de 2022.
07:12 Là encore, ces codes oratoires ont été forgés au masculin.
07:16 [Musique]
07:18 Avec cette force, je veux rallumer avec vous les espoirs d'une nation unique et universelle.
07:24 Une nation bâtie par des femmes et des hommes
07:28 qui, par leur travail, leur bravoure, leur génie artistique et scientifique,
07:33 ont réussi à haisser la France au premier rang.
07:37 [Applaudissements]
07:39 Valérie Pécresse, par ailleurs, à la fois bonoratrice,
07:43 est extrêmement consciente des enjeux liés à la prise de parole
07:47 et me semble-t-il tombée dans le piège lors de son premier grand meeting du Zénith
07:53 puisqu'elle a essayé de singer des façons de faire
07:58 qui étaient identifiées finalement à un art oratoire au masculin.
08:02 Pour un ordre juste contre tous les désordres injustes qui frappent les plus faibles,
08:08 pour des énergies positives qui se rassemblent
08:12 et des libertés nouvelles à inventer.
08:15 Bon, Ségolène Royal, première femme candidate à l'élection présidentielle
08:20 qui est arrivée jusqu'au deuxième tour,
08:23 a joué de tous les codes du féminin.
08:26 C'est-à-dire qu'elle a à la fois, me semble-t-il, joué sur les codes de la séduction
08:31 puisqu'on se rappelle les modifications qui ont été apportées sur le plan physique
08:37 avant la campagne électorale.
08:39 Elle a retravaillé un petit peu son visage, retravaillé sa coiffure,
08:44 adopté un code vestimentaire éminemment féminin, toujours en robe, etc.
08:50 Et sur le plan du discours, elle a mis en avant son statut de mère.
08:56 Ce qui lui a valu d'ailleurs à la fois d'être vilipendée par les féministes,
09:03 parce que mettant en avant son statut de mère,
09:06 et par d'autres parce que mettant en avant une forme de séduction déclinée au féminin.
09:10 Mais est-ce que ce n'est pas un problème de code en fait ?
09:13 Évidemment, on est dans un monde où les codes du pouvoir sont très masculins,
09:16 et donc comment inventer des codes féminins ?
09:18 Elles n'ont pas su inventer un code du pouvoir qui leur corresponde, non ?
09:22 Alors un code du pouvoir, ça ne s'invente pas seule.
09:25 Les codes, ça doit être le fruit d'une évolution, d'une collectivité, d'un consensus.
09:30 Je veux la France souveraine qui ne soit soumise à personne.
09:35 Et voilà comment nous, qui regardons ces images,
09:38 nous nous retrouvons d'emblée partie prenante de l'enquête et du jeu de pouvoir.
09:42 Nous, avec nos croyances, nos convictions,
09:46 mais aussi nos réflexes et nos a priori parfois très archaïques,
09:50 comme le montrent les travaux de Jean-Baptiste van den Erdst.
09:54 Alors là, de quoi il s'agissait ce matin ? C'était quel type d'expérience ?
10:00 À la tête d'une équipe de recherche, il a piloté toute une série d'expériences
10:05 confrontant des enfants à la notion de pouvoir, dont celle-ci très troublante.
10:10 [Musique]
10:18 Donc, sur l'image, il y a deux enfants.
10:21 Et il y en a un qui dit à l'autre, "Tu vas faire tout ce que je veux."
10:26 Et l'autre, il dit, "D'accord, je vais faire tout ce que tu veux."
10:29 À votre avis, c'est lequel qui dit, "Tu vas faire tout ce que je veux." ?
10:35 C'est lequel ? Celui-là ?
10:37 Celui qui fait comme ça.
10:38 Ah, celui qui fait comme ça, d'accord.
10:40 Et qui dit, "D'accord, je vais faire tout ce que tu veux." ?
10:44 Celui qui bouge la tête.
10:47 Ok. Et maintenant, si on dit qu'il y a un garçon et une fille,
10:51 à ton avis, c'est qui le garçon, c'est qui la fille ?
10:54 La fille, c'est celui qui bouge la tête.
10:56 D'accord. Et le garçon, c'est celui qui pointe le doigt ?
10:58 Oui.
10:59 D'accord.
11:00 Ces expériences menées sur des garçons et des filles âgées de 4 à 6 ans
11:04 ont été faites en France, mais aussi en Norvège et au Liban,
11:08 deux pays aux antipodes en matière de perception des égalités de genre.
11:13 Leurs résultats révèlent que pour 7 enfants sur 10,
11:16 la figure non-genrée en situation de pouvoir est un garçon.
11:21 Une proportion semblable en France, au Liban et même en Norvège.
11:26 Ça, c'est une surprise.
11:27 C'est une surprise.
11:28 Et là, une des explications possibles, c'est que,
11:31 l'expression assez physique du pouvoir,
11:34 même un petit peu autoritaire du pouvoir tel qu'il apparaît dans cette expérience,
11:38 peut faire penser que c'est plutôt une forme de pouvoir typiquement masculin.
11:42 Pointe-t'il le doigt, comme ça ?
11:44 Pointe-t'il le doigt, et dans une posture assez dominante,
11:47 une posture d'expansion, et d'un autre côté,
11:49 une posture plus de constriction, de subordination.
11:52 Peut-être que ça, les enfants l'associent plus facilement
11:55 à une forme de pouvoir genré.
11:58 Ainsi, dès le plus jeune âge, et indépendamment du contexte culturel,
12:02 notre cerveau associe au masculin le pouvoir agressif.
12:06 D'après ces résultats, ce seraient donc les couches primaires
12:11 ou enfantines de mon cortex cérébral,
12:14 qui auraient, dans ces images, apprécié davantage la posture dominante
12:18 quand elle est incarnée par l'homme que par la femme.
12:21 Et cela se serait fait à l'insu de mon plein gré,
12:25 par le simple mouvement des yeux,
12:28 comme des scientifiques l'ont aussi observé à partir de ce test.
12:31 En fait, on utilise en psychologie une méthode qui s'appelle "eye tracking".
12:37 Le mot français, c'est "oculométrie".
12:39 C'est une technique qui va recueillir les endroits
12:42 où les individus portent leur regard.
12:51 Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé pour véhiculer l'information de statut
12:56 la tenue vestimentaire.
12:58 Ces grilles étaient composées d'hommes avec un costume
13:01 ou d'hommes avec une tenue un peu plus portuaire.
13:04 Et tout le monde regarde plus les individus qui véhiculent un statut élevé
13:09 plutôt que les individus qui sont en tenue plus casuale,
13:13 qui auraient un statut plus bas.
13:15 Donc ça, c'est un indice de, spontanément,
13:18 les informations hiérarchiques associées à un statut élevé
13:21 vont attirer l'attention des gens.
13:23 Mais là, c'est des hommes sur la grille.
13:25 Il y a des hommes en costume et des hommes en sweatshirt.
13:27 Et sur les femmes, alors ?
13:29 Dans cette étude, ce qui était rapporté en parallèle,
13:32 c'était que l'attention des individus va se porter spontanément vers des femmes.
13:35 Non pas des femmes qui vont avoir un statut,
13:38 qui vont être associées à un statut élevé,
13:40 mais plutôt des femmes qui vont présenter un degré d'attractivité élevé.
13:46 Bref, quel que soit le costume endossé par les femmes,
13:49 on ne le regarde pas tant que leur attractivité,
13:53 c'est-à-dire concrètement leur pouvoir d'attraction.
13:57 Mais peut-on en déduire que les candidats de part à la conquête des urnes
14:05 avec des handicaps, pesant dès la bataille des affiches électorales ?
14:09 Confrontons cette hypothèse au vécu de nos cobayes.
14:15 Au début de la campagne, j'ai senti qu'il y avait une forte présomption d'incompétence,
14:19 d'illégitimité, d'amateurisme.
14:23 Je ne sais pas trop ce qui relève de la jeunesse ou du fait d'être une femme,
14:27 mais j'ai senti que ces présomptions-là pesaient un peu plus fortement sur moi
14:31 que sur d'autres candidats qui étaient masculins,
14:35 avec des codes politiques plus conventionnels.
14:38 Et vos adversaires craignent que si vous arrivez au pouvoir,
14:42 vous ne serez pas à la hauteur en termes de sécurité.
14:45 On dit souvent que les écologistes sont un peu laxistes en termes de sécurité.
14:48 Est-ce que vous avez à dire à par rapport à ça ?
14:50 J'ai senti aussi que la manière dont on aborde une campagne
14:53 et les codes qu'on attend d'un politique sont encore imprégnés de codes assez masculins.
14:57 Par exemple, dans des débats, le fait de savoir parler plus fort que les autres,
15:00 s'imposer en débat, prendre toute la place, y compris physiquement,
15:03 ça m'avait été reproché de ne pas le faire,
15:06 alors que pour moi, ce n'est pas du tout ce qu'on attend d'un politique.
15:09 Ce que j'ai appris en tant que candidate, en l'occurrence, à l'époque,
15:12 c'était de savoir exprimer mes idées clairement,
15:15 essayer d'être convaincante vis-à-vis des personnes qui regardaient la télévision,
15:18 mais pas forcément d'écrabouiller les autres candidats.
15:21 Ne pas écrabouiller les autres.
15:24 Un rejet de la forme agressive du pouvoir associée aux garçons, comme on l'a démontré.
15:28 Le hic est que la conquête sur le mode offensif
15:32 semble tout droit sortie des petits manuels d'ascension politique.
15:38 Et pourtant, Léonor Monconduil a bien été élue,
15:41 écrabouillant de fait les autres prétendants.
15:44 Comment s'y est-elle prise ?
15:48 Sa recette n'a rien à voir avec la prise de pouvoir au sens classique du terme,
15:52 c'est le moins qu'on puisse dire.
16:07 Ces images n'ont l'air de rien. Et pourtant.
16:10 Dans cette salle, à l'ambiance de banal MJC,
16:14 se joue un processus politique inédit.
16:17 J'ai été élue au sein d'une démarche qui s'appelle Poitiers Collectif,
16:22 qui est une démarche qui s'est construite en deux ans à l'échelle de la ville de Poitiers,
16:26 et qui visait vraiment à redonner confiance en la politique
16:29 en faisant les choses dans le bon sens, ce qu'on considérait être le bon sens.
16:33 À double titre d'ailleurs.
16:35 En mettant d'abord le projet avant les têtes,
16:38 et puis les têtes, donc l'équipe, avant la tête.
16:41 On a passé un an à construire un programme de manière très ouverte sur la ville,
16:44 très participative.
16:46 Ensuite, on a désigné une première équipe de candidats,
16:49 20 premiers candidats,
16:51 et ensuite, sur ces 20 personnes, on a fait ce qu'on appelle une élection sans candidat,
16:55 c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de candidature a priori,
16:58 mais chacun était invité à désigner quelle personne, quel homme, quelle femme,
17:01 lui semblait le plus à même d'incarner la démarche citoyenne
17:04 qu'on voulait porter aux responsabilités à Poitiers.
17:06 Charles, tu votes pour Léonor ?
17:08 Oui.
17:11 Sans redites aucunes,
17:15 je pense pouvoir faire se voir l'engagement et l'implication
17:20 dont Léonor a fait preuve depuis octobre 2018 et avant.
17:26 Et donc c'était une soirée publique qui a duré 5h30,
17:30 en live sur Facebook,
17:32 et cette manière de désigner les candidats,
17:34 c'était vraiment l'un des premiers principes qu'on a posés
17:36 lorsqu'on a créé notre démarche,
17:38 parce que les désignations de type primaire,
17:41 où il faut faire acte de candidature,
17:43 on se rend compte que ça exclut souvent les personnes qui ne se sentent pas sûres d'elles,
17:46 et en particulier les femmes.
17:48 Et donc le candidat, aujourd'hui l'élu,
17:51 il tire sa légitimité du groupe, d'un collectif,
17:54 il ne tire pas sa légitimité du fait d'être plus extraordinaire que les autres.
17:57 Ou plus volontaire, ou désir en plus,
18:00 puisqu'on dit toujours que c'est le désir qui est...
18:02 Je pense vraiment que le désir ne fait pas partie des...
18:06 Il faut être prêt à y consacrer beaucoup d'énergie,
18:10 il faut être prêt à tenir bon sur ses valeurs,
18:12 et il faut être prêt à être redevable au collectif,
18:16 sans cesse, de ce qu'on fait, de rendre compte de son action.
18:18 Mais le fait de vouloir le pouvoir n'est pas forcément, pour moi,
18:21 la première qualité qu'on attend d'un homme ou d'une femme politique.
18:25 Des femmes moins volontaires,
18:28 moins portées par le désir d'être la candidate ?
18:32 Le constat n'est pas neuf,
18:34 mais il sonne curieusement quand celle qui les prononce
18:37 vient d'une génération normalement affranchie de ces notions poussiéreuses.
18:41 Alors pourquoi, aujourd'hui, une jeune femme de 29 ans
18:45 serait-elle moins désireuse qu'un garçon de prendre le pouvoir ?
18:48 Une énigme soumise à notre panel de chercheurs.
18:51 Dans leur laboratoire,
18:54 Julie Lemaireur et Jérôme Becker
18:57 étudient le comportement social des souris pour la recherche médicale.
19:01 Des souris, pas des hommes, mais il y a des points communs.
19:05 On a beaucoup de gènes en commun,
19:08 même si c'est parfois difficile à admettre, avec les souris.
19:11 Et du coup, on a aussi beaucoup de mécanismes
19:14 de fonctionnement de notre cerveau qui sont très communs.
19:18 En compilant leurs données pour ce documentaire,
19:21 ils ont mis en lumière une drôle de différence entre mâles et femelles.
19:25 Au laboratoire, on utilise classiquement 2 tests de sociabilité.
19:32 L'un qui s'appelle le test des 3 chambres,
19:35 qui permet de mesurer si une souris préfère interagir avec un congénère
19:39 ou avec une souris en peluche, un objet.
19:42 Et le deuxième test, c'est le test des 3 chambres.
19:45 On a une souris en peluche, un objet.
19:48 On a d'abord calculé le nombre de contacts tout court
19:51 que ferait la souris avec le congénère ou avec le jouet.
19:54 Et dans ce paramètre-là, on peut voir qu'il n'y a pas de différence entre les 2 sexes.
19:59 Par contre, quand on regarde le temps passé en contact social
20:03 avec une souris ou avec le jouet,
20:06 on voit clairement que les femelles passent moins de temps
20:10 à interagir avec le congénère
20:13 que les mâles.
20:16 Plus il y a d'étoiles, plus le résultat est robuste.
20:19 On fait le rapport des contacts avec la souris et avec le jouet
20:23 et on calcule ce pourcentage de préférence sociale.
20:26 Et on voit que si les mâles comme les femelles préfèrent passer du temps
20:30 avec une souris vivante qu'avec un jouet en peluche,
20:33 les femelles préfèrent un peu moins.
20:36 Et c'est assez significatif.
20:38 On a une mise en retrait des femelles par rapport aux mâles.
20:41 Le 2e test qu'on utilise, c'est un test d'interaction sociale directe
20:45 où on met dans une arène 2 souris de même sexe, de même âge,
20:49 et on regarde comment ils interagissent entre eux.
20:52 Ce sont des animaux qui ne se connaissent pas,
20:54 donc on a la situation de découverte de l'inconnu.
20:57 Aussi bien le nombre de contacts que le temps passé à explorer cet animal inconnu
21:01 est un peu plus faible chez les femelles par rapport aux mâles.
21:05 Et aussi, si on regarde leur comportement après un contact,
21:08 on voit qu'elles ont tendance à se toileter davantage après ce contact,
21:11 comme si elles n'aimaient pas trop ce contact.
21:13 - Du coup, quelles conséquences vous tirez de ces compilations de données ?
21:17 Qu'est-ce que ça dit des comportements des mâles et des femelles ?
21:20 - Probablement, je pense que ça reflète le côté adaptatif du comportement social
21:25 pour les mâles ou pour les femelles.
21:27 Et ce n'est pas le même de manière assez instinctive.
21:30 Pour les mâles, on sait qu'il y a un côté dominance et défense du territoire,
21:34 alors que chez les femelles, on va avoir une réserve un peu plus importante
21:38 qui est probablement due à l'évolution, tout simplement,
21:42 puisque la femelle, il va falloir qu'elle défende sa progéniture,
21:44 elle va se préserver un peu plus du contact avec les autres
21:47 et se mettre un peu plus en retrait.
21:49 Donc, elle le fait de manière biologique, en fait,
21:51 sans avoir besoin de mettre un facteur culturel en plus.
21:55 - Les hommes ont plus généralement plus de testostérone que les femmes.
21:59 Je ne veux pas dire que les femmes n'en ont pas, mais le taux est moins.
22:02 Mais au-delà d'être associé à la sexualisation des individus,
22:09 en fait, la testostérone, elle a un rôle très important
22:11 dans les comportements, par exemple, de prise de risque
22:14 et aussi dans les situations de compétition, en fait.
22:17 Prenons l'exemple d'un match de tennis.
22:19 Si on mesure le taux de testostérone entre les deux participants du match,
22:24 eh bien, chez le vainqueur, on aura, on observera
22:27 un taux de testostérone plus élevé que chez le perdant.
22:30 A l'inverse, si vous mesurez avant le match
22:32 le taux de testostérone des deux joueurs,
22:34 celui qui a le plus de testostérone avant a plus de chances de gagner le match.
22:38 Et ça marche de la même manière si on utilise
22:40 des indices liés à la hiérarchie, par exemple, des voitures.
22:44 - On plaçait les individus masculins dans une voiture,
22:47 donc qui était soit une voiture très haut de gamme,
22:49 genre une Porsche, ou soit une voiture un peu plus bas de gamme,
22:52 genre, par exemple, un Scénic.
22:54 Et en fait, le fait d'être en présence d'un apparat de haut statut,
22:59 genre la Porsche, semblait avoir un impact
23:02 sur le niveau de testostérone des individus,
23:05 et pas lorsqu'il était dans le Scénic,
23:07 et même quand la voiture est à l'arrêt.
23:09 - Les exemples que vous allez citer, sur le pouvoir,
23:12 c'est beaucoup des exemples qui concernent les hommes.
23:14 - Oui, alors je ne vous ai pas fait...
23:15 - L'homme dans une Porsche, l'homme dans une Kangoo.
23:17 Est-ce que sur la femme, ça va être pareil ou pas ?
23:19 Est-ce qu'il y a des études ? Enfin, c'est la question qu'on se pose.
23:21 - Ben justement, c'est ça qui serait intéressant de savoir.
23:23 Est-ce que, par exemple, d'autres, effectivement,
23:25 on parle beaucoup de testostérone et prise de risque et compétition ?
23:30 Mais en fait, peut-être que testostérone et prise de risque et compétition
23:33 chez la femme, ce n'est pas du tout la bonne approche, en fait.
23:36 Parce que ce modèle-là, c'est le modèle de comment la masculinité
23:40 s'associe à la hiérarchie.
23:42 Mais peut-être que comment la féminité s'associe à la hiérarchie et au pouvoir,
23:46 ce n'est pas en passant par, en tout cas d'un point de vue biologique,
23:49 au modèle de testostérone.
23:51 - Vous le savez, Madame la Ministre, les accords...
23:53 - En attendant que la science se penche sur ce sujet,
23:56 la loi a pris les devants.
23:58 Dès le 6 juin 2000, elle acte que les femmes ont la plupart du temps
24:02 besoin d'être incitées pour oser y aller.
24:05 - Le texte sur la parité pose un principe, autant de candidats
24:08 que de candidates pour les scrutins de liste,
24:10 c'est-à-dire les prochaines élections, européennes, régionales et municipales.
24:15 - La loi sur la parité a fait qu'on est venu me demander,
24:17 parce qu'on avait besoin de femmes, donc on est venu me demander
24:20 de participer à une liste pour les élections municipales.
24:23 - C'était quand ?
24:25 - C'était en 2008, je crois.
24:28 J'étais déjà pas si jeune que ça, et franchement, moi, la politique,
24:33 ça ne m'intéressait pas plus que ça.
24:35 Je crois d'ailleurs que je n'allais même pas forcément voter
24:37 à toutes les élections.
24:39 Et je voyais ça comme un monde masculin, un peu magouille, d'ailleurs.
24:42 C'est un peu l'image parfois qu'on a, ça magouille là-dedans.
24:45 Donc ça ne m'intéressait pas vraiment.
24:47 - Tiens, ça serait intéressant de faire une expérience, de voir pourquoi pas.
24:50 - Vous avez accepté parce que là, vous étiez dans le cadre d'un collectif
24:53 soutenu par le collectif, mais ça, c'était le temps de la campagne.
24:56 Et après ?
24:58 - Comment ça ?
25:00 - Le collectif Poitiers collectif, c'était la campagne.
25:02 Vous étiez effectivement collectivement porté,
25:04 mais après, c'est vous qui êtes maire, vous n'êtes plus dans le collectif.
25:07 - Ah bah ça, si.
25:09 Si, si, enfin, Poitiers collectif existe toujours.
25:11 On est encore très actif, et ça fait partie de nos engagements,
25:15 et en tout cas, ça fait partie de ce que je souhaite vraiment porter fort,
25:18 c'est le fait d'avoir toujours un pied dans la mairie et un pied hors de la mairie.
25:21 Je voulais quand même amener vraiment une proximité physique,
25:27 une accessibilité du politique, qu'on ne soit pas dans une tour d'ivoire,
25:33 même si le bureau est ivoire, mais en tout cas,
25:35 que nous puissions être physiquement proches,
25:38 en tout cas accessibles des citoyens par tous les moyens,
25:40 que ce soit les permanences, que ce soit les réseaux sociaux.
25:43 C'est à la fois ce qu'on me reproche, parce que j'en fais souvent trop,
25:48 on me dit "Madame la maire, vous ne devriez pas répondre en direct
25:50 aux personnes sur les réseaux sociaux, ou répondre".
25:53 Mais je pense qu'aujourd'hui, le citoyen, il attend de ses élus
25:56 cette proximité, cette facilité d'accès.
25:59 - J'enchaîne avec la deuxième question.
26:01 "Qu'en est-il", donc Antoine Jadin, pardon,
26:04 "qui me demande ce qu'il en est du projet d'augmentation de la taxe foncière".
26:09 - Alors là encore, je sais que c'est un sujet qui a beaucoup fait parler
26:13 de lui dans la presse depuis le conseil communautaire de Grand Poitiers...
26:17 - Écoutez, rendre des comptes, la vision verticale du chef qui connaît tout
26:22 n'est pas la tasse de thé de nos cobayes politiques,
26:25 ce que confirme cette petite expérimentation.
26:29 À la fin de l'interview, dans le bureau panoramique des maires de Biarritz,
26:33 nous avons demandé à Maïdera Rostegui de nous montrer
26:36 comment elle habite cet espace qu'elle a mis à ses couleurs.
26:40 Étonnamment, la première pause du pouvoir qu'elle a prise
26:44 a été d'enlever ses escarpins pour se mettre dans le canapé
26:47 avec sa pile de dossiers.
26:50 Et quand est arrivé le rendez-vous de travail,
26:52 elle est allée s'installer autour de la table ronde,
26:55 moins formelle que le bureau, où elle ne s'attable que pour signer des paraphes
26:59 en échangeant avec le directeur de cabinet.
27:02 Les moments qui sont symboliques pour moi de ma manière d'être maire,
27:06 il y a effectivement le fait d'avoir ma porte toujours ouverte,
27:09 c'est très important pour moi, et ça je l'ai mis en place dès ma première journée ici.
27:13 La porte est toujours ouverte, les élus peuvent venir quand ils veulent,
27:17 et lorsque je reçois des gens, la plupart du temps,
27:20 ce n'est pas pour donner audience, c'est vraiment pour travailler.
27:23 Donc je suis à la table qui est le plus confortable pour travailler,
27:26 pour avoir mis le papier autour de soi, des dossiers,
27:29 donc la grande table qui est derrière vous, une table en bois que j'ai choisie exprès.
27:33 Après, pour être honnête avec vous, à chaque fois que je peux,
27:35 je sors de mon bureau pour aller prendre un café avec les copains.
27:38 Donc, pour moi, l'une des postures, notamment dans le côté maintenir la cohésion du groupe,
27:44 ça ne serait pas complet si vous ne me montrez pas en train de prendre un café avec les autres élus.
27:49 Je ne sais pas si c'est possible pour vous.
27:51 Point commun de ces images, la maire LR de Biarritz et l'écolo de Poitiers
27:55 refusent que leur pouvoir puisse être interprété comme une domination.
28:00 On se souvient que le chercheur Jean-Baptiste Van Den Erst
28:04 a montré que les enfants associaient aux garçons le pouvoir agressif.
28:09 Mais que se passe-t-il quand ce pouvoir prend d'autres formes ?
28:13 On a fait une deuxième expérience où cette fois,
28:17 le pouvoir ne s'exprimait pas par des postures physiques, par des postures corporelles.
28:22 Alors, on a utilisé des marionnettes qui étaient cette fois très genrées.
28:26 C'est-à-dire qu'il y avait une marionnette fille et une marionnette garçon.
28:29 On va jouer à cache-cache. Oh oui ! On adore jouer à cache-cache.
28:32 Et il y a un petit dialogue comme ça qui se fait.
28:34 Vous êtes prêts ?
28:35 Et à un moment donné, elles vont commencer à disparaître.
28:38 Et les enfants vont devoir deviner qui va dire quoi.
28:41 Allez, c'est moi qui compte. Ah non, c'est moi qui compte. Moi, j'ai envie de compter.
28:44 Mais moi aussi, j'ai envie de compter.
28:46 Et puis d'ailleurs, c'est moi qui décide de tout.
28:48 Et d'ailleurs, c'est moi qui vais décider à quoi on va jouer après. D'accord ?
28:52 D'accord, donc moi, je décide de rien et toi, tu choisis tout.
28:55 Donc les marionnettes vont continuer à parler derrière le théâtre.
28:58 Et après, on va montrer les deux marionnettes.
29:00 Et on va demander aux enfants, alors, qui est-ce qui a dit ceci ?
29:03 Qui est-ce qui a dit cela ?
29:04 Le garçon.
29:06 Donc il y avait ensuite une deuxième histoire qui portait cette fois sur un point assez important dans le pouvoir
29:11 qui est le contrôle des ressources, la quantité de ressources qu'on maîtrise.
29:16 Les deux marionnettes sont toujours face aux enfants.
29:18 Et puis, à un moment donné, il y a le marchand de glace qui passe.
29:21 Oh, chic, on va acheter une glace. D'accord.
29:23 Hop, les marionnettes disparaissent.
29:25 Et puis, cette fois, on les entend dire.
29:27 Ah, moi, j'ai plein de sous dans ma poche et j'ai dix pièces dans ma poche.
29:30 Moi, j'ai pas beaucoup de sous, j'ai que trois pièces dans ma poche.
29:33 Moi, j'ai beaucoup d'argent. Moi, j'ai pas beaucoup d'argent.
29:36 Quels ont été les résultats ?
29:41 On a fait cette expérience en France et au Liban, pas en Norvège cette fois.
29:45 Et on a des résultats très similaires en France et au Liban.
29:49 Mais cette fois, on a une différence entre les filles et les garçons.
29:52 À savoir que les garçons, dans les deux histoires,
29:55 pensent que le personnage qui a le plus de pouvoir,
29:58 c'est-à-dire celui qui décide, ou celui qui a le plus de ressources, c'est le garçon.
30:01 Par contre, les filles, elles sont autour de 50/50.
30:05 Et ça, ça veut dire que peut-être il y a deux facteurs antagonistes qui jouent.
30:10 À la fois un facteur qui conduit à penser que son propre genre est plutôt dominant,
30:14 et à la fois un facteur qui relève simplement de l'observation de ce qui se passe dans l'environnement,
30:19 à savoir que ce sont plutôt les hommes qui vont avoir tendance à dominer.
30:22 Donc ces deux facteurs s'alignent chez les garçons,
30:25 alors que chez les filles, les deux facteurs sont antagonistes.
30:39 Alors, nous sommes accompagnés des services,
30:43 Madame la Directrice Générale des Services, Monsieur le DGA aux Travaux.
30:47 Donc, une question qui va être traitée par Géraldine, qui va faire la présentation d'un événement.
30:52 Ouais, vas-y Xavier.
30:54 Est-ce que vous pouvez me rappeler le nom de l'annonce, s'il te plaît, Géraldine ?
30:58 Alors le nom c'est Red Bull Océan Rescue.
31:01 On peut pas y rajouter Red Bull Biarritz Océan Rescue ?
31:05 Alors, tu as mis le logo ou pas ?
31:07 Non.
31:09 On reconnaît bien notre liste ébanaire.
31:11 Oui, mais...
31:13 Ok, c'est mieux en le marquant.
31:15 Bonne intervention, Xavier.
31:18 Le Red Bull de Verbier, c'est à Verbier.
31:20 Ma majorité, elle est à l'image des citoyens, c'est-à-dire qu'elle a envie de parler,
31:26 elle a envie de décider, et j'impose pas des choses à ma majorité.
31:29 S'il n'y a pas d'autres questions, on avance sur le gros burger de la soirée, le budget.
31:36 Édouard ?
31:37 Est-ce que je peux savoir comment se fait la consolidation des éléments qui nous sont proposés ?
31:43 260 mails, 14 000 coups de téléphone et 150 SMS.
31:48 Non, non, je parle technique.
31:50 On s'est construit pendant la campagne sur un rassemblement d'origines politiques différentes,
31:56 beaucoup de ce qu'on appelle la société civile,
31:58 et donc ils sont venus autour de ma personne pour le projet qu'on a construit ensemble,
32:03 et aussi par la façon que j'ai eu de travailler avec eux,
32:06 c'est-à-dire toujours leur laisser la parole, leur laisser la capacité de s'exprimer,
32:10 et la capacité de revenir sur une décision sur laquelle ils ne sont pas d'accord.
32:13 Donc oui, c'est en permanence un arbitrage de l'équilibrisme entre les citoyens, les élus, l'administration.
32:22 Oui, donc ça c'est assez nouveau comme manière de fonctionner par rapport à la tradition politique.
32:27 Je le pense.
32:31 C'est entouré de cette équipe, qui comme elle aime le dire, va de la droite au communiste,
32:36 que Maïder Arostegui a conquis la mairie et qu'elle dirige la ville.
32:40 Mais sa façon de raconter et d'incarner le pouvoir
32:45 d'étonne quand on se souvient que son parti, LR, a dans son ADN le gaullisme et les codes verticaux du pouvoir.
32:52 Évidemment, moins simple pour une femme que pour un homme d'endosser le costume de De Gaulle ou de Jupiter,
33:00 mais de là à devenir chanteur de la co-construction, il y a comme un pied de nez à l'histoire politique.
33:05 Alors est-ce une mode, un pisalet, ou une vraie alternative à la figure imposante du fameux mâle alpha ?
33:15 Les images que vous voyez là, c'est la société des babouins chacmas que j'étudie, c'est l'archétype de ça.
33:21 On voit deux mâles qui se battent, qui parfois se battent à mort.
33:26 Babouins chacmas, chimpanzés, ces espèces très étudiées par les primatologues, incarnent la vision patriarcale du monde.
33:34 Une vision que battent en brèche des études plus récentes, dont celle d'Elise Huchard.
33:39 Ce mâle alpha, ce qu'il arrive à faire, c'est qu'il est dominant socialement, c'est-à-dire qu'il monopolise les ressources.
33:50 Il contrôle vraiment l'accès à la nourriture, l'accès aux femelles.
33:54 Mais par contre, il n'a pas toujours un pouvoir de décision qui est plus important que les autres.
33:58 Et sur certains types de décision, il semblerait que ce soit relativement démocratique.
34:02 Et que les femelles participent aussi à décider par exemple où est-ce qu'on va fourrager, où chercher de la nourriture, où est-ce qu'on va dormir ce soir.
34:09 Et ça, ce n'est pas vraiment le monopole du mâle alpha, pour autant qu'on le sache.
34:13 Parce que c'est des recherches qui sont en cours et on ne sait pas tout sur ces questions-là.
34:16 Donc en fait, ça me permet de poser une distinction entre deux types de pouvoirs qui sont faits en recherche sur le comportement animal.
34:24 Et qui sont, je pense, pour lesquels on peut tout à fait faire le parallèle avec ce qui se passe dans les sociétés humaines.
34:29 Il y a ce qu'on appelle la dominance sociale et le pouvoir de monopoliser les ressources, d'une part.
34:34 Et puis d'autre part, le pouvoir décisionnel, ce qu'on appelle aussi du leadership, qui est la capacité à peser dans les décisions collectives.
34:41 Donc en fait, ce fameux modèle du mâle alpha qu'on a souvent conceptualisé dans l'accès au pouvoir, dans les sociétés humaines,
34:47 en fait, il n'existe pas vraiment chez les animaux ?
34:49 Ben disons qu'en tout cas, effectivement. Même dans les sociétés qui sont très dominées par les mâles,
34:55 enfin disons qu'on se rend compte que ce n'est vraiment pas toutes les sociétés qui sont très dominées par les mâles, socialement.
34:59 Et que même dans ces sociétés-là, les mâles, ils n'ont pas tous les pouvoirs en général, exactement.
35:03 C'est vraiment important de rappeler que les deux espèces qui sont les plus proches de nous, c'est vraiment le chimpanzé et le bonobo.
35:09 Et il y a vraiment d'un côté, effectivement, les mâles dominants, leaders, etc. dans les sociétés chimpanzées,
35:16 mais il y a vraiment le contre-pied dans les sociétés bonobos.
35:18 Et a priori, il n'y a pas de raison de penser qu'on est plus proche d'une que de l'autre.
35:22 Après, chez les espèces où c'est les femelles qui sont socialement dominantes sur les mâles,
35:27 on ne comprend pas tout, des trajectoires vers le pouvoir, particulièrement des femelles.
35:32 Il y a probablement au moins deux mécanismes qui sont importants.
35:36 Le premier mécanisme, c'est des physiologies ou des anatomies qui interdit au mâle de forcer le sexe.
35:43 Chez les hyènes, le mécanisme est très bien compris.
35:45 La conséquence de ça, c'est que c'est très difficile pour un mâle de s'accoupler avec une femelle sans son accord.
35:52 Et donc, les femelles vont décider ou non s'accoupler avec un mâle.
35:56 Et donc, si le mâle, il est dominant, violent, etc., elles peuvent refuser de s'accoupler avec lui
36:02 et s'accoupler uniquement avec les mâles qui vont se montrer plus coopératifs.
36:06 Un autre mécanisme, c'est les alliances sociales.
36:08 En fait, chez beaucoup de mammifères, les femelles, elles ne vont pas quitter leur groupe natal,
36:13 elles vont vivre toute leur vie dans leur groupe natal,
36:15 alors que les mâles, fréquemment, vont aller à la puberté, disperser dans un autre groupe.
36:20 Et donc, dans ce contexte, ça veut dire qu'une femelle, quand elle est dans son groupe,
36:23 elle a plein de sœurs, des mères, des tantes, enfin, elle a tout un réseau d'apparentés
36:28 qui sont souvent très prêtes à les soutenir dans les relations sociales.
36:32 Elles sont souvent très prêtes à les soutenir dans les conflits,
36:36 de façon à dominer soit une autre femelle, soit parfois un mâle.
36:42 Bref, le modèle chimpanzé du fameux mâle alpha, une alternative,
36:53 le modèle bonobo de collaboration.
36:57 [Musique]
37:03 Tentons le portrait robot de ce leader collectif
37:07 versus celui très classique de son cousin chimpanzé.
37:10 Avant, le système était beaucoup plus pyramidal,
37:14 c'est-à-dire que l'ensemble des décisions étaient prises par le maire,
37:17 et que la décision du maire s'imposait à l'avis des autres élus.
37:21 On se heurte quand même à une culture, une culture de l'administration,
37:25 une culture du service qui a été très prégnante.
37:28 Et un de mes prédécesseurs est resté plus de 20 ans au pouvoir,
37:31 et il était, je dirais, traditionnellement dans l'exercice du pouvoir,
37:36 de ce qu'on appelle le mâle blanc de plus de 50 ans,
37:39 donc quelque chose de très paternaliste, qui donne beaucoup d'ordre.
37:44 Moi, vraiment, je pars de l'inverse, c'est-à-dire que ma décision intervient
37:48 lorsqu'un élu la demande, lorsqu'un élu a besoin de mon avis,
37:51 eh bien je le donne, et puis je tranche lorsqu'il y a des avis divergents
37:55 au sein de la majorité, et ça existe.
37:57 Mais je ne considère pas a priori que toutes les décisions doivent passer par moi.
38:00 Alors après, j'arbitre et je décide, et ils ont compris, ils disent souvent,
38:04 mais à la fin, c'est madame le maire qui décide.
38:06 Mais je te préviens, moi, si tu ne fais pas cette école en premier,
38:10 moi, je ne suis pas d'accord.
38:11 C'est toi qui décideras, mais moi, je ne suis pas d'accord.
38:13 Et je sais que quand j'entends ça, je me dis non, là, tu ne vas pas,
38:16 parce que si tu as ton adjointe qui n'est pas d'accord qu'on prenne cette décision-là,
38:20 c'est que ce n'est pas une bonne décision.
38:21 Le pouvoir, pour moi, c'est avant tout la responsabilité qu'on nous donne
38:26 quant au fait de prendre des décisions, et ces décisions se prennent avant tout
38:29 sur la base de valeurs, d'objectifs politiques forts,
38:34 et pas forcément sur la base de compétences, de connaissances.
38:38 Ce qui compte avant tout, pour moi, dans l'exercice du pouvoir,
38:41 c'est le fait d'avoir une boussole solidement ancrée,
38:44 et qu'elle guide les décisions qu'on doit prendre quand on a le pouvoir.
38:49 En fait, ça permet de guider les services instructeurs,
38:52 et surtout, ça permet d'être très transparent dans l'attribution des fonds publics.
38:56 Selon cette théorie bonobo du pouvoir,
38:59 le maire ne sort pas du lot par la somme de ses compétences,
39:03 mais par sa propension à tenir le cap du groupe.
39:06 Sympathique, mais n'est-ce pas un peu trop humble
39:11 face aux nombreux enjeux de la fonction de maire,
39:14 et ne retombe-t-on pas dans une forme d'inhibition,
39:17 intériorisée comme étant typiquement féminine ?
39:20 Pour répondre, commençons par faire une expérience.
39:24 Observez cette figure.
39:27 On la présente quelques instants à de jeunes collégiens,
39:31 puis on la retire, et ils doivent la reproduire de mémoire.
39:34 Cette expérience a lieu avec plusieurs groupes d'élèves,
39:38 à une différence près.
39:40 À certains, le chercheur présente cette figure comme de la géométrie,
39:44 à d'autres, du dessin.
39:46 Dans le premier cas,
39:48 quand les élèves pensent être évalués en géométrie,
39:51 les garçons font nettement mieux.
39:53 En revanche, chez ceux qui pensent être en train de dessiner,
39:57 les performances s'inversent et les filles passent devant.
40:00 C'est parfaitement inexplicable d'un point de vue biologique, cette affaire.
40:13 La problématique des femmes et des pouvoirs,
40:15 si elles ont moins de pouvoir dans un tas de sphères,
40:18 c'est parce qu'on leur fait très tôt un procès en incompétence,
40:22 dans des domaines qui traduisent les capacités
40:26 à se montrer rationnels, à se montrer logiques.
40:29 Pour vous, on est dans le même univers,
40:32 le pouvoir, c'est rationnel,
40:34 donc on est dans les mêmes qualités que pour les maths.
40:37 On en parle plus tard, du plafond de verre,
40:40 il y a un procès en incompétence,
40:43 en matière de rationalité et de raisonnement logique,
40:46 qui organise ensuite ces croyances qui sont très dures,
40:49 difficiles à déconstruire,
40:51 d'une infériorité des filles relativement garçons
40:53 dans le domaine des mathématiques et des sciences.
40:55 Et ensuite, à l'âge adulte,
40:57 la prise de responsabilités, difficile,
41:00 si en effet le stéréotype a quelque chose de fondé,
41:04 de confié les règnes du grand nombre d'entreprises,
41:07 des décisions rationnelles, etc., à des femmes.
41:10 Et le stéréotype agit à un tel point
41:14 que les femmes s'en imprègnent de manière inconsciente.
41:17 On retrouve nos élèves quelques années plus tard
41:20 en école d'ingénieur avec un autre test.
41:23 Cette fois, de raisonnement logique très difficile.
41:26 Il faut remplir la case manquante
41:29 avec l'un des huit éléments proposés.
41:31 Quand vous avez donné la bonne réponse,
41:33 vous passez à la matrice suivante, il y en a 40.
41:36 Dans cette configuration dite « standard »,
41:39 les résultats des garçons sont bien meilleurs que ceux des filles.
41:42 Mais avec d'autres étudiants,
41:45 l'expérimentateur ajoute une petite précision
41:47 avant le début du test.
41:49 Il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes
41:51 sur ce genre de test.
41:53 Cette petite phrase toute bête produit un vrai miracle.
41:56 Les filles font beaucoup mieux, et mieux que les garçons.
42:00 D'abord, les garçons, eux,
42:03 semblent plutôt démotivés.
42:06 C'est à partir du moment où, finalement,
42:09 on fait sauter l'enjeu de cette comparaison
42:11 entre les garçons et les filles.
42:13 Les filles réussissent mieux
42:14 parce que l'interprétation de l'erreur n'est pas la même.
42:16 Il est normal de faire des erreurs
42:18 quand on fait un test difficile.
42:20 Mais si on n'a pas à ajouter en plus
42:23 cette crainte de confirmer la mauvaise réputation
42:25 faite au groupe d'appartenance, ça va mieux.
42:27 Parce que cette crainte place les filles
42:31 dans cette situation qu'on appelle
42:33 la tension divisée.
42:35 C'est-à-dire qu'on accorde de la tension au test,
42:37 mais en même temps,
42:38 s'enclenche une autre boucle qui réclame de la tension,
42:41 qui est cette menace de reproduire un échec
42:45 qui viendrait dire encore que
42:47 les filles sont moins compétentes que les garçons.
42:49 Et donc, évidemment,
42:50 si vous avez moins d'attention pour faire un test
42:52 qui en réclame beaucoup,
42:53 vous faites moins bien à la sortie.
42:55 Si on vous libère de cette pression évaluative
42:57 imposée par le stéréotype,
42:59 on voit presque mécaniquement que les filles font mieux.
43:02 La tension divisée en cas d'erreur.
43:08 Voilà qui nous renvoie aux bourdes de la vie publique.
43:12 Ces fameuses gaffes que font hommes et femmes politiques,
43:15 mais qui collent davantage à la peau des secondes.
43:18 Une constante aussi vieille que les journaux télévisés.
43:22 Edith Cresson et les expulsions par charter de clandestins.
43:25 Vous appelez ça les charters,
43:26 ce n'est pas des charters,
43:27 parce que le charter, vous savez ce que c'est,
43:28 c'est des gens qui partent en voyage en vacances,
43:31 avec des prix inférieurs.
43:33 Là, ça sera totalement gratuit.
43:34 Dominique Voynet, la marée noire de l'Erica.
43:37 Ce n'est pas, comme certains me pressaient de le dire hier,
43:40 la catastrophe du siècle.
43:42 Cibeth Ndiaye et les masques avant la crise du Covid.
43:46 Est-ce que vous, vous avez acheté des masques
43:47 pour vous et vos enfants ?
43:48 Ah non, pas du tout.
43:50 Vous rigolez, mais là, la question, c'est de savoir
43:52 est-ce qu'on va acheter des masques ?
43:53 En 30 ans, pas de changement.
43:54 Ces maladresses s'agrippent à celles qui les prononcent
43:57 comme le fameux Sparadrap du capitaine Haddock.
43:59 Dominique Voynet sème une phrase maladroite,
44:02 sans se douter qu'elle va récolter une tempête politique.
44:05 Sa rudesse, ses maladresses et ses vérités pas toujours bonnes à dire
44:08 heurtent les classiques du PS.
44:09 Un homme qui dit une bêtise, c'est une bourde.
44:13 Une femme qui dit une bêtise, c'est une gourde.
44:17 Fatalité ou flair de notre équipe de tournage,
44:20 Léonor Monconduit entre dans l'œil du cyclone
44:23 quelques semaines après le début de ce film.
44:27 En cause, une petite phrase et une grosse polémique
44:30 autour de l'aérien qui ne devrait plus faire partie des rêves d'enfant.
44:34 On se remet dans l'ambiance, plus lourde qu'aérienne.
44:38 La mairie de Poitiers vient d'envoyer ce mail au président de l'aéroclub.
44:43 Je tiens à vous alerter que la ville de Poitiers ne compte pas soutenir le sport motorisé.
44:47 L'association recevait 8000 euros par an jusque là,
44:50 ce sera donc zéro d'ici deux ans.
44:52 De l'argent public qui contribuait à financer aussi
44:55 des baptêmes du ciel pour enfants en situation de handicap.
44:58 Pour justifier sa décision, voici l'argument choisi cette semaine
45:01 en conseil municipal par la maire écologiste.
45:04 Je pense que vous ne vous rendez pas compte aujourd'hui
45:07 des rêves auxquels on doit préserver les enfants.
45:11 L'aérien c'est triste, mais ne doit plus faire partie des rêves d'enfant aujourd'hui.
45:15 Depuis, la polémique enfle.
45:17 Le ministre des Transports, ancien pilote de ligne, s'indigne sur Twitter.
45:21 Fais de ta vie un rêve et d'un rêve une réalité.
45:24 Saint-Exupéry, pilote, écrivain et humaniste,
45:27 loin de ces élucubrations autoritaires et moribondes.
45:30 Quand nous retournons voir la jeune mère de Poitiers,
45:35 nous évoquons bien sûr l'impact de cette maladresse qui a dû la mortifier.
45:39 C'était assez violent, clairement.
45:45 C'était assez violent pour moi et aussi pour l'ensemble de l'équipe municipale
45:49 qui s'est retrouvée...
45:51 On a parlé de Poitiers pour un motif qu'on aurait préféré bien différent.
45:56 J'imagine qu'il a fallu un certain courage pour aller à la radio
46:00 ou c'est eux qui vous ont sollicité, c'est vous qui vous êtes dit "Allez, j'y vais".
46:04 Non, oui, non, c'est moi qui...
46:06 Oui, oui, non, c'est...
46:08 Est-ce que vous regrettez cette phrase ?
46:10 Je suis tout à fait consciente de la maladresse de cette phrase
46:13 et de l'incompréhension qu'elle a pu générer chez les personnes.
46:15 Et en effet, aujourd'hui, cette cause mérite d'être défendue avec des termes peut-être plus adroits.
46:20 Et est-ce que vous comprenez qu'elle est plus...
46:22 Dans le fond, je n'avais rien à cacher.
46:23 En fait, il y avait la maladresse des propos à reconnaître,
46:25 mais aussi le fait d'assumer une décision,
46:27 d'assumer de dire que ce lynchage médiatique n'est pas normal.
46:31 Et c'est aussi ma responsabilité de le dire.
46:33 Ça me tenait à cœur de pouvoir dire tout ça dans un tempo assez rapide après la polémique.
46:38 Et après coup, sur le moyen terme, j'ai vraiment eu envie que cette polémique,
46:42 qu'elle nous soit utile, j'ai un peu fait du judo avec cette polémique-là,
46:45 en le prenant non pas comme une faiblesse, mais comme une force.
46:48 Puisqu'il y a de l'intérêt pour poitier sur les questions d'aéronautique,
46:51 j'ai invité la Fédération française d'aéronautique à venir nous voir,
46:54 à venir envisager avec nous quel développement on pourrait avoir pour notre petit aéroport local, par exemple.
46:59 Est-ce qu'on pourrait en faire une plateforme où on s'imagine un petit peu une partie de l'aérien de demain ?
47:05 Visiblement, Léonore Monconduit ne souffre pas du syndrome de la tension divisée que pointait Pascal Huguet.
47:11 - Et bien, suite à ma fameuse polémique, j'avais reçu de nombreux courriers,
47:14 donc j'avais répondu à chacun des courriers, mais certains comprenaient des petits travaux manuels à faire soi-même,
47:20 donc un petit avion à monter soi-même.
47:22 - Ah, vous avez monté !
47:23 - Alors, bon, le cabinet s'est bien amusé aussi.
47:25 Et puis j'ai eu le droit à un faux pilote, et puis à les petits goodies de la Fédération française d'aéronautique.
47:31 Donc j'ai commencé une collection d'avions.
47:33 Ça fait partie de mon identité aujourd'hui, cette question d'avion.
47:37 Au terme de cette enquête, risquons une hypothèse pour expliquer cela.
47:42 Dans le pouvoir beau-debout, le chef doit négocier et conclure des alliances,
47:47 ce qui l'oblige à débattre avec des contradicteurs.
47:50 On est loin du monarque et du chef en surplomb des images d'Epinal.
47:55 Si loin que tous les deux mois, Léonore Monconduit retourne rendre des comptes devant Poitiers collectif qu'il avait désigné.
48:03 À la chercher dans l'image, sans signe distinctif parmi les citoyens,
48:09 on s'est interrogé sur le symbole de ce pouvoir récusant le vertical.
48:14 Comment le définir hormis parce qu'il n'est pas ?
48:18 En regardant avec nous ce film qui s'achève,
48:22 Mariette Darrigrand, sémiologue, a retenu deux images étonnantes.
48:27 Maïder à Rostegui, prenant la pose du pouvoir sur son canapé crème,
48:31 et Léonore Monconduit dans le cercle de son collectif de Banal-MJC.
48:36 Ce qui est intéressant, c'est que ce cercle est inclusif.
48:41 C'est un des récits de notre société aujourd'hui,
48:45 vouloir être inclusif, prendre tout le monde,
48:48 et puis une démocratie cherchant à se redéfinir comme ça.
48:52 Après, à un moment donné, il faut qu'une personne prenne la décision.
48:56 Le cercle est tout de suite hybride.
48:59 Tout de suite, il y a de la verticalité qui se met dedans,
49:03 dans l'exercice réel de la chose.
49:06 Ça me fait observer et attendre quelque chose
49:09 qui n'est pas encore tout à fait là,
49:11 mais une figure nouvelle de femme politique
49:14 qui répondrait à l'archétype de la bienfaitrice.
49:17 C'est-à-dire une femme qui est capable de réconcilier
49:20 les forces, la diffraction de la société.
49:23 Toutes les sociétés occidentales,
49:26 c'est l'archipel français, si vous voulez,
49:29 mais aussi plus largement le désir d'être en guerre.
49:32 Des âges, des sexes, des classes,
49:34 tout est guerrier, tout est agonistique dans notre société.
49:37 J'ai beaucoup aimé cette pause, disons,
49:40 mise à longer, sans le savoir, je pense.
49:43 Elle se remet dans les pas des représentations ancestrales.
49:47 Là, on est dans l'Antiquité, 5 siècles avant Jésus-Christ.
49:51 C'est une période du monde romain qui a été parfaitement occultée
49:55 où Vénus est une figure politique.
49:58 Je me suis aperçue de ça en travaillant sur la notion de virilité
50:03 qui n'est pas genrée au départ.
50:05 C'est la qualité des femmes comme des hommes qui vont bien.
50:09 Les anciens appelaient ça avoir du Vénus,
50:12 comme on a du tonus, si vous voulez.
50:15 Donc il a représenté cette déesse-là, à ce moment-là,
50:18 comme ça, sur une sorte de...
50:21 Il n'y avait pas de canapé, bien sûr, mais de couche,
50:24 sa coquille, couche, qui était aussi une sorte de bateau.
50:27 Et là, elle allait gouverner la cité.
50:30 Et donc il y a, je crois, de cela, aujourd'hui, qui nous revient.
50:34 Ce n'est pas parce qu'on n'est pas dressée
50:38 comme un guide spirituel,
50:41 une Jeanne d'Arc avec une lance ou une Amazone,
50:44 qu'on montre tous les attributs du pouvoir de type masculin,
50:48 qu'on n'est pas prête au combat.
50:51 - Et qu'on n'est pas dans un référentiel de pouvoir.
50:54 - Exactement. Il y a un référentiel de pouvoir ancestral
50:58 qui n'est pas vertical.
51:00 Avoir une dose d'audace, pardon, de Vénus,
51:06 pour descendre de l'Olympe et s'allonger tranquille
51:09 en femme forte et moderne.
51:11 Les reines de la pop-culture l'ont parfaitement compris.
51:14 On peut être horizontal, mais également viril,
51:17 au sens puissant du terme.
51:19 Dans ma ville de Strasbourg, Jeanne Barseguian,
51:23 élue elle aussi en 2020, a bien compris le symbole.
51:26 Elle a fait prendre l'ascenseur à son bureau de maire.
51:29 Du haut du 7e panoramique, il est descendu au 1er étage.
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