Cet évènement a permis de mettre en lumière les enjeux liés à la création d'emplois en Polynésie française et d'en dégager des pistes de réflexion : Quels sont les enjeux de la création d’emplois dans une société de défiance vis-à-vis du modèle économique actuel ?
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00:00 Finalement, au fur et à mesure de nos échanges et nos discussions,
00:03 on a échangé sur plusieurs thématiques, on s'est questionné autour d'éléments
00:11 qui encadrent l'emploi en Poésie française.
00:13 Et progressivement, ça nous amène à se poser la question, finalement,
00:18 quels sont les enjeux de la création d'emploi dans une société de défiance ?
00:24 Parce qu'on a ici aussi, à partir des faits et des données, ressenti aussi cette défiance de l'économie actuelle.
00:32 Donc pour vous, quels sont les enjeux ? Ce sera votre mot de la fin.
00:37 Je donne la parole d'abord aux enseignants, puis aux professionnels,
00:42 on finira avec les élèves sur ce dernier mot de la fin en réponse à cette question.
00:47 Quels sont pour vous les enjeux de la création d'emploi dans une société de défiance vis-à-vis du modèle économique actuel ?
00:59 Peut-être à notre ami Franck ?
01:04 Je reviendrai sur effectivement la nécessité d'inclure, puisque on a effectivement...
01:14 Je vais parler de mon expérience personnelle et du public qu'on a au lycée Diadème.
01:21 On a des jeunes dont on voit bien qu'ils n'ont pas les compétences psychosociales de la modernité.
01:26 Ils sont très sympathiques, mais on voit bien qu'un certain nombre d'entre eux vont être capables de faire des études,
01:32 d'intégrer des entreprises avec un emploi qualifié. Pour d'autres, ça va être plus difficile.
01:38 Donc c'est vrai qu'une question qui se pose, c'est est-ce que la Polynésie sera en capacité de créer des emplois peu qualifiés
01:45 pour intégrer un certain nombre de jeunes qui ne sortiront pas nécessairement diplômés ?
01:50 On se fait moins de soucis pour les autres qui trouveront certainement à s'insérer sur un marché du travail de l'emploi qualifié.
01:57 Et puis, moi, j'avais une autre anecdote. C'était une question sur laquelle je voulais répondre tout à l'heure.
02:02 C'était lorsque j'en demandais si on reprend le diapo des sortants des grandes écoles. La question de la rémunération ne se posait même pas,
02:11 puisqu'ils savent qu'ils vont être plutôt bien payés. Et donc moi, je demandais à mes élèves ce qu'ils souhaitaient.
02:18 Et eux, ils souhaitaient être bien payés. C'était un des critères quand même qui venait avant d'être un métier dans lequel ils s'épanouiraient.
02:28 Donc c'était une remarque que je souhaitais porter à votre connaissance, puisque c'était des rémunérations de cadres moyens en métropole.
02:36 Et qui, bien sûr, se comprend au vu du niveau de vie nécessaire à avoir en Polynésie française.
02:47 Parole aux professionnels sur... (Rires) Au dernier mot de la fin. Voilà.
02:58 — Sur la question, j'ai un peu du mal à répondre, parce que j'ai cette notion de défiance du modèle économique.
03:03 J'ai un peu du mal à voir ce qu'il y a derrière. Donc...
03:07 (Propos inaudibles)
03:20 — Sur la société de défiance, en montrant qu'en fait, plus on avance dans un modèle hyper individualisé, individualiste,
03:28 plus la société n'est plus une société de confiance, mais plutôt une société de défiance.
03:32 Et du coup, tout ce qui concerne le monde économique, voire politique, bien sûr, encore pire. Excusez-moi, mais c'est vrai.
03:40 On est dans cette logique de... On se méfie, quoi. On rejette. On a toujours une appréhension.
03:47 « Ah, le chef d'entreprise, lui, c'est un mec qui va à moi me poser des trucs. Le prof », etc. C'est ça, l'idée.
03:55 — Oui. En fait, ça va beaucoup plus loin que ça, puisque les remarques ont été faites notamment au niveau politique récemment,
04:01 qui est que dans la plupart des pays industrialisés maintenant, développés, les gens votent pas pour un programme.
04:06 Ils votent de toute façon en se méfiant déjà pour ceux qui y vont voter. C'est-à-dire qu'on est tout le temps dans la critique
04:11 et jamais dans le soutien, en fait, pour la plupart des électeurs. Ça se passe un peu pareil dans tous les pays.
04:18 Mais c'est vrai que là, on rejoint encore une fois cette notion d'individuel et de collectif, c'est-à-dire que toutes ces notions
04:24 d'emploi, de travail, de salaire, etc. sont devenues des enjeux individuels. Et ce que je retiens de cette journée...
04:30 On en a parlé plusieurs fois. C'est le fait que l'on oublie les enjeux de la communauté derrière et le partage, finalement,
04:38 non seulement des profits pour les entreprises, mais même le partage du travail quand on est acteur, quand on est consommateur, etc.
04:47 Donc je pense que c'est avec cette notion-là qu'on arrivera à avancer. Mais tant qu'on restera effectivement sur des notions individuelles
04:53 de « je travaille pour un salaire et puis le reste, finalement, c'est pas mon problème », on aura du mal à avancer.
05:00 Donc après, comment arriver à cette prise de conscience ? C'est pas facile, parce que c'est une évolution qui, en gros, a commencé
05:08 il y a 30 ans, à peu près, dans les années 80, 90, et qui n'a fait que s'aggraver depuis, qui s'aggravait aussi par le contexte
05:16 et par le fait que les politiques ont vendu le fait que c'était eux qui décidaient tout et qui étaient l'État-providence, encore une fois,
05:23 en déconnectant à chaque fois – comme l'a dit Olivier tout à l'heure – l'apport qu'on fait sous forme d'impôts et de cotisations sociales
05:30 et ce qu'on en retire, et que c'est peut-être en recréant ce lien-là, en essayant de faire reprendre conscience qu'on est en même temps
05:37 des contributeurs et des bénéficiaires, que peut-être on aurait une notion de prise en compte, finalement, de cette notion plus générale
05:44 que pour créer des emplois, il faut le partager, l'emploi aussi. Voilà.
05:49 Je pense pas qu'on a vraiment des connaissances suffisantes, une base suffisante pour donner une réponse correcte à cette question,
05:56 je vais dire au niveau de Diard. C'est une question assez complexe. Donc moi, personnellement, j'ai pas les bases nécessaires pour vous donner une réponse correcte.
06:06 – Après, juste pour faire un petit bilan de tout ce qu'on pense, c'était très intéressant. J'espère juste que, maintenant,
06:16 tout ce qu'on a relevé comme problème va être vraiment dit à la ministre et que les choses vont avancer parce que,
06:23 je pense que tout ce qu'on a dit, on le savait déjà. Je sais pas, mais moi, je le prends comme ça. Tout ce qu'on a relevé, on le sait.
06:31 Mais on le sait depuis longtemps. Je pense qu'eux-mêmes peuvent le dire, que tous les problèmes, ça se voit comment tu parles,
06:37 que ça fait des années qu'ils demandent. Mais il faut le faire, maintenant. Et voilà.
06:45 – Finalement, du coup, en rebondissant à ça, c'est vrai qu'il y a une défiance vis-à-vis du gouvernement où, quelque part,
06:52 on pense pas qu'ils vont faire les choses nécessaires, on va dire. On a beau se plaindre pendant des années sur beaucoup de choses,
06:59 on a vu que les résultats, ils manquent à la pelle. Et forcément, on pense pas qu'on va se faire entendre vraiment par le gouvernement.
07:08 Et on pense pas qu'il y aura des réels changements, on va dire, par ce même gouvernement.
07:13 – Il y a une théorie qui dit que le politique a une vision à court terme. L'entrepreneur a une vision à plus long terme.
07:22 Et finalement, peut-être qu'il vaut mieux faire confiance au monde économique sans vouloir vous flasquer.
07:28 – Oui. Moi, je voudrais juste répondre aux jeunes, leur dire « n'attendez pas des autres ».
07:34 « N'attendez pas des autres ». Un gouvernement est élu pour une nominature de 5 ans.
07:39 Dans 5 ans, ça sera peut-être d'autres, ça sera peut-être les mêmes. Peu importe. Vous, vous serez là. Vous, votre chemin, vous le tracez.
07:45 Donc rester... Les enjeux de la création d'emplois dans tout ce qu'on parle là, c'est quoi ?
07:49 C'est de rester dans un esprit de conquête, de conquête de votre avenir, de ce que vous voulez faire,
07:56 et de le faire surtout dans une notion d'intérêt général. Regardez ce que vous avez autour de vous
08:02 et ce que notre société, nos politiques, les stratégies qui sont mises en place, le monde économique permettent de faire.
08:09 Ça n'est pas donné partout. Donc il faut rester dans cette vision de l'intérêt général, il faut le défendre,
08:15 tout en apportant sa pierre à l'édifice, mais en ayant quand même aussi une ambition personnelle
08:21 de se réaliser le mieux possible, d'avoir la meilleure rémunération, d'avoir le meilleur job,
08:25 de pouvoir partir à l'extérieur et faire son expérience pendant 15 ans en métropole ou ailleurs,
08:30 et se dire à un moment donné « j'ai envie de revenir parce que j'ai envie de servir mon pays ».
08:34 C'est ça, c'est ça votre enjeu. Croyez-nous, on est passé par là. On est passé par là.
08:40 Et ce qui est intéressant c'est ça, c'est cette vision de l'intérêt général parce qu'on a des systèmes de santé,
08:45 on a un système de société qui est quand même pas mal, franchement.
08:50 Et soyez donc sain.
08:58 Alors moi j'aimerais aussi répondre à cette question. Donc créer de l'emploi dans une société actuelle qui se méfie,
09:06 justement, ça ne peut qu'apporter de bonnes choses puisque c'est ce qui va ouvrir le dialogue entre plusieurs partenaires,
09:15 les professionnels, nous, les professionnels de l'enseignement et le gouvernement.
09:19 Et c'est ce qui va faire justement qu'il va y avoir des idées, qu'il va y avoir des débats comme aujourd'hui,
09:26 et ce sont ces débats qui vont mener à des solutions qui vont permettre à tout le monde de pouvoir vivre en communauté
09:34 et en harmonie également, justement, dans notre société. Voilà, c'est ce que je voulais rajouter.
09:41 Oui, alors rapidement. Ce que je retiens, moi, c'est que d'une part on a des futurs salariés à côté qui ont des doléances
09:49 et quelque part il faut aussi que les employés les entendent. Et pareillement les jeunes et futurs salariés,
09:55 il faut qu'ils entendent aussi les intents des entrepreneurs. Donc ce que je voulais dire par là, c'est qu'on a,
10:02 à une époque, on était plutôt orienté vers la performance financière, c'est ce que tu évoquais tout à l'heure.
10:08 Et aujourd'hui, on est en train d'assister à un glissement où on va tenir compte de la performance globale.
10:12 Donc il n'y a pas que l'aspect financier qui va compter, mais il y a aussi le bien-être du salarié,
10:17 il y a aussi le bien-être des clients et de la totalité des parties prenantes.
10:21 Et je pense qu'ici, quand tu utilises le mot enjeu, c'est qu'est-ce qu'on paie, qu'est-ce qu'on gagne,
10:25 on revient à la définition du mot travail, qui est sous souffrance. D'ailleurs, une femme qui est sur le point d'accoucher,
10:30 on dit qu'elle est en plein travail. Donc quelque part, le salarié, lui, il faut qu'il comprenne qu'il va devoir faire des sacrifices,
10:37 mais l'employeur aussi, lui aussi, quelque part, il va falloir qu'il fasse des sacrifices. Donc on est dans une collaboration.
10:45 Et c'est comme ça, je pense qu'on va améliorer la confiance.
10:51 Je pense que du coup, j'ai le mot de la fin, c'est ça ?
10:58 Alors, moi, j'ai grandi dans une famille avec un père qui était chef d'entreprise.
11:06 On a une entreprise de terrassement, enfin mes parents, mon père est décédé aujourd'hui, ça fait 10 ans.
11:12 Mais j'ai grandi avec une certaine culture du goût de l'effort, du goût du travail, de la performance.
11:22 Et j'ai envie de vous dire que ça a été très formateur d'ailleurs pour moi, parce que c'est comme ça que je me suis orientée dans le secteur public.
11:31 On va dire ça comme ça. Mais ce que je retiens, c'est que chaque individu a sa place dans la société.
11:38 J'étais jeune, même si j'ai que 36 ans, mais j'étais jeune comme vous.
11:43 Donc j'ai profité d'avoir un maximum d'expérience professionnelle.
11:49 J'ai voyagé, j'ai fait des voyages linguistiques parce qu'avec mon papa, il fallait apprendre l'anglais, même si après, ça ne m'a pas servi honnêtement.
11:58 Ensuite, j'ai fait beaucoup de stages. Donc comme Olivier dit, l'insertion, ça passe aussi par le travail.
12:07 Donc beaucoup de stages, j'en ai fait plein, plein, plein dans les assurances, dans les banques, dans un cabinet d'avocats, partout,
12:14 uniquement dans le secteur privé, jusqu'à ce que je décide effectivement de me poser dans le service public.
12:20 Et comme je vous entendais tout à l'heure, le secteur public, ça ne veut pas dire que c'est facile pour répondre à la jeune étudiante là-bas.
12:29 Mais c'était pour quelque part aussi donner un sens en fait à ce que j'ai envie d'apporter dans cette société.
12:38 On parle de communauté, c'est vrai, ça c'est important, de communauté.
12:43 C'est pour ça que je terminerai par ce mot-là, Ubuntu. Je ne sais pas si vous avez entendu parler de ça.
12:50 C'est en fait un thème africain qui dit en fait que quand l'individu est heureux, sa communauté est heureuse.
12:56 Quand la communauté est heureuse, l'individu est heureux.
12:59 Et pour moi, le travail, ça passe avant tout par ça, parce que j'ai aussi beaucoup d'expérience professionnelle.
13:07 Et je dirais qu'il faut que vous fassiez, que vous trouviez votre chemin.
13:13 Et c'est bien aussi grâce à au moins les personnes comme ça qui organisent ce genre de concept.
13:21 À mon époque, il n'y en avait pas, mais je pense que j'aurais moins été égarée certainement.
13:26 Mais en tout cas, il faut compter sur le gouvernement parce qu'on sait la charge de travail qui nous attend.
13:37 J'ai entendu, j'ai noté toutes vos doléances. Ça fait cinq pages que je dois aller faire un compte-rendu rapide auprès de la ministre
13:46 parce qu'elle m'envoie des textos. Oui, donc je vais faire ça.
13:49 Donc je vous rassure, il y aura une suite à tout ce que vous avez énoncé aujourd'hui.
13:56 Et encore merci pour ces échanges. Je suis auprès du ministère que depuis le 1er juin.
14:03 Donc trois jours au boulot. Bon, ça ne me fait pas peur le travail.
14:12 Et donc du coup, encore une fois, merci. Merci pour vos échanges. Merci.
14:19 Donc, oui, merci. Merci à tout le monde. Merci pour votre participation à tous, aux élèves, à nos professionnels ici présents,
14:28 aux enseignants et aux établissements qui vous ont libéré aussi pour participer et échanger avec nous.
14:34 Évidemment, au ministère de l'Emploi que Christelle représente aujourd'hui, au vice-rectorat pour la mise à disposition des services informatiques
14:44 pour pouvoir réaliser les captations nécessaires parce que des capsules vidéo vont être réalisées sur les différents temps forts du Café débat.
14:54 Ces éléments seront disponibles sur le site économie gestion via le lien du vice-rectorat de la poésie française.
15:03 C'est un moment fort et on souhaite que ce moment fort se perdure dans le temps.
15:08 Nous espérons que ça a été formateur parce qu'on souhaiterait que cette initiation à la culture du débat puisse se perdurer dans le cadre de votre formation.
15:17 Aux professionnels, merci pour tous les messages que vous avez passé vis-à-vis du système éducatif, mais également pour le ministère de l'Emploi.
15:26 On l'a bien perçu. Aux élèves également pour la richesse des échanges que nous avons eus avec vous et votre capacité à être critique,
15:37 mais aussi à défendre vos opinions. Bravo. C'est un exercice qui est complexe, mais surtout que vous allez développer au cours de votre vie.
15:46 Sachant que dans deux semaines, ils ont une épreuve fatidique, l'épreuve du grand oral au baccalauréat.
15:51 Donc, bravo à tous. Merci à vous tous et à la prochaine fois.
15:56 Au revoir.
15:57 [SILENCE]