La gouvernance des entreprises polynésiennes : un modèle à réformer ? L'objectif visé à travers cette 1ère sous-thématique était de montrer les liens entre le mode de gouvernance et la création d'emplois.
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00:00 Donc sans plus tarder, rentrons sur cette première sous-thématique,
00:04 donc la thématique de la gouvernance des entreprises en Polynésie française.
00:09 Et on va se questionner s'il faut finalement réformer le modèle qui émerge
00:15 et qui est couramment employé par la majorité des entreprises
00:20 actuellement en Europe comme en Polynésie.
00:23 Donc, mais avant d'aller plus loin, c'est de revenir un peu sur le sens du mot gouvernance,
00:29 qu'on se mette d'accord, qui tire son sens aussi du verbe gouverner.
00:34 Donc c'est la manière de gouverner des entreprises,
00:37 c'est la manière aussi d'exercer le pouvoir par les chefs d'entreprise au sein de leur structure.
00:43 Et donc on va ici échanger sur les différentes prises de décision des chefs d'entreprise.
00:49 Donc c'est notamment l'objet de cette première sous-thématique.
00:55 Donc pour revenir un peu sur les différents modèles de gouvernance,
01:01 donc il y a deux modèles de gouvernance qui sont largement discutés
01:08 et qui caractérisent les entreprises aujourd'hui.
01:11 Le modèle actionnarial qui est plutôt centré sur la recherche de maximisation du profit,
01:16 donc la valeur actionnariale, c'est notamment les entreprises,
01:22 les sociétés qui recherchent à maximiser le retour aussi sur l'investissement, c'est normal,
01:28 parce que les actionnaires ce sont aussi les principaux propriétaires,
01:31 ce sont les propriétaires d'entreprises.
01:33 Et donc c'est un modèle de gouvernance qui recherche la valorisation de la valeur actionnariale.
01:42 Ensuite, il faut savoir que c'est un modèle qui est, comme je l'avais dit au préalable,
01:46 qui est couramment utilisé par les entreprises aujourd'hui.
01:50 Mais ce modèle est de plus en plus questionné.
01:54 Donc on a aujourd'hui un nouveau modèle qui est objet de discussion, de débat,
01:59 qui est le modèle partenarial, mais qui est d'actualité
02:03 et qui aujourd'hui fait bouger quelques lignes dans le modèle de gouvernance actuel.
02:08 C'est un modèle qui est plus ouvert sur les différentes parties prenantes
02:12 qui peuvent participer à la gouvernance, à la prise de décision dans les entreprises.
02:17 Et donc c'est intéressant parce qu'on voit qu'il y a un intérêt aussi à coopérer
02:23 avec les différentes parties prenantes de l'entreprise
02:25 et que c'est un modèle aujourd'hui qui souvent est objet de valorisation
02:32 dans la politique de gouvernance des entreprises et qui est notamment communiqué,
02:39 et on le voit à travers notamment les démarches de type RSE,
02:43 de nombreuses entreprises aujourd'hui, en prenant le cas notamment de la société AT&T Nuit,
02:51 qui a publié sur sa page entreprise les différents axes
02:58 qui caractérisent sa démarche RSE et auxquels elle tient à s'y tenir.
03:06 Donc en mettant l'accent sur sa volonté d'avoir une exploitation
03:11 dans le cadre des services qu'elle peut rendre en faveur des passagers plus responsables
03:15 ou encore avoir une empreinte environnementale plus écologique vis-à-vis de l'environnement,
03:20 d'être un employeur plus engagé vis-à-vis de ses collaborateurs
03:24 ou d'accompagner davantage le développement économique du pays.
03:31 Je vais relayer la parole à mes collègues.
03:36 Donc le modèle communément employé par les entreprises en général
03:41 oppose sur la pleine satisfaction de l'actionnaire.
03:45 Ce modèle vous paraît-il toujours d'actualité compte tenu des enjeux sociaux
03:50 de la Polynésie française avec un taux d'emploi qui est faible d'ailleurs ?
03:54 Voilà, c'était une question pour relancer tout ce qui vient d'être dit.
03:59 Moi je voudrais revenir sur la première slide, justement,
04:04 qui était actionnaire dans la seconde.
04:09 D'opposer un petit peu le modèle qui consiste à dire il faut faire des profits
04:12 et le modèle qui consiste à dire il faut être partenaire avec l'ensemble de l'entreprise.
04:17 Moi je trouve que c'est très caricatural de les opposer.
04:19 Alors je vais expliquer pourquoi.
04:21 C'est parce qu'une entreprise, elle a besoin de faire des profits.
04:24 Pour deux raisons.
04:25 D'abord parce qu'il faut qu'elle puisse réinvestir elle-même pour l'avenir,
04:28 la survie de l'entreprise, mais aussi parce qu'il y a des actionnaires.
04:32 Ces actionnaires, ils mettent de l'argent dans l'entreprise parce qu'ils en attendent un retour.
04:37 Et quand les gens font des économies,
04:39 ils sont bien contents de pouvoir faire des placements qui leur rapportent de l'argent.
04:43 Par contre, ça n'empêche pas dans la gouvernance de l'entreprise
04:48 d'avoir une relation de partenariat avec les salariés.
04:53 Et c'est pour cette raison que, là je vais me raccrocher un peu au Medef de Métropole,
04:57 dont le fer de lance principal,
04:59 vous savez qu'on a reçu récemment le président du Medef France.
05:04 Et il nous a asséné plusieurs fois que l'axe principal de l'action du Medef en France
05:09 était une discussion sur le partage de la valeur.
05:11 C'était de dire, le débat, ce n'est pas de se dire comment on va discuter dans l'entreprise
05:16 pour savoir comment on travaille.
05:17 C'est de dire, l'entreprise doit faire des profits.
05:20 Et le grand débat est de savoir comment on le répartit avec les salariés.
05:24 C'est-à-dire qu'on fait d'abord du profit et ensuite on le répartit.
05:29 Mais penser qu'on va répartir le profit avant qu'il soit réalisé, là on est vraiment dans l'utopie.
05:33 Donc c'est pour ça que moi je voulais réagir pour dire qu'il ne faut pas opposer ces deux modèles.
05:39 Mais par contre il faut faire les deux, nécessairement.
05:43 Oui, parce que là vous êtes dans une opposition, je vais vraiment y aller direct.
05:57 Là à gauche on est dans du Zola.
06:01 On est en 2023.
06:02 Le monde de l'entreprise c'est plus ça.
06:04 Si vous pensez encore qu'aujourd'hui on est dans une optimisation maximale de la valeur de l'actionnariat,
06:10 alors là vous êtes très très loin de la réalité.
06:13 Partage de la valeur c'est pas rien.
06:15 C'est une chose.
06:17 Partenariat ça peut être autre chose.
06:19 Les canadiens sont très avancés sur la notion d'entreprise participative, par exemple.
06:23 Où là c'est carrément la prise de décision qui est ramenée au niveau des collaborateurs.
06:30 Ça fait 10 ans qu'ils y sont, ils en reviennent.
06:34 Parce que, qu'on le veuille ou non, à un moment donné, il faut qu'il y ait une prise de décision, il faut qu'il y ait une décision.
06:39 Être dans la collégialité et le consensus maximum c'est plutôt à produire des insatisfaits que d'avoir majorité de satisfaits.
06:48 Donc il faut quand même regarder aujourd'hui le monde de l'entreprise comme étant un monde dans lequel il y a des gens qui prennent un risque.
06:57 Et les salariés peuvent prendre un risque.
07:00 Aujourd'hui les capitaux de l'entreprise sont ouverts aux salariés.
07:03 On n'observe pas une montée en puissance du salarié qui a envie de prendre le risque et de se retrouver de fait aussi éventuellement caution près des banques.
07:12 Parce que prendre un risque c'est pas que mettre de l'argent sur la table, c'est aussi se retrouver dans un rôle à assumer de responsabilité par rapport à des tiers.
07:19 Notamment dans les emprunts que l'entreprise peut faire pour pouvoir se développer.
07:23 Donc il y a ces dimensions de prise de partenariat qui se fait dans la décision et ça on le retrouve dans une certaine collégialité qui peut se faire.
07:30 Et sans perdre de vue qu'in fine il y aura un qui va décider parce que c'est son rôle d'être responsable par rapport aux orientations de l'entreprise.
07:38 Pour autant les résultats que fait l'entreprise, les bénéfices qu'elle peut sortir, le moyen de servir, de reservir les associés de l'argent qu'ils ont investi dans l'entreprise comme ils le mettra en bourse.
07:49 Sauf que là ils l'ont mis dans l'entreprise, ce qui va servir à un développement, ce qui va créer de l'emploi, ce partage à l'arrivée est tout à fait possible.
07:56 Et il s'entend déjà dans les entreprises, ils se développent.
08:00 C'est très différent tout ça de la RSE.
08:02 Ne mélangez pas les deux.
08:04 La RSE c'est la responsabilité sociétale de l'entreprise.
08:07 Elle se décline sur plusieurs axes.
08:09 RTI Chinoui le fait sur le plan environnemental, sur le plan sécurité, sur le plan considération de l'environnement, l'écosystème qui est autour d'eux.
08:19 La RSE c'est en général le moyen de l'entreprise de s'investir vis-à-vis de la société sur son engagement d'empreintes carbone notamment.
08:28 C'est aussi veiller à la santé de ses collaborateurs dans des démarches qui peuvent être de promouvoir le dépistage du cancer par exemple,
08:37 qui se fait dans les entreprises qui permettent l'absence des collaborateurs pendant les heures de travail pour faire leur dépistage.
08:44 Ça peut être dans d'autres domaines d'intégrer la problématique des femmes au niveau du gardiennage, pardon gardiennage, de garder les enfants au niveau des grandes entreprises.
08:53 Il y a différentes façons de le faire.
08:55 Et ça effectivement c'est le fruit d'un travail et d'une réflexion qui ne vient pas d'en haut et qui descend vers le bas.
09:01 C'est l'entente et entendre ce que les collaborateurs ont besoin de trouver comme valeur, prise de considération de leur quotidien pour être mieux dans leur travail,
09:11 plus à l'aise et donc quelque part plus productif et en tirer le fruit à l'arrivée.
09:17 Cette notion aujourd'hui qu'on entend beaucoup de partage de la valeur qui a été portée sur différentes approches.
09:22 Il y a eu la notion de dividendes salariés et puis, c'est pas la solution qui a été retenue parce qu'effectivement,
09:29 faire des suppositions sur l'avenir de façon très concrète pour les salariés, ça fera tant de dividendes versés.
09:35 Non, les actionnaires ne savent pas. Et si demain, l'entreprise se casse sa figure, ce qu'on va aller chercher pour sauver la boîte, ce sont les actionnaires.
09:44 Donc, il y a une vraie responsabilité qui se fait. Mais il ne faut pas rester dans ce modèle de dire l'actionnariat profit maximum.
09:51 Et de l'autre côté, le partenariat très ouvert et très, très consensuel. Il y a un juste milieu. Il faut ce juste milieu.
09:57 Il se fait aujourd'hui. N'oublions pas encore une fois. Thierry l'a rappelé. Une entreprise doit gagner de l'argent pour pouvoir réinvestir,
10:06 se développer, servir des salaires le mieux possible de ce qui est attendu au travers des travaux qui sont conduits.
10:12 Les jeunes nous l'ont dit tout à l'heure. Moi, je souhaite avoir une rémunération qui signifie la reconnaissance de mon travail.
10:19 On évolue dans le temps. L'entreprise doit pouvoir suivre. C'est tout cela, l'entreprise.
10:25 Merci pour cette réaction sur le modèle partenarial. On est donc. C'est un modèle aussi qui intègre forcément la redistribution du profit.
10:36 L'intérêt aussi pour l'actionnaire de devoir percevoir en échange. C'est une obligation dans tous les cas.
10:41 Sinon, l'existence de l'entreprise serait questionnée. Et donc, c'est vrai qu'au niveau historique, le modèle actionnarial que nous,
10:51 selon nous et d'après les derniers rapports, reste un modèle sur certaines entreprises plus traditionnelles,
11:00 n'est plus d'actualité. Surtout, il y a la responsabilité des entreprises qui a pris le dessus avec le réel souci du partage de la valeur ajoutée.
11:07 C'est quelque chose qui revient de manière forte. Et ça a été l'objet de discours de multiples gouvernements à ce sujet.
11:13 On est plus sur la question, effectivement, comme vous l'avez souligné, du stéréotype de l'actionnaire seul, on va dire détenteur du profit,
11:26 envers qui on a un devoir de distribution de la richesse, du seul partage de la richesse. Aujourd'hui, on n'est plus effectivement sur ce modèle.
11:35 On a évolué vers un modèle qui souhaite, comme vous l'avez dit, être sur un juste milieu. Parce qu'il faut pas l'oublier.
11:42 Ce sont des personnes qui sont propriétaires aussi de l'entreprise. Mais on a d'autres niveaux de responsabilité à prendre en compte,
11:48 parce que pour faire fonctionner l'entreprise, il faut aussi intégrer les salariés. Et ils sont les forces vives aussi de l'entreprise dans tous les cas.
11:57 Donc il faut avoir cette responsabilité élargie. Elle est de fait. Elle n'est plus à questionner. Donc peut-être si on peut avoir des réactions.
12:08 On a peu entendu parler les enseignants parce que ce sont des modèles qui sont évoqués en fait dans les disciplines.
12:14 Ce sont des modèles qui continuent à être notamment soulignés en management et qui font objet de discussions en cours.
12:27 Oui, si quelqu'un de l'équipe d'économie et gestion peut réagir à ce sujet sur la question de la gouvernance.
12:34 C'est une question qui est pleinement partie intégrante de ce que vous enseignez vis-à-vis des élèves.
12:44 Quelle est votre réaction à ce sujet? Alors, je vais revenir sur ce qui a été dit précédemment par les collègues professionnels.
12:52 Effectivement, la politique RSE, elle tourne autour de trois axes. L'écologie, le sociétal et l'économique.
13:00 Ce qui signifie que c'est une politique qui prend en compte la mission prioritaire d'une entreprise privée, qui est de réaliser du profit.
13:10 Ça, il n'y a pas de souci. J'ai nuancé un petit peu ce qui a été dit par rapport au modèle actionnarial et partenarial.
13:17 C'est un modèle qui ne met pas en opposition les actionnaires et les parties prenantes.
13:22 C'est un modèle économique qui se questionne sur la priorité de l'entreprise.
13:26 Est-ce que la priorité de l'entreprise se tourne dans le partage de sa valeur ajoutée en faveur des actionnaires ou est-ce qu'elle se tourne en faveur des parties prenantes dans sa direction?
13:37 Et forcément, entre les deux modèles, qui ne sont pas absolus, on aura comme ça une diversité de gouvernance d'entreprise.
13:46 Pour tous ceux qui viennent du privé, puisque moi je suis quelqu'un qui vient du privé avant de devenir professeur,
13:52 on sait aujourd'hui, notamment sur les entreprises qui sont affiliées à de grands groupes, à de multinationales, que la priorité est donnée aux actionnaires.
14:02 Et lorsque cet actionnariat est dilué à l'international, ce sont des actionnaires qui n'ont pas conscience souvent des spécificités locales
14:14 et qui ne prennent pas en compte la situation de la population locale.
14:22 On a vu le taux de pauvreté à 55%.
14:25 Généralement, c'est des statistiques que l'actionnariat n'aura pas en compte et c'est des spécificités qu'ils ne connaîtront pas.
14:32 On a parlé aussi d'efforts qui étaient demandés aux actionnaires en cas de faillite de l'entreprise dans les coûts durs.
14:40 C'est aussi, il faut le rappeler, des efforts qui ont été demandés aux employés.
14:46 On le rappelle notamment durant la crise Covid.
14:50 Gels de salaire, baisse de salaire, temps partiel imposé, alors que parfois la valeur de l'action restait la même et les dividendes restaient les mêmes.
15:05 Je parle vraiment pour les entreprises qui sont affiliées à des groupes internationaux.
15:09 C'est différent lorsqu'on a un actionnariat qui est local et qui là se soucie un petit peu plus, connaît un peu plus la réalité de l'économie locale.
15:18 (Propos inaudibles)
15:29 Je voudrais réagir sur plusieurs points sur ce qui a été dit.
15:32 D'abord, de rappeler qu'en Polynésie, sur les 76 000 salariés, je ne sais plus,
15:37 le nombre d'entreprises affiliées à des groupes internationaux n'est quand même pas si important que ça.
15:41 Première remarque. On est quand même sur beaucoup d'actionnariats locales et d'entreprises petites locales.
15:48 Et puis ensuite, je ne peux pas laisser mettre en espèce de parallèle le comportement par rapport au salaire avec le taux de pauvreté en Polynésie,
15:55 voire le taux d'emploi, parce que c'est des sujets différents.
15:58 Tout à l'heure, vous avez rappelé qu'il y avait 53% seulement de taux d'emploi en Polynésie et qu'il n'y avait soit-disant que 9% de chômage.
16:04 Alors, je voudrais d'abord rappeler comment est défini le chômage.
16:07 Pour être chômeur, il faut être en recherche d'emploi. C'est-à-dire qu'il faut rechercher activement un emploi pour être considéré comme chômeur.
16:14 Et libre. Alors, qu'est-ce qui se passe en Polynésie ?
16:17 D'abord, c'est qu'en fait, déjà, pour tous les gens des îles, tous les gens des îles qui n'ont pas de travail,
16:23 ils n'ont aucune possibilité de chercher activement du travail puisqu'il n'y en a pas sur leur île.
16:27 Donc, ils ne sont pas considérés comme chômeurs. Première remarque.
16:31 Et c'est le cas aussi en Polynésie, à Tahiti, où des gens abandonnent finalement l'idée de rechercher parce que ça fait longtemps qu'ils n'ont pas cherché.
16:37 Et comme finalement, ils n'ont pas de système qui les oblige à aller s'inscrire au SEFI, ils sont considérés comme non-actifs et pas comme chômeurs.
16:46 Ensuite, il y a l'activité... Il y a aussi l'économie informelle qu'il ne faut pas oublier, qu'on ne mesure pas en Polynésie.
16:52 Tout à l'heure, on a dit 8% dans l'agriculture. Je pense que c'est plus que ça en réalité parce qu'il y en a beaucoup qui font l'agriculture sans être inscrit.
17:00 Et donc la réalité dans les 47% d'inactifs, c'est qu'il y en a un certain nombre qui, en fait, travaillent.
17:05 Mais ils travaillent dans leur farapouille, ils travaillent à la pêche et puis ils ne sont pas déclarés.
17:08 Donc c'est pour ça que je voulais pas laisser faire un parallèle entre les raisons pour lesquelles il y a la pauvreté en Polynésie et le taux d'inactif,
17:17 qui sont des problèmes structurels liés à l'économie et éventuellement à l'emploi, c'est-à-dire aux embauches ou pas par les entreprises de salariés,
17:25 et la gouvernance des entreprises et les salaires donnés aux salariés. Voilà, c'est une interaction que je voulais avoir.
17:30 Je vais faire une toute petite intervention sur ce qui vient d'être dit à propos de ces modèles. Bon, je reviens pas sur ce que vous avez dit.
17:44 L'idée du modèle, on va dire, partenarial, qui peut prendre des formes tellement diverses,
17:50 je pense notamment à la coopérative qui pourrait être intéressante d'ailleurs à analyser ensemble.
17:55 L'idée principale, je crois, au-delà de la question de l'actionnaire qui est un peu déconnecté de la réalité de l'économie,
18:05 quand il est dilué comme ça un peu partout, c'est la question de la responsabilité de chacun d'entre nous dans une activité productive.
18:13 Ça, c'est fondamental pour moi en tout cas. Je suis enseignant, j'ai travaillé, mais bon, bref, dans le privé.
18:22 La grande question, c'est quel est le sens que je donne à mon activité dans ce cadre-là ?
18:28 Et le partenariat donne le sentiment au moins à chacun d'entre nous d'être partie prenante d'une activité collective,
18:36 ce dont vous parliez tout à l'heure. Et donc la responsabilité de chacun d'entre nous, quel que soit notre statut dans l'entreprise,
18:41 c'est d'avoir le sentiment d'être à sa place, à son office et de travailler le mieux possible pour un rendement collectif.
18:49 Et en ce sens-là, le modèle actionnarial, bien sûr, qui n'est pas celui qu'on connaît en Polynésie, c'est vrai,
18:56 a cette tendance à couper un peu de la réalité. Celui qui prend les décisions et celui qui exécute ce modèle taylorien,
19:06 en quelque sorte, qui existait, qui existe toujours d'ailleurs, a quand même donné une image plutôt négative de l'entreprise de ce point de vue-là.
19:16 Et donc réhabiliter la relation en interne dans l'entreprise, c'est quand même quelque chose, pour moi en tout cas,
19:24 c'est mon sentiment d'essentiel, parce qu'on aura tous le sentiment de partager quelque chose. Voilà.
19:31 Modèle actionnarial. J'entendais votre réflexion tout à l'heure. Depuis très longtemps, les grandes entreprises ont des obligations légales
19:44 de mise en place de l'intéressement et de la participation aux résultats. C'est quelque chose qui existe depuis très longtemps.
19:53 Donc cette notion de veiller à une notion de partage au niveau de l'activité qui est faite, elle existe déjà. En métropole, elle est obligatoire.
20:03 Elle est en train de devenir obligatoire avec le principe de partage de la valeur dont, je crois, Roud-Bézieux nous a exposé
20:11 le contour des accords qui ont été signés à horizon 2030. En Polynésie, parce que j'aimerais bien quand même qu'on reste ciblé en Polynésie...
20:19 Moi, je veux bien qu'on fasse un débat sur le travail au niveau mondial et du multinational, mais je me sens pas dans ma gestion de chef d'entreprise
20:27 comparé au patron de chez Total Énergie, pour pas le nommer, puisqu'aujourd'hui, c'est quand même lui qui a largement écrit la chronique.
20:36 A mon niveau, je vais vous dire une chose. On a un tissu économique – et là, je me retourne vers la conseillère technique du ministère de l'Emploi –
20:42 on a un tissu économique – on le sait très bien – qui est à 95% fait de TPE. Et quand on dit TPE en Polynésie, on peut même commencer à dire
20:50 « moins de 10 salariés ». Le groupe du tissu est moins de 50 salariés. Dans nos entreprises, aujourd'hui, je veux mettre en place l'intéressement.
20:59 Qui plus est, avec les lois de pays qui ont été sorties fin d'année, qui exonèrent des impôts sociaux et fiscaux, enclèrent la CPS,
21:07 cotisait son CPS pour tous, et la retuite CST pour les salariés. Eh bien aujourd'hui, je ne peux pas mettre en place ce dispositif.
21:16 Pourquoi ? Parce que la loi qui a été établie sur une vision économique qui date de 1956 – pour pas dire 1962 – stipule que les accords
21:27 qui permettent d'exonérer socialement et fiscalement un collaborateur en cas d'intéressement doivent être signés dans un cadre d'un accord d'entreprise.
21:36 Un accord d'entreprise, c'est quoi ? Version direction du travail, c'est un accord entre le patronat et un syndicat.
21:45 Trouvez-moi une entreprise en Polynésie de moins de 50 salariés qui a un syndicat. Ce n'est pas une obligation, il n'y en a pas.
21:53 C'est même difficile, souvent, parce qu'on est dans les petits systèmes, d'avoir un délégué du personnel. Souvent, on est en PV de carence.
22:02 Ce qui fait qu'aujourd'hui, de par cette loi, la majorité du tissu économique de Polynésie ne peut pas mettre en place le principe de l'intéressement,
22:11 sauf à passer par le fourche-coding des cotisations sociales et des cotisations fiscales, ce que l'employeur ne souhaite pas.
22:19 Évidemment, ça fait un coût supplémentaire. Mais c'est surtout les salariés qui le souhaitent pas non plus, parce qu'il n'a pas le souhait de cotiser
22:26 sur quelque chose qui est un reversement de la valeur qu'il a produite. Donc vous voyez des choses qui se font déjà aujourd'hui
22:32 depuis longtemps. Et très sincèrement, je crois que c'est vraiment très caricatural de penser encore aujourd'hui que le modèle actionnarial est aussi...
22:41 Je dirais... J'ai le sentiment d'avoir entendu ça sans considération des collaborateurs qui y sont, même dans les multinationales, encore une fois.
22:50 Regardez ce qui se fait dans des grandes boutiques, L'Oréal, Total et des grandes structures qui existent.
22:55 Croyez-moi, les modèles d'intéressement qui sont mis en place et de participation aux résultats sont pas du tout négligeables. Loin de là.
23:05 On les oublie peut-être à bout de moment. C'est possible. Mais ça existe depuis longtemps.
23:09 [SILENCE]