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Emmanuel Macron inaugure ce lundi matin le Salon du Bourget, salon international de l'aéronautique et de l'espace. Il sera ouvert au public vendredi. La société Beyond aero y présentera son projet d'avion à hydrogène. 

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00:00 Pratiquement 8h20, retour sur le plateau de première édition, l'inauguration ce matin du Salon du Bourget par le président de la République.
00:05 Salon qui sera réservé dans un premier temps pendant les quatre premiers jours aux professionnels et vendredi ouverture au public.
00:11 Sept minutes pour comprendre à quoi va ressembler l'avion du futur.
00:16 On en parle avec Olivier Jammes, grand reporter aéronautique à l'usine Nouvelle.
00:24 Bonjour Olivier, merci d'être avec nous aux côtés de Jean Serra, consultant aéronautique à BFMTV.
00:28 Bonjour Jean et Cédric Fech, le reporter de première édition en direct ce matin du Salon du Bourget juste avant l'inauguration.
00:35 Cédric, ce matin, il est avec la société Beyond Aéro, une start-up qui développe un avion de 4 à 8 sièges
00:42 qui ne vole pas avec du kérosène mais qui est doté d'une pile à combustible hydrogène.
00:52 Exactement, vous voyez là l'hydrogène qui est stocké dans ce qui sera le réservoir, donc dans les bonbonnes.
00:57 Et ce qu'il faut savoir c'est qu'un avion à hydrogène, ça ne va pas brûler de l'hydrogène comme ça brûle aujourd'hui du kérosène.
01:05 Exactement, c'est un avion électrique mais alimenté par une pile à combustible.
01:09 Mais alors ça change quoi qu'il ne soit pas électrique mais qu'il soit à hydrogène puisqu'au bout du bout c'est un avion électrique ?
01:14 Oui, c'est ça, il est bien électrique mais l'hydrogène permet d'avoir une autonomie jusqu'à cinq fois plus grande que les batteries au lithium.
01:19 Ça permet de rallonger l'autonomie de l'avion.
01:21 Parce que le problème des batteries qu'on met dans les voitures c'est que c'est lourd, c'est ça ?
01:24 Et pour un avion c'est un peu...
01:25 Exactement.
01:26 Ce sera combien l'autonomie ? Parce qu'on sait qu'une voiture électrique ça a moins d'autonomie qu'une voiture à essence.
01:30 Exactement, pour notre avion donc entre 4 et 8 personnes ce sera 1500 km.
01:35 Mais c'est pas beaucoup ça 1500 km ? Un avion à kérosène va beaucoup plus loin.
01:38 Ça reste 80% des routes européennes, donc on permet de toucher quand même 80% du marché, ça reste quand même suffisant.
01:43 Mais ce sera pour les avions d'affaires, on ne va pas transporter 300 personnes avec cette solution-là ?
01:49 Non, on commence par des avions plus petits, donc on a fait les avions d'affaires 4 à 8 places,
01:53 et puis plus tard on grandira sur des avions plus gros.
01:55 Et c'est pour quand ?
01:56 Avant la fin 2030.
01:58 Avant 2030.
01:59 Avant 2030, oui.
02:00 Donc vous avez là l'avion en entier, il manque juste l'enveloppe, c'est un détail.
02:03 Donc avec le stock d'hydrogène à l'arrière, la chaîne propulsive, le moteur qui est tout petit,
02:10 ça c'est quand même assez fascinant, la taille des moteurs désormais électriques,
02:13 et au final l'avion il ressemblera à ça.
02:16 C'est génial, franchement Olivier, on n'aurait pas pu dire ça il y a encore quelques années,
02:19 mais voilà un carburant qui n'est pas cher, on s'étonne un peu de l'autonomie,
02:23 mais c'est quand même pas mal 1500 km.
02:24 Est-ce que c'est l'avenir en partie l'hydrogène ?
02:26 C'est en partie l'avenir, et c'est intéressant de montrer cet exemple-là,
02:29 parce que le projet d'Airbus qui a été sorti en 2020
02:31 pouvait à certains donner l'impression qu'il n'y avait qu'Airbus qui croyait à l'hydrogène.
02:35 Non, il y a tout un tas de projets comme celui de Beyond Aéros,
02:38 la limite, ça a été dit, c'est que l'hydrogène ne sera adaptée qu'à des appareils
02:43 qui dépasseront à priori pas plus de 100 places.
02:46 C'est déjà pas mal.
02:47 On a résolu la polémique des jets privés qui polluent.
02:50 On l'a résolu, après on voit l'appareil, mais il faut voir ce que ça signifie au sol l'hydrogène.
02:56 C'est quand même des infrastructures extrêmement lourdes.
02:58 D'abord c'est le produire, cet hydrogène vert, ce qu'on ne fait quasiment pas aujourd'hui,
03:02 et puis c'est réussir à l'acheminer au niveau des aéroports.
03:05 C'est avoir des producteurs qui sont en mesure de le faire.
03:08 Et puis c'est quand même aussi, pour certains appareils,
03:11 suivant la manière dont on stocke l'hydrogène, sans aller trop dans les détails,
03:15 la nécessité d'équipements cryogéniques, c'est-à-dire qu'ils le refroidissent à -253°C.
03:20 Ça, c'est pas évident à faire certifier.
03:23 On voit ça dans les fusées, pas encore dans les avions.
03:25 Mais oui, mais ça vient vite, le progrès vient vite.
03:26 Jean, l'enjeu, on le voit bien, et c'est l'un des enjeux importants de ce salon de l'aéronautique,
03:30 c'est le carburant.
03:31 À part l'hydrogène, on travaille sur quoi ?
03:34 Pour l'instant, il y a déjà une première avancée, ce qu'on appelle les carburants SAF.
03:39 Sustainable Aviation Fuel.
03:42 Voilà, donc c'est des carburants qui polluent beaucoup moins,
03:45 qui sont d'origine de végétaux, de choses comme ça.
03:49 Et pour l'instant, le problème…
03:51 Huile usagée, résidus de bois ou agricoles, c'est pas rien ça non plus.
03:54 C'est pas rien, attention, parce que pour le produire à grande quantité,
03:58 ça risque de prendre de grandes surfaces en hectare
04:01 qui sont utilisées pour l'instant pour faire de la nourriture.
04:04 Donc ça pose d'autres problèmes.
04:05 Mais il n'empêche que le SAF, pour l'instant, est gérable à 50% mélangé avec du carburant.
04:12 Le problème, c'est de passer à 100% de SAF.
04:15 Parce qu'il y a…
04:17 Il faut savoir que chaque fois que vous avez trouvé une solution, ça crée des problèmes.
04:21 Le SAF, entre autres, a quelques problèmes de corrosion dans les moteurs,
04:26 des problèmes qu'il va falloir résoudre avec les progrès.
04:31 Et tout le monde travaille vraiment très très fort là-dessus.
04:33 Ce qu'on espère, c'est passer au SAF à 100%,
04:37 qui amènerait des économies extrêmement importantes
04:40 et bien sûr une diminution de la pollution extrêmement importante.
04:44 Tout ça compte.
04:45 Est-ce que… Enfin, on dit que les progrès de l'industrie automobile
04:49 aident beaucoup à améliorer les choses dans l'aéronautique.
04:52 Est-ce qu'on se dirige par exemple vers des moteurs hybrides pour les avions ?
04:55 Oui, on se dirige vers beaucoup d'hybridation, effectivement.
04:58 Un peu d'hydrogène, un peu d'électrique, un peu de ça.
05:01 Il faut bien comprendre qu'en fait, il ne va pas y avoir une solution.
05:04 Il n'y aura pas une solution.
05:05 Il y aura plutôt une solution par segment de l'aéronautique.
05:08 Les petits appareils, comme celui de Beyond Aéro,
05:10 certains choisissent le tout électrique.
05:13 C'est le cas, par exemple, de Volta Aéro.
05:16 Mais ça ne fait plus peur, ça, le tout électrique pour un avion.
05:18 Il y a quelques années, on se disait « mais ça ne va pas, non, je ne vais pas monter dans un avion ».
05:20 Non, je crois qu'il y a quand même beaucoup de progrès technologiques qui ont été faits.
05:23 Il y a des tests. Et puis, l'aéronautique est un secteur où on prend évidemment,
05:28 enfin on ne le prend pas en compte, c'est la sécurité, l'enjeu numéro un.
05:32 Donc, il y a des certifications derrière, des gens qui regardent.
05:35 Donc, ça là-dessus, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de doute à avoir.
05:39 Ce qui est sûr, c'est encore une fois, on aura une palette d'énergie possible.
05:43 Et quand on n'aura plus suffisamment de saf biomasse,
05:46 parce que comme vous le disiez, la biomasse, au bout d'un moment, il n'y en a pas assez,
05:50 on ira vers des carburants qu'on dit synthétiques.
05:52 C'est-à-dire qu'on ira capter du carbone dans l'atmosphère, le CO2 de l'atmosphère.
05:56 On ira prendre de l'hydrogène dans l'eau par électrolyse.
05:58 On les recombinera pour recréer les chaînes carbonées comme on trouve dans le kérosène.
06:03 Donc, on va avoir toute une palette de solutions.
06:05 - Jean.
06:06 - Alors, ce qui est très important, c'est ce que l'on va voir au Salon du Bourget,
06:09 c'est qu'effectivement, il y a la propulsion, les moteurs.
06:12 Mais il n'y a pas que cela. Il y a le travail sur l'avion lui-même.
06:16 Ce qu'on appelle la finesse, c'est-à-dire la surface de l'aile par rapport à sa dimension.
06:21 On travaille sur des avions. Vous avez vu que maintenant, il y a des flèches qui remontent au bout.
06:25 On essaye d'augmenter cette finesse de l'avion pour qu'il soit mieux porteur.
06:30 Donc, qu'il ait besoin de moins de force pour être propulsé.
06:35 Ça, c'est une première chose.
06:36 On a même un projet qui s'appelle le projet Gulliver, qui est présenté pour l'instant par Onera.
06:44 Ce projet Gulliver, c'est « gull » en anglais, c'est la mouette.
06:49 « Mouette » en anglais, « hiver », c'est « hydrogène ».
06:51 Il travaille sur le côté mouette, sur non seulement la forme de l'aile, mais également la forme de la cellule.
06:57 Ils se sont rendus compte que si on faisait une cellule d'avion avec une seule allée centrale,
07:02 des passagers de chaque côté, mais de forme ovale,
07:06 ça avait moins de contraintes au niveau de la résistance aérodynamique,
07:10 donc des gains importants en consommation.
07:13 C'est-à-dire, par exemple, un siège dans les premières rangées,
07:16 puis trois sièges au milieu et un siège à nouveau à l'arrière, c'est ça ?
07:19 Non, c'est la forme.
07:20 Vous savez que la cellule de l'avion est ronde, comme ça.
07:24 Eux, ils font une cellule de l'avion qui est ovale tout le long,
07:27 avec à l'arrière les réservoirs d'hydrogène, parce qu'on a besoin de grands réservoirs pour l'hydrogène,
07:33 une allée centrale avec deux rangs de passagers de chaque côté
07:37 et une aile extrêmement longue avec une finesse extrêmement importante.
07:41 On a même travaillé sur ce qu'on appelle la rhodohydrique,
07:47 l'aile rhodohydrique, c'est une aile qui revient se fermer sur elle-même,
07:51 c'est-à-dire qui a une finesse infinie.
07:53 Ça n'a plus rien à voir avec l'avion que tu as connu, Jean,
07:55 parce que toi, tu as commencé à piloter, vous étiez trois dans le cockpit.
07:58 On était trois dans le cockpit et sur 747, on consommait 10 tonnes de carburant à l'heure.
08:03 Alors qu'aujourd'hui, combien ?
08:05 Aujourd'hui, on est sur des avions longs courriers sur les bases de 3, 4.
08:08 Mais Olivier, est-ce que ça veut dire que la commande même de l'avion va changer ?
08:11 Oui, on a beaucoup parlé d'énergie, mais on va aussi vers des avions qui seront plus automatisés.
08:16 Alors, on a bien senti que dans le monde des pilotes,
08:18 le mot automatisation avait fait quand même beaucoup réagir.
08:21 Donc, chez Airbus, on commence à parler d'assistance au pilotage,
08:24 comme on le dit dans l'automobile d'ailleurs, vous le citiez.
08:27 Ça veut dire quoi ?
08:28 Ça veut dire des appareils, demain, qui pourront avoir une trajectoire optimisée en permanence.
08:32 Une grosse masse orageuse est en face automatiquement,
08:35 sans même que le pilote ait à le calculer, on lui proposera une autre route.
08:39 Une autre route aussi pour éviter la formation de ces traînées de condensation,
08:42 qui ont un effet sur l'empreinte carbone du secteur.
08:45 Donc, on baissera en altitude pour ne pas que ça crée ces traînées de condensation.
08:50 Et au sol, pareil, on imagine des avions qui auront davantage de capteurs, caméras, etc.,
08:56 comme une voiture, de sorte à éviter les incidents au sol, qui sont plus nombreux qu'on ne le pense.
09:00 Ah bon ?
09:01 Et est-ce que c'est la fin des très très gros porteurs ?
09:03 Du coup, on ne connaîtra plus d'énormes avions comme les A380 par exemple ?
09:07 Je peux le raconter ?
09:08 Moi, rapidement, c'est vrai que ça paraît un peu anachronique aujourd'hui.
09:11 On parle des carbonations, réduction de consommation de carburant, les quadrimoteurs.
09:15 Ça semble quand même compliqué de les faire fonctionner.
09:17 Mais alors qu'on voyage de plus en plus.
09:18 Il y a un problème d'affits de transporter les gens.
09:20 Oui, oui, tout à fait, c'est vrai.
09:22 Mais on voit que ces appareils, en fait, sont vraiment rentables pour certaines compagnies aériennes,
09:25 qui font ce qu'on appelle du hub à hub.
09:27 Quand on demande aujourd'hui à Air France, les A380, ils sont très contents de s'en être débarrassés.
09:31 Merci beaucoup à tous les trois.
09:33 On rouvrira évidemment ce dossier toute la semaine à l'occasion de ce Salon du Bourget,
09:36 qui ouvre d'abord aux professionnels ce matin, inauguré par Emmanuel Macron, puis au public vendredi.

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