Sylvie Meisel, co-présidente de l'association LGBT+ l'Autre Cercle

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La 30e édition de la Marche des fiertés a lieu ce samedi 17 juin 2023 à Montpellier, avec une parade et un village. Pour l'occasion, Sylvie Meisel, co-présidente de l'association l'Autre Cercle, est l'invité de France Bleu Hérault.
Transcript
00:00 de l'association L'Autre Cercle. - Bonjour, vous allez être présent, l'association va être présente à la Marche des Fiertés au Village demain.
00:08 - Bien évidemment, comme tous les ans,
00:10 L'Autre Cercle sera présent à la Marche des Fiertés dans toutes les régions d'ailleurs où nous sommes représentés. C'est le cas y compris à Paris
00:16 parce que c'est aussi une grande marche, mais effectivement, bien évidemment, nous sommes présents tous les ans sur la Marche des Fiertés. C'est très important
00:23 pour l'ensemble de la communauté LGBT+. - Pourquoi c'est important
00:27 d'avoir encore ces Marches des Fiertés ? Pourquoi c'est important d'avoir ces événements tous les ans ?
00:32 - C'est important parce que malheureusement on observe encore maintenant
00:35 une augmentation des agressions envers des personnes LGBT+.
00:40 C'est d'ailleurs très surprenant pour moi de voir que malgré les dix ans du mariage pour tous et toutes, on est encore
00:48 dans la difficulté dans certains endroits et
00:52 malheureusement il y a encore beaucoup d'agressions et donc on est obligé de continuer à
00:57 visibiliser le plus possible et la Marche des Fiertés c'est extrêmement important. Toutes les associations LGBT+ sont évidemment présentes
01:05 sur le village associatif et bien entendu nous en faisons partie. - Oui, vous évoquez les dix ans du mariage
01:10 pour tous. Le premier mariage a été célébré d'ailleurs un 29 mai à Montpellier.
01:16 C'est
01:18 une grande avancée dans la communauté et c'est la question qu'on pose d'ailleurs aujourd'hui à nos auditeurs.
01:25 Est-ce que vous considérez que l'homosexualité est mieux accueillie dans la société aujourd'hui ?
01:31 Est-ce que vous avez l'impression qu'il y a des progrès encore à faire ? Est-ce que vous avez l'impression qu'on avance ? Vous évoquez notamment la hausse des agressions.
01:39 - Je pense quand même qu'on avance et on avance également
01:43 dans le monde du travail puisque l'autre cercle c'est l'association de référence pour le monde du travail. On est vraiment spécifique par rapport à ça.
01:49 Je pense qu'on avance. Je pense que le mariage pour toutes et tous a été une grande avancée
01:54 et malgré tout ça passe dans les mœurs, c'est dans les façons de voir. Néanmoins,
01:59 malheureusement, le nombre d'agressions augmente encore. - Il y a aussi eu il y a deux ans comme avancée
02:05 la PMA pour toutes et tous, la procréation médicalement assistée. - Tout à fait. - C'est aussi un pas important j'imagine. - C'est un pas très important puisque auparavant
02:13 les femmes lesbiennes ou
02:15 seules, d'ailleurs, ou célibataires, pas uniquement les lesbiennes, étaient obligées d'aller à l'étranger quand elles souhaitaient faire une PMA alors que désormais
02:22 c'est tout à fait possible en France et c'est très important.
02:25 - Je voulais aussi vous poser la question.
02:29 Vous avez sorti un guide sur les alliés. Comment être un bon allié pour une personne lesbienne, un homme gay ?
02:37 C'est aussi un moment pour les alliés, la marche des fiertés ? - Absolument.
02:42 - C'est quoi les alliés d'ailleurs ? - Alors les alliés c'est toute personne, LGBT+ ou non,
02:47 qui souhaite
02:50 faire progresser cette cause, c'est-à-dire
02:52 idéalement on ne devrait plus avoir besoin de parler de la question LGBT+, c'est vraiment ce qu'on souhaite et que ça représente plus de 10% de la population.
03:01 Ça devrait être un non-sujet. - 10% de la population ?
03:04 J'étais resté sur un chiffre plus faible autour de 5%, je me dis ça en tête. - On est plutôt sur 10%.
03:10 On est plutôt sur 10% et les derniers chiffres montrent d'ailleurs que chez les jeunes,
03:14 il y a une question de visibilisation clairement.
03:18 Chez les jeunes, je crois que les dernières études qui ont été faites montrent un chiffre qui est beaucoup plus élevé que 10%.
03:24 C'est toute la question de la visibilité
03:27 ou non, et nous on travaille beaucoup sur ça dans le monde du travail,
03:31 non pas qu'il y ait une injonction de visibilité, c'est pas la question, il n'y a aucune obligation.
03:35 Jamais. - On n'est pas obligé de dire à son collègue ?
03:41 - Bien sûr que non, on n'est jamais obligé de se visibiliser, mais
03:46 l'étude qu'on a faite dans le guide sur la visibilité ou l'invisibilité des lesbiennes au travail
03:52 montre que 43% des lesbiennes dans une étude IFOP qui a été faite avec l'Outre-Cercle en 2022
03:59 aimeraient se rendre visible auprès de leurs employeurs et ne le font pas, ce qui pose
04:03 énormément de problèmes. - C'est un guide que vous avez sorti au mois de février
04:09 et qui montre qu'elles n'osent pas le faire, pourquoi ? - Alors pour énormément de raisons, d'abord puisqu'on parle du monde du travail,
04:16 ça reste difficile d'être une femme dans le monde du travail encore aujourd'hui. - Oui, pas seulement lesbienne, une femme tout court. - Pas seulement lesbienne,
04:24 mais le fait d'être lesbienne rajoute je dirais encore quelque chose de plus complexe.
04:28 Je dois dire que moi-même j'ai longtemps été invisible par choix,
04:33 j'ai toujours été lesbienne, mais j'ai été invisible par choix.
04:37 - Mais c'est vous qui n'en parliez pas en fait. - C'est moi qui avais décidé de ne pas en parler, il y a une autocensure féminine très importante.
04:44 Après il y a une question de génération aussi, je pense que les jeunes générations sont peut-être plus à l'aise.
04:49 Et puis il y a la crainte de discrimination,
04:52 la crainte de discrimination. Dans le monde du travail aujourd'hui, un LGBT+ sur deux n'est pas visible, pas seulement les lesbiennes.
04:59 Et c'est un choix évidemment, mais
05:03 quand on voit que l'enquête montrait que 43% des lesbiennes interrogées souhaitaient le devenir et ne le faisaient pas parce que
05:09 probablement elles considéraient que le monde du travail dans lequel elles étaient n'était pas suffisamment inclusif,
05:14 et je le répète il s'agit en aucun cas d'une injonction à la visibilité, c'est simplement que quand on a
05:20 le pouvoir d'être soi dans le monde du travail, c'est quand même extrêmement important quand on connaît la place de l'informel,
05:26 de la machine à café, si on est toujours dans le silence et qu'on ne raconte jamais rien, on se met à l'écart.
05:33 - Si on ne peut pas parler de sa situation familiale, de son conjoint ou sa conjointe,
05:37 on se coupe de moments sociaux au sein de l'entreprise du travail.
05:42 - Absolument, la vie ne s'arrête pas, la vie personnelle contrairement à ce que certains disent, ne s'arrête pas quand on rentre dans le monde du travail.
05:48 Quand on voit aujourd'hui que dans la même étude, voilà donc je rappelle invisibilité ou invisibilité dans le monde du travail,
05:54 33%
05:57 de lesbiennes renoncent à leur congé d'accueil de l'enfant, c'est énorme.
06:01 - C'est à dire que si la partenaire a eu un enfant,
06:05 la conjointe ne va pas prendre son congé parentalité.
06:09 - C'est ça, c'est 33%, c'est énorme.
06:11 38% qui ne nomment pas leur conjointe sur leur mutuelle,
06:20 en termes de droit social, c'est terrible, ça montre une crainte importante.
06:25 Voir qu'ils ne nomment pas leur conjointe comme référente,
06:30 s'il leur arrive quelque chose.
06:32 - C'est qu'on donne pas le numéro de son partenaire parce qu'on a peur d'être ensuite victime, j'imagine, de discrimination.
06:38 - Absolument, c'est la crainte de discrimination, la crainte de harcèlement,
06:41 la crainte, voilà, c'est quand même très très fort.
06:46 - Donc vous serez demain au village de la marche des fiertés,
06:50 qui est-ce qui vient vous voir au village ? Est-ce que c'est des personnes qui sont issues de la communauté ?
06:54 Est-ce que c'est des parents ? Est-ce que c'est des alliés ? Est-ce que c'est des gens qui ne sont pas
06:58 familiers de cette communauté ?
07:00 - C'est tout le monde, c'est tout le monde, bien évidemment.
07:02 - Vous pouvez continuer, vous faites votre propre projet.
07:04 - Pardon.
07:05 C'est bien évidemment la communauté LGBT+ qui s'intéresse à cette association, mais pas uniquement.
07:11 Effectivement, des parents, des jeunes,
07:14 des personnes qui tout simplement viennent se renseigner et qui ne sont pas obligatoirement
07:18 dans la communauté LGBT+, c'est ouvert à tous et à toutes, et c'est très important.
07:24 - Je crois que vous alliez poser une question, François.
07:26 - Non, je n'ai pas posé une question, il est 7h54.
07:28 - Merci beaucoup, Sylvie Meysel, d'avoir été notre invitée.
07:32 On rappelle que c'est donc demain la marche des fiertés à Montpellier, départ à 16h du Pérou,
07:36 avec un grand apéro de clôture et un drag show.
07:39 Et puis on rappelle la question du jour, est-ce qu'en 2023, la question de l'homosexualité
07:43 est plus acceptée dans la société ? Vous pouvez encore voter sur nos réseaux sociaux et sur l'application,
07:49 et puis nous appeler pour participer au débat avec nos jouteuses,
07:53 puisque ce sont des jouteuses aujourd'hui à 8h15.
07:55 On entend que les choses avancent, mais qu'il reste encore du travail,
07:57 c'est un peu le résumé de l'échange que l'on vient d'avoir avec Sylvie Meysel,
08:01 qui était notre invitée, Sylvie Meysel, coprésidente de l'association L'Autre Cercle.
08:05 La Gay Pride, en tout cas la marche des fiertés, puisque c'est le nouveau nom,
08:08 et a priori c'est important pour notre invité,
08:10 c'est donc demain à partir de 16h depuis la place du Pérou.

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