Berne, au cœur d'une affaire d'espionnage

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00:00 En 1957, un procureur général suisse se donne la mort après avoir été plongé dans une affaire d'espionnage
00:06 mêlant les services de renseignement français, la CIA, des indépendantistes algériens et le gouvernement égyptien.
00:11 L'affaire Dubois est un scandale diplomatique international où la Suisse est sortie de sa neutralité
00:16 en fournissant à la France des informations en pleine guerre d'Algérie.
00:19 Une histoire digne à roman noir adaptée en roman graphique.
00:22 Bienvenue à Bernis d'Espion.
00:27 En 1955, René Dubois est nommé procureur général de la Confédération,
00:31 un poste qu'il le place automatiquement à la tête du contre-espionnage suisse.
00:35 Dubois est plutôt dépressif en fin de carrière, en bout de course.
00:40 Le procureur est approché par un colonel des services secrets français, Marcel Mercier.
00:44 Je crois qu'il faut tenter le coup.
00:45 Mercier qui est le personnage pour lequel on a le moins de documents photographiques.
00:50 Là, il a fallu reconstituer, reconstruire son visage en quelque sorte.
00:55 L'espion avait un grand intérêt à se rapprocher du procureur.
00:58 On est en pleine guerre d'Algérie, donc la France a besoin d'avoir des informations
01:03 sur la façon dont les indépendantistes algériens réfugiés en Suisse communiquaient avec l'ambassade d'Egypte.
01:08 C'est à l'époque où Nasser était le président égyptien.
01:11 Et il y avait là tout un travail, disons, de contact pour organiser la lutte de libération.
01:18 C'est pour ça que du point de vue de Paris, la Suisse, c'était la base arrière du FLN.
01:23 La collaboration de René Dubois avec les français est motivée par la peur d'un nouveau conflit mondial.
01:28 Il est aussi probablement influencé par une idéologie politique plus proche du pouvoir français.
01:33 Problème, Max Ulrich, un inspecteur de la police fédérale suisse qui mélange travail et business,
01:38 fournit lui aussi des informations à Marcel Mercier sans en informer le procureur.
01:42 Tu n'es pas seulement à l'âge de les intraîtres.
01:44 Si je prends Ulrich, un des policiers VE, c'est un peu facile à dire, mais il a vraiment la tranche de mon poids.
01:53 Donc il n'y a pas eu vraiment besoin de forcer sur le caractère, sur les visages, sur les attitudes.
01:59 Le policier vend entre autres des relevés d'appels téléphoniques entre les Américains et les Égyptiens.
02:04 Ce qui, sans surprise, rend furieuse la CIA.
02:06 Ces manigans cébrites parviennent à la presse et provoquent un scandale d'État.
02:10 René Dubois ne le supporte pas et se suicide.
02:13 L'affaire questionne la neutralité suisse dans les conflits de ses voisins.
02:16 Ça a fait un tel scandale, la politique a un petit peu changé et la Suisse qui avait de facto violé sa neutralité,
02:23 ça l'a obligé à redevenir plutôt un lieu de bons offices.
02:29 Cette importante affaire d'espionnage qui pourtant concerne la France est aujourd'hui assez méconnue.
02:34 Il n'y a pas de honte à ne pas savoir.
02:35 On a tout fait pour l'étouffer.
02:37 Comme il y avait à l'époque reconstitution d'une nouvelle coalition gouvernementale qui intégrait les socialistes
02:43 et René Dubois était lui-même socialiste,
02:46 donc le parti socialiste a tout fait aussi pour qu'on pince l'éponge, pour qu'on oublie ce faux pas.
02:52 Donc il y a eu une espèce d'accord où tout le monde a dit "Allez, on règle ça".
02:57 Il y a eu un débat au Parlement qui a duré très peu de temps et ensuite on passe à autre chose.
03:01 Ces événements à Berne étaient donc propices à une adaptation.
03:04 Ils ont permis d'imaginer une atmosphère particulière dans la capitale suisse.
03:08 La tonalité générale était vraiment donnée, c'est sombre, c'est plutôt un univers un peu dépressif.
03:14 J'imaginais même une météo plutôt pluvieuse.
03:18 La ville de Berne en soi comme espace géographique, elle a son caractère.
03:23 Il fallait le retranscrire comme je l'ai fait, par un dessin assez sensible, un peu mouillé comme ça, très sombre.
03:29 Oui non mais enfin c'est joli, c'est joli quand même.
03:31 Ce qui rend cette histoire encore plus rocambolesque, ce sont les rumeurs qui l'entourent.
03:35 Comme celles concernant une potentielle relation entre René Dubois et Elisabeth de Miribel,
03:39 attachée de presse à l'ambassade de France à Berne et ancienne secrétaire du général de Gaulle.
03:43 J'avais trouvé quelques informations de la part d'une voisine, c'était dans le dossier,
03:47 qui disait qu'elle les avait vues ensemble.
03:50 Alors évidemment moi j'ai des amis qui m'ont dit "mais pourquoi t'as pas fait des scènes de glamour,
03:55 voire de sexe comme dans les bons romans d'espionnage au SS-117 ou autre ?"
03:59 On n'a pas poussé plus loin certains événements qu'on aurait pu romancer complètement.
04:05 Dans la deuxième partie du roman, on apprend qu'un procès s'en est suivi,
04:09 celui du policier Max Ulrich qui passe aux aveux.
04:12 Le colonel des renseignements français Marcel Mercier est démasqué
04:15 et devient indésirable en Confédération Helvétique.
04:18 Grâce à l'ouverture des archives dans les années 2000,
04:20 on comprend que le procureur a été manipulé par les services secrets français
04:24 tout en étant surveillé par la CIA et par un espion de l'armée suisse.
04:28 Cette ville était un tenue d'espion ?
04:31 Cette ville était un tenue d'espion ?
04:33 Sous-titrage FR : VNero14

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