• l’année dernière
Une friche coincée entre une caserne militaire et une ligne ferroviaire. Voilà le site qu’avait retenu à Bruz la préfecture d’Ille-et-Vilaine pour y installer un centre d’hébergement temporaire. Le gouvernement souhaite y créer une dizaine de sas d’accueil provisoire sur tout le territoire national pour accueillir des personnes sans-abri venant d’Île-de-France. Dans cette ville du sud de Rennes, où Le HuffPost s’est rendu ce 12 juin, il aurait dû ouvrir en septembre 2023. Mais la préfecture a finalement annoncé ce mercredi 14 juin que le projet était abandonné.

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Transcription
00:00 Donc voilà le site normalement initialement prévu.
00:03 Alors ce que vous avez en face, ce sont les terrains militaires.
00:10 Ici, vous avez la ligne de chemin de fer.
00:12 Le pont qui passe ici, c'est la sortie de Brue qui s'en va vers Rennes.
00:20 Oui, c'est vrai que c'est un site un peu glauque.
00:24 La création d'un centre d'hébergement temporaire ici à Brue fait polémique.
00:29 Le gouvernement souhaite créer une dizaine de salles d'accueil provisoires
00:32 sur tout le territoire national pour accueillir des personnes sans abri
00:36 venant d'Île-de-France.
00:37 Ici, dans cette ville du sud de Rennes, il devrait ouvrir en septembre 2023.
00:41 Mais vous allez le voir, cette décision ne convainc pas le maire,
00:44 qui dénonce un manque de concertation et des conditions d'accueil indignes.
00:48 J'ai été prévenu par un coup de téléphone du secrétaire général
00:54 adjoint de la préfecture le 29 mars, qui m'a indiqué que l'État souhaitait
00:57 installer dans notre commune un sas d'hébergement temporaire
01:01 prévu pour 50 personnes qui resteraient trois semaines et qui ensuite
01:04 partiraient, seraient dispatiées en Bretagne dans les différents départements.
01:08 On a trouvé la démarche un petit peu limite
01:11 parce qu'en fait, on n'a pas vraiment été consulté.
01:13 Le terrain est pollué aux hydrocarbures et aux métaux lourds.
01:17 Pour moi, c'est des conditions indignes d'accueil.
01:19 Ce n'est pas qu'on ne veuille pas accueillir des gens, mais pas dans ces conditions-là.
01:22 À un moment, il faut se poser, il faut aller voir les élus locaux,
01:25 il faut discuter avec les communes.
01:27 Nous, c'est ce qu'on demande.
01:29 Alors, on a posé la question à la préfecture.
01:38 Vous pensez bien, on a dit qu'est-ce qui se passe
01:41 si effectivement, on se retrouve dans cette situation-là ?
01:44 Et la réponse qui nous a été donnée est un peu buesque aussi.
01:47 C'est de nous dire Madame, le Premier ministre a reçu le maire de Saint-Brévin-les-Pins.
01:52 Et suite à cet entretien, tous les maires de France
01:54 vont recevoir un courrier pour expliquer ce qui s'est dit
01:58 et les mesures qui pourraient être prises.
01:59 Sauf qu'aujourd'hui, moi, je n'ai pas reçu ce courrier.
02:01 Et puis, je me vois mal face à des extrémistes de droite
02:05 qui veulent s'en prendre à moi, sortir le courrier et dire
02:10 "Regardez, moi, j'ai un courrier, donc il ne peut rien m'arriver avec ce courrier."
02:13 Vous voyez, ce n'est pas sérieux.
02:15 Ce sont des réponses qui ne sont pas sérieuses.
02:17 Mais côté association, le projet fait également débat.
02:20 Jean-François Durand, président d'Association Réfugiés de Brue,
02:24 s'interroge quant au caractère temporaire du projet.
02:26 Vous imaginez à chaque fois des changements comme ça,
02:30 des adaptations à faire.
02:32 On ne parle même pas de scolarité, parce que dans ces cas-là,
02:35 qu'est-ce que ça va devenir ?
02:37 Et puis aussi, la question fondamentale, c'est l'hébergement.
02:40 Mais aujourd'hui, on est complètement saturé.
02:42 Comment on peut héberger déjà des personnes qui arrivent de l'extérieur,
02:45 sachant que sur place, on n'arrive pas déjà à héberger les gens qui sont...
02:49 Il y a des centaines de personnes qui sont à la rue.
02:50 [Musique]
03:01 Je trouve honteux de déplacer des personnes
03:05 pour une vie déjà pas simple,
03:07 et de les mettre en bord de voies ferrées,
03:11 sur un terrain qui est super pollué.
03:14 Enfin c'est... Non.
03:16 Je ne conçois pas.
03:17 Enfin moi, ça me révulse en fait.
03:20 Non, il faut trouver...
03:21 On a plein d'autres terrains abrus.
03:23 Donc qu'on les mette sur un terrain verdoyant,
03:27 ou... Enfin voilà.
03:28 Que leur estime de soi aussi ne soit pas mise non plus...
03:35 Enfin voilà, on les met plus bac terre encore.
03:38 Je ne suis pas tout à fait d'accord.
03:41 Parce que... Ou alors...
03:43 Parce qu'ils ne respectent pas au début, c'est très bien.
03:47 Et puis après, ils ne respectent plus rien.
03:49 Vous vous redoutez un petit peu que ça va créer des problèmes ?
03:51 Ben... Oui, un peu quand même.
03:54 Il y a toujours des gens qui vont respecter,
03:56 d'autres qui ne vont pas respecter, d'autres qui...
03:57 Voilà, et puis ça attaque souvent les personnes âgées,
04:01 ou... Voilà, maintenant...
04:02 Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas.
04:04 Ce n'est pas facile.
04:05 Si vous voulez, sur le principe,
04:07 il faut pouvoir accueillir les gens.
04:09 Maintenant, il y a différentes choses.
04:12 Il faut pouvoir les accueillir dans un espace décent.
04:15 Et je ne pense pas que la zone qui a été identifiée
04:19 pour les accueillir soit un lieu décent.
04:23 Et ensuite, il aurait peut-être fallu aussi demander l'avis de la population
04:28 avant d'imposer ça aux gens.
04:30 Donc, tout cela, ça se bâtit.
04:33 Et tout cet équilibre-là, il est extrêmement fragile aujourd'hui.
04:36 On sait très bien que ça peut basculer.
04:38 Une structure comme ça qui arrive peut très bien déstabiliser
04:40 et puis faire rejaillir un certain nombre de...
04:44 de...
04:46 de choses qui ne sont pas très positives
04:49 et qui peuvent être aussi...
04:51 pas forcément toujours violentes, mais voilà.
04:54 Même des propos, des regards.
04:56 Et ça va pas aller très vite.
04:57 La peur, vous savez, ça va pas aller très vite.
04:59 Et ça peut basculer.
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