Inculpation de Donald Trump : «Il utilise les événements pour les retourner en sa faveur», estime Olivier Piton

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Olivier Piton, avocat en droit public aux États-Unis et élu à l'Assemblée des Français de l'étranger, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur la comparution de Donald Trump devant la Justice américaine. L'ancien président est accusé d'avoir conservé des documents classifiés après son départ de la Maison-Blanche.
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Transcript
00:00 Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'avocat Olivier Piton.
00:05 Ah non, l'atorni Olivier Piton, puisqu'il est avocat, effectivement,
00:09 et un avocat ça se dit atorni aux Etats-Unis, en droit public aux Etats-Unis, donc à Washington.
00:14 Bonjour Olivier Piton !
00:15 Bonjour !
00:16 Bienvenue sur Europe 1, je précise que vous êtes aussi élu à l'Assemblée des Français de l'Étranger,
00:20 essayiste, vous suivez l'actualité américaine de très près.
00:23 Alors il n'y a finalement pas eu d'émeute hier soir à Miami en Floride,
00:28 où Donald Trump a comparu devant un tribunal fédéral.
00:32 Il a été inculpé pour 37 chefs d'accusation, dont violation de l'espionnage, acte, c'est passible de prison.
00:38 Alors ce fut un spectacle évidemment, mais est-ce un événement politique important ?
00:43 Vous nous le direz, mais peut-être pour commencer, Olivier Piton,
00:47 que reproche-t-on exactement à Donald Trump ?
00:50 Qu'est-ce qu'il y a dans cet acte d'accusation ?
00:53 Alors en fait, tout part d'une loi qui date de 1978 qui s'appelle le Presidential Record Act
00:59 et qui oblige les présidents américains sur le départ à laisser,
01:04 à abandonner l'ensemble de leurs archives et de les remettre à l'administration suivante et au président suivant.
01:13 Il s'avère que dès le mois de janvier 2021,
01:17 le FBI avait demandé à Donald Trump de remettre les documents qui étaient à sa disposition, en sa possession.
01:25 Qu'il en a remis une partie au mois de mars, qu'il en a remis une autre partie au mois de juin
01:31 et que le FBI, estimant qu'il n'y avait pas suffisamment de documents remis,
01:37 avait effectué la fameuse perquisition le 8 août dernier afin de récupérer pas loin de 11 000 documents
01:45 et d'avoir découvert qu'effectivement Donald Trump avait dans sa résidence de Mar-à-Largo
01:51 un certain nombre de documents qui normalement auraient dû être remis aux autorités américaines
01:57 et c'est cela qu'on lui reproche et il risque jusqu'à 40 ans de prison pour cela.
02:03 Voilà en gros comment il posait le décor.
02:05 Alors voilà, avec des documents très sensibles sur l'Iran, sur la Chine, sur la défense nucléaire des États-Unis,
02:10 des documents qui parfois brandissaient devant des proches, qu'il laissait traîner au club de Palm Beach.
02:17 Et alors malgré ça, malgré les évidences, Donald Trump a plaidé non coupable, il est ressorti libre du tribunal.
02:25 Comment c'est tenable juridiquement tout ça, Olivier Piton ?
02:28 Il y a une petite faille juridique dans cette fameuse loi de 1978
02:34 qui permet au président d'auto-déclassifier les documents.
02:39 Et c'est la défense, en tout cas c'est l'un des aspects de la défense proposé par Donald Trump jusqu'à présent,
02:44 c'est de dire qu'il avait lui-même déclassifié les documents qui n'étant plus des documents sensibles,
02:49 susceptibles d'être remis aux autorités à l'administration suivante
02:53 et que donc il était possible pour lui de les garder.
02:56 La défense est faible mais elle existe, le jury qui va se réunir et qui va examiner l'inculpation
03:05 va effectivement décider s'il convient de le condamner ou non.
03:11 Mais en tout cas sa défense se fonde sur ce premier point.
03:14 Le deuxième étant que la défense de Donald Trump accuse également d'autres personnalités,
03:20 à commencer par Joe Biden, d'avoir également conservé des documents
03:23 et que donc en gros on lui fait un procès politique.
03:26 Mike Pence aussi, l'ex-vice-président de Donald Trump, lui aussi,
03:30 on a eu des trouvailles embarrassantes, des documents qu'il n'aurait pas dû emporter.
03:34 Et Hillary Clinton aussi, on peut citer en 2016,
03:38 qui elle, échangeait des informations confidentielles sur une messagerie grand public
03:42 alors qu'elle n'avait pas le droit.
03:44 Bref, il y a quand même une question sur la pratique du secret
03:46 au plus haut niveau de l'état des États-Unis.
03:49 Je voudrais qu'on s'intéresse, Olivier Pitton, aussi sur l'accusateur de Donald Trump, Jack Smith.
03:53 C'est une figure importante du dossier.
03:56 Toute la mission pour lui va être de prouver qu'il n'est pas en service commandé
04:01 par la Maison-Blanche ou le camp démocrate dans cette affaire.
04:04 Qui est cet homme, Jack Smith, Olivier Pitton ?
04:07 Alors, Jack Smith, c'est un procureur spécial.
04:10 Pourquoi c'est un procureur spécial ?
04:11 Parce que quand on s'attaque, quand on met en examen ou on inculpe le patron de l'administration,
04:18 qui est le président des États-Unis, forcément il ne peut pas y avoir de conflit d'intérêt.
04:22 Donc on a nommé non pas un procureur qui dépendrait directement et hiérarchiquement du président,
04:28 mais un procureur spécial qui est détaché et qui va pouvoir enquêter sur l'ex-président des États-Unis.
04:35 Jack Smith a une carrière assez intéressante.
04:38 Mais ce qui retient surtout l'attention, c'est qu'évidemment, en tant que procureur spécial,
04:42 il est nommé par l'administration Biden, il est nommé par Merrick Garland,
04:47 qui est l'un des ministres de Joe Biden.
04:50 Et donc, évidemment, l'une des failles, justement,
04:55 et c'est peut-être le point actuellement le plus important, l'un des aspects qui ressort,
04:59 c'est en fait la délégitimation de la justice américaine.
05:02 C'est-à-dire le fait qu'aujourd'hui, une partie de la population américaine
05:05 ne reconnaît plus la justice comme étant véritablement impartiale.
05:11 Et donc Jack Smith, pour essayer de conserver une certaine objectivité, il a fait deux choses.
05:19 La première, c'est qu'il a délocalisé le procès de Washington,
05:25 qui est à majorité démocrate, vers Miami, qui est à majorité républicaine.
05:29 Et il a nommé Eileen Cannon, qui est la juge du tribunal de district,
05:33 qui elle, est relativement proche, voire même très proche de Donald Trump.
05:37 - Ah bah oui, elle avait été nommée par lui-même. - Mais est-ce que ce sera suffisant ? On n'en est pas là.
05:40 - Oui, elle avait été nommée par Donald Trump, carrément, cette juge Eileen Cannon.
05:43 - Absolument, elle avait été nommée par Donald Trump.
05:45 Et elle avait même été plus loin que cela, puisqu'elle s'était opposée, justement,
05:52 à la première inculpation de Donald Trump sur ces fameux fichiers
05:58 portant problème sur la sécurité nationale des États-Unis.
06:02 - Dernière question, Olivier Pitton, rapidement.
06:04 Donald Trump, il a l'air complètement immunisé au scandale.
06:07 Est-ce que l'infamie judiciaire, pour lui, pourrait même dire
06:10 que ce n'est pas quelque part un carburant électoral,
06:12 en vue des primaires du camp républicain et de la présidentielle américaine l'an prochain ?
06:18 - Écoutez, on a une véritable imprimante.
06:20 C'est-à-dire qu'on a les copies des procès qui s'accumulent les uns après les autres.
06:24 Là, on est quand même sur un cas un peu particulier,
06:26 puisque c'est la première inculpation à un niveau fédéral.
06:29 Et c'est la première fois dans l'histoire des États-Unis
06:31 qu'un ex-président est inculpé au niveau à l'échelon fédéral.
06:35 Donc, c'est déjà quelque chose de relativement exceptionnel.
06:39 Ce qu'il faut remarquer, c'est que non seulement la base républicaine
06:43 ne lâche pas Donald Trump, mais elle a plutôt tendance à faire corps autour de lui.
06:47 Ses principaux opposants, à commencer par Ron DeSantis,
06:49 a même apporté son soutien.
06:51 Alors, pas directement, ils en sont, c'est ce que je disais tout à l'heure,
06:54 plutôt à critiquer la justice plutôt qu'à défendre Donald Trump.
06:57 Mais au bout du compte, ça revient au même.
06:59 Et donc, Donald Trump a gagné entre 20 et 30 points
07:03 dans l'électorat républicain vis-à-vis de ses principaux opposants.
07:07 En particulier, Ron DeSantis, vis-à-vis duquel il mène actuellement,
07:13 d'à peu près une trentaine de points.
07:14 C'est-à-dire que plus les affaires judiciaires vont se développer,
07:18 plus Donald Trump va avoir de chances de remporter la première manche,
07:21 qui est la manche des primaires républicaines.
07:23 Après, on verra.
07:24 Mais en tout cas, incontestablement, il s'en sert extrêmement bien.
07:28 Tel un judoka, il utilise les événements pour les retourner en sa faveur.
07:33 Merci beaucoup de vos lumières, Olivier Piton,
07:36 donc àtorni avocat et partenaire au cabinet,
07:40 Piton de Gillespie à Washington.
07:42 Bonne journée à vous.

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