18 avril 2014. Les policiers de Visé, en Belgique, sont appelés pour des coups de feu dans une rue réputée tranquille. Deux banquiers, Benoît Philippens, 36 ans, et sa femme Carol, 38 ans, sont grièvement blessés. Ils étaient accompagnés du filleul de cette dernière, Esteban, 9 ans, atteint d’une balle. Aucun d’eux ne survivra. Avant de mourir, malgré de grandes difficultés pour s’exprimer, Carol parvient à raconter aux enquêteurs les secondes qui ont précédé l’acte : Il est arrivé près de mon mari, il lui a dit: Tu me reconnais ? et ensuite il a tiré... En suivant la piste du règlement de compte, les enquêteurs découvrent que Benoît et Carol s’étaient fait de nombreux ennemis. En effet, le mari, grand séducteur dans l’âme, faisait des avances appuyées à ses collaboratrices et même à des clientes ! Mais ce n’est pas tout. Au moment du drame, un litige opposait les victimes à deux clients qui s’étaient retrouvés très endettés à la suite du refus d’un prêt de 175 000 euros. Alors, qui en voulait aux époux Philippens au point de les exécuter froidement ?
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00:00 Ce soir d'avril 2014, avisé au nord-est de la Belgique, un couple va bientôt mourir.
00:08 Carol Head et Benoit Philippins rentrent d'un dîner entre amis, avec eux dans la voiture, le petit Esteban, 9 ans, le filleul de Carol.
00:22 C'est la première fois qu'il est autorisé à dormir chez sa marraine, et terrible coïncidence, c'est exactement ce soir-là qu'un mystérieux individu a décidé de s'en prendre à Benoit et Carol.
00:36 -Ils stationnent la voiture dans l'allée de la maison. Là, ils sortent tranquillement après une bonne soirée. Et puis là, il y a quelqu'un qui les attend, tapis dans l'ombre.
01:00 Sandrine Sinov venait de passer la soirée avec le couple Philippins. Elle est la dernière personne à les avoir vus en vie.
01:10 -On était avec eux juste avant. On n'a rien vu au restaurant, il y a rien de suspect. Voilà, c'est... Le monde s'écroule, quoi.
01:20 -Et puis il y avait Esteban, donc on se dit "Un enfant aussi, là-dedans, c'est encore... Qui ose faire ça à un enfant ?"
01:27 Voici l'histoire d'un jeune garçon qui va se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Et d'un couple qui s'était fait beaucoup d'ennemis au point que l'un d'eux décide de les tuer.
01:42 -Ça nous fait quand même penser à une exécution.
01:46 -C'est pas possible. Dans les films, oui, mais en réalité, on prend pas la vie de 3 personnes, dont un enfant, pour du fric.
01:56 -Ça ressemble donc à tous les signes, un, de la culpabilité et deux, de la préméditation.
02:02 -On veut le faire passer pour un monstre et il ne l'est pas.
02:06 *Musique épique*
02:32 -Quand on arrive sur place, on prend toutes les précautions d'usage, à savoir progresser tactiquement vers le lieu des faits, c'est-à-dire arme au point, puisqu'on signale quand même des blessés par balles et on ne sait pas si l'auteur est toujours sur place.
02:44 En fait, le tireur a déjà pris la fuite et laissé derrière lui un vrai carnage.
02:53 -Juste à côté du véhicule, 3 corps sont allongés.
02:56 -3 victimes sur quelques mètres, des douilles, énormément de sang. Pour moi, c'était une scène de guerre.
03:03 *Musique épique*
03:07 -J'aperçois immédiatement le corps, un premier corps, qui est le corps d'un enfant. Vu l'ampleur des blessures, la seule chose que je fais, c'est poser ma main sur lui et lui dire que les secours arrivent et qu'on est là.
03:18 *Musique épique*
03:24 Après quelques minutes qui semblent une éternité, les ambulanciers prennent en charge Esteban. Le petit garçon est touché à la tête, il a perdu beaucoup de sang.
03:35 *Musique épique*
03:40 -On essaie de récupérer un pouls. On fait tout ce qu'on peut à ce moment-là.
03:45 -Malheureusement pour le petit garçon, on voit bien que son état est absolument désespéré et on ne pourra rien faire pour le sauver.
03:53 *Musique triste*
03:59 L'enfant décède sous les yeux impuissants des secouristes et des policiers.
04:04 *Musique triste*
04:09 Mais pour Carole Head et son époux Benoit Philippins, il n'est peut-être pas encore trop tard.
04:17 -La dame, elle est en état de choc mais elle est encore consciente.
04:21 *Rires*
04:23 -Elle crie qu'elle a mal, elle crie qu'elle a peur.
04:26 -Elle est blessée au dos, ça se voit de par sa position.
04:31 Pourtant, Carole va puiser dans ses dernières forces pour faire aux policiers une révélation capitale.
04:39 En effet, elle a clairement entendu ce que le tireur a dit à son époux Benoit juste avant d'ouvrir le feu.
04:47 -Elle me dit donc "il est arrivé près de mon mari", il lui a dit "tu me reconnais" et ensuite il a tiré.
04:53 *Tir*
04:56 -Ce qui induit la question suivante du policier à Carole "et vous, est-ce que vous l'avez reconnu, est-ce que vous le connaissiez ?"
05:03 Et elle répondra "non".
05:05 Benoit Philippins est donc le seul à connaître l'identité du tireur mais il est impossible de l'interroger.
05:14 -Au moment où les ambulanciers vont le prendre en charge, il est déjà inconscient.
05:19 *Tir*
05:20 -Il est quasiment en état de mort cérébrale.
05:23 *Musique*
05:26 -Il va décéder dans l'ambulance.
05:28 *Musique*
05:33 -Alors que Carole, elle, va arriver encore vivante.
05:36 -Et on va aller jusqu'à la salle d'opération et la table d'opération et on va encore une fois, pendant plusieurs heures,
05:43 essayer de la sauver avant que malheureusement elle ne décède sur la table d'opération dans le courant de la nuit.
05:48 *Musique*
05:53 Christian, le père de Carole Head, n'oubliera jamais cette nuit où il a été réveillé en sursaut par un policier.
06:01 *Musique*
06:02 -On frappa la porte.
06:03 *Toc toc toc*
06:05 -Et y'a un gars là qui me dit "vous êtes bien le papa de Carole Head ?"
06:12 -Ben je dis "oui" parce que votre fille a été prise dans une fusillade.
06:16 -J'ai dit "une fusillade, elle a été blessée ?"
06:19 -Et puis elle me dit "ben non, elle est tuée et son mari aussi et sa fille elle."
06:27 *Musique*
06:30 -Sonia, la soeur aînée de Carole, se souvient aussi d'avoir traversé les heures qui ont suivi l'annonce du meurtre comme si elle nageait en plein cauchemar.
06:40 *Musique*
06:42 -On se dit "c'est pas possible" dans les films oui mais en réalité, tirer comme ça dans...
06:49 -Oui c'est vraiment... tout s'écroule, oui.
06:54 -On se demande ce qui se passe.
06:56 -Pourquoi est-ce qu'on lui en voudrait pour la battre comme ça ?
07:00 *Musique*
07:05 Pour comprendre ce qu'il s'est passé ce soir-là à Visée, les enquêteurs vont recueillir un témoignage capital.
07:12 Celui d'une femme.
07:14 Elle déclare avoir aperçu de sa fenêtre un individu suspect sur la scène de crime.
07:20 -Les policiers trouvent rapidement une voisine qui, alertée par les coups de feu, a vu une silhouette dans le noir.
07:29 -Qu'elle va décrire d'un point de vue vestimentaire habillée en sombre.
07:34 -De petite taille, une silhouette de petite taille, prend de la fuite, traversée la rue.
07:38 Les policiers semblent avoir tapé à la bonne porte car un autre témoin providentiel a également une information de taille à livrer.
07:48 -Et le mari de cette voisine lui dit qu'il a vu dans la foulée une voiture démarrer tout feu éteint.
07:55 -C'est une berline sombre.
07:57 Malgré tout, la description du tireur et de sa voiture n'est pas assez précise.
08:05 Alors pour remonter jusqu'à lui, les enquêteurs vont bénéficier d'un coup de pouce.
08:11 En effet, dans ce quartier résidentiel où les habitants sont très préoccupés par leur sécurité, des caméras ont filmé une partie de la scène.
08:25 -Et les caméras de surveillance ont effectivement pu saisir des images des véhicules qui arrivent vers les lieux dans l'heure qui précède l'effet.
08:37 -Il y a une voiture qui est arrivée peu de temps auparavant, qui s'est installée en face de la maison et cette voiture là visiblement attend.
08:46 Nous avons reconstitué les images découvertes par les policiers.
08:55 A 21h48, une berline sombre arrive sur les lieux du drame.
09:02 30 minutes plus tard, à 22h18, c'est au tour de la voiture de Benoit Philippins de ralentir à proximité de son domicile.
09:13 Moins de 2 minutes plus tard, la berline sombre repart tout feu éteint.
09:24 Entre temps, le conducteur aurait donc abattu Carole, Benoit et Stébal.
09:33 Malheureusement, le triple meurtre s'est déroulé en dehors du champ des caméras et sur les vidéos, impossible d'identifier formellement la voiture.
09:46 -L'image de ce véhicule suspect ne permet pas de distinguer ni l'immatriculation et encore moins le conducteur.
09:53 Mais l'analyse de ces images va tout de même révéler un élément précieux, le modèle de la fameuse berline sombre.
10:01 -On sait maintenant qu'il circule à bord d'une BMW Série 5.
10:07 Et ce n'est pas tout. L'autopsie des 3 victimes permet d'en savoir plus sur les circonstances du triple meurtre.
10:25 Ce qui ne laisse aucun doute sur les intentions du tireur.
10:31 -Benoit Philippens a reçu 3 balles.
10:37 -Carole Haid a, elle aussi, reçu 3 balles.
10:42 -Et Stéban, lui, a eu une balle dans la tête.
10:47 -Donc 7 munitions, toutes ont touché au but.
10:53 -Quand on tire au 9mm sur une personne à faible distance au niveau supérieur du corps, c'est fait pour tuer.
11:00 -Ca nous fait quand même penser à une exécution.
11:05 Dès les premières heures de cette affaire, tout porte donc à croire qu'une vengeance serait à l'origine du drame.
11:12 Seulement Benoit Philippens et Carole Haid étaient-ils vraiment la cible de cette exécution ?
11:19 Pour les proches, il s'agit forcément d'une terrible erreur. Car à les écouter, rien dans la vie du couple ne laissait présager une mort si violente.
11:31 Carole et Benoit se rencontrent en 2009. Tous les deux travaillent dans la même banque.
11:43 Carole, qui sort d'un divorce difficile, ne s'attend plus aux coups de foudre. Pourtant, elle tombe instantanément sous le charme de Benoit, son patron.
11:55 -Ils avaient été mariés tous les deux déjà avant et ils s'étaient relancés dans un second mariage.
12:02 -Je me dis que c'est vraiment bon, voilà, elle l'a fait parce qu'elle est sûre.
12:09 -Le mariage était assez vite, c'était un mariage bien réussi. Au mariage, on va dire qu'ils étaient fort amoureux.
12:16 -Elle avait l'air très très heureuse avec lui, donc oui, amoureuse, c'est certain.
12:22 Carole et Benoit forment un couple uni, très attaché aux valeurs de la famille.
12:29 -C'était un couple très gai, très souriant, toujours ouvert aux autres, toujours pour faire la fête, pour rassembler la famille.
12:38 -D'ailleurs, tous les dimanche soir, on se retrouvait ici, donc toute la famille soupait toujours ici.
12:46 Mais alors que le couple rêve de fonder sa propre famille, tout ne se passe pas exactement comme prévu.
12:54 -Pour moi, ils désiraient vraiment un enfant. Je pense que le projet bébé était vraiment dans leur ligne de mire.
13:04 -Elle devait se faire opérer au mois de juin pour pouvoir, si elle avait des problèmes, pour pouvoir concrétiser le bébé, je vais dire.
13:12 En attendant de devenir maman, Carole reporte son amour sur son filleul Esteban, 9 ans, le fils d'une de ses amies.
13:21 Elle entretient avec lui une vraie complicité.
13:25 -C'était un petit garçon très précieux, tout doux, tout calme. Voilà, un petit garçon très souriant, très poli, vraiment un enfant agréable.
13:36 -Carole était une très bonne marraine. Elle n'oubliait jamais les anniversaires de son filleul.
13:45 Seulement les policiers vont découvrir que derrière cette image du couple amoureux fou se cache une toute autre réalité.
13:56 En fait, Benoît Philippins était loin d'être le mari parfait.
14:03 Le mari de Carole Ed
14:07 En fouillant dans la vie du directeur de banque, les enquêteurs mettent à jour une facette de sa personnalité à milieu du portrait brossé par ses proches.
14:21 -Et là, les enquêteurs découvrent que Benoît n'est pas si lisse que ça.
14:29 Alors qu'il est marié à Carole Ed depuis deux ans, Benoît Philippins serait un épouvolage.
14:37 La police interroge des collègues de travail et des clientes du banquier et beaucoup rapportent des comportements déplacés.
14:46 -Benoît est un grand séducteur, il ne peut pas s'empêcher de séduire. Sur son lieu de travail, plusieurs personnes ont révélé qu'elles avaient déjà reçu des propositions de Benoît, mais qu'il était parfois un peu assistant sur ce côté là.
15:01 En 2013, Sandra Chandel s'est retrouvée face à Benoît Philippins et elle se souvient d'avoir été très mal à l'aise.
15:11 Ce jour là, cette mère de famille a rendez-vous avec le directeur de l'agence. Elle vient de perdre son compagnon et elle doit régler la succession.
15:22 -Je trouve que c'est un homme très avenant, très élégant, poli, vraiment très bien d'un premier abord. Donc il m'emmène avec lui dans son bureau privé.
15:39 Et très vite, l'entretien prend une tournure pour le moins gênante pour Sandra.
15:45 -Il me regarde des pieds à la tête pendant toute la durée de l'entretien, mais de manière très soutenue.
15:56 -Quand on s'amasse sur le décolleté, alors parfois il baisse la tête pour regarder en dessous de la table les jambes et puis revient sur le décolleté.
16:08 -Je vous dis, il ne vous regardait jamais dans les yeux, jamais, jamais, jamais.
16:13 -Il avait envie de nous manger, voilà. C'était ça qu'on ressentait. On était la proie et il était le chasseur.
16:26 Si Sandra n'a pas cédé aux avances de Benoît, en revanche d'autres femmes ont été plus sensibles à son charme.
16:34 -On a pu mettre à jour par la simple recherche informatique et analyse des messages envoyés avec son téléphone ou son ordinateur, des mails, etc.
16:46 -Qu'il avait eu une multitude de liaisons extra-conjugales, enfin en tout cas des liaisons avec notamment les collègues de travail.
16:54 Pour les proches du couple, déjà très affectés, la découverte de ces multiples aventures est un nouveau coup de massue.
17:03 -On est tourbés des nues, je veux dire, tout le monde, on s'est dit c'est pas le Benoît qu'on connaît.
17:11 -Parce que ce n'était pas qu'une aventure, c'était beaucoup d'aventures et même encore à l'heure actuelle c'est difficile de croire que Benoît ait pu faire ça.
17:22 Alors les policiers se demandent si un mari jaloux n'aurait pas décidé de supprimer ce banquier trop entreprenant.
17:35 Pendant des semaines les suspects vont défiler dans le bureau des enquêteurs.
17:42 -Ils ont entendu des anciennes compagnes de Bena Philippines, ils ont entendu même parfois les conjoints de ces compagnes parce que le mobile évidemment de la vengeance pouvait jouer.
17:55 -Et tous vont présenter un alibi qui sera vérifié et qui collera donc en fait ce n'est pas un mari jaloux qui a tué ce couple et cet enfant.
18:10 Pas un mari jaloux donc mais peut-être un collègue.
18:14 Car au sein de son agence bancaire le jeune directeur de 36 ans s'était mis à dos beaucoup de monde.
18:22 -Il paraît qu'il était assez sévère dans son domaine à la banque.
18:29 -Quand on le parle à faire il sait ce qu'il doit faire donc lorsque je lui donne une ligne de conduite il n'est pas là pour jouer aux billes.
18:38 -Il met des fois un peu la pression je sais bien pour arriver au résultat qu'il fallait.
18:44 -Si vous êtes gérant vous avez aussi la discipline vous engagez vous licenciez.
18:51 -Donc on a cherché s'il n'avait pas pu au sein du personnel de la banque se faire des ennemis.
19:00 Ces collaborateurs vont être longuement auditionnés leurs alibis passés au crible là encore sans résultat.
19:08 Mais ces investigations au sein de la banque vont tout de même finir par payer.
19:13 -En fouillant dans les dossiers ils vont découvrir un couple qui avait sollicité un crédit les choses étaient extrêmement mal passées.
19:24 Les enquêteurs tiennent peut-être la clé de l'énigme car vous allez voir qu'en refusant un prêt à deux de leurs clients Benoît et son épouse Carole ont en fait brisé les rêves d'une famille.
19:36 Voici Anna Maria Troiano.
19:47 Lorsque la jeune femme d'origine sicilienne rencontre Amédéo sur les bancs de l'école elle n'imagine pas qu'il va devenir l'homme de sa vie.
19:57 -On est tombé amoureux et puis on s'est marié sur la suite à nos 18 ans.
20:04 -Je suis tombée enceinte de ma grande et donc on a un petit peu accéléré les choses mais ça faisait longtemps qu'on se connaissait aussi donc on savait vers quoi on voulait aller ensemble.
20:16 Au fil du temps la famille s'agrandit.
20:18 Pendant des années le bonheur du couple est total jusqu'en 2002.
20:24 Pour Amédéo c'est une année noire le père de famille manutentionnaire dans une usine de métallurgie enchaîne les coups durs.
20:33 -Son usine est délocalisée ce qui fait qu'il perd également son emploi.
20:38 -Donc il a arrêté de travailler et il a perdu aussi après peu de temps son grand père et tout qui était fort attaché et avec tout ça moralement il n'a pas été bien.
20:48 C'est alors que dans le couple les rôles s'inversent.
20:52 Anna Maria renonce à être une mère au foyer et pour subvenir aux besoins de sa famille elle ouvre son salon de coiffure.
21:01 Amédéo de son côté s'occupe des enfants.
21:07 -C'est un papa pour lui déjà quand le petit il était né c'était lui beaucoup qui se préoccupait et lui donner à manger, prendre son bain, aller chercher les filles à l'école, le matin c'était lui qui faisait tout.
21:19 -Les Troiano sont une famille assez unie assez solide et voilà le cocon familial représente beaucoup pour eux.
21:28 Anna Maria et Amédéo remontent la pente mais tout vole en éclat lorsqu'ils vont croiser la route de Carole et Benoît Philippins.
21:38 Comme le salon de coiffure marche très bien le couple voit les choses en grand.
21:46 Pour concrétiser leurs rêves ils frappent à la porte de l'agence BNP de Visée où travaille Benoît Philippins et sa femme Carole.
21:55 -On voulait ouvrir un deuxième salon mais pas simplement un salon on voulait s'ordre de bien-être avec solarium esthétique compris.
22:03 Reçus par Carole les Troiano sollicitent un prêt de 175 000 euros.
22:09 De quoi signer le bail de leur nouveau local, lancer les travaux et couvrir l'achat onéreux de cabine à UV.
22:17 Le projet est ambitieux mais cela ne semble pas poser de soucis.
22:23 -Ils ont obtenu assez rapidement un accord de principe verbal sur l'accord d'un prêt pour financer leur projet.
22:32 -C'est vrai que c'était un accord verbal et sur la suite comme c'était les congés ils nous ont dit qu'on pouvait déjà commencer le projet et que le reste allait arriver.
22:43 -Sauf que la banque à un moment donné s'est marche arrière.
22:51 Carole qui s'était engagée oralement auprès du couple Troiano se retrouve dans une position délicate.
22:58 Elle se tourne donc vers Benoît son mari et le directeur de l'agence prend la main sur ce dossier épineux.
23:07 -Monsieur Benoît Philippins est son supérieur donc forcément à un moment donné il essaye de faire en sorte que le contrat puisse se passer.
23:17 -Mais la hiérarchie considère que le couple Anna Maria et Amédéo n'ont pas les reins suffisamment solides pour emprunter une telle somme d'argent et donc vont refuser de leur accorder leur crédit.
23:31 -On est mal parce qu'on se dit qu'on est lancé dans un projet que tout a démarré et que on est perdu on se dit qu'est ce qu'on va faire quoi.
23:43 Les Troiano ont déjà investi près de 50 000 euros dans ce deuxième salon de coiffure.
23:48 Alors pour eux ce refus c'est le début de la descente aux enfers.
23:59 -Ils se sont engagés financièrement sur la deuxième affaire mais ça va leur coûter la première affaire c'est à dire que faute de financement de la banque ils peuvent même plus payer leur charge et leur loyer du premier salon de coiffure qui marchait très bien.
24:14 Pour éponger les dettes le couple Troiano est même contraint de vendre leur maison et de déménager.
24:23 -Ils habitent chez les parents de monsieur Troiano avec leurs propres enfants donc tout le monde vit dans la même maison pour limiter justement les dépenses c'est bien la preuve que la situation est délicate.
24:35 Totalement sur la paille Anna Maria et Amédéo assignent la banque en justice.
24:44 Pendant de longs mois ils vont se battre pour obtenir gain de cause et en juin 2013 le couple est tombe.
24:53 -Finalement le couple sera débouté.
24:56 -Ils n'avaient pas d'accord écrit c'était juste un accord verbal qui ne vaut rien ils ont été juste trop vite dans leurs investissements.
25:05 -Les policiers voient en eux des suspects magnifiques ils ont un vrai mobile.
25:14 Anna Maria et Amédéo Troiano auraient-ils exécuté froidement leurs banquiers Carole et Benoit Philippins pour se venger de ne pas avoir eu leur prêt.
25:27 Esteban, 9 ans est-il une victime collatérale ? L'hypothèse est séduisante.
25:37 L'enquête se concentre sur Amédéo Troiano car en plus de ses déboires judiciaires avec la banque les policiers vont découvrir que l'homme n'est pas un enfant de coeur.
25:49 -Il a déjà été condamné pour des faits de violence de violences graves on parle de fait de banditisme on parle d'un carjacking donc de braquage en automobiliste et donc il s'est probablement manié une arme.
26:03 Et ce n'est pas le seul élément accablant pour le père de famille.
26:07 -Les policiers vont s'intéresser aux véhicules d'Amédéo Troiano on se souvient que le soir des faits par la vidéo on avait vu une BMW.
26:18 -Il y a une corrélation entre cette voiture là et la voiture utilisée par Troiano qui est une BMW 5 ancien modèle.
26:28 Tout aussi compromettant il y a ce sms retrouvé dans le téléphone portable de Carole Head la banquière.
26:36 Un message de menace envoyé par Amédéo Troiano qui laisse penser qu'il souhaitait se venger suite au refus du prêt.
26:45 Ce texto le voici.
26:50 -Madame Head juste une simple question pourquoi je suis dans cette situation dites le moi car il y va de la santé de tout le monde je pense que vous avez très bien compris.
26:59 -C'est une menace à peine à peine voilée c'est en gros démerde toi pour avoir mon crédit sinon sinon ça va le signer.
27:07 -Oui les éléments s'accumulent contre Troiano il conduit une BMW série 5 sombre.
27:19 -Il y a le sms de menace.
27:21 -Il a un mobile le crédit refusé.
27:24 -Donc tout ça ne joue pas en sa faveur.
27:28 Le 13 mai 2011 soit trois semaines après la tuerie survenue à Visée.
27:35 Les policiers se présentent au domicile des parents d'Amédéo Troiano.
27:40 Cette visite au petit matin Anna Maria s'en souvient comme si c'était hier.
27:48 -Ils ont toqué à la porte et ils sont rentrés peut-être une dizaine de la maison on n'avait pas bougé.
27:53 -Moi j'étais encore à mon lit et les enfants ils étaient levé le matin pour aller à l'école.
28:02 -Franchement vous demandez qu'est ce qui vous arrive parce que on est une famille ordinaire.
28:07 Sous les yeux de la famille Troiano la maison est fouillée de fond en comble.
28:14 L'ordinateur d'Amédéo est saisi. A l'intérieur les enquêteurs découvrent une recherche sur internet qui va conforter leurs soupçons.
28:23 -Ils vont découvrir que Troiano a au mois de mars donc avant l'effet du 18 avril fait une recherche autour de la banque et du nom de Benoît pour trouver le domicile de Benoît.
28:40 -Ca c'est quand même particulièrement interpellant puisqu'on est à peu près cinq à six semaines avant l'effet.
28:45 -C'est la preuve qu'on veut savoir où ils habitent et que éventuellement si on veut les retrouver pour les tuer on connaît désormais leur adresse.
28:54 Pour les policiers difficile de croire qu'il puisse s'agir d'une coïncidence.
29:01 A présent Amédéo Troiano va devoir s'expliquer et trouver de bons arguments pour prouver qu'il n'est pas l'assassin de Benoît, Carole et Estéban.
29:12 Au commissariat de visée les enquêteurs sont certains de tenir le tueur qu'ils recherchent depuis près d'un mois.
29:26 Seulement contre toute attente Amédéo Troiano va démonter point par point les accusations dont il fait l'objet.
29:33 A commencer par l'image de délinquant qui lui colle à la peau.
29:38 -Il dit qu'il a été à l'époque condamné pour des feux de rapport avec des armes mais qu'en tout cas depuis un certain temps il n'a plus d'armes et qu'il n'en a pas à son domicile et d'ailleurs on n'en a pas trouvé lorsqu'on est allé en perquisition chez lui.
29:51 -Il a été condamné une fois quand il était jeune et il a fait six mois. Il a compris ses erreurs aussi et le mal que ça avait pu faire.
29:59 -Là on est quand même je crois 13 ou 14 ans plus tard, l'homme incontestablement n'est plus le même.
30:06 -Bien entendu son casier est interpellant mais on n'est pas du tout dans le même cas de figure, on parle d'un assassinat.
30:16 Pour la famille d'Amedeo Troiano, l'homme qu'ils connaissent n'aurait jamais pu assassiner trois personnes et surtout pas un enfant de 9 ans.
30:25 -Je suis convaincue que mon mari n'a pas fait les actes qu'on l'accuse. On veut le faire passer pour un monstre et il ne l'est pas, non pas du tout.
30:36 -Il est père de famille, il adore ses enfants plus que tout au monde et il ne saurait jamais déjà faire du mal à un enfant.
30:45 -Je suis sûre et certaine que mon fils n'a jamais fait ça, je suis sûre.
30:51 Et l'accusation ne va pas tarder à complètement s'effondrer car Amedeo Troiano dispose d'un solide alibi.
31:02 Le 18 avril 2014 à l'heure de la fusillade, il n'était pas en Belgique.
31:12 -L'après-midi du drame, les Troiano visitent notamment une maison qu'ils veulent louer car ils veulent déménager. Troiano propose de payer six mois de loyer en avance pour montrer qu'il n'a pas de problème financier.
31:26 Mais avec le compte de la société, s'ensuit une dispute entre Amedeo et son épouse et le taux monte.
31:36 -On se prend un peu la tête comme couple dans toute maison, je crois que c'est normal de se prendre la tête avec son mari et donc voilà, il s'en va de la maison.
31:46 -Pour changer les idées, il a voulu rendre visite à sa famille en Allemagne.
31:50 -Et il explique qu'il est parti un peu comme ça sur un coup de tête en Allemagne sans prévenir quiconque.
32:00 -Il dit être arrivé dans la ville de Stuttgart vers 22h. C'est formidable, ça c'est la Libye rêvée puisqu'on sait que le triple meurtre a été commis entre 22h15 et 22h30.
32:14 -Donc s'il était à 22h à Stuttgart, effectivement là ça le sort définitivement de tous les ennuis.
32:24 Et l'avocat de la défense, Maître Zeven, va enfoncer le clou. Pour lui, il y a un témoin dans ce dossier qui innocenterait totalement son client.
32:35 Souvenez-vous, la voisine de Benoît et Carole Philippins dit avoir aperçu le tireur de ses fenêtres le soir du drame.
32:48 -Il y a un élément qui est embêtant, c'est cette voisine qui décrit le tueur, qui dit que c'est un petit bonhomme.
32:55 -Or Amédéo mesure 1m92 pour 130 kilos.
33:01 -Donc c'est pas une petite personne, c'est pas quelqu'un qu'on oublie, c'est quelqu'un de costaud.
33:06 Avec sa carrure de rugbyman, Amédéo ne passe pas inaperçu.
33:13 Alors comment expliquer le témoignage de la voisine ? Et encore plus étrange, comment expliquer les derniers mots de Carole avant de mourir ?
33:23 -Au moment où le policier va recueillir les derniers mots de Carole, elle dit qu'elle ne connaît pas le tueur.
33:32 -La phrase est importante, ça sous-entend, sans bêtise en tout cas, qu'elle a effectivement vu la personne mais qu'elle ne le connaît pas, donc elle n'a pas pu l'identifier.
33:42 -Or s'il s'agit d'Amédéo, elle le connaît forcément parce qu'elle était en contact professionnel avec lui.
33:50 -Je trouve que c'est une preuve en plus qu'elle ne l'avait pas reconnu, c'est encore un élément du dossier qui reste une preuve que mon mari n'a pas fait ça.
33:58 Un physique qui ne correspond pas au témoignage.
34:03 Une image de bon père de famille.
34:08 Un alibi le soir du meurtre.
34:12 Amédéo Troiano est loin du suspect idéal, il est donc remis en liberté à la suite de son audition.
34:20 Alors les enquêteurs font-ils fausse route ou sont-ils face à un grand manipulateur ?
34:33 Persuadés qu'Amédéo Troiano ne dit pas toute la vérité, les policiers décident de se rendre à Stuttgart en Allemagne sur commission rogatoire pour vérifier son alibi.
34:44 Ils interrogent Mario Troiano, le cousin d'Amédéo.
34:49 L'homme est restaurateur et il va sans le savoir faire basculer l'enquête.
34:55 -On va découvrir qu'il n'est pas du tout arrivé le vendredi vers 22h30 mais qu'il est plutôt arrivé le samedi vers 11h30 ou midi.
35:03 En effet, Mario Troiano le cousin se souvient avec précision de l'heure d'arrivée d'Amédéo.
35:11 Et pour cause, il était tellement débordé ce jour là qu'il n'était pas ravi de le voir débarquer au beau milieu du service du déjeuner.
35:21 -Monsieur Troiano arrive très gentiment, la bouche en coeur. Il arrive dans ce qui est quasiment un coup de feu au niveau du restaurant.
35:29 -Et il arrive comme quelqu'un qui n'est pas très frais puisqu'il a dû rouler une bonne partie de la nuit pour arriver là-bas.
35:35 -Et là ça change tout parce que là il a eu parfaitement le temps de commettre ses crimes puis ensuite de prendre la route.
35:43 -L'alibi d'Amédéo s'effondre complètement.
35:46 Amédéo Troiano est donc en fâcheuse posture. S'il ne veut pas finir derrière les barreaux, il va devoir fournir une explication plus convaincante.
35:56 Cinq mois après le triple meurtre, il est donc placé en garde à vue. Et sans surprise, il va faire volte-face.
36:06 -Confronté à cette réalité là, il est complètement parti sur un autre alibi.
36:13 Souvenez-vous, Amédéo avait déclaré que le jour du drame, il avait quitté le domicile conjugal suite à une dispute.
36:21 Mais contrairement à sa première déposition, ce n'était pas pour aller en Allemagne.
36:29 -Amédéo explique aux enquêteurs qu'en réalité ce soir-là, après s'être disputé avec Anna Maria, il a pris la route.
36:38 -Donc comme il l'avait déjà dit à la première fois. Sauf qu'en cours de route, il s'est arrêté, il a envisagé de mettre fin à ses jours.
36:47 -Et d'ailleurs, il a plus qu'envisagé de mettre fin à ses jours, il a absorbé un certain nombre de médicaments.
36:53 -Et ça devient l'hypothèse. Je suis allé dans un chemin de campagne tout seul dans ma voiture, j'ai avalé des médicaments, j'ai essayé de me suicider, je me suis réveillé à 5h du matin.
37:07 Aussi incroyable que cela puisse paraître, le miraculé aurait finalement décidé au petit matin de rejoindre Stuttgart.
37:17 -Il a plus envie de mourir et donc il décide de rejoindre ses cousins.
37:24 -Et ensuite il arrive vers midi à Stuttgart.
37:28 -En réalité, dans les deux alibis, il départ sur la commune de Wiessee au moment du cri.
37:38 Un nouvel alibi bien pratique mais qui laisse les policiers perplexes car ils ont mis la main sur un indice pour le moins compromettant.
37:48 En 5 mois d'enquête, tous les objets saisis lors de la perquisition au domicile des Troiano ont été expertisés.
37:58 Notamment l'ordinateur du père de famille et ce qu'il contient va trahir le suspect.
38:04 -Il est géolocalisé en temps réel devant le domicile du couple avec son ordinateur.
38:11 Amédéo est donc venu quelques jours avant le drame au domicile de son banquier.
38:17 Et c'est avec son ordinateur via Google Maps qu'il aurait repéré le meilleur itinéraire pour fuir en Allemagne.
38:25 -En face de la maison Philippines, il y a le hall Omnisport.
38:29 Et le hall Omnisport bénéficie d'un wifi qui est libre et cet ordinateur là a utilisé ce bord wifi.
38:38 Et il va rechercher quoi comme itinéraire ? Quel est l'endroit le plus sûr de pouvoir repartir rapidement pour rejoindre l'autoroute et partir vers l'Allemagne.
38:50 -Et ça ressort donc à tous les signes. Un de la culpabilité et deux de la préméditation.
38:56 Seulement il reste à confirmer que le suspect est également sur place la nuit de la fusillade.
39:04 Et pour cela les enquêteurs organisent une reconstitution avec lui mais aussi avec son véhicule personnel.
39:13 -L'idée étant de faire faire à Troiano la même chose que ce que la voiture qu'on voit sur les images des caméras de surveillance a fait.
39:22 -Ce qui va permettre aux policiers, aux services d'enquête spécialisés de faire les points de comparaison entre son véhicule tel qu'il est passé le jour de la reconstitution et le véhicule qui était enregistré.
39:35 -Et là la ressemblance est saisissante.
39:41 -C'est les mêmes voitures. On a l'impression qu'on peut les superposer.
39:46 Tout semble indiquer qu'Amedeo Troiano est l'auteur de ce triple meurtre.
39:52 D'autant que l'homme a commis une ultime erreur. Une erreur qui va l'envoyer tout droit devant les assises.
40:00 En effet les vêtements qu'il a remis à la police lors de la perquisition à son domicile quelques mois plus tôt présentent des résidus de poudre.
40:11 -On va retrouver des traces de poudre à la fois sur la veste et également sur le béret que portait Amedeo ce soir là.
40:19 -Ces traces de poudre montrent que la personne qui portait ces vêtements donc la veste et le béret a utilisé une arme à feu.
40:29 -Donc ça c'est une évidence.
40:31 Le 10 septembre 2014, Amedeo Troiano est mis en examen pour triple homicide avec préméditation.
40:44 En apprenant la nouvelle les proches de Carole, Benoît et Esteban sont abasourdis.
40:52 -Je pense pas à ça que...
40:54 -C'est vrai qu'un père de famille pourrait aller tuer comme ça pour...
41:00 -Pour moi pour des broutilles tu vois là.
41:04 -Faut être fou pour faire quelque chose comme ça en fait je me dis.
41:10 -Le plus dur c'est qu'il dit malgré tout ce qu'il y a contre lui.
41:14 -C'est bizarre il y a trop de mensonges dans son témoignage donc s'il ment comme ça c'est qu'il a quelque chose à cacher.
41:21 -Tout l'accable pour moi vraiment.
41:24 Alors coupable ou innocent ?
41:34 Le 6 février 2017, le procès d'Amedeo Troiano s'ouvre devant les assises de Liège.
41:42 Pour l'assassinat de Benoît, Carole et Esteban, ils risquent la réclusion criminelle à perpétuité.
41:49 Discrets depuis le début de l'affaire, les parents du petit Esteban sont cette fois au premier rang.
41:59 Avec les familles de Carole et de Benoît, ils ont décidé d'affronter cette épreuve main dans la main.
42:06 -On était tous là pour montrer qu'on était là et face à lui et qu'on allait gagner tous ensemble quoi.
42:19 -Contre lui ça c'est clair.
42:21 -Et ça c'était un poids de force énorme pour faire face à ce tueur fou qui était devant eux.
42:30 Sur ces images filmées par une équipe de télévision locale, on voit l'accusé entrer dans la salle d'audience.
42:38 Son visage a été masqué à la demande du président de la cour afin de respecter la présomption d'innocence.
42:47 -Il va plaider le coupable et donc c'est un peu tout ou rien.
42:52 -Soit il est acquitté, soit il est lourdement condamné parce que n'oublions pas qu'il y a un enfant de 9 ans qui a trouvé la mort dans cette affaire.
43:00 Dès les premières heures du procès, le comportement d'Amédéo Troiano révolte les proches des victimes.
43:10 -Pitoyable, comme si de rien il était, monsieur je ne parle pas, monsieur j'ignore tout, c'est pitoyable.
43:19 -C'est vraiment affreux de le voir assis sur le banc, qui n'a rien fait et qu'on l'accuse, qu'on le montre du doigt comme ça, qu'on le salit.
43:29 -C'est quelqu'un qui a du mal à s'exprimer, il est resté plus ou moins silencieux pendant le procès si ce n'est pour répéter qu'il était innocent.
43:38 Et si Amédéo ne fait pas bonne figure, les avocats de la défense vont tout de même parvenir à instiller le doute dans la tête des jurés.
43:46 L'accusé a un physique qui ne correspond pas au témoignage, c'est un bon père de famille et surtout Carole Head, la victime, ne l'a pas reconnue.
43:58 -Si c'était lui je pense qu'elle l'aurait reconnu tout simplement, donc je reste encore persuadé que ce n'est pas lui l'auteur des tirs.
44:06 -Et par certaines questions que les jurés posaient à un certain moment du procès, on aurait pu comprendre que ceux-ci doutaient aussi.
44:13 Mais cela ne va pas durer.
44:17 -Il y a un moment pendant ce procès où les choses vont basculer et pas à son avantage.
44:26 Au sixième jour du procès, la salle découvre avec stupéfaction la botte secrète de la partie civile.
44:33 Une vidéo découverte dans le portable d'Amédéo et qui prouve que l'accusé ment depuis le début.
44:42 -A priori d'ailleurs cette vidéo s'est déclenchée involontairement.
44:48 -On a l'impression que Amédéo a voulu allumer la lampe torche de son téléphone.
44:55 -Il s'est filmé à son assut et on le voit glisser une arme sous son oreiller.
44:59 -Alors Troiano n'a toujours dit j'ai jamais eu d'arme, j'ai jamais tiré, j'ai jamais eu de munitions.
45:06 Incroyable, sur ces images tournées un an avant le triple meurtre, on voit clairement que le père de famille possédait bien une arme à feu.
45:16 Mêlé à des affaires de banditisme dans sa jeunesse, il semble qu'il avait gardé la vieille habitude d'avoir toujours à portée de main un pistolet et pas n'importe lequel.
45:27 -Il s'agit d'un pistolet automatique 9 mm.
45:30 -Cette arme qu'on voit sur l'image est de même marque et de même modèle que celle qui a servi à tuer les victimes.
45:44 -Et là tout le monde se dit bah il n'a pas d'arme mais là on voit clairement que c'est toi et que tu l'as glissé sous ton oreiller.
45:51 -Donc les gens se rendent vraiment compte qu'il est vraiment tout à fait dans le mensonge et que ça confirme vraiment ce que tout le monde pense à ce moment là.
45:59 -De le voir là dire qu'il est innocent alors malgré toutes les preuves qu'on a contre lui, je me dis c'est pas possible à un moment donné il va craquer.
46:11 Et justement au 8ème jour du procès l'accusé rompt enfin le silence devant une assemblée médusée.
46:18 Toute la salle est suspendue à ce que le tueur présumé va dire, va t'il reconnaître les faits ?
46:24 Pour les parents du petit Esteban c'est maintenant leur dernier espoir de connaître la vérité.
46:31 -J'ai moi même des enfants et je comprends tout à fait votre deuil, jamais je n'aurais touché un cheveu de votre enfant.
46:38 -Pourquoi ne parlez vous pas alors ?
46:40 -J'ai du mal à parler, j'ai trois enfants, jamais de la vie je ne ferais du mal à un enfant, je suis innocent, on partage les mêmes problèmes, notre souffrance est la même.
46:48 -Non vos enfants sont encore en vie.
46:51 Pour les proches des victimes les mots d'Amedeo Troiano ont un goût amer.
46:59 Après 14 jours de procès les jurés sont finalement convaincus de sa culpabilité.
47:08 Amedeo Troiano est condamné à la perpétuité pour l'assassinat de Benoît et pour les meurtres de Carole et Esteban.
47:17 La préméditation n'ayant pas été retenue pour ces deux dernières victimes.
47:23 -On est soulagé qu'enfin il y ait une petite justice, enfin une petite justice, une justice pour notre petit garçon.
47:31 -On va pouvoir au moins continuer notre deuil je veux dire, voilà oui.
47:37 -Parce que nous on est punis à perpétuaire de toute façon, jamais ils ne reviendront de toute manière.
47:43 En Belgique il n'est pas possible de faire appel.
47:48 Amedeo Troiano a déposé un recours auprès de la cour de cassation et de la cour européenne des droits de l'homme mais ses demandes ont été rejetées.
47:59 -C'est une erreur judiciaire, je vais pas en rester là, je vais essayer de me battre pour mes enfants et mon mari.
48:05 A Avizé et dans toute la Belgique, personne n'a oublié le drame qui a fait voler en éclat la vie de trois innocents.
48:15 Malgré le temps qui passe, le sentiment d'incompréhension et d'injustice continue de hanter leurs proches.
48:24 -Ils avaient toute la vie devant eux, ils avaient tout pour être heureux et que c'est un drame que je ne souhaite à personne et elle me manquera toujours vraiment.
48:36 (Musique)
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48:49 [SILENCE]