Les 4 vérités - Éric Ciotti

  • l’année dernière
Chroniqueur : Jeff Wittenberg 




Ce matin, Jeff Wittenberg reçoit Éric Ciotti, président des Républicains et député des Alpes-Maritimes, dans les 4 vérités. 
Transcript
00:00 Bonjour Eric Ciotti, merci d'être avec nous ce matin avant de se pencher sur les
00:06 raisons, le contexte qui ont pu aboutir à ce crime d'Annecy.
00:09 J'imagine que ce matin encore, vos pensées vont vers les victimes de ce drame, en particulier
00:15 ces enfants tout petits, très grièvement blessés et dont deux d'entre eux n'ont
00:20 pas encore vu lever ce matin leur pronostic vital.
00:23 C'est naturellement une abomination qui s'est passée, inédite en France, toucher
00:30 à un enfant, c'est toucher à ce qu'on a de plus précieux, c'est frapper l'innocence,
00:36 c'est insupportable, incompréhensible.
00:38 C'est la deuxième fois que la France s'est touchée après l'attaque de Mera, c'était
00:45 en 2012.
00:46 On a vu, d'ailleurs c'est insupportable que ces scènes aient été diffusées sur
00:53 les réseaux sociaux, cette violence, le fait de rechercher des bébés dans une poussette,
01:01 dans un landau, ça dépasse l'imagination et je veux dire mon émotion, mais souhait
01:08 que ces enfants puissent s'en sortir et je pense à leur famille, à leur indicible
01:15 douleur et nous devons tous être dans ce soutien frappés par une immense émotion.
01:22 Alors derrière ce choc, derrière cet effroi, il y a aussi les réactions, les questions
01:28 et certains à droite et au Rassemblement National voient dans ce drame terrible qui
01:33 s'est déroulé à Annecy hier un lien avec l'immigration en France et certains disent
01:39 par exemple Alain Marlex, votre collègue des Républicains, mais aussi des jeunes républicains,
01:44 je les cite, que l'immigration massive, incontrôlée, tue.
01:48 Est-ce que vous êtes aussi, vous sur cette ligne, monsieur Ciotti ?
01:52 Cette affaire, elle doit poser des questions.
01:55 Il y a l'émotion, vous l'avez dit, un homme politique est d'abord un homme, un
02:00 père de famille, mais il y a aussi le devoir des questions et aussi le devoir de l'action.
02:06 Moi je me pose deux questions, est-ce que si j'avais été en responsabilité, en
02:12 conscience, on aurait pu éviter ce drame ?
02:14 Mais c'est la question que je vous pose précisément.
02:15 Qui peut le dire ? Il faut de l'humilité face à des faits aussi terribles.
02:20 Mais une seconde question vient tout de suite, est-ce qu'on a touché pour éviter ça ?
02:27 Depuis des années et dans une responsabilité collective derrière cette affaire, il y
02:32 a quoi ? Il y a un chaos migratoire qui bouleverse l'Europe, qui frappe la France avec une
02:37 immigration qui est devenue totalement incontrôlée et qui a un lien direct avec l'augmentation
02:44 de la violence, de la délinquance.
02:46 Derrière tout cela, il y a un pays de plus en plus soumis à la violence et derrière
02:51 tout cela, il y a probablement aussi le développement des pathologies psychiatriques que notre société
02:57 ne prend plus en compte.
02:58 Donc un homme politique responsable, il doit porter des mesures, il doit agir, il ne doit
03:04 pas comme un journaliste n'être que dans le commentaire, il doit être dans l'action.
03:08 J'entends bien ce que vous dites.
03:09 Dans le cas précis de cet homme qui a commis ce crime abominable hier, on l'a dit plusieurs
03:15 fois, répété, cet homme était en situation régulière, il était demandeur d'asile,
03:19 il avait obtenu un statut de réfugié en Suède, il venait de se voir refuser, Gérald Darmanin
03:24 l'a rappelé hier soir, son statut en France.
03:26 Le ministre de l'Intérieur l'a dit.
03:28 Le ministre de l'Intérieur l'a dit.
03:29 Cette personne n'aurait pas dû.
03:30 Il était, si j'ose dire, dans les clous, il n'était pas passible d'une OQTF, comme
03:36 on dit, ni en situation irrégulière.
03:38 Il n'aurait pas dû être en France.
03:40 Pourquoi ?
03:41 Il n'aurait pas dû être en France.
03:42 Alors comment le statut de réfugié dont il a bénéficié en Suède ne l'autorisait
03:48 pas à rester aussi longtemps dans notre pays ? Pourquoi sa demande d'asile en France
03:55 a été statuée dans une durée aussi longue, 7 mois, alors qu'on savait déjà, ça aurait
04:02 dû être fait en quelques heures qu'il avait un statut de réfugié en Suisse, en
04:07 France ? Pardon, la vraie question c'est de savoir est-ce qu'il pouvait rester en
04:10 France ? Est-ce qu'il avait un domicile fixe ?
04:11 Avec les règles européennes ?
04:12 Un travail.
04:13 Alors qu'est-ce qu'il faut faire ?
04:14 Il ne réunissait aucune de ces conditions.
04:15 Ça veut dire qu'il y a aujourd'hui une gestion catastrophique de l'asile en Europe.
04:21 Donc ce sont les règles européennes qu'il faut changer d'abord ?
04:23 Il faut changer les règles françaises et il ne faut plus se soumettre à des règles
04:28 qui nous sont imposées, qui sont inadaptées.
04:31 C'est le cadre de notre proposition de loi constitutionnelle que nous avons portée
04:36 et qui avait un rôle très important sur l'asile, qui imposerait si cette loi de réforme
04:43 constitutionnelle était adoptée, nous proposons qu'elle le soit par référendum, parce
04:47 que c'est aux Français maintenant de dire quelle politique migratoire ils veulent.
04:52 Alors soyons précis, Monsieur Soutil.
04:53 Ce n'est pas au commentaire, ce n'est pas au commentateur.
04:55 J'entends bien, mais permettez-moi de vous interrompre un instant.
04:57 Votre proposition justement suggère que la demande d'asile ne soit plus faite dans
05:04 notre pays, mais à l'extérieur des frontières.
05:06 Absolument.
05:07 Ça paraît illusoire disent certains, parce que c'est effectivement contraire à la
05:11 constitution, au préambule, son article 4 qui prévoit…
05:14 Mais c'est pour cela, vous avez raison, qu'on veut modifier la constitution, qu'on
05:22 veut le faire par référendum, parce qu'aujourd'hui on a toujours les apôtres de l'impuissance
05:27 qui se confinent dans l'immobilisme.
05:29 L'immobilisme conduit à ces situations.
05:32 Il faut changer de cadre et il faut que ce soit les Français qui le décident, parce
05:36 qu'il y aura toujours des bonnes âmes qui diront "ah non, mais ce n'est pas moral,
05:39 ce n'est pas bien".
05:40 Ce qui n'est pas bien, c'est ce qui se passe.
05:41 Vous êtes convaincu que ça règle le problème, Monsieur Soutil ?
05:44 Ça y participerait.
05:45 Il n'y a pas que cette mesure.
05:46 Il y a ce que nous proposons, c'est que les demandes d'asile soient faites à l'extérieur
05:51 de nos frontières.
05:52 Parce que ceux qui arrivent aujourd'hui, ils dévoient pour les deux tiers d'entre
05:56 eux le noble statut de réfugié.
05:58 On utilise l'asile pour rentrer en France, pour s'y introduire légalement, mais pour
06:03 y rester ensuite illégalement, on expulse personne.
06:07 Donc il y a cette mesure, mais il y a aussi des quotas pour choisir le nombre et beaucoup
06:12 de mesures pour simplifier les procédures.
06:14 Vous avez parlé vous-même d'une dimension psychiatrique, peut-être, chez cet homme.
06:18 Est-ce qu'il n'y aurait pas même avec la législation que vous voudriez mettre en
06:21 place, c'est-à-dire changer la façon dont on demanderait l'asile en France, des personnes,
06:26 des "fous" ou pas, qui passeraient à travers les mailles du filet ? Est-ce qu'on peut
06:30 mettre un policier derrière chaque réfugié qui viendrait en France ?
06:34 Bien sûr que non, mais arrêtons avec la naïveté.
06:37 Il faut resserrer ces mailles du filet, il faut être plus protecteur.
06:41 Il faut aussi s'attaquer à la violence.
06:43 Deux chiffres sur la violence dans notre pays.
06:45 En dix ans, le nombre d'homicides et de tentatives d'homicides ont plus que doublé.
06:52 On est à 4 200.
06:53 Le nombre de coups et blessures volontaires, il y en a quasiment 1000 par jour, ont augmenté
07:00 de 50%.
07:01 Donc ça participe à ce qui s'est passé hier, entre dans ce contexte pour vous.
07:02 Donc on a une société de plus en plus violente, je le vois dans ma ville.
07:05 Les agressions à l'arme blanche, au couteau, se multiplient.
07:09 On voit en Corrèze une assistante sociale qui a été attraitée.
07:17 Vous pensez que ça rentre dans un contexte général, ce qui s'est passé à l'ISIF ?
07:20 Il faut plus de fermeté, il faut une réponse pénale plus ferme.
07:23 Il faut aussi traiter les problèmes psychiatriques parce qu'aujourd'hui, on a délaissé secteur.
07:29 Le nombre de lits de psychiatrie à l'hôpital a chuté de 40%, presque 50% en 20 ans.
07:34 Il faut donc faire beaucoup de choses, vous dites.
07:35 L'homme qui a commis ces actes horribles hier n'avait pas le profil que certains n'ont
07:43 pas aimé, mais lui ont un petit peu assigné au départ.
07:45 Il n'était pas apparemment avec des visées terroristes, il n'était pas musulman islamiste
07:52 radical.
07:53 C'était un chrétien d'Orient, une communauté que vous soutenez par ailleurs, vous chez
07:59 Les Républicains et d'autres personnes dans la classe politique.
08:02 Est-ce qu'il n'y a pas eu un trouble chez certains qui ont accusé peut-être un petit
08:08 peu vite l'islamisme radical dans cette affaire ?
08:10 On ne juge pas les personnes par rapport à leur appartenance ou leur communauté.
08:15 Vous non, mais certains le font peut-être parfois.
08:17 C'est un principe, en tout cas je ne le fais pas.
08:18 On juge les personnes, on doit les juger par rapport à leurs actes.
08:23 C'est ce qui est posé et cet acte il est abominable, inqualifiable, insupportable.
08:27 En fonction aussi du pays d'où ils viennent.
08:28 Et rien ne saurait l'excuser.
08:31 Les Jeunes Républicains ont produit un tract hier où le mot Syrie était entouré.
08:36 Lorsqu'on vient de Syrie on est peut-être un peu plus suspect que lorsqu'on vient d'Ukraine
08:40 par exemple pour se réfugier en France.
08:42 Il y a des problématiques qui sont liées aux flux migratoires.
08:45 Il y a des pays qui amènent et qui conduisent plus de risques.
08:49 C'est une évidence et il faut que les pouvoirs publics les prennent en compte à la réalité,
08:55 à la hauteur de la menace.
08:56 Monsieur Ciotti, une dernière question.
08:58 Ce drame d'Annecy a bouleversé l'agenda parlementaire.
09:01 Hier, on le rappelle, il était question de l'amendement du groupe Lyot pour abroger
09:04 la réforme des retraites.
09:05 Il a été retiré mais il n'avait aucune chance d'aboutir puisque la présidente de
09:09 l'Assemblée nationale l'avait dit.
09:11 Puisqu'il y a eu un vote en commission des affaires sociales.
09:13 Il y a eu un vote en commission mais la loi elle-même n'aura jamais été votée dans
09:16 l'hémicycle.
09:17 Est-ce que ça ne pose pas un problème pour une loi aussi importante ?
09:19 Pour moi, la loi a été adoptée dans le cadre de nos institutions.
09:23 Il y a eu un vote en commission des affaires sociales.
09:27 La majorité des députés républicains ont d'ailleurs veillé à prendre leurs responsabilités.
09:33 Cette réforme, elle est douloureuse.
09:34 J'entends la colère, j'entends l'inquiétude de nombreux Français mais elle est aussi indispensable.
09:40 Et être, là aussi, responsable, c'est dire la vérité.
09:43 Si on voulait préserver nos retraites, éviter que les pensions s'effondrent, éviter que
09:48 les cotisations augmentent et donc que les salaires baissent, il fallait demander de
09:52 travailler un peu plus.
09:53 C'est un effort douloureux mais il n'y avait pas d'autre choix.
09:55 Les Républicains, en tout cas personnellement, j'ai pris, nous avons pris avec une immense
10:02 majorité nos responsabilités.
10:04 C'est aussi cela l'honneur de la politique, de porter du courage.
10:07 Merci beaucoup Éric Ciotti.
10:08 Député des Alpes-Maritimes.
10:09 et président du parti des Républicains.
10:11 C'est la suite de Téléman.

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