Sommes-nous tous surveillés ?

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Transcript
00:00 - La mesure n'a absolument rien de nouveau en réalité.
00:02 Pour quiconque connaît le monde du renseignement,
00:04 manipuler un appareil connecté à distance,
00:06 on sait le faire depuis très longtemps.
00:08 D'ailleurs, on se focalise sur le smartphone,
00:10 mais en réalité, ça s'applique aux tablettes,
00:12 aux caméras connectées, de vidéosurveillants,
00:16 à tous les types d'appareils qui utilisent le réseau Internet
00:19 et le Wi-Fi en particulier, ou le Bluetooth d'ailleurs.
00:22 Donc, on a des agents, par exemple de la DGSI,
00:24 qui font de l'intelligence économique,
00:25 qui animent des séminaires dans les entreprises.
00:27 Et il n'est pas rare qu'il y ait un agent de la DGSI
00:29 qui se dissimule dans le public et qui dise
00:31 "Bah tiens, je crois qu'il y a un Bob parmi vous"
00:32 et puis il vous ressort tout votre répertoire photo
00:34 comme ça devant tout le monde en vous disant
00:35 "Vous voyez, avec le Bluetooth,
00:37 finalement, vous vous rendez vulnérable".
00:38 Et en réalité, le risque dans ce cas précis,
00:40 par exemple, c'est la vulnérabilité au chantage.
00:41 On prend vos photos dans l'intimité,
00:43 on dit "Bon, bah voilà, vous êtes mariés,
00:44 on sait que vous avez une deuxième vie
00:45 ou vous êtes par exemple homosexuel,
00:47 on peut aller raconter à votre femme
00:48 ou vous pouvez choisir la solution de facilité,
00:51 c'est-à-dire prendre telle ou telle décision ou signer..."
00:53 – Voilà, on vous voit avec une autre femme, par exemple,
00:54 on dit à votre femme "Voilà, parle de toi".
00:57 [Rires]
00:59 – Non mais c'est vrai et donc ?
01:01 – Avec Pegasus, par exemple, l'affaire Pegasus,
01:03 c'était tout à fait ça, c'était de la manipulation
01:05 par l'introduction d'un logiciel espion
01:06 qui a masqué sous un document une photo, un PDF,
01:10 d'un logiciel qui permettait de prendre le contrôle
01:12 des personnalités politiques.
01:13 Là, en l'occurrence, sur l'affaire Pegasus,
01:14 c'est un logiciel israélien qui avait été détourné
01:16 par des personnes dont on dit qu'elles seraient proches
01:19 du royaume shérifien et qu'elles auraient eu justement
01:22 vocation à mettre sous pression des hommes politiques français.
01:25 Voilà, donc là c'est la même chose sauf que c'est l'État...
01:27 – Il suffira d'appuyer sur un bouton pour espionner un suspect, c'est ça ?
01:29 – Mais ça se fait déjà dans le cadre administratif.
01:31 Il faut savoir que quand on parle d'écoute téléphonique,
01:33 c'est un terme qui est en réalité obsolète.
01:35 Aujourd'hui, on parle d'interception de sécurité.
01:37 Donc les interceptions de sécurité, ça regroupe tous les moyens
01:39 de communication moderne, ça a les e-mails,
01:41 quand vous avez un compte Google qui enregistre tous vos mots de passe,
01:43 ben on y a accès, on a accès à vos SMS, à vos MMS,
01:47 à toutes les messageries.
01:48 Vous prenez une affaire par exemple récente dans l'actualité,
01:50 l'affaire qui a opposé deux joueuses de foot à la suite d'une agression,
01:54 celle de madame...
01:55 Les gens, on sait très bien qu'ils n'utilisent pas nécessairement le GSM,
01:58 ils vous disent "signal c'est bien, c'est sécurisé,
02:00 on a Telegram sur lequel on peut parler, on a WhatsApp,
02:02 on a une infinité de messengers, tout ce que vous voulez".
02:05 Très bien, sauf que la police essaie toujours d'avoir un temps d'avance
02:08 sur la criminalité ou la délinquance.
02:10 Donc qu'est-ce qu'ils ont fait ?
02:11 Dans un prétendu, ils les ont placés en garde à vue, ils les ont entendus.
02:13 Très bien, vous ressortez de garde à vue sans poursuite, libre de poursuite.
02:16 Et pendant un an, ils ont sonorisé les véhicules,
02:18 ils ont sonorisé les appartements,
02:20 ils ont écouté également l'entourage en prévoyant
02:23 que ces personnes pourraient utiliser les portables de l'entourage.
02:27 Ils sont revenus les chercher un an après en disant "ben voilà,
02:28 vous êtes effectivement, contrairement à ce que vous nous avez dit,
02:30 il y a un an coupable de cette agression
02:32 et donc aujourd'hui la personne est en détention".
02:34 Donc voilà, quand votre voiture est sonorisée,
02:36 vous pouvez parler sur l'application de votre choix, il n'y a pas de souci.
02:39 La conversation de toute façon elle ressort.
02:41 Donc voilà, c'est comme ça que ça se passe.
02:42 Donc dans le cadre administratif, il faut savoir que dans les interceptions de sécurité,
02:45 vous avez le cadre administratif, c'est-à-dire les services de renseignement
02:48 qui agissent sous l'autorité du ministre de l'Intérieur
02:50 et seulement du ministre de l'Intérieur.
02:51 Et vous avez les interceptions judiciaires qui sont ordonnées par un juge.
02:55 Donc ça signifie qu'on a déjà une enquête ou une information judiciaire qui est ouverte.
02:58 Et donc...
02:59 - Donc c'est pas... voilà, c'est pas n'importe... voilà...
03:02 - C'est pas généralisé.
03:02 - C'est pas "dommage, j'ai envie d'écouter Chine Verdez".
03:05 - Alors je suis obligé, parce que le contexte est particulier,
03:08 de dire et de rappeler à la France qui nous écoute
03:11 que la police... il faut que la police et la justice puissent avoir accès
03:14 à des éléments de preuve ou de surveillance
03:17 qui seraient nécessaires justement à la prévention des risques.
03:19 Vu au compte tenu de ce qui s'est passé aujourd'hui, on ne pourrait pas dire le contraire.
03:22 Donc il faut que la police et la justice soient souverains sur leur territoire,
03:25 sur le territoire national, pour avoir accès...
03:27 pour avoir une visibilité sur tout ce qui s'y passe en réalité, et sans limite.
03:31 Moi je suis pour.
03:33 Mais par contre, c'est justement le risque de détournement des informations
03:37 et peut-être les dérives dans l'encadrement justement de ces procédés
03:42 qui peuvent nous poser question.
03:43 D'ailleurs j'en profite pour faire la publicité d'un article de Mediapart
03:46 qui est sorti il y a deux semaines, qui parle des écoutes de Matignon,
03:49 où on a un dossier actuellement qui est en instruction,
03:51 où on a eu 300 cibles, c'est-à-dire des personnes ciblées,
03:53 dans le cadre administratif, qui sont passées en dehors des mailles du filet.
03:57 C'est-à-dire que normalement, chaque interception de sécurité
03:59 doit faire l'objet d'une signature personnelle du Premier ministre.
04:02 Là, ça n'a pas été le cas, et donc il y a une enquête en courant. Voilà.
04:05 Mais juste pour les téléspectateurs qui nous rejoignent à 20h45,
04:09 on ne peut pas écouter n'importe qui.
04:10 Demain, moi je vais écouter Gilles Verdet,
04:11 il faut quand même qu'il soit mis en examen sur quelque chose.
04:14 – Alors, dans le cadre de l'écoute judiciaire,
04:16 effectivement, il faut qu'il y ait un juge qui supervise.
04:18 Donc un juge, il ne vient pas comme ça dans votre ville.
04:19 – Il n'y a que le ministre de l'Intérieur, Gérard Darmanin.
04:21 – Alors, il y a deux cadres, comme je vous le disais.
04:22 Le juge est souverain, effectivement,
04:23 donc le juge peut ordonner une interception de sécurité, une filature.
04:27 Alors, on a un groupe et fraction à la DGSI, à la police judiciaire ou à la DGSE
04:31 qui peut rentrer à votre domicile ou qui peut rentrer dans votre véhicule
04:34 pour sonoriser votre domicile ou votre véhicule en votre absence.
04:36 Ça, c'est légal depuis très longtemps.
04:38 Donc, en fait, si vous voulez… – Il n'y a rien de nouveau.
04:41 – L'administratif, en fait, c'est fait pour la prévention.
04:43 Le judiciaire, c'est la répression.
04:44 En fait, ça sert à confondre des personnes suspectées ou à les innocentes.
04:48 Très important, à les confondre ou à les innocentes.
04:50 Donc, les surveillances servent aux deux.
04:52 On pense que c'est fait pour confondre, mais en réalité,
04:54 ça peut aussi finalement disculper des personnes qui seraient suspectées.
04:57 Mais quand le juge ordonne une interception, c'est qu'il y a une suspicion,
05:01 c'est que vous êtes désigné par quelqu'un.
05:02 Et donc, à ce moment-là, les interceptions font partie des modalités d'investigation.
05:07 Et en réalité, l'administratif sert à la prévention.
05:09 Donc, dans le cadre préventif, effectivement, ça se fait déjà.
05:13 Je veux dire, on sait le faire depuis très longtemps.
05:15 Et comme je vous le disais, en fait, c'est une modalité par rapport à d'autres.
05:18 N'ayez aucune illusion sur le fait que vous êtes…
05:20 Alors, je ne vais pas dire que vous êtes tous surveillés,
05:22 mais vous êtes tous surveillables, je dirais.
05:23 – Bien sûr. – Vous êtes tous surveillables.
05:25 Il ne faut pas penser que chaque citoyen français…
05:27 – Vous pensez que vous êtes surveillé, vous ?
05:28 – Moi, bien sûr. Je suis un agent du renseignement.
05:31 J'ai eu accès à des secrets d'État pendant 10 ans.
05:33 Je veux dire, très honnêtement, je le sais.
05:35 J'ai des copains qui m'ont bien prévenu que j'étais écouté.
05:38 – Vous pensez qu'il y en a qui…
05:41 – Pardon, ici ?
05:42 Non, alors, dans le cadre administratif, dans le cadre préventif,
05:45 alors, les choses sont bien faites, la loi est bien écrite.
05:47 C'est-à-dire qu'il y a des professions qui sont exemptes
05:50 de toute modalité de surveillance dans le cadre administratif.
05:52 C'est-à-dire qu'on ne peut pas être surveillé si on est une personnalité politique,
05:56 personnalité locale d'opposition, parce que vous imaginez bien
05:58 que la majorité pourrait s'en servir pour trouver des choses
06:01 à redire sur les opposants.
06:03 Si vous êtes avocat, la retranscription d'une conversation
06:05 entre un suspect et un avocat est interdite.
06:09 – C'est ce qui pose problème, d'ailleurs, dans l'affaire Sarkozy.
06:10 – Il y a eu les écoutes, Sarkozy.
06:12 – Oui, c'est pour ça.
06:13 – Dans l'affaire Sarkozy, c'est ce qui pose problème.
06:15 – Alors, effectivement, sauf si l'avocat est lui-même suspect.
06:18 Il n'a pas échappé à la condamnation, donc preuve en ex,
06:20 ça ne pose pas de problème en réalité.
06:22 – Et si ?
06:23 – Sauf que quand vous êtes, je veux dire, suspect,
06:25 quand vous avez des conversations, des échanges avec votre avocat,
06:28 c'est pour justement monter une stratégie de défense.
06:31 Et donc la justice ou même l'État n'a pas à aller s'immiscer dans des conversations.
06:34 Donc c'est strictement interdit.
06:36 Quand vous êtes journaliste, le secret des sources est respecté.
06:39 Donc il y a eu d'ailleurs des affaires où la DGSI a eu à répondre
06:43 justement à des investigations menées sur des cibles ou des journalistes,
06:45 parce que le secret des sources doit être respecté.
06:47 Donc il y a tout un panel comme ça de professions ou de statuts
06:51 qui sont exemptes justement de la possibilité d'être surveillé.
06:56 Et on a une commission de contrôle qui est composée d'un magistrat,
06:59 elle est présidée par un magistrat, elle est composée de cinq parlementaires
07:04 justement qui doivent se concerter toutes les semaines sur tous les dossiers
07:07 pour pouvoir justement vérifier leur conformité et leur légalité.
07:10 [Musique]

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