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Lundi 12 juin 2023, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Franck Evanno (Directeur Général, Fulchiron)

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00:00 Le grand entretien avec Franck Evano qui est directeur général de Fulchiron, une entreprise qui est du groupe Malabri.
00:12 Que propose Fulchiron ?
00:14 En fait Fulchiron c'est une société créée en 1920, qui a donc plus de 100 ans et qui extrait et exploite en fait un sable siliceux.
00:23 La silice c'est 98% de SiO2 donc du quartz. Et donc nous notre travail c'est d'exploiter des gisements.
00:31 De ce gisement là on va extraire une matière, alors le gisement est très hétérogène, c'est l'argile, des cailloux et du sable.
00:38 Et donc on va raffiner en fait ce sable pour en faire un produit le plus homogène possible.
00:43 Par exemple ça va nous permettre de livrer des clients qui font du verre, comme la lentille de vos caméras, qui contiennent 85 à 90% de sable siliceux.
00:54 Alors vous allez me dire comment tout ça fonctionne. Donc la société créée en 1920, comment a-t-elle grandi ?
00:58 Et après on va voir où elle en est aujourd'hui.
01:01 Voilà, alors la société créée en 1920 effectivement et qui a été développée surtout dans les années 70 par l'arrivée de Jean Fulchiron,
01:12 qui porte le nom de la société, et qui a, comme il aimait le dire souvent, à l'époque on faisait 10 000 tonnes par an,
01:20 maintenant on fait 10 000 tonnes de sable par jour.
01:23 Donc ça a fortement grandi. Donc on a commencé par le site de Metz qui se trouve dans les Seunes,
01:29 et ensuite on a un peu grandi en rachetant des sociétés diverses et variées, en ouvrant des carrières partout en France.
01:35 Et moi je suis arrivé là il y a 10 ans, j'ai rencontré Jean lors d'un voyage au Brésil, parce qu'on a des veillités aussi pour aller dans d'autres pays,
01:44 et il m'a proposé de venir l'accompagner pour le développement de la société.
01:50 Quelle est la mission principale de Fulchiron ?
01:52 Alors la mission principale c'est de produire, d'extraire du sable, d'une carrière, d'un gisement, dans diverses régions de la France,
02:01 de le raffiner pour en faire un sable le plus homogène possible.
02:06 Donc on extrait ce sable via des machines telles le caterpillard, qu'on connaît dans le monde entier,
02:13 et on a des usines de lavage, comme une grosse machine à laver,
02:16 qui va nous permettre d'enlever toutes les particules, soit féroces, soit grossières, pour avoir un sable le plus calibré possible,
02:23 entre 100 et 500 microns.
02:25 Et donc ce sable-là va ensuite alimenter des clients divers et variés, qui vont de laverie, fonderie, enduit,
02:32 enfin c'est très très hétérogène.
02:34 Et parce que le sable, vous disiez, quand on voit par exemple l'objectif des caméras, ou des flacons de parfum,
02:41 le sable, ça représente 95% du...
02:44 95% d'un flaconnage, par exemple un flacon de parfum extra clair,
02:49 donc on voit très bien au travers, c'est 85 à 90% de sable de silice.
02:54 Et comment il devient comme ça ? Comment il devient flacon ?
02:58 Alors, comment il devient flacon ? Le sable, lorsqu'on l'a extrait, est transporté après chez nos clients,
03:03 et nos clients en fait vont le fondre.
03:05 Donc les verriers, ce qu'ils font, c'est qu'ils ont des fours qui vont monter à température entre 1600 et 1700 degrés.
03:13 Ah oui.
03:14 Et alors, si vous prenez un pare-brise, par exemple, le pare-brise, c'est un...
03:18 le sable est fondu sur un bain d'étain.
03:22 Comme le sable a la silice fondue à une densité plus faible que l'étain, donc elle va flotter,
03:28 et il tire sur une feuille, comme ça, voilà,
03:31 et donc ça crée en fait une plaque de verre,
03:35 qui au fur et à mesure qu'il tire, ils vont le refroidir dans une autre zone, après le four,
03:41 et vont le découper pour faire une plaque de verre qui va faire à peu près 2 mètres sur 3 mètres de large.
03:47 Et donc le four, un four verrier, ça fait à peu près 800 mètres de long.
03:51 Et ça tourne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 355 jours.
03:55 Donc il faut du sable.
03:56 Il faut du sable.
03:57 Et il faut du sable.
03:58 C'est 10 tonnes par jour, vous m'avez dit.
03:59 Alors, pour faire le verre, un four, c'est 120 000 tonnes par an.
04:03 Un four de verre, voilà.
04:05 Et vous, l'extraction, c'est ?
04:07 Alors nous, on fait 2 millions de tonnes par an.
04:09 Ah oui.
04:10 Donc on a quand même beaucoup de clients.
04:12 Ça va du verrier, effectivement, mais aussi on a les enduits, les cols, les carrelages, la fonderie,
04:18 parce que la silice, par exemple, résiste à très haute température aussi.
04:22 Donc elle fond à 1600, 1700, mais l'acier, on va le fondre à 800 degrés.
04:27 Donc on va créer un moule qui est fait à 80% de sable, une résine, et on injecte le métal dedans.
04:34 Et lorsqu'on casse le moule, parce que c'est friable, on sort la pièce qui est démoulée.
04:39 Donc on fait des blocs moteurs, on travaille pour Peugeot, pour Renault,
04:43 mais on va faire aussi de la robinetterie, comme des plaques d'égout,
04:46 enfin c'est toutes les pièces en acier.
04:48 Alors le point de départ, c'est le gisement.
04:51 Ah oui.
04:52 Comment trouvez-vous les gisements ?
04:53 Alors trouver un gisement en France, c'est pas très compliqué.
04:56 On a une très bonne connaissance de notre sous-sol en France par le BRGM,
05:01 le Bureau de Recherche Géologique et Minière.
05:03 La problématique, c'est l'accès au gisement.
05:05 On voit, de par les 2 crises qu'on vient de traverser,
05:09 que le gouvernement pousse à l'indépendance de l'État sur les matières premières.
05:15 La problématique, c'est que ce qui se passe entre le gouvernement
05:18 et la réalité du terrain est tout autre.
05:21 Par exemple, Michel, si demain, vous avez dans votre jardin un gisement de sable…
05:25 J'y pense, j'y pense en vous parlant.
05:27 Il faudra qu'on vienne voir.
05:29 Eh bien, il va falloir 10 ans avant d'extraire le moindre grain de sable.
05:33 Pourquoi ? L'administration ?
05:35 Administration.
05:36 Donc vous avez des dossiers qui prennent beaucoup de temps
05:39 et qui traînent souvent en longueur,
05:42 parce que ça peut faire rentrer en jeu beaucoup de parties prenantes.
05:46 Ça peut être l'agriculture, les agriculteurs,
05:49 parce qu'on va les chercher peut-être dans des zones d'agriculture.
05:51 Ça va être l'environnement, ça va être les collectivités locales,
05:55 qui voient d'un mauvais œil un industriel…
05:57 Voilà, on a quand même une mauvaise image,
06:00 malgré qu'en fait, on représente les carrières en France
06:04 dans les minéraux industriels,
06:05 représentent que 0,07% du territoire.
06:09 C'est-à-dire rien.
06:10 Donc voilà, et en plus, lorsqu'on exploite,
06:13 ensuite, on rebouche et on revient à l'état initial.
06:17 Donc en fait, les gens connaissent très mal
06:20 notre implication dans l'environnement.
06:23 Très bien, donc une fois que vous avez extrait dans tous ces sites,
06:27 vous trouvez les sites, ça prend du temps,
06:29 et vous êtes toujours en train de rechercher des sites alors ?
06:31 Toujours.
06:32 En général, on a une visibilité sur 20-30 ans
06:36 et lorsqu'on a une autorisation qui arrive de 20-30 ans,
06:39 on redemande déjà la suite,
06:41 parce qu'on sait que ça prend tellement de temps
06:43 qu'il faut toujours avoir un coup d'avance.
06:45 Alors on va voir les chiffres de votre société avec Virginie Mass
06:48 et on se retrouve juste après.
06:49 Fondée en 1920, la société Fulchiron
06:52 collabore aujourd'hui avec 15 personnes
06:55 et intervient dans 8 carrières en France.
06:57 Chaque année, 2 millions de tonnes de sable industriel
07:00 sont vendues par l'entreprise.
07:02 Enfin, Fulchiron a réalisé en moyenne sur les 3 dernières années
07:05 un chiffre d'affaires de 30 millions d'euros
07:08 et a enregistré une croissance de 50% depuis 10 ans.
07:12 Donc croissance de 50% en 10 ans.
07:14 Oui, c'est ça.
07:15 C'est une société qui progresse, qui progresse, qui progresse.
07:17 Tout à fait.
07:18 Par l'acquisition d'une carrière notamment en Alsace,
07:21 on a acheté 3 carrières même en Alsace,
07:23 et par l'ouverture aussi d'une ISDI.
07:26 Alors c'est-à-dire, une ISDI,
07:27 c'est un centre d'enfouissement de déchets inerte.
07:29 C'est-à-dire que, en fait, ce qu'on a,
07:32 c'est que nous, on vend notre sable
07:34 et derrière, on a un trou.
07:36 Et en fait, maintenant, on vend le vide.
07:39 Parce que vous avez le Grand Paris,
07:42 je crois que sur Paris, il y a quelques travaux
07:44 qui sont en cours et lorsqu'on excave…
07:46 C'est gentiment dit.
07:47 Voilà.
07:48 Mais en fait, on retire la matière
07:52 et il faut des exutoires.
07:54 Donc en fait, on se sert de ces trous-là pour enfouir.
07:57 Et ça nous permet de voir une croissance
07:59 et qu'on dépose des dossiers
08:01 dans toutes les carrières qu'on a maintenant.
08:03 Quels sont vos engagements sur le développement durable ?
08:05 Alors, on a deux axes.
08:07 L'axe principal, déjà, c'est l'environnement, bien sûr.
08:10 On est des précurseurs en environnement.
08:12 Il faut savoir que pour ouvrir un site,
08:14 on fait déjà une étude faune-flore.
08:16 Donc si on trouve des espèces animales ou végétales
08:19 à protéger, on les protège, on les compense.
08:22 Et ensuite, au fur et à mesure de l'exploitation
08:24 qu'on exploite, on va surveiller le milieu écologique.
08:29 Et on va même avoir des nouveaux animaux
08:33 qui vont venir, comme les hirondelles de rivage,
08:36 par exemple, elles vont venir nicher,
08:38 notamment avril-mai, dans notre sable,
08:41 parce que c'est assez propice.
08:43 Et donc on va arrêter d'exploiter une certaine zone
08:45 où elles nichent, et on va aller sur une autre zone.
08:48 Et lorsqu'elles partent, on retourne dans la zone.
08:50 Donc en fait, et en fin de gisement,
08:53 on va forcément remettre le gisement à l'état initial.
08:57 Donc ça va devenir soit un lac, une forêt, ou un champ.
09:02 Et puis le deuxième axe, c'est sur l'aspect CO2.
09:05 On voit avec la crise qu'on est en train de traverser,
09:07 et bien avant, on travaillait sur la réduction
09:11 de notre impact CO2, et surtout la réduction
09:14 de nos coûts d'énergie.
09:15 Donc on travaille avec, comme je disais tout à l'heure,
09:17 par exemple, 4 airpillars sur les engins,
09:19 avoir des engins les plus économiques possibles.
09:22 Et on travaille aussi sur les nouveaux fours,
09:25 les nouvelles machines qui peuvent nous permettre
09:28 de réduire notre impact CO2.
09:30 Qui sont vos clients ?
09:32 Alors nos clients sont extrêmement variés.
09:34 Ça va être le verrier, qui va utiliser le verre plat
09:38 ou le verre creux.
09:39 On va avoir les fonderies, pour faire soit des bronzes,
09:42 des statues, ou comme je disais, des tuyauteries,
09:44 des plaques d'égout.
09:46 Ça va être toutes les sociétés qui font les enduits,
09:48 les colles, les carrelages.
09:50 Donc voilà, dans une maison, vous avez de la silice partout.
09:53 Mais on va avoir aussi tout un panel de clients
09:56 qui vont sur les sols sportifs.
09:58 Si vous jouez au golf et que votre balle tombe
10:00 dans un bunker, en général, c'est du sable de silice.
10:04 Les gens qui font de l'équitation, dans la carrière,
10:07 le sable est extrêmement blanc.
10:09 C'est des sables de Fontainebleau.
10:11 Donc on va exporter même très loin,
10:13 notamment en Arabie Saoudite,
10:15 ils sont assez friands de ce sable-là.
10:17 Et on va avoir les beachvolley.
10:19 Et donc on a énormément, énormément de clients.
10:23 Ça va des groupes comme Saint-Gobain,
10:25 ça va être aussi le petit fermier du coin
10:28 qui a besoin d'un peu de sable.
10:29 En fait, ça va être une tonne comme 120 000 tonnes par an.
10:32 C'est très hétérogène.
10:33 Quels sont vos objectifs à court et moyen terme ?
10:35 Alors à court et moyen terme,
10:37 on peut dire qu'en fait, on est une société
10:39 un peu indispensable, sans faire de jeu de mots,
10:42 dans le monde de la silice.
10:44 Mais on est une société, comme je le dis souvent,
10:47 trop petite pour les grosses
10:49 et trop grosse pour les petites.
10:51 Donc en fait, on est une sorte de taille
10:53 un peu intermédiaire.
10:54 Et on a besoin de prendre un peu un envol.
10:57 Donc prendre de l'envol, c'est aller voir
11:00 dans les pays étrangers,
11:01 parce que nos clients français sont aussi à l'étranger.
11:05 Ils ont un besoin de sable,
11:06 et notamment d'avoir un sable plus proche
11:08 de leur usine, justement pour baisser
11:10 aussi l'impact CO2.
11:12 Donc on va les aider aussi à essayer
11:14 de se développer nous-mêmes,
11:15 par exemple dans les pays limitrophes,
11:17 comme l'Espagne, ou un peu plus loin,
11:19 comme je disais, au Brésil.
11:21 Donc on travaille beaucoup avec des clients
11:24 sur l'aspect recyclage de la matière,
11:27 que ce soit le verre, à récupérer le verre,
11:30 le broyer et le renvoyer dans les usines de verrier,
11:33 ou sur d'autres matières qui sont un peu,
11:36 pour l'instant, en recherche.
11:38 Merci beaucoup.
11:39 Merci.
11:40 Merci.
11:41 Sous-titrage Société Radio-Canada
11:43 Bismarck

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