Fonds Marianne : « Il y a une contradiction entre ce qu’a toujours dit M. Schiappa et la réalité »

  • l’année dernière
Le président de la commission d’enquête sur le Fonds Marianne estime, après l’audition de son ancien directeur de cabinet ce mercredi, que la défense de Marlène Schiappa a été mise « en contradiction avec la réalité » par ce témoignage. Sébastien Jallet a en effet affirmé que la ministre avait personnellement rendu un arbitrage en défaveur d’une subvention de 100 000 euros à une association, qui est bien SOS Racisme, confirme Claude Raynal. 

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Transcript
00:00 On a vu cette très longue audition de l'ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa, Sébastien Jallet.
00:05 Beaucoup de choses à dire de cette audition.
00:07 Il y a des zones d'ombre sur la façon dont ont été sélectionnées les associations bénéficiaires du Fonds Marianne.
00:13 Et il y a un cabinet, M. Reynal, de la ministre, qui assume d'être au cœur des choix de ces bénéficiaires.
00:19 Et le préfet qui a dit, il y a bien une volonté du cabinet et de la ministre, je cite,
00:23 de pouvoir décider, valider l'emploi des crédits.
00:26 C'est ce qu'a dit hier en audition cet ancien directeur de cabinet.
00:29 Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:31 D'abord, je constate et je remarque que c'est un changement.
00:36 C'est-à-dire que jusque-là, jusqu'à je crois qu'à Bidet et Madame Schiappa,
00:41 le CIPDR fonctionnait, si vous voulez, directement seul.
00:46 Et le directeur, le secrétaire général du CIPDR prenait les décisions à l'issue du comité de sélection.
00:53 Voilà, CIPDR, créé en 2006, comité interministériel qui en fait était responsable aussi du fonds Marianne
01:01 et dont le secrétaire général a démissionné cette semaine.
01:07 Juste un mot, une réaction à cette démission.
01:09 Est-ce que c'est, voilà, suite à ce rapport accablant de l'inspection générale de l'administration ?
01:14 C'est bien ça ?
01:15 Il est difficile de ne pas faire le lien entre la publication d'un rapport et le même jour une démission.
01:20 Voilà, après je ne commenterai pas le choix de la démission du préfet Gravel.
01:24 D'accord.
01:25 On va revenir à l'audition d'hier puisque le préfet,
01:29 qui est donc l'ancien directeur du cabinet de Marlène Schiappa, a également dit
01:32 "je rencontre à Marlène Schiappa de la liste des lauréats et sur une association,
01:36 la ministre a une réserve en liaison d'un historique assez ancien".
01:40 En l'occurrence, c'est donc une association que la ministre va décider de ne pas sélectionner
01:45 pour avoir des subventions du Fonds Marianne.
01:48 De quelle association s'agit-il ?
01:50 Il s'agit...
01:53 D'abord, je ne souhaite pas d'ailleurs forcément le dire...
01:58 Il apparte par le SOS Racisme, est-ce que vous pouvez le confirmer ?
02:00 Voilà, donc je vais vous confirmer qu'il s'agit bien de cette association-là.
02:05 Nous avons questionné le préfet sur cette question
02:09 et tout simplement il nous a confirmé la réalité de cette incursion,
02:16 si on peut dire, de Marlène Schiappa sur ce dossier
02:18 pour demander effectivement que la subvention soit supprimée.
02:24 Alors du coup, est-ce que là, ce n'est pas au cœur de l'affaire ?
02:27 Et est-ce que vous n'avez pas réussi à faire une démonstration hier en fait en commission d'enquête ?
02:30 C'est qu'il y a eu une ingérence du politique, du cabinet de la ministre,
02:35 voire même de la ministre elle-même, sur des décisions qui normalement
02:37 relevaient de fonctionnaires.
02:40 Le sujet ne se pose pas comme ça.
02:42 Qu'un ministre puisse avoir son mot à dire sur des propositions de subvention
02:48 qui sont faites par...
02:48 Ça ne pose pas de problème ?
02:49 Ce n'est pas le sujet en soi.
02:51 D'accord.
02:51 Ce qui est le sujet, c'est que Marlène Schiappa a toujours dit
02:55 qu'elle n'avait pas participé à ce choix.
02:57 Voilà, donc là il y a une contradiction entre ce qu'elle a toujours dit et la réalité.
03:02 Vous nous le dites, Marlène Schiappa a menti.
03:04 Je vous laisse, voilà, on va l'interroger et lorsque nous l'aurons interrogée,
03:09 nous verrons bien ce qu'elle dira sous serment.
03:11 Vous la l'interrogerez mercredi à 10h de la semaine prochaine.
03:15 Autre question, on a vu l'ancien directeur de cabinet en mauvaise posture.
03:18 Vous avez des questions extrêmement précises, vous a dit le préfet.
03:21 Je n'ai pas l'appui d'un avocat, il me paraît délicat d'être dans cet exercice légitime
03:25 sans avoir des garanties minimales de défense et de protection.
03:29 Est-ce que cette déclaration, ce n'est pas presque un aveu de culpabilité ?
03:33 Non, non, ce n'est pas un aveu de culpabilité,
03:36 c'est simplement peut-être un aveu de faiblesse de ne pas avoir peut-être suffisamment préparé cette audition.
03:41 Il était mal préparé selon vous, il était gêné hier, vous l'avez trouvé.
03:43 Oui, il a été gêné pendant une grande partie de l'audition.
03:46 Je pense que c'est quand même assez désagréable pour quelqu'un qui est auditionné dans ces conditions-là,
03:54 qui est un haut fonctionnaire, qui est sous serment,
03:57 qui donc dit la vérité et a donné ses vérités sans problème,
04:03 mais qui effectivement à un moment donné s'est posé la question finalement
04:07 de la qualité des réponses qu'il donnait par rapport à la réalité quand il n'était pas sûr de lui
04:11 et qu'il n'avait pas vérifié un certain nombre de dates.
04:13 Bon, on a entendu, je pense, le commentaire,
04:17 mais en même temps, rien ne relevait de façon de nature pénale.
04:20 Question très rapide, mais est-ce que ça se fait ?
04:23 Est-ce qu'il aurait pu avoir son avocat avec lui hier ?
04:26 Il pouvait être accompagné d'un avocat, c'est tout à fait possible, bien sûr.
04:31 Alors on continue, puisqu'on voit qu'en fait les préfets,
04:33 ils semblent assumer en audition Christian Grabel, qui a donc démissionné,
04:38 mais en audition, qui vous avait dit qu'il n'y avait pas de soucis, lui, avec le CIPDR.
04:43 On se demande si en fait les préfets ne jouent pas le rôle de fusible dans toute cette affaire.
04:48 Qu'est-ce que vous en pensez ?
04:50 Je vous laisse, la question est ouverte.
04:52 Ce qu'on peut voir, c'est qu'il y en a eu un fusible, voilà.
04:54 Christian Grabel, donc, qui a démissionné.
04:56 Qui a démissionné, en tout cas,
04:58 mais après, notre commission d'enquête, notre objectif n'est pas de demander la démission de tout un chacun.
05:05 Donc chacun prend ses responsabilités et c'est ce que nous demandons,
05:10 c'est-à-dire établir les faits et que chacun soit finalement responsable de ses actes, là où il les prend.
05:16 La semaine prochaine, vous le disiez, vous recevrez Marlène Schiappa.
05:18 Qu'est-ce que vous allez lui demander ?
05:20 Le cœur, c'est de savoir si elle s'est investie dans la sélection des bénéficiaires du Fonds Marianne, c'est bien ça ?
05:24 Non, il n'y a plus…
05:24 La principale question ?
05:25 Il y a beaucoup de questions.
05:28 Il y a effectivement un sujet sur l'organisation de ses services.
05:33 Je rappelle qu'une ministre en exercice, elle a évidemment la responsabilité de ce qui se passe dans son ministère.
05:40 Et donc, il y a eu un certain nombre de faiblesses qui sont relevées par nous, certes,
05:44 mais également par l'inspection générale de l'administration.
05:47 Qui a rendu ce rapport ?
05:47 Voilà, qui a rendu son rapport et qui est redoutable de ce point de vue-là.
05:51 Et donc, il y a des manquements au point de vue de son administration.
05:54 Est-ce qu'elle en était informée ?
05:56 Comment elle aurait pu éviter un certain nombre de choses ?
06:00 Ça, c'est une première question.
06:02 La deuxième, c'est effectivement le sujet lié à la sélection des projets, la part qu'elle y a prise ou pas prise là-dedans.
06:11 C'est évidemment un deuxième sujet.
06:13 Puis, troisième moment, il y a quand même un sujet autour de la notion.
06:17 Je lance un projet qui s'appelle le Fonds Marianne et comment je le suis dans la durée ?
06:23 Il y a aussi des regards qui se tournent vers Mohamed Sifawi,
06:26 qui était le responsable éditorial de la principale association bénéficiaire du Fonds Marianne.
06:31 Alors, vous deviez l'auditionner mercredi dernier.
06:33 Il n'a pas pu venir pour des raisons médicales.
06:36 Vous le recevrez jeudi.
06:38 Est-ce que vous avez la sensation que ce Fonds Marianne a presque été fait pour cette personne en particulier ?
06:46 Non, c'est évidemment exagéré.
06:48 Mais par contre, effectivement, il y a eu une attente particulière, je pense, auprès de M. Sifawi,
06:56 qui a été...
06:59 Vérifierons, nous l'écouterons sur ce sujet,
07:02 mais qui a toujours indiqué, en tout cas, qu'il avait été sollicité par le cabinet de la ministre notamment.
07:09 Et donc, d'une certaine façon, on est allé le chercher.
07:13 Au final, ça ne se passe pas bien.
07:15 Et ça se termine par une demande de remboursement,
07:18 demande faite déjà par l'IGA, en dehors de tout aspect pénal, pour la moitié de la somme.
07:24 Donc, on peut dire que c'est un échec assez lourd.
07:27 Il nous reste quelques secondes, Claude Reynalds.
07:29 Question toute simple, est-ce qu'on est au cœur d'un scandale d'État ?
07:33 Au fur et à mesure des auditions, maintenant ?
07:36 Alors, il y a un certain nombre de sujets.
07:38 Le scandale d'État, ça serait l'idée qu'il y a une volonté.
07:43 Donc, ce n'est pas des constats, c'est des volontés.
07:47 C'est une autre nature de sujet.
07:48 Et quel est votre sentiment personnel ?
07:50 Puisque vous rendrez un rapport qui sera consensuel à la fin.
07:52 Votre sentiment personnel ?
07:54 Le sentiment personnel du président de la Commission des finances n'a aucun intérêt.
07:57 Ce qui est important, c'est le rapport que l'on rendra
08:00 et lorsqu'on aura notamment entendu les principaux protagonistes, qui sont les deux ministres.
08:05 Voilà. Et donc, la prochaine, sur le grill de la Commission,
08:09 ce sera donc mercredi à 10h.
08:10 C'est Marlène Schiappa.
08:11 [Musique]

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