"Personne ne nous a aidés": le témoignage de la mère de Lindsay sur BFMTV

  • l’année dernière
Betty Gervois était l’invitée de BFMTV. La mère de Lindsay, collégienne de 13 ans, qui a mis fin à ses jours le 12 mai dernier, après avoir été victime de harcèlement au collège et sur les réseaux sociaux, a été reçue par Brigitte Macron ce mercredi. Elle dit avoir "été entendue et soutenue" par la première dame. 

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Transcript
00:00 Bonsoir Betty Gervois, merci beaucoup d'être avec nous ce soir.
00:03 Vous êtes la mère de Lindsay, l'adolescente de 13 ans qui s'est suicidée le 12 mai dernier
00:07 après avoir été harcelée pendant des mois.
00:09 Bonsoir Pierre Debuisson, vous êtes l'avocat des parents de Lindsay.
00:13 Merci beaucoup de venir nous voir ce soir.
00:14 Guillaume Fard, consultant polyjustice à BFMTV est à mes côtés pour vous interviewer.
00:19 Vous avez rencontré aujourd'hui Brigitte Macron à l'Elysée.
00:23 Ça a duré autour de deux heures.
00:25 Lundi, vous échangiez avec le ministre de l'Éducation.
00:29 Vous disiez ne pas l'avoir trouvé sincère. En quoi était-ce différent aujourd'hui ?
00:34 Avec Brigitte Macron.
00:38 Bonsoir. Brigitte Macron nous a très bien reçus.
00:43 Contrairement à M. Papendjaï, ça n'avait rien à voir.
00:50 C'était totalement différent.
00:51 Chez Brigitte Macron, j'ai vu de la tristesse.
00:57 Elle était touchée par cette histoire, contrairement au ministre.
01:03 Que vous a-t-elle dit ?
01:06 Elle m'a dit qu'elle serait là, qu'elle allait lutter contre le harcèlement avec moi,
01:15 qu'on allait lutter ensemble.
01:17 Déjà, elle m'a tendu la main, heureusement,
01:22 parce qu'aujourd'hui, je me sentais un peu soutenue par rapport à ça,
01:27 contrairement à d'autres personnes,
01:30 et par rapport aussi à M. Dubuisson qui est là aujourd'hui.
01:34 Mais elle m'a proposé aussi d'être ambassadrice pour lutter contre le harcèlement.
01:46 On va bosser ensemble, je pense.
01:49 On va faire plein de choses. Elle a besoin de moi, elle me l'a dit.
01:52 Ça devient la grande cause de votre vie aujourd'hui.
01:55 La lutte contre le harcèlement, pas seulement à l'école.
01:58 Le harcèlement aussi sur les réseaux sociaux, on va en parler dans un instant.
02:02 Vous dites aussi qu'elle a su trouver les mots.
02:05 Elle parle de responsabilité individuelle.
02:07 Elle reconnaît aujourd'hui que certaines personnes sont responsables de la mort de l'INSEE ?
02:12 Oui, elle reconnaît aujourd'hui que l'éducation nationale n'avait rien fait.
02:16 Quand on leur a demandé de l'aide.
02:19 Elle dit que le chef d'établissement est responsable ?
02:25 Oui, en gros, elle le dit aussi.
02:28 Alors que le ministre de l'Éducation jusqu'ici parlait d'échec collectif ?
02:32 Oui.
02:36 C'est pour ça que vous dites qu'elle a trouvé les mots. C'est important ce point-là.
02:41 Parler de responsabilité individuelle, reconnaître que certains individus sont responsables.
02:46 Ils n'ont pas su entendre l'INSEE quand elle demandait de l'aide.
02:49 D'abord, c'est une maman qui a rencontré une maman.
02:53 C'est en ce sens qu'il y a eu une émotion qui paraissait tout à fait sincère.
02:57 Brigitte Macron a pris beaucoup de temps avec la maman de l'INSEE.
03:02 Elles ont beaucoup échangé. J'étais à côté puisque je suis l'avocat de la maman de l'INSEE.
03:08 Nous avons vraiment ressenti qu'il y avait un combat depuis plusieurs années
03:14 que Brigitte Macron mène contre le harcèlement scolaire.
03:17 C'était un combat extrêmement important pour elle.
03:20 Et qu'effectivement, on avait atteint un niveau absolument abominable, d'horreur,
03:26 dans le déversement de haine et de violence, à la fois au sein de ce collège,
03:30 mais aussi sur les réseaux sociaux.
03:32 Le ministre du Numérique était présent également.
03:35 Nous avons pu aborder et prendre le temps d'entrer dans le détail de tous ces problèmes.
03:39 Mais avant même de parler du détail, ce qui était important,
03:43 c'était de manifester une véritable prise de conscience,
03:45 qui a fait écho avec la déclaration de la première ministre,
03:49 madame Borne, hier à l'Assemblée nationale,
03:51 qui a déclaré enfin vouloir faire de la lutte contre le harcèlement scolaire
03:54 une priorité absolue.
03:56 C'était important pour nous d'être là, pour Béthy et pour moi,
04:00 pour expliquer qu'on doit tout faire pour éviter que ce drame ne se renouvelle.
04:04 On ne doit pas se contenter de simples déclarations.
04:06 D'abord, il doit y avoir une prise de conscience.
04:09 Enfin, on a l'impression qu'il y a un début d'électrochoc,
04:12 mais il doit vraiment y avoir un électrochoc national,
04:15 et qui doit ensuite découler sur des mesures concrètes, pragmatiques, réelles, dans la durée.
04:19 La grand-mère de l'INSEE, arrêtez-moi si je me trompe,
04:21 avait écrit à la fois au président de la République et à Brigitte Macron pour alerter.
04:26 Est-ce que vous en avez parlé aujourd'hui avec Brigitte Macron ?
04:29 Est-ce qu'elle avait reçu cette lettre, le président également ou pas ?
04:32 J'en ai parlé tout à l'heure.
04:35 Elle n'a rien reçu.
04:37 Après, comme on a dit, c'est possible par rapport à sa secrétaire,
04:42 que ça n'avait pas été donné, on ne sait pas.
04:45 Mais la lettre avait bien été envoyée, ça c'est sûr.
04:47 Ma fille me l'avait confirmée, elle l'avait fait avec ma mère, justement, l'INSEE était présente.
04:52 Elles avaient toutes les deux écrit à la Première Dame, pour lui dire quoi ?
04:55 Quel était le sens de cette lettre ?
04:57 Déjà, premièrement, elle s'est adressée à Emmanuel Macron,
05:00 en expliquant ce qui se passait.
05:02 Et ensuite, elle a mentionné Mme Brigitte Macron,
05:05 parce qu'elle était justement sensible à ça, elle luttait contre le harcèlement,
05:09 et parce qu'elle était maman et mamie, donc elle voulait que ça la touche.
05:13 Et justement, on voulait une réponse par rapport à ça,
05:17 on voulait que quelqu'un bouge parce qu'on a fait des démarches un peu partout,
05:19 et on n'avait l'aide de personne.
05:21 C'est ce qui est fou dans votre histoire, c'est que vous avez appelé à l'aide,
05:24 on a l'impression que vous avez tout fait, tout ce qui était possible pour sauver votre fille,
05:29 et qu'à chaque fois que vous essayiez d'attraper une main,
05:32 elle se dérobait, vous n'arriviez pas à trouver de l'aide, à trouver même une oreille.
05:37 Avant de s'interroger sur les responsabilités des uns et des autres,
05:40 il est important qu'on raconte cet engrenage, cet engrenage de la violence.
05:44 D'abord la violence des mots, ensuite la violence physique.
05:47 Ça commence à quel moment ? Est-ce que vous arrivez à remonter jusqu'à l'origine du harcèlement ou pas ?
05:53 Ça commence au mois de septembre.
05:55 Ça a commencé au mois de septembre avec des mots,
05:57 puis ensuite au mois de novembre, il y a eu une première...
06:00 Les jeunes filles ont été versées du coca sur les cheveux de ma fille en filmant
06:06 et en mettant la vidéo sur les réseaux sociaux.
06:09 Ensuite, c'était tout le temps constamment des insultes sur les réseaux, à l'école.
06:14 Quoi comme insultes ? Pour qu'on se rende compte ?
06:17 "Grosse pute", "Va rejoindre ton père", "Tu sers à rien salope", plein de boutons.
06:22 Sachant que son père est mort quand elle avait 3 ans ?
06:25 Son père est mort quand elle avait 3 ans.
06:27 C'était tout le temps sur son physique.
06:29 Elle a rabaissé constamment.
06:31 Dire que moi aussi j'étais une pute comme ma fille, c'était ça.
06:35 Dès le début, elle vous en parle ?
06:37 Dès le mois de septembre, elle me rassemblait à l'école et sur les réseaux sociaux.
06:42 Elle me racontait, elle me montrait.
06:44 Elle me montrait tout, les insultes sur les réseaux.
06:46 Elle ne m'a rien caché, elle me montrait vraiment tout.
06:48 Elle m'envoyait des captures d'écran de ce qu'elle recevait.
06:51 C'était tout le temps.
06:53 Il y a une première bagarre, les premières violences physiques.
06:58 À ce moment-là, que se passe-t-il ?
07:00 Est-ce que vous arrivez à en parler avec le directeur de l'établissement ou pas ?
07:05 En fait, il y a eu une première bagarre dans le collège,
07:07 qui a duré presque 3 minutes.
07:11 Et dans cette bagarre, justement, comme elle a été filmée, forcément,
07:14 on ne voit en aucun cas un surveillant, ni le chef d'établissement.
07:20 Personne, personne n'intervient dans cette bagarre qui avait lieu dans le collège.
07:25 Personne n'intervient ?
07:27 Personne.
07:28 Et ensuite, j'ai été convoquée par le directeur.
07:30 C'est la seule fois où j'ai été convoquée avec lui, de toute façon.
07:33 Et à ce moment-là, lors de la rencontre, il m'a carrément dit
07:38 "Il faut retirer le téléphone de votre fille et la punir."
07:42 La punir ?
07:43 Voilà.
07:44 Et l'autre personne, celle qui est en face, qui commence la violenté,
07:48 elle a été exclue, c'est ça ? Une des harceleuses a été exclue ?
07:51 Elle a été exclue au mois de février.
07:54 Et non, elle a été exclue parce qu'elle écrivait sur les murs,
07:59 pas parce qu'elle a frappé ma fille.
08:01 Parce que ma fille me le disait, "Tu sais, maman, elle a été renvoyée
08:03 parce qu'elle écrivait sur les murs, pas parce qu'elle m'a frappée."
08:06 Et ils ont viré définitivement cette fille,
08:10 mais par contre, il restait toujours les 3 autres qui étaient là.
08:12 Oui, c'était un groupe de 4.
08:14 Et ensuite, il y a une deuxième bagarre.
08:16 Cette fois, c'est différent parce que votre fille vous prévient.
08:19 Elle sait qu'elle va affronter des violences à la sortie des cours.
08:23 C'est ça. Ma fille m'a envoyé un message.
08:25 Elle m'a dit, "Maman, on m'attend à la sortie."
08:27 C'était le soir du brevet blanc.
08:29 Et puis, ses filles finissaient à 15h30.
08:31 Ma fille finissait à 16h30.
08:33 Et quand ma fille est sortie, elle m'a dit,
08:36 "Tu sais, maman, j'ai retiré mes bijoux, j'ai attaché mes cheveux."
08:39 Parce que la première bagarre, ils lui ont arraché beaucoup de cheveux.
08:42 Et elle a dit, "Je suis sortie et je me suis fait frapper."
08:45 Ils m'ont battue.
08:46 -C'était quand ?
08:47 -C'était au mois de février, ça.
08:49 -Et c'est lors de cette bagarre que vous avez pu voir de vos propres yeux ?
08:54 -Voilà. Quand j'ai vu ma fille à terre et que j'ai dû moi l'attirer avec son beau-père,
08:59 on a dû l'attirer, on a dû vraiment pousser les filles
09:01 parce qu'elles ne la lâchaient pas.
09:03 Après, ma fille était à côté de moi.
09:05 Elle est repassée derrière moi pour rechoper ma fille.
09:08 Et il y avait tout le corps enseignant qui était là.
09:10 Et le directeur a dit, "Je ne peux rien faire, ça ne fait pas partie de mon établissement."
09:13 -Tout le monde a regardé la scène ?
09:15 -Bien sûr.
09:16 -Le directeur d'établissement voit votre fille se faire frapper et il ne fait rien ?
09:19 -Exactement.
09:20 -Je crois même que vous vous êtes insultée à ce moment-là.
09:22 -Moi, je me suis fait insulter aussi, oui, par ces filles.
09:25 -Personne ne fait rien et tout le monde filme.
09:27 -Personne ne fait rien, tout le monde filme.
09:29 La police arrive à la fin et c'est de là que j'ai dit,
09:32 "Bon, moi, je vais au commissariat et là, c'est bon, quoi.
09:34 "C'est plus possible."
09:36 -Et que faites-vous ?
09:37 -Donc, j'ai été au commissariat déposer plainte.
09:42 Ensuite, ils ont entendu l'INSEE.
09:45 Franchement, on est restés plus de deux heures dans le bureau.
09:48 L'INSEE a rempli une feuille, justement, pour expliquer sa détresse.
09:56 Elle a tout expliqué, une plainte qui fait cinq pages.
09:59 On a passé du temps.
10:01 Elle a vu le psychologue dans le commissariat.
10:03 De là, je suis sortie.
10:04 Je suis allée...
10:06 Le lendemain, j'ai prévenu l'académie de Lille.
10:10 J'ai tout envoyé, toutes les démarches.
10:13 On a vu le médecin.
10:14 Elle a eu sept jours d'arrêt d'école.
10:16 Elle a vraiment des certificats, coups et blessures.
10:19 -Parce que...
10:21 -Voilà, c'est ça.
10:22 Et puis, les vidéos aussi ont été envoyées.
10:24 Comme quoi, il n'y avait aucun surveillant,
10:26 aucun corps enseignant qui était là pour les séparer.
10:30 Personne ne les a aidées.
10:31 Personne ne nous a aidées, ni avant, ni pendant, ni après, comme j'ai dit.
10:34 La seule personne qui nous a entendues aujourd'hui
10:37 et qui me donne son soutien, c'est Brigitte Macron.
10:40 -Pourquoi le directeur ne fait rien ?
10:42 J'imagine que vous en parlez avec lui.
10:45 -J'en ai parlé une seule fois.
10:47 Parce que l'académie, après,
10:48 quand ils ont reçu la lettre de suicide de l'INSEE
10:50 et tout le dossier, le gros dossier,
10:52 parce que c'était un très gros dossier,
10:55 j'ai été convoquée au collège.
10:57 Le directeur était dans les locaux.
10:59 Il ne m'a pas reçue.
11:01 J'ai été reçue par le CPE.
11:03 Et l'adjointe au directeur, c'est tout.
11:05 Lui n'était pas présent.
11:07 -Et le CPE dit quoi ?
11:09 -Ils avaient un peu peur par rapport à l'INSEE.
11:11 Ils lui demandaient comment elle allait,
11:13 si elle avait encore des idées noires.
11:15 Forcément, elle a été entendue le jour-là.
11:17 On a été voir l'infirmière ensemble le jour-là.
11:19 Et après, plus rien.
11:20 -Il faut qu'on explique la lettre de suicide dont vous parlez.
11:24 C'est-à-dire que l'INSEE avait écrit une lettre de suicide
11:27 que son beau-père a retrouvée au domicile.
11:31 Un jour, il tombe sur une lettre de suicide.
11:33 -En dessous de son matelas, oui.
11:35 -Là, il en parle à l'INSEE ?
11:37 -Non. Il m'a appelée, moi.
11:39 J'étais sur Paris à ce moment-là.
11:41 Et quand je suis rentrée, je lui ai pas dit par téléphone.
11:44 Je lui ai demandé de me donner des nouvelles quand elle sortait
11:47 parce que j'ai eu peur.
11:49 Je ne savais pas quand elle datait, cette lettre.
11:51 Et quand elle m'a rassurée au téléphone,
11:53 oui, je suis bien rentrée.
11:54 Je suis rentrée à la maison.
11:55 On a été dans sa chambre 1h30, 2h.
11:57 On a discuté ensemble.
11:59 On a discuté de ça, quoi.
12:01 -On est à quel moment ?
12:03 -Au mois de février, toujours.
12:05 -Toujours au mois de février.
12:07 Et là, elle vous dit "Ne t'inquiète pas, je ne vais pas me suicider."
12:10 -Elle m'a dit "Ne t'inquiète pas, je le ferai pas.
12:12 Je suis forte, je te promets."
12:14 Parce que je lui avais dit "Promets-moi de ne pas me faire ça,
12:16 j'y arriverai pas."
12:18 -Et tout de suite, vous vous dites "Il faut qu'on en parle,
12:22 il faut qu'on la montre, cette lettre.
12:24 Comme ça, ils vont comprendre."
12:26 -Je l'ai envoyée à l'académie.
12:29 -Mais elle reste lettre morte.
12:31 -C'est ça.
12:33 Après, je vous dis, ils l'ont envoyée au collège,
12:35 il y a eu un rendez-vous, et après, plus rien.
12:37 -Les mots de cette lettre sont très forts.
12:39 Vous les aviez lus lors de la conférence de presse
12:41 de la semaine dernière.
12:43 On a l'impression que tout est écrit dans cette lettre.
12:45 Il y a sa souffrance, qu'elle a.
12:47 Il y a l'adresse à sa meilleure amie.
12:49 Elle s'inquiète pour elle.
12:51 Il y a le fait aussi, je n'ai plus la phrase exacte,
12:53 je l'avais notée.
12:55 "J'espère de tout coeur que ce que j'ai fait
12:57 aura servi à quelque chose."
12:59 -C'est une lettre qu'on a remise
13:01 au ministre de l'Éducation nationale,
13:03 en lui disant que c'était une phrase
13:05 qui était prémonitoire, mais qui s'adressait
13:07 à lui, à l'État, au sens large,
13:09 pour venir enfin se battre
13:11 et enrayer ce phénomène terrible
13:13 qui prend des proportions délirantes
13:15 du harcèlement scolaire,
13:17 qui se propave au-delà, dans le cadre
13:19 d'un déchaînement de violence sans aucune limite,
13:21 à travers des propos haineux, intolérables,
13:23 sur les réseaux sociaux.
13:25 On verra ce qui pourrait être fait,
13:27 mais ce qui est important de dire
13:29 par rapport à l'entretien
13:31 aujourd'hui avec Brigitte Macron,
13:33 c'est que, bien consciente
13:35 de toutes les défaillances énormes
13:37 à tous les niveaux, au niveau de l'académie,
13:39 au niveau des professeurs, au niveau du responsable
13:41 de ce collège,
13:43 et vous posiez la question tout à l'heure,
13:45 qu'est-ce qui peut expliquer que non seulement
13:47 ce corps enseignant de ce collège,
13:49 on le voit, on a pu le voir dans d'autres affaires,
13:51 une partie du corps enseignant,
13:53 certaines personnes de l'administration
13:55 de collège et de lycée,
13:57 non seulement détournent le regard
13:59 quand des élèves, des enfants, les appellent à l'aide...
14:01 - Le directeur de l'école, je crois même,
14:03 au moment de la bagarre dont on parlait tout à l'heure,
14:05 dit "c'est en dehors de l'établissement scolaire,
14:07 il ne faut rien y faire".
14:09 - Il était à quelques mètres de l'INSEE
14:11 quand l'INSEE se faisait passer à Tabac,
14:13 et alors même que quelques minutes, quelques heures plus tôt,
14:15 il était allé le voir en lui disant "aidez-moi",
14:17 il l'a laissé aller à l'abattoir.
14:19 Il y a un comportement là qui confine
14:21 à l'extrême, peut-être une faiblesse
14:23 d'une certaine partie du corps enseignant
14:25 qui a été dénoncé par Brigitte Macron
14:27 et qui nous a dit "un signal très fort
14:29 va être envoyé à tout le corps enseignant
14:31 de tous les collèges et de lycées de France
14:33 parce qu'il est temps maintenant
14:35 d'accueillir immédiatement et humainement
14:37 tous les appels à l'aide de tous les enfants".
14:39 - Attendez, c'est-à-dire qu'en gros,
14:41 la Première Dame reconnaît
14:43 que le directeur de l'établissement,
14:45 selon les faits rapportés,
14:47 les multiples témoignages, etc.,
14:49 est en partie responsable.
14:51 Est-ce qu'elle va jusqu'à vous dire que oui,
14:53 il y aura une sanction ?
14:55 - Elle ne peut pas aller jusqu'à dire qu'il y aura une sanction
14:57 dans la mesure où forcément c'est à l'enquête administrative
14:59 de le dire et au juge pénal de le dire.
15:01 Mais elle fait preuve de bon sens,
15:03 elle connaît les éléments objectifs du dossier
15:05 et elle est sidérée par l'attitude
15:07 non seulement de cet homme,
15:09 mais de tout le corps enseignant qui, encore une fois,
15:11 n'a pas pris la peine d'appeler la maman de l'INSEE
15:13 d'aller la voir ou de lui envoyer une lettre
15:15 après le décès de l'INSEE. Donc il y a des défaillances
15:17 humaines. On revient à la base d'un point de vue humain.
15:19 Personne ne s'est tourné vers cette mère de famille
15:21 pour lui dire "on est désolé, on est navré".
15:23 Personne n'a fait ça.
15:25 Et ça va se renouveler si on ne fait rien.
15:27 C'était la raison pour laquelle il était important pour nous
15:29 de poser des questions claires aujourd'hui
15:31 à Mme Macron et poser des questions claires
15:33 au ministre du Numérique pour savoir concrètement
15:35 qu'est-ce qui va être fait. - On va se pencher sur les solutions
15:37 dans un instant, mais ce que je comprends bien
15:39 c'est que lorsqu'il y a cette lettre de suicide
15:41 qui annonce le drame, vous n'êtes même pas
15:43 reçu par le directeur de l'établissement.
15:45 C'est ce que vous nous disiez tout à l'heure.
15:47 - Non. J'ai été reçu par le CPE
15:49 et l'adjointe au directeur, c'est tout.
15:51 - Il ne prend pas la mesure de l'importance
15:53 de cette lettre. - Non.
15:55 Et il était là à un côté dans le bureau.
15:57 Mais il ne m'a pas reçu.
15:59 - C'est au mois de février. - Oui.
16:01 - Ensuite, est-ce que ça s'arrange
16:03 pour l'INSEE ou est-ce qu'elle est
16:05 de nouveau dans une spirale ?
16:07 - Elle est de nouveau dans une spirale,
16:09 oui, parce que ça a continué.
16:11 Ça a continué à l'école.
16:13 Quand je lui dis "ça va,
16:15 ils ne te font plus de mal, ils ne t'insultent plus",
16:17 elle me dit "mais si, maman, mais j'ai l'habitude".
16:19 C'était la réponse de ma fille.
16:21 Elle me dit "maman, t'inquiète, j'ai l'habitude".
16:23 Mais ce n'est pas possible de dire ça.
16:25 - Elle fait un malaise
16:27 le 11 mai ?
16:29 - La veille, oui. - La veille.
16:31 - Elle fait un malaise, donc je suis appelée
16:33 par le CPE pour me dire que l'INSEE se sentait pas bien.
16:35 Elle a fait un malaise à l'école.
16:37 Et du coup,
16:39 je suis allée au collège, il y avait les pompiers
16:41 qui étaient présents.
16:43 Nous sommes parties du coup à l'hôpital.
16:45 Et l'INSEE s'est confiée à l'hôpital
16:47 en disant qu'il y avait
16:49 des regards qui se retournaient contre elle.
16:51 Elle sentait des regards
16:53 posés sur elle à la récréation.
16:55 Peut-être qu'elle a vu quelqu'un qui lui a fait peur
16:57 ou une menace, je ne sais pas.
16:59 Elle a fait un malaise.
17:01 Et dessus, c'est bien écrit
17:03 "Malaise due au harcèlement scolaire".
17:05 Crise d'angoisse, pardon.
17:07 - Et elle retourne quand même à l'école ?
17:09 - Ils m'ont fait ressortir.
17:11 Le lendemain,
17:13 l'INSEE a voulu retourner à l'école.
17:15 Donc je l'ai laissée aller.
17:17 Le jour-là, elle était superbe.
17:19 Elle était souriante.
17:21 - Le jour du suicide ?
17:23 - Oui. Elle était souriante.
17:25 Elle a fait ses devoirs, elle a pris son goûter.
17:27 Elle devint l'anniversaire du samedi.
17:29 Et du samedi...
17:31 Du vendredi à...
17:33 Il était 17h20.
17:35 Elle envoya à sa copine
17:37 "Je ne serai pas là demain."
17:39 - Pour un anniversaire auquel elle devait se rendre.
17:41 - Voilà.
17:43 - C'est son dernier SMS.
17:45 - Voilà, c'est ça.
17:47 - Vous dites qu'elle était souriante,
17:49 presque apaisée, ce jour-là ?
17:51 - C'est ça.
17:53 J'ai trouvé ma fille apaisée, souriante.
17:55 Elle était pleine de vie, joyeuse.
17:57 - C'est la première fois
17:59 que vous la voyez comme ça,
18:01 depuis des jours et des mois ?
18:03 - Non, parce qu'avant, elle était quand même comme ça.
18:05 Pleine de vie, pleine d'ambition.
18:07 Elle avait des projets,
18:09 elle avait des rêves.
18:11 Voilà, elle avait plein de choses.
18:13 Et la dernière semaine,
18:15 elle m'a montré qu'elle souffrait
18:17 parce que j'ai vu différente.
18:19 Elle était agressive.
18:21 Elle parlait,
18:23 elle claquait la porte, je veux dire.
18:25 Mais jamais de manque de respect.
18:27 Jamais, depuis sa naissance,
18:29 jamais de manque de respect envers nous.
18:31 Et là, le dernier jour,
18:33 elle était totalement différente.
18:35 J'avais retrouvé ma fille le dernier jour.
18:37 - Elle avait même fait ses devoirs.
18:41 C'est comme si elle se projetait sur le lendemain.
18:43 - Elle m'a dit, un moment, j'ai appris, c'est bon,
18:45 regarde, là, j'apprends ça,
18:47 demain, j'apprends un autre paragraphe
18:49 et pour lundi, c'est bon, c'est...
18:51 Je serai par coeur.
18:53 - Elle a laissé une lettre ou pas ?
18:59 - Non.
19:01 - Dans l'histoire du harcèlement de l'INSEE,
19:03 on comprend que l'INSEE choisit,
19:05 dès le début, d'en parler à sa mère.
19:07 Je lis parce que ce n'est pas tout le temps le cas.
19:09 Parfois, l'enfant garde ça pour lui.
19:11 Il a du mal à s'exprimer.
19:13 Tout de suite, elle s'est confiée.
19:15 - C'est important d'être là ce soir
19:17 parce que le témoignage de la maman de l'INSEE
19:19 s'adresse à tous les parents de France,
19:21 à tous les enfants qui peuvent être
19:23 soit auteurs, soit victimes de harcèlement,
19:25 sans jamais forcément ou nécessairement comprendre
19:27 ce que c'est que la maman de l'INSEE.
19:29 - Il faut comprendre les conséquences
19:31 de ce harcèlement et pour sensibiliser
19:33 le plus possible toutes ces familles,
19:35 les jeunes, les instituteurs, les collèges,
19:37 les élèves, les professeurs,
19:39 leurs parents sur le fléau
19:41 que constitue le harcèlement scolaire
19:43 et le cyberharcèlement.
19:45 C'est un élément extrêmement important.
19:47 - Il n'y a jamais de dialogue
19:49 avec les parents des harceleurs ?
19:51 - Pour revenir sur la question que vous posiez,
19:53 c'est vrai que dans l'immense majorité des cas,
19:55 les études montrent que les enfants harcelés
19:57 se referment sur eux-mêmes,
19:59 ont des difficultés à s'exprimer
20:01 par pudeur ou par honte
20:03 vis-à-vis de leurs parents,
20:05 qui constatent bien que ça va moins bien.
20:07 Mais la plupart du temps, les parents ne savent pas
20:09 que leurs enfants sont harcelés.
20:11 Et ce qui rend cette affaire,
20:13 parce que ça devient une affaire nationale,
20:15 l'affaire l'INSEE, absolument scandaleuse,
20:17 c'est qu'elle parlait, elle avait multiplié
20:19 les alertes, les signalements, sa maman aussi.
20:21 - Les parents aussi en ont fait un combat tout de suite.
20:23 - Pendant des mois, ça n'a pas duré quelques jours,
20:25 mais des mois pendant lesquels toute la famille s'est démenée
20:27 et a multiplié les appels à l'aide,
20:29 aux secours, vis-à-vis de toutes les institutions
20:31 qui ont préféré
20:33 fermer les yeux, détourner le regard
20:35 et piétiner ces appels aux secours.
20:37 - On va essayer maintenant de se pencher sur les solutions.
20:39 Est-ce que vous pensez que
20:41 le dialogue avec les parents des harceleurs
20:43 aurait pu aider ? Est-ce que vous l'aviez déjà demandé ?
20:45 - Bien sûr.
20:47 Je l'ai demandé
20:49 au mois de février,
20:51 de rencontrer les parents.
20:53 Avant, ça se faisait comme ça.
20:55 Je pense que ça aurait été une solution.
20:57 On aurait été tous ensemble,
20:59 les parents,
21:01 les jeunes filles, nous,
21:03 avec l'INSEE, et je pense que oui,
21:05 on aurait pu trouver une solution à ce moment-là.
21:07 - Certains pays font comme ça,
21:09 des groupes de parole, ce qu'on appelle
21:11 la justice réparative, par exemple,
21:13 qu'on a pu d'ailleurs voir
21:15 dans un film récemment, mais ça existe
21:17 aussi en matière de harcèlement scolaire, il me semble,
21:19 au Canada ou en Australie.
21:21 Est-ce que ça serait aussi un axe, chacun se mettre
21:23 autour de la table, essayer de comprendre, même faire
21:25 dialoguer les enfants entre eux ?
21:27 - Ça fait partie de ce qui a été évoqué aujourd'hui.
21:29 - Avec Brigitte Macron. - On a parlé du programme Phare,
21:31 qui a été lancé il y a quelques années,
21:33 qui en est encore à ses balbutiements,
21:35 et un élément important qui a été
21:37 évoqué par la maman de l'INSEE,
21:39 c'est évidemment
21:41 de multiplier
21:43 tous les moyens pour sensibiliser
21:45 dès l'école primaire, au collège et au lycée,
21:47 tout le monde vis-à-vis de ce fléau,
21:49 et ça passe par un triptyque,
21:51 c'est-à-dire associer nécessairement
21:53 les parents d'élèves, les élèves
21:55 et les professeurs. - Brigitte Macron vous dit
21:57 qu'elle est pour ce système. - Absolument,
21:59 et quand on a réévoqué la nécessité
22:01 d'associer ceux qui ont souvent
22:03 une responsabilité morale, à travers peut-être
22:05 des défaillances dans l'éducation de leurs enfants, je parle
22:07 des parents, de les associer avec
22:09 leurs enfants, d'autres enfants et les professeurs,
22:11 dans le cadre d'un programme massif
22:13 de sensibilisation de toute la jeunesse française
22:15 vis-à-vis de ce fléau que constitue le harcèlement
22:17 scolaire, elle y est totalement favorable.
22:19 Et c'est dans ce sens qu'elle a proposé
22:21 à la maman de l'INSEE de l'accompagner,
22:23 de l'aider pour que les choses
22:25 s'améliorent, qu'elles se soldent
22:27 par des actions extrêmement concrètes et pragmatiques.
22:29 - Il y a aussi ce que dit Papendia,
22:31 il promet des moyens supplémentaires, notamment
22:33 la création d'un référent sur le harcèlement
22:35 dans chaque établissement, j'imagine que vous en avez
22:37 parlé avec lui. Il veut aussi
22:39 étendre le programme phare au lycée,
22:41 protéger davantage les élèves qui sont
22:43 victimes de harcèlement en primaire, en ouvrant
22:45 par décret la possibilité d'écarter
22:47 d'une école, justement, le harcèleur.
22:49 Ça fait partie des pistes et il va aussi convoquer
22:51 les recteurs, les représentants français
22:53 des réseaux sociaux. Est-ce que ces
22:55 mesures, quand elles s'additionnent, vous semblent
22:57 suffisantes ou pas ? Ces différentes
22:59 pistes ?
23:01 - En fait,
23:07 on nous propose des choses, on nous dit des choses,
23:09 maintenant on ne nous demande qu'à voir
23:11 si ça va être vraiment fait.
23:13 Parce qu'on ne veut pas que dans une semaine ou deux semaines
23:15 tout ça soit coulé
23:17 et qu'on n'en parle plus.
23:19 Donc on attend des actes, on attend des preuves
23:21 de ce qui va se passer.
23:23 - On n'a pas beaucoup parlé du harcèlement
23:25 sur les réseaux sociaux, mais
23:27 c'est ce qu'on ne vivait pas
23:29 à notre époque.
23:31 Les enfants qui ont vécu harcèlement,
23:33 quand ils avaient... enfin,
23:35 les adultes qui ont notre âge et qui ont vécu ça
23:37 en étant enfants, ne vivaient pas ça.
23:39 Le harcèlement, c'est quand on est
23:41 à l'école, quand on sortait de l'école,
23:43 c'était fini. On pouvait peut-être essayer
23:45 de ne plus y penser. Avec les réseaux
23:47 sociaux, le harcèlement est permanent.
23:49 C'est-à-dire que votre fille, continuellement,
23:51 était face à la haine de certains.
23:53 Et là, quand vous en parlez
23:55 avec le ministre qui est en charge
23:57 des questions numériques, que vous dit-il ?
23:59 Que peut-il faire face à des géants
24:01 qui sont Facebook ou Instagram,
24:03 par exemple ? Et il y en a d'autres.
24:05 - Le ministre a évoqué sa situation personnelle
24:07 puisqu'il a, lui aussi, des enfants.
24:09 Lui aussi, comme tous les Français,
24:11 il est inquiet vis-à-vis de tous les phénomènes
24:13 qui peuvent se multiplier sur les réseaux sociaux,
24:15 le cyberharcèlement ou les problèmes liés
24:17 à la pornographie pour les plus jeunes
24:19 enfants de l'école primaire.
24:21 Et effectivement,
24:23 malgré une bonne volonté évidente
24:25 du ministre du numérique,
24:27 ce qui est ressorti,
24:29 c'est un certain aveu
24:31 de faiblesse, encore aujourd'hui,
24:33 de l'État français,
24:35 dans le cadre du rapport de force avec
24:37 les géants des réseaux sociaux, Facebook, Instagram
24:39 et TikTok, qui ne veulent pas collaborer
24:41 avec l'État français pour endiguer
24:43 ce phénomène de cyberharcèlement,
24:45 que ce soit le harcèlement des plus jeunes,
24:47 qui est un prolongement du harcèlement
24:49 scolaire, qui a pris, comme vous l'avez dit,
24:51 une nouvelle tournure, puisque non seulement
24:53 il n'y a plus de limite de temps, il n'y a plus de limite d'espace,
24:55 mais il n'y a plus de limite non plus dans le degré
24:57 de gravité de ce déchaînement de haine
24:59 et de violence qui, dans cette affaire,
25:01 et je crois que c'est important d'en reparler,
25:03 a atteint un paroxysme inédit
25:05 puisque la mort de l'INSEE n'a pas suffi
25:07 à enrayer
25:09 ce déchaînement de haine et de violence.
25:11 Sa mémoire a continué à être souillée,
25:13 sa meilleure amie continue d'être harcelée
25:15 et aujourd'hui, ni la justice, ni la police,
25:17 ni le ministre de l'Éducation nationale,
25:19 ni le ministre du Numérique, malgré toute
25:21 sa bonne volonté, ne semble être capable de venir
25:23 protéger aujourd'hui les proches
25:25 de l'INSEE, sa meilleure amie,
25:27 d'autres collégiens qui continuent de subir
25:29 un harcèlement à l'école, mais aussi un cyberharcèlement
25:31 et qui aujourd'hui sont totalement démunis.
25:33 On avait avec nous
25:35 la semaine dernière Océane,
25:37 qui est une des amies de l'INSEE,
25:39 et sa meilleure amie.
25:41 Il y avait aussi Océane, et Océane nous racontait
25:43 que le harcèlement continuait
25:45 après la mort de l'INSEE,
25:47 contre elle, un harcèlement même peut-être
25:49 encore plus violent.
25:51 Océane raconte aussi un moment à avoir elle aussi
25:53 pensée à se suicider. Cette haine
25:55 est toujours là, il est impossible de la stopper.
25:57 Elle provient toujours des mêmes personnes ?
25:59 Oui.
26:01 Il y a une des harceleuses de l'INSEE
26:03 qui est harcèleuse aussi de Océane.
26:05 Et l'entourage aussi.
26:07 Et l'entourage, oui.
26:09 Une impunité totale,
26:11 une défaillance de la police
26:13 puisque les plaintes avaient été déposées,
26:15 d'autres plaintes ont été déposées,
26:17 un nombre très important de plaintes ont été déposées,
26:19 un juge d'instruction qui a cru bon devoir
26:21 laisser sous contrôle judiciaire,
26:23 pas les enfants, ce qui est normal, mais l'adulte.
26:25 C'était normal que les enfants n'aillent pas en détention,
26:27 on peut tout pardonner à des enfants,
26:29 surtout quand ils sont plongés dans une bêtise
26:31 grasse, comme ça a été le cas. En revanche,
26:33 les parents des enfants, et notamment la mère
26:35 d'une des harceleuses qui a menacé de mort,
26:37 qui a harcelé, qui a insulté l'INSEE et sa maman
26:39 et qui est encore aujourd'hui placée sous contrôle
26:41 judiciaire, on peut considérer,
26:43 même si je suis avocat pénaliste et que je défends
26:45 des victimes et des auteurs, que là il y a
26:47 quand même peut-être une
26:49 faute, une défaillance
26:51 à ce niveau-là, et surtout le fait que
26:53 puisque je défends aussi les intérêts
26:55 d'Océane, de Flavie,
26:57 de Maëlys, qui sont dans ce collège
26:59 et qui continuent d'être harcelées,
27:01 il y a un aveu, un constat d'échec
27:03 de toutes
27:05 des pouvoirs publics, de la justice,
27:07 de l'académie,
27:09 du corps enseignant, et avec des
27:11 familles, des dizaines de milliers de familles,
27:13 dans toute la France, qui nous sollicitent, qui nous écrivent
27:15 que ce soit la maman de l'INSEE
27:17 et moi-même depuis dix jours, pour nous dire
27:19 "mais c'est aussi notre cas,
27:21 on est totalement isolés, abandonnés, et on peut
27:23 rien faire". Et je crois qu'il faut
27:25 le dénoncer, il faut le dénoncer avec la plus grande force.
27:27 Le combat que nous allons mener,
27:29 c'est un combat qui va durer des
27:31 années, que nous ne lâcherons pas, nous n'abandonnerons
27:33 jamais, mais il faut que
27:35 ce sursaut que nous avons
27:37 à travers cette affaire absolument abominable
27:39 contribuée à
27:41 activer, puisse perdurer
27:43 dans le temps et se concrétiser par des actions
27:45 concrètes, puisque, encore une fois,
27:47 les enfants d'aujourd'hui sont les
27:49 adultes de demain, à travers
27:51 l'apprentissage que nous prenons du
27:53 respect de l'autre, de l'amour du prochain, dès l'école
27:55 primaire, le collège, en associant les parents,
27:57 c'est très important d'associer les parents parce qu'ils ont quand même
27:59 une responsabilité morale. Les instituteurs,
28:01 les professeurs, c'est aussi un
28:03 gage que l'avenir sera meilleur et que
28:05 au niveau du contrat social, les adultes
28:07 de demain seront
28:09 respectueux et se comporteront
28:11 d'une façon digne d'une société normale.
28:13 Parce que quand on voit le degré de violence dans lequel nous avons
28:15 basculé avec cette affaire,
28:17 il y a vraiment de grandes difficultés
28:19 auxquelles nous devons faire face et il est important de
28:21 réagir avec la plus grande force et de réagir tout de suite.
28:23 C'est ce qu'on trouve incroyable
28:25 dans cette histoire, Guillaume Farne, de se dire que le harcèlement
28:27 continue en ce moment dans cet établissement
28:29 scolaire. On a tous les yeux
28:31 braqués depuis des jours sur cet établissement.
28:33 On suit
28:35 vos témoignages au jour le jour,
28:37 les différents rendez-vous, on attend de voir quelle sera
28:39 la réponse politique.
28:41 Et en ce moment, il y a encore des enfants, des amis
28:43 de l'INSEE, qui sont chaque jour
28:45 harcelés dans cet établissement.
28:47 Encore, ça continue. Avec plusieurs niveaux de responsabilité.
28:49 Le premier,
28:51 évidemment, celui des harceleurs,
28:53 qui se sentent dans une forme d'impunité totale
28:55 et qui continuent de proférer
28:57 des injures, des menaces, des propos
28:59 absolument inqualifiables.
29:01 La responsabilité, c'est aussi celle
29:03 de l'établissement et de ceux qui le dirigent.
29:05 Pourquoi est-ce que cela persiste,
29:07 alors même qu'il y a eu un fait grave ?
29:09 Et enfin, il y a celle des réseaux sociaux.
29:11 Celles des réseaux sociaux qui ne font pas ce travail
29:13 de modération qui est attendu de leur part,
29:15 qui a été réaffirmé dans différentes lois, la dernière
29:17 d'ailleurs, la loi contre le harcèlement scolaire
29:19 du 2 mars 2022, qui réaffirme
29:21 des obligations pour les réseaux sociaux
29:23 de modération de certains contenus.
29:25 Et pourtant, il ne se passe rien.
29:27 Il y a comme une forme
29:29 de tolérance vis-à-vis
29:31 des réseaux sociaux. Si demain, quelqu'un
29:33 allait dans la rue, prenait une pancarte et menaçait
29:35 ouvertement de mort quelqu'un d'autre sur cette
29:37 pancarte, il serait immédiatement arrêté. On ne le laisserait
29:39 pas poursuivre. Mais dire la même chose
29:41 sur les réseaux sociaux
29:43 fait que les enquêtes ne sont pas menées
29:45 avec la même diligence, fait qu'il n'y a
29:47 pas de collaboration nécessairement
29:49 des plateformes et des hébergeurs.
29:51 Alors même que ce n'est pas moins grave
29:53 de menacer quelqu'un de mort sur les réseaux
29:55 sociaux que de menacer dans la vie réelle. Dans
29:57 les deux cas, la gravité est égale. Pourtant,
29:59 elle n'est pas traitée de la même manière. Et c'est
30:01 cela aussi contre quoi il faut lutter
30:03 et il faut peut-être aussi contraindre
30:05 davantage ces réseaux sociaux.
30:07 - Puisqu'on parle de cet établissement scolaire
30:09 où le harcèlement continue, est-ce que vous savez si
30:11 le ministre de l'Éducation s'est rendu sur place
30:13 ou s'il compte le faire ?
30:15 - Non, non, il ne s'est pas rendu sur place, il ne compte pas le faire.
30:17 On a proposé de venir à une marche blanche,
30:19 il nous a gentiment fait comprendre qu'il ne viendrait pas
30:21 parce qu'il avait autre chose à faire.
30:23 Et bon, c'est pour ça que
30:25 ça contraste évidemment avec la façon
30:27 dont aujourd'hui on a été reçu, qui était une façon
30:29 un peu plus humaine d'aborder la situation.
30:31 Je voudrais juste rebondir sur ce qui vient d'être dit
30:33 puisqu'on a tous
30:35 une responsabilité
30:37 médiatique et les médias ont
30:39 un rôle extrêmement important pour
30:41 donner un écho retentissant à cette affaire
30:43 qui potentiellement pourrait concerner
30:45 chaque famille française. C'est le fait
30:47 qu'il est grand temps de demander au gouvernement
30:49 d'entrer en guerre contre les réseaux sociaux,
30:51 d'arrêter de subir. - Mais toutes les plaintes
30:53 que vous avez déposées, parce que vous avez déposé de multiples plaintes
30:55 - De nombreuses plaintes. - Contre le principal,
30:57 contre le rectorat, contre Facebook, Instagram,
30:59 vous attendez quoi
31:01 de l'issue de toutes ces plaintes ?
31:03 Vous avez porté plainte contre
31:05 de multiples acteurs en fait.
31:07 - Nous attendons que les juges qui seront
31:09 en charge du procès pénal
31:11 puissent faire leur travail
31:13 et que toutes ces autorités
31:15 qui ont voué un rôle majeur
31:17 dans la mort de l'INSEE,
31:19 puisque si chacun avait fait son travail et si les réseaux
31:21 sociaux avaient fait leur travail de modération
31:23 de contenu illicite, l'INSEE serait
31:25 vivante aujourd'hui. Donc effectivement,
31:27 nous attendons que les responsabilités soient reconnues
31:29 et qu'il y ait des sanctions massives, en particulier
31:31 contre les réseaux sociaux qui servent de caisse de résonance
31:33 inqualifiable par rapport à ce fléau
31:35 du cyberharcèlement. - Puisqu'on parle de la marche
31:37 qui va avoir lieu le 18,
31:39 est-ce que vous savez qui sera présent
31:41 à cette marche ? Est-ce que
31:43 des représentants de l'établissement
31:45 scolaire comptent venir ou pas ?
31:47 - Non, je ne pense pas. Ils ne sont pas venus
31:49 la première fois, je pense qu'ils ne viendront pas la deuxième fois.
31:51 - Il n'y a d'ailleurs eu le moindre message ?
31:53 - Rien du tout. - Qui vous a été envoyé de leur part
31:55 à aucun moment ? - Non, personne.
31:57 - Et quand
31:59 vous parlez de
32:01 votre vie aujourd'hui, j'ai du mal
32:03 à vous interroger dessus, mais
32:05 est-ce que vous allez rester
32:07 dans cette ville ? Est-ce que vous allez
32:09 déménager ? Comment vous vous projetez ?
32:11 - Je vais déménager, justement. On a fait
32:13 une demande pour partir.
32:15 Et moi,
32:17 je ne peux plus rester.
32:19 En plus, j'habitais juste à côté du collège,
32:21 500 mètres.
32:23 Je ne peux plus. Je ne peux même
32:25 plus rentrer dans la maison. Ce n'est pas possible.
32:27 - Il y a vos deux petits garçons ?
32:31 - Oui. Ils finissent l'école,
32:33 là. Ils vont encore à l'école,
32:35 justement. C'est important.
32:37 Mais après, ils changeront d'établissement aussi.
32:39 - Ils ne sont pas dans le même établissement
32:41 où était l'INSEE ? - Non, non.
32:43 C'est à part, en fait. Le collège est à part
32:45 des écoles primaires, les maternelles.
32:47 - Donc, il s'agit pour vous de changer
32:49 d'endroit parce que ça vous
32:51 rappelle à la fois le drame et puis tout simplement
32:53 parce que pour la suite de leur parcours scolaire,
32:55 ils ne seront pas en sécurité là-bas ?
32:57 - C'est ça. Pour les enfants,
32:59 c'est important de
33:01 changer de cadre, déjà.
33:03 Je ne veux pas penser qu'à moi.
33:05 J'ai des enfants derrière. C'est important.
33:07 Ils changent de cadre et ils voient autre chose.
33:09 Malheureusement,
33:11 ils vont perdre leur repère par rapport à ça
33:13 mais on va en prendre d'autres qui seront
33:15 meilleurs parce que je ne vais pas les laisser
33:17 justement dans ce cadre-là.
33:19 Ils n'avanceront pas.
33:21 Et moi non plus.
33:23 - Vous en faites aujourd'hui le combat de votre vie. Vous le faites aussi
33:25 pour les autres enfants qui sont harcelés
33:27 maintenant, pour les parents de ces enfants
33:29 qui peut-être nous regardent aujourd'hui,
33:31 qui nous regardent ce soir. Est-ce que vous avez
33:33 un message à leur dire ?
33:35 Qui se dit "je ne sais pas quoi faire
33:37 pour aider mon enfant aujourd'hui".
33:39 - Oui. Aujourd'hui, il faut
33:43 se battre.
33:45 Il faut faire toutes les démarches.
33:47 Pour moi, pour ma part,
33:49 si j'aurais
33:51 pu faire quelque chose aujourd'hui, c'est peut-être
33:53 ne plus mettre ma fille à l'école. C'est malheureux
33:55 mais à choisir entre
33:57 d'avoir des courriers de l'académie
33:59 ou d'avoir ma fille
34:01 en vie, pardon,
34:03 le choix est vite fait.
34:05 - Pourtant vous avez tout fait pour la sauver. - J'ai tout fait.
34:07 J'ai tout fait et c'est pour ça
34:09 aujourd'hui que c'est mon combat et je ne lâcherai rien jusqu'à mon
34:11 dernier souffle. Je serai là
34:13 et j'aiderai toutes les familles.
34:15 Je veux vraiment ouvrir
34:17 une association par la suite
34:19 par rapport à ça, pour lutter
34:21 contre le harcèlement. C'est vraiment
34:23 une chose qui me tient vraiment à cœur aujourd'hui,
34:25 d'aider les autres. On n'a pas sauvé ma fille
34:27 mais moi je veux sauver les autres aussi.
34:29 - Est-ce que les enfants sont en sécurité à l'école ?
34:31 - Pour moi, non.
34:33 Pour moi, pas du tout,
34:35 parce que regardez aujourd'hui le résultat.
34:37 On met des enfants à l'école pour qu'ils soient
34:39 en sécurité, pour qu'ils soient bien entourés
34:41 et au final, ma fille
34:43 vivait un calvaire.
34:45 - Vous avez reçu beaucoup d'appels
34:47 de parents ou pas
34:49 qui ont un enfant harcelé ?
34:51 - J'ai eu beaucoup de personnes
34:53 physiques qui sont venues me voir
34:55 après la marche blanche.
34:57 J'ai énormément de messages,
34:59 c'est des centaines de messages.
35:01 J'essaie de répondre
35:03 un maximum déjà,
35:05 mais c'est un peu compliqué
35:07 pour le moment par rapport à ma fille.
35:09 Je viens de perdre ma fille aussi
35:11 mais je suis là.
35:13 J'essaie de les aider au mieux.
35:15 - Est-ce que vous savez à quelle échéance
35:17 ça va bouger ?
35:19 Brigitte Macron vous a dit
35:21 qu'elle allait avoir tel rendez-vous bientôt.
35:23 Est-ce qu'elle vous a donné un calendrier ?
35:25 Ou pas ?
35:27 Pour vous dire...
35:29 Ce ne sont pas seulement des mots en l'air,
35:31 ce sera concret bientôt.
35:33 - Il y a un premier retour qui doit être fait
35:35 dans les prochains jours à la suite d'une réunion
35:37 entre les quatre ministres,
35:39 le garde des Sceaux, le ministre de l'Intérieur,
35:41 le ministre de l'Éducation nationale
35:43 et le ministre d'Unimérique qui doivent se concerter
35:45 pour établir, nous l'espérons, c'est ce qui nous a été dit,
35:47 un programme efficace
35:49 de lutte contre
35:51 toutes ces dérives des réseaux sociaux
35:53 pour arriver à les contraindre, à respecter
35:55 ces obligations de modération de contenu illicite.
35:57 Ça va intervenir dans quelques jours,
35:59 on doit être tenu informé. Nous avons demandé à être associé
36:01 à toutes les démarches qui vont être entreprises,
36:03 même à l'élaboration,
36:05 si des idées peuvent être partagées
36:07 avec la maman de l'INSEE qui peut
36:09 apparaître comme une ambassadrice de cette cause,
36:11 une cause qu'elle veut faire
36:13 de dimension nationale.
36:15 Et puis une autre chose qui est
36:17 des visites qui doivent être organisées
36:19 dans les prochaines semaines, de tous les centres d'appel,
36:21 par exemple le 30-18
36:23 notamment, qui permettent à des enfants
36:25 harcelés de pouvoir recevoir
36:27 une écoute attentive de professionnels qui ont été formés.
36:29 Le ministre de l'Éducation veut augmenter
36:31 ces plateformes d'écoute.
36:33 On a surtout parlé avec Brigitte Macron
36:35 et le ministre du Numérique
36:37 qui veulent nous inviter pour que nous puissions voir
36:39 ce qui a été fait et comment on pourrait
36:41 donner un peu plus d'écho
36:43 à cette cause-là pour ces personnes et ces enfants
36:45 qui sont totalement isolés.
36:47 Et oui, vous allez travailler avec le ministre de l'Éducation.
36:49 Vous êtes en colère contre lui
36:51 parce qu'il ne vous a jamais appelé
36:53 après le drame. Il disait avoir cherché
36:55 à vous joindre, mais
36:57 vous n'avez jamais reçu de coups de fil ni rien.
36:59 Non, c'est totalement faux.
37:01 Il ne m'a pas joint du tout.
37:03 En fait,
37:05 j'ai reçu un message de lui,
37:07 de sa secrétaire particulière, juste après
37:09 la conférence de presse.
37:11 De la semaine dernière ?
37:13 Voilà.
37:15 Il aurait dit avoir cherché mon numéro
37:17 à la sous-préfecture, etc.
37:19 Mais c'est faux.
37:21 Margot Vuillet est avec nous.
37:23 Bonsoir, journaliste à Tech&Co.
37:25 On s'interroge à la fois sur les sanctions qui peuvent être prises,
37:27 à titre individuel,
37:29 les sanctions administratives, on verra ce que donnera la procédure
37:31 par ailleurs, mais on s'interroge aussi
37:33 sur la lutte contre le harcèlement
37:35 sur Internet. Guillaume en parlait tout à l'heure.
37:37 Que répondent les géants
37:39 du numérique ?
37:41 On avait un responsable de Facebook,
37:43 de Meta, qui nous avait contactés
37:45 vendredi dernier. On avait vu cette réaction
37:47 ensemble. Il bottait en touche.
37:49 C'était "je vois bien, je partage
37:51 la douleur", mais ensuite,
37:53 aucune décision n'est prise.
37:55 Oui, en effet, c'est compliqué du côté
37:57 des plateformes d'avoir des réponses.
37:59 On disait "portez plainte
38:01 contre Facebook France et Instagram France
38:03 pour donner assistance
38:05 à personnes en péril".
38:07 Qu'est-ce que vous, vous attendez
38:09 des plateformes ?
38:11 Pénalement, on va monter d'un cran
38:13 puisque manifestement,
38:15 on est dans le cadre d'une complicité
38:17 d'incitation à la haine,
38:19 à la violence, et dans le cadre
38:21 d'une totale impunité. A la fois
38:23 une impunité des réseaux sociaux,
38:25 des harceleurs qui peuvent se cacher
38:27 derrière l'anonymat, mais surtout une impunité
38:29 des réseaux sociaux, qui veulent, dans le cadre d'une forme
38:31 d'opacité, refuser de collaborer avec les
38:33 autorités.
38:35 Il y a quand même une réalité qui est absolument
38:37 insupportable, c'est de savoir
38:39 que ces réseaux sociaux
38:41 arrivent à
38:43 exploiter et à favoriser
38:45 la prolifération de contenus de haine,
38:47 violents, etc., pour arriver
38:49 à caser du contenu
38:51 publicitaire et donc à gagner de l'argent.
38:53 Ils gagnent de l'argent en multipliant la publicité
38:55 sur des flux haineux. Moi j'aimerais savoir
38:57 quelles sont les sociétés, les grandes
38:59 multinationales qui ont pu,
39:01 vis-à-vis de qui,
39:03 Facebook a facturé des
39:05 honoraires, des factures,
39:07 par rapport aux flux de l'INSEE. Je suis sûr
39:09 que si on savait quelles sont les
39:11 sociétés pour qui Facebook,
39:13 Instagram ou TikTok ont
39:15 gagné de l'argent sur les horreurs qui ont été
39:17 profanées sur l'INSEE avant son
39:19 décès et depuis sa mort, je crois qu'on serait
39:21 sidérés. - Ils vont vous répondre l'argument
39:23 des fabricants de fusils. Si vous tuez quelqu'un
39:25 avec un fusil, le responsable c'est celui qui tue, c'est pas
39:27 celui qui a fabriqué le fusil. Et donc ils vont vous dire
39:29 "mais au fond, nous, nous fournissons
39:31 une plateforme, après on a des règles d'utilisation,
39:33 si certains les enfreignent, ce sont eux les responsables
39:35 et pas nous". Ils se retranchent toujours derrière cet
39:37 argument. - Mais aujourd'hui, comment protéger
39:39 les enfants ? Parce qu'il y a des systèmes,
39:41 on parlait par exemple à propos de Roland Garros,
39:43 il y a une société française Bodyguard, où son but
39:45 justement, c'est de filtrer les messages, c'est de faire
39:47 qu'en tant que joueur de tennis harcelé,
39:49 si jamais j'étais joueuse par exemple,
39:51 je ne verrais pas toute la haine. Elle me
39:53 serait cachée, je serais ainsi protégée,
39:55 comme si elle n'existait pas. - Oui, si. En effet,
39:57 filtrer les messages,
39:59 il y a le fait aussi
40:01 d'un propos illicite.
40:03 Une plateforme doit supprimer le message,
40:05 si le propos est manifestement illicite,
40:07 s'il a été signalé et qui n'a pas été supprimé,
40:09 là, la plateforme va devoir en répondre.
40:11 Après, il y a le fait que,
40:13 en Europe, les sièges des plateformes
40:15 sont situés en Irlande,
40:17 et qui rend encore plus compliquée
40:19 la démarche judiciaire derrière.
40:21 On parlait également du gouvernement,
40:23 il y a un projet de loi du gouvernement
40:25 pour sécuriser les enfants,
40:27 qui est un projet qui est en train de se faire
40:29 du gouvernement pour sécuriser
40:31 l'espace numérique, qui propose
40:33 notamment le fait qu'une personne
40:35 qui a été condamnée pour cyberharcèlement
40:37 ne puisse plus revenir sur cette plateforme
40:39 les six mois suivants
40:41 et un an en cas de récidive.
40:43 Après, techniquement, ça reste
40:45 un petit peu compliqué. Est-ce que les plateformes
40:47 dressent des listes noires, par exemple,
40:49 d'adresses mail ? Est-ce qu'on parle
40:51 d'adresses IP, qui sont un petit peu
40:53 la carte d'identité des ordinateurs ?
40:55 Techniquement, ça reste un petit peu flou.
40:57 En tout cas, il y a des choses qui sont proposées
40:59 et ensuite, au niveau européen,
41:01 notamment avec le Digital Services Act,
41:03 qui, là, ferait en sorte,
41:05 en tout cas, qui essaye de faire en sorte
41:07 que les plateformes s'aillent plus vite
41:09 entre les pays européens
41:11 et les plateformes.
41:12 Après, c'est difficile d'entendre ceux qui disent
41:14 "il faut couper le téléphone portable de l'enfant",
41:16 etc. On voit qu'à notre époque, c'est impossible
41:18 qu'un enfant n'ait pas un téléphone portable
41:20 puisque tout le monde en a un.
41:22 J'imagine que vous y avez pensé à un moment.
41:24 Quand le directeur m'a dit
41:26 "prenez le téléphone de votre fille
41:28 et punissez-la",
41:30 bien sûr, je ne l'ai pas puni,
41:32 mais j'ai pris son téléphone. Je l'ai fait deux jours.
41:34 Et l'INSEE me disait "mais maman,
41:36 c'est pas moi qui fais du mal.
41:38 Eux, elles ont leur téléphone, pourquoi moi je suis punie ?"
41:40 Et là, je me suis dit "il faut que je lui rende en fait"
41:42 parce que c'est vrai qu'elle n'avait rien fait.
41:44 Et ce n'est pas pour autant que ça ne continuait pas.
41:46 À l'école, ça continuait quand même.
41:48 Alors que la loi prévoit qu'on puisse saisir le téléphone
41:50 non pas du harceler, mais du harceleur.
41:52 Ce qui semble plus logique.
41:54 Et en effet, la preuve c'est que ces personnes
41:56 continuent d'avoir accès à leurs moyens numériques.
41:58 Il y aura toujours le moyen de trouver un autre ordinateur,
42:00 un autre écran.
42:02 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce soir.
42:04 J'avais une toute dernière question.
42:06 Comment voulez-vous que nous nous rappelions de votre fille ?
42:08 Avec quelle image ?
42:10 Il ne faut rien lâcher.
42:14 Il faut se battre.
42:16 Je vous dis aujourd'hui, je me battrai
42:18 jusqu'à mon dernier souffle.
42:20 Je vais ouvrir une association.
42:22 On fera des marches blanches.
42:24 On fera beaucoup d'actions.
42:26 On n'oubliera pas l'INSEE comme ça.
42:28 Ce n'est pas possible.
42:30 Et elle était comment pour qu'on ait la bonne image d'elle ?
42:32 C'était quelqu'un qui était pleine de vie, souriante.
42:34 Elle avait des passions.
42:36 Elle voulait être actrice.
42:38 Elle chantait.
42:40 Elle était serviable.
42:42 C'était un amour.
42:44 Merci mille fois d'avoir pris le temps
42:46 d'être venue nous voir ce soir dans le 80 minutes.
42:48 Merci à tous les quatre.

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