Chroniqueur : Gérald Kierzek
Un adolescent sur quatre est touché par des troubles alimentaires en France. Le Dr Kierzek fait le point sur l’augmentation constante de ces troubles et leurs différents symptômes.
Un adolescent sur quatre est touché par des troubles alimentaires en France. Le Dr Kierzek fait le point sur l’augmentation constante de ces troubles et leurs différents symptômes.
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00:00 Bonjour, c'est un reportage au CHU de Bordeaux diffusé dans le journal de 20h de France 2 qui a attiré votre attention.
00:07 Un reportage sur une unité dédiée aux troubles du comportement alimentaire.
00:12 Et ça concerne beaucoup de monde, ces troubles alimentaires.
00:14 Oui, et qui a été créée, une unité qui a été créée à Bordeaux parce qu'il y a eu une explosion des chiffres.
00:18 Alors il y a bien sûr depuis la crise sanitaire, avec le confinement, les courants distanciels, la précarité alimentaire
00:24 qui ont été des facteurs de troubles du comportement alimentaire.
00:26 Et Julien quand vous dites ça concerne beaucoup de monde, ça concerne un million de personnes en France.
00:30 Un adolescent sur quatre quand on reprend les chiffres de santé publique France.
00:34 Donc c'est effectivement un vrai sujet de santé publique.
00:37 Alors il y avait la pandémie et puis il y a après la pandémie, il y a notamment un autre phénomène,
00:41 ce sont les réseaux sociaux avec une espèce d'obsession du corps, d'obsession du contrôle du poids,
00:47 avec ces réseaux sociaux, TikTok en particulier, qui véhiculent finalement une image corporelle de maigreur
00:53 avec des comparaisons, des concours même qui sont organisés.
00:57 Tout ça confère finalement une place, j'allais dire malheureusement, de choix pour que les adolescents en fragilité
01:03 puissent essayer de se comparer et c'est ce qu'on appelle de la dysmorphophobie,
01:07 c'est-à-dire ne plus avoir conscience de la réalité de son corps.
01:11 Alors on voit que c'est quand même soit des ados, soit des jeunes adultes.
01:14 Quand on est parent, à partir de quel moment il faut s'inquiéter ?
01:17 Alors on s'inquiète, même si c'est plutôt les adolescents et notamment l'anorexie,
01:20 la période 14-18 ans qui est le pic un peu de fréquence, la boulimie c'est un peu plus tardif.
01:25 Mais sur l'anorexie, la boulimie ou l'hyperphagie boulimique, en fait il y a des petits symptômes.
01:30 La boulimie par exemple, ça va se manifester sous forme de crise, de crise alimentaire,
01:35 avec la nécessité d'ingurgiter de la nourriture.
01:40 Quand je dis ingurgiter, c'est qu'il n'y a plus de plaisir, on ne se nourrit plus,
01:43 on veut simplement prendre rapidement en grande quantité n'importe quoi, du salé, du sucré,
01:49 et puis une fois qu'il y a cette crise qui est vraiment incontrôlable,
01:52 il y a ce sentiment de culpabilité, d'où après les vomissements, le fait de dire "je culpabilise,
01:58 donc il faut que je rejette cette nourriture-là".
02:00 Ça c'est pour la boulimie, et puis pour l'anorexie, c'est une espèce d'obsession de la nourriture,
02:05 de tout contrôler, de tout peser, de se peser aussi, et de cacher sa perte de poids,
02:10 ça veut dire des vêtements un peu amples pour essayer de masquer ça,
02:13 et on va compenser à chaque fois une hyperactivité, du sport,
02:16 et pour les parents, pour répondre à votre question, Thomas, il y a des petits signes,
02:20 un isolement, des troubles du sommeil, un décrochage scolaire par exemple,
02:23 ou pour l'anorexie, une absence de règles chez les jeunes filles,
02:27 tout ça, ça doit pousser à se poser des questions.
02:30 Une toute petite question, c'est quoi la différence entre la boulimie et l'hyperphagie boulimique ?
02:34 La boulimie c'est une notion un peu chronique, et puis l'hyperphagie boulimique,
02:38 c'est vraiment de manger beaucoup à des heures de repas qui sont sans forcément passer par les crises.
02:44 Et puis souvent ça peut s'associer, c'est-à-dire que c'est des catégories,
02:47 mais on peut associer de l'anorexie et passer à des phases de boulimie,
02:50 tout ça finalement, ça en fait une maladie chronique, et c'est des désordres du comportement alimentaire.
02:54 Alors quand on voit que son enfant décroche à l'école, ou alors surinvestit l'école,
02:59 que ça ne va pas, qu'est-ce qu'on peut faire ? Qui on va consulter ?
03:02 On en parle, on en parle à son médecin traitant, on en parle à son ado aussi.
03:05 Alors souvent les ados sont en demande un peu, ils n'osent pas forcément exprimer,
03:09 mais quand on leur en parle, ils sont en demande.
03:11 Parfois beaucoup plus, comme disent mes collègues psy, c'est que parfois c'est les parents qui refusent un peu de voir.
03:16 Donc il faut vraiment en discuter. Le premier interlocuteur, c'est le médecin traitant.
03:19 Et puis après il y a un certain nombre de ressources, comme un numéro anorexie boulimie info,
03:24 un numéro 0969 325 900, qui est un numéro d'écoute.
03:29 Il y a le fil santé jeune aussi.
03:31 Et puis il y a aussi le numéro national de prévention du suicide quand il y a une détresse psychologique, le 3114.
03:36 Et puis il faut savoir que dans chaque département, il y a des maisons des adolescents.
03:39 Donc là aussi on peut trouver et c'est une ressource intéressante.
03:42 Mais quand on ne sait pas, on pose la question à son médecin traitant.
03:44 Ce sont des numéros anonymes, gratuits, mais protégés, il n'y a pas de problème.
03:49 Exactement. Et puis soit vous êtes l'entourage de quelqu'un et vous pouvez les appeler,
03:53 soit vous êtes vous-même ado ou en situation difficile, vous pouvez les appeler aussi.
03:56 Et nous les parents, on a un rôle aussi de guide, parce que parfois on a nous-mêmes des désordres alimentaires
04:01 et nos enfants nous regardent.
04:02 Exactement. Et parfois c'est la famille, c'est une démarche de soins un peu globale.
04:05 On va mettre ces numéros sur les réseaux sociaux de Télématin pour que vous puissiez les retrouver.
04:08 Merci docteur Kierczak.