ZOU raconte le chemin d’un homme avec une jambe en moins qui avance plus intensément qu’un homme valide. La jambe amputée, membre fantôme qu’il peut encore bouger dans sa tête, est le pivot de cette histoire. A la fois trace de la guerre qui lui a fait perdre la plupart des membres de sa famille et l’a forcé à fuir son pays, à la fois frein à son exode qui lui a rendu la marche douloureuse et plus laborieuse que n’importe lequel de ses compagnons de route, c’est aussi le point d’appui pour son intégration dans un nouveau territoire. La jambe droite d’Ahmad Shah est l’absente de l’histoire, elle est le signe du manque qui n’a jamais cessé de le faire avancer, faisant de lui un homme plus que n’importe qui, debout. Le papier, le carton, le tissu, seront autant de matières à manipuler pour raconter cette histoire - le découpage, le collage, la couture, autant de manières de tirer le fil et de recoller les morceaux.
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Court métrageTranscription
00:00 Le 20 mai 2002, la victime de la guerre en Irak est décédée.
00:04 En 2002, la victime était une talibane.
00:18 J'ai pris la mienne, j'ai parlé à la femme et j'ai parlé à la fille.
00:30 Je suis allé dans la voiture, et tout le monde qui était dans la ville s'est rendu compte que c'était moi.
00:42 Je savais que c'était moi, que mes parents ou mes frères étaient en colère.
00:48 Ils me demandaient pourquoi je venais, pourquoi je n'allais pas.
00:51 Je n'étais pas dans la colère, je voulais être libre.
00:53 Je voulais ne pas avoir de monde autour de moi.
00:55 À l'époque, l'hébergement d'un sans-papier, c'était une infraction.
01:06 Maintenant, ça a à peine changé.
01:10 J'ai été interrogé par des gens de mon entourage.
01:16 Dans la hiérarchie, j'aurais pu avoir certaines personnes qui me disaient
01:21 « Non, tu sais, ce n'est pas ton rôle, il y a des centres d'accueil pour ça, il faudrait plutôt mener une action politique. »
01:28 Non, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé.
01:30 Et de toute façon, moi, j'adore l'aventure.
01:34 De préférence, même quand c'est des choses défendues.
01:38 C'est bon.
01:44 Dis-lui, on est heureux.
01:46 Ah oui, le canard.
01:48 Qu'est-ce qu'on est heureux.
01:50 Attends, ne bouge pas.
01:53 Encore, encore, encore.
01:55 Et alors maintenant, on va pouvoir retirer ça.
02:02 Oui, ça, c'est bon.
02:06 Et maintenant ?
02:08 C'est bon.
02:10 C'est bon.
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